vendredi 25 novembre 2016

Hommage à Jean Claude Risset

Profonde tristesse  :  Jean-Claude Risset est mort, le lundi 21 novembre, à Marseille. Il avait 78 ans.

Compositeur et chercheur, Jean Claude Risset était un pionnier de la  recherche et de l'informatique musicale, mondialement reconnu, ouvrant  la voie aux sons synthétisés par ordinateur.

Ancien élève de l’École Normale Supérieure, il mène parallèlement des
études scientifiques et musicales.
De 1975 à 1979, Jean-Claude Risset participe avec Pierre Boulez à la  création de l’IRCAM, où il a formé de nombreux jeunes chercheurs dans  les sciences de la musique et du son.
En 1985, il devient directeur de recherche au CNRS (laboratoire de  Mécanique et d’Acoustique, à Marseille).

Durant sa carrière, il reçoit de nombreuses distinctions et prix comme  la médaille d'or du CNRS (1999) et le Grand Prix national de la musique  qui lui est décerné en 1990.
Son catalogue d’œuvres musicales est riche de plus de soixante-dix pièces. Il est aussi l’auteur de nombreux articles scientifiques et  musicologiques publiés dans des revues françaises ou étrangères.


Voir par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gamme_de_Shepard

A propos de CV

Je ne sais pas bien comment les directeurs de ressources humaines conseillent nos étudiants, mais  je viens de recevoir cinq CV, et j'y trouve notamment :
- Word, ou Powerpoint dans la liste des compétences informatiques
 - pour les centres d'intérêt, cinq fois (oui !) les mêmes, à savoir cinéma, musique, voyager, lire.
N'y a-t-il pas lieu de s'étonner ? Tout d'abord, au vingt-et-unième siècle, comment imaginer  qu'un étudiant puisse ne pas maîtriser word ou powerpoint, s'il brigue une carrière dans la science ou la technologie ? Indiquer ces compétences comme des compétences, c'est un aveu de faiblesse.
> Mais il y a surtout cette question de "cinéma, musique, voyager, lire"... Que cela signifie-t-il ? Que le postulant va au cinéma ? C'est bien passif. Autant dire qu'il regarde des séries ou qu'il passe son temps devant les plus minables des divertissements télévisuels : on n'a (généralement) pas besoin de ces "compétences" pour les travaux de technique, de technologie ou de science.
> Le postulant écoute de la musique ? N'importe quel imbécile peut mettre un casque sur les oreilles et se trémousser un peu. Voyager ? C'est une banalité terrible, et la preuve en est que cinq sur cinq veulent voyager. Lire ? Bravo, mais quoi ?

Je ne crois pas avoir besoin d'être beaucoup plus cruel, et, comme je ne le suis pas, en réalité, je veux surtout faire ici oeuvre utile.
Les "centres d'intérêts", dans les CV, sont (doivent être) une façon de montrer que l'on a des qualités utiles pour le travail que l'on vise. D'autre part, quand on a un entretien avec un responsable des relations humaines qui ne connaît pas le contexte technique, c'est un point d'accroche pour tester les capacités linguistiques, la vivacité, que sais-je... Mais alors, il faut avoir de la réserve. Si l'on a écrit "musique" parce que l'on écoute de la musique, c'est bien faible, mais si l'on joue de la musique, alors c'est tout autre chose, et "musique" mériterait d'être remplacé par "Dix ans de clarinette au conservatoire", par exemple. Cinéma ? N'importe quel idiot va se gaver au cinéma... mais un passionné de Jacques Tati, ce serait bien différent (à condition que ce ne soit pas une collection de papillons, mais le socle d'une pensée positive et active). Voyager ? Lire ? Même réponse.

Sur Twitter, alors que je faisais état de ces questions, un de mes amis a écrit avec humour "@Herve_This compétences transverses! J'ai connu 1 étudiant de sciences qui s'est inscrit en parallèle en fac de lettres pr être éditeur ;-)", et il faisait référence au fait que, alors que j'étudiais la physico-chimie à l'ESPCI Paris, j'étais également inscrit en Faculté des lettres (Censier), où je me passionnais pour la littérature médiévale, Rabelais, la mythologie populaire, l'ethnologie et le folklore. Pourquoi ? Parce que Antoine Laurent de Lavoisier, reprenant Condillac, disait que l'on ne pouvait pas améliorer la pensée sans perfectionner les mots, et vice versa.
Oui, j'allais le soir à des cours en plus de ceux de la journée, mais il s'agissait d'apprendre activement, pas de faire une sorte de dilettantisme pour meubler des loisirs. Et, de surcroît, mon objectif n'était pas d'être éditeur, mais, bien au contraire, c'est parce que j'avais une double compétence que la revue Pour la Science m'a embauché ! Et, mieux encore, c'était la science qui me passionnait, et pas l'édition ni le journalisme, disons l'écriture. D'ailleurs, j'ai toujours rechigné à être considéré comme "écrivain", ce qui, hélas, est apparu parfois sur Wikipedia et d'autres sites du même tabac.

Mais passons, car mon ami faisait de l'humour. Ce que je sais, c'est que les chasseurs de têtes veulent surtout dépister des compétences un peu exceptionnelles, parce que quelqu'un qui aura réussi dans un champ aura en réalité fait preuve d'opiniatreté, et qu'il sera donc apte à recommencer, dans d'autres circonstances.

Dans toute cette affaire, il y a  donc la question de la compétence, pas d'un goût un peu mou pour des activités somme toute immensément banales : la preuve, cinq sur cinq.

mardi 22 novembre 2016

Homéopathie

Aux  États-Unis,  une  organisation  de  protection  des  consommateurs  a  obligé  les  producteurs  de médicaments homéopathiques à indiquer sur leurs boîtes de comprimés que le traitement n’était pas efficace  dans  la  mesure  où  ses  capacités  thérapeutiques  n’avaient  pas  été  prouvées.
Désormais,  en  cas d'absence  de  preuves  scientifiques,  les  producteurs  de  médicament  homéopathiques  devront  l'indiquer  sur  la boîte, déclare la Commission américaine du commerce. En outre, les entreprises pharmaceutiques sont obligées de rappeler à leurs clients que l'homéopathie se base sur la théorie non prouvée de Samuel Hahnemann, selon laquelle  «  le  semblable  est  soigné  par  le  semblable  ».
 L'OMS  met  en  garde  contre  le  traitement  des  maladies graves  par  des  médicaments  homéopathiques. 
Des  experts  britanniques  ont  demandé  à  l'OMS  de  «  dénoncer publiquement  l'utilisation  de  l'homéopathie»  en  2009.  Ils  ont  notamment  souligné  que  les  médicaments homéopathiques  n'avaient  aucune  base  scientifique  et  pouvaient  constituer  une  menace  réelle  à  la  vie  et  à  la santé humaine, lorsque pris en remplacement d'un traitement essentiel.

dimanche 20 novembre 2016

Qu'est-ce que la science ?

L'enseignement doit s'inspirer de la mythologie alsacienne, qui reconnaît que les héros conduits par Odin doivent sans cesse lutter contre les géants, sous peine d'une dévastation du monde nommée Ragnarok : chaque groupe d'âge est ignorant de ce que les précédents ont appris, de sorte que nous devons les aider à obtenir cette connaissance.
D'où l'idée commune, en pédagogie, selon laquelle la répétition est la base de l'enseignement ?

Pour le mot "science", nous sommes bien d'accord que le mot désignait naguère simplement un savoir (on parlait de la science du cordonnier), et, aujourd'hui, dans l’enseignement supérieur, on confond par ce mot les sciences de la nature, et les sciences de l'humain et de la société. Ici, ce sont les sciences de la nature que j'évoque. Elles sont dites parfois "expérimentales", mais c'est trop réducteur, parce qu'il peut y avoir des théoriciens. Parlons de sciences de la nature.

Que sont ces sciences ? Des activités de culture, et, plus précisément, de recherche de connaissances.
Mais, plus précisément, je propose de caractériser les activités humaines par
- un objectif
- le ou les chemins (methodon, en grec : méthode) qui y mènent (le choix du chemin, c'est la stratégie).
En l'occurrence, l'objectif des sciences de la nature, c'est la recherche des mécanismes des phénomènes. Et le chemin me semble être le suivant :
- identification d'un phénomène (parmi l'immensité de tous les phénomènes qui se présentent à nous à chaque instant)
 - caractérisation quantitative  du phénomène (si possible sur des variables pertinentes)
- recherche de "lois" synthétiques, qui regroupent les données numériques obtenues lors des caractérisations
- recherche de mécanismes par "induction", à partir des lois synthétiques précédentes ; cela constitue une "théorie" (on lira  avec intérêt les textes de Henri Poincaré à ce sujet)
 - recherche de conséquences de la théorie obtenue, en vue de faire un test expérimental de ces conséquences (c'est en vertu de tels tests que les théories scientifiques sont dites "réfutables", et que les théories non réfutables ne méritent sans doute pas d'être nommées "scientifiques")
- tests expérimentaux des conséquences- et ainsi de suite, en repartant sur les caractérisations quantitatives.

 C'est clair et simple, non ? Alors pourquoi cela ne m'a-t-il pas été enseigné, quand j'étais étudiant en sciences ? Et pourquoi continue-t-on de parler  de "carrières scientifiques" pour désigner les métiers de l'ingénieur, qui n'ont de rapport ni avec l'objectif précédent, ni avec la méthode décrite ? Il faut changer rapidement !

Qu'est-ce que la science ?

L'enseignement doit s'inspirer de la mythologie alsacienne, qui reconnaît que les héros conduits par Odin doivent sans cesse lutter contre les géants, sous peine d'une dévastation du monde nommée Ragnarok : chaque groupe d'âge est ignorant de ce que les précédents ont appris, de sorte que nous devons les aider à obtenir cette connaissance.
D'où l'idée commune, en pédagogie, selon laquelle la répétition est la base de l'enseignement ?

Pour le mot "science", nous sommes bien d'accord que le mot désignait naguère simplement un savoir (on parlait de la science du cordonnier), et, aujourd'hui, dans l’enseignement supérieur, on confond par ce mot les sciences de la nature, et les sciences de l'humain et de la société. Ici, ce sont les sciences de la nature que j'évoque. Elles sont dites parfois "expérimentales", mais c'est trop réducteur, parce qu'il peut y avoir des théoriciens. Parlons de sciences de la nature.

Que sont ces sciences ? Des activités de culture, et, plus précisément, de recherche de connaissances.
Mais, plus précisément, je propose de caractériser les activités humaines par
- un objectif
- le ou les chemins (methodon, en grec : méthode) qui y mènent (le choix du chemin, c'est la stratégie).
En l'occurrence, l'objectif des sciences de la nature, c'est la recherche des mécanismes des phénomènes. Et le chemin me semble être le suivant :
- identification d'un phénomène (parmi l'immensité de tous les phénomènes qui se présentent à nous à chaque instant)
 - caractérisation quantitative  du phénomène (si possible sur des variables pertinentes)
- recherche de "lois" synthétiques, qui regroupent les données numériques obtenues lors des caractérisations
- recherche de mécanismes par "induction", à partir des lois synthétiques précédentes ; cela constitue une "théorie" (on lira  avec intérêt les textes de Henri Poincaré à ce sujet)
 - recherche de conséquences de la théorie obtenue, en vue de faire un test expérimental de ces conséquences (c'est en vertu de tels tests que les théories scientifiques sont dites "réfutables", et que les théories non réfutables ne méritent sans doute pas d'être nommées "scientifiques")
- tests expérimentaux des conséquences- et ainsi de suite, en repartant sur les caractérisations quantitatives.

 C'est clair et simple, non ? Alors pourquoi cela ne m'a-t-il pas été enseigné, quand j'étais étudiant en sciences ? Et pourquoi continue-t-on de parler  de "carrières scientifiques" pour désigner les métiers de l'ingénieur, qui n'ont de rapport ni avec l'objectif précédent, ni avec la méthode décrite ? Il faut changer rapidement !

samedi 19 novembre 2016

La méthode...

Méthode, de methodon : en grec, le chemin. Je ne me souviens pas si j'ai partagé ma métaphore, qui distingue René Descartes et Michel de Montaigne.

Pour Descartes, il faut la raideur de l'analyse, l'esprit de géométrie, et le "discours de la méthode" est en réalité la proposition d'un chemin rectiligne, ou, du moins, aussi droit que possible. On veut aller de Paris à Colmar par l'autoroute, sans perdre de temps, efficacement. On est presque déjà dans l'objectif, et tout ce qui s'interpose est gênant.
Pour Montaigne, c'est l'esprit de finesse, et, s'il y a également un objectif, il n'est pas interdit de musarder, au contraire ! Chaque détour d'un chemin est l'occasion d'admirer une petite fleur, un paysage, le soleil levant, couchant... Le cours d'eau que l'on doit traverser nous capte un long moment, sa turbulence, son écume, ses détours étant tous des motifs d'émerveillements. Le chemin lui-même ? Chaque pas est un bonheur, et l'on craint presque le but, tant on est heureux de cheminer. D'ailleurs, on peut même ne pas avoir de but, marcher pour marcher, dans le bonheur de chaque pas que l'on fait, en faisant de chaque pas un bonheur, convaincu que la beauté est dans l’œil de celui ou de celle qui regarde. Mieux encore, le chemin est le prétexte à faire apparaître des "phénomènes", qui sont autant de saillances sur lesquelles l'esprit s'accroche, dont l'esprit profite pour sécréter de l'intelligence (pas de l'intelligence au sens d'être intelligent ; non, de l'intelligence au sens de la compréhension ou de la révélation).

 Faut-il opposer Descartes à Montaigne ? On n'oppose pas des prototypes, mais on les hybride, et l'on tend vers l'un ou vers l'autre, selon les circonstances.

Mes cours en ligne ?

Mes cours en ligne ?

 Il y a beaucoup de choses

- pour le master international FIPDES : https://tice.agroparistech.fr/coursenligne/main/document/document.php?cidReq=FIPDESMOLECULARGASTR
 
- pour le master IPP : https://tice.agroparistech.fr/coursenligne/main/document/document.php?cidReq=PHYSICOCHIMIEPOURLAF

- et plein d'autres sur https://tice.agroparistech.fr/coursenligne/courses/GM/?id_session=0

lundi 14 novembre 2016

Pourquoi certains vins sont astringents

Certains vins, surtout les vins rouges, peuvent être astringents, ce qui signifie que l'on a une sensation d’asséchement ou de resserrement de la bouche. Pourquoi ?

Les végétaux, notamment les vignes, contiennent dans leurs tissus des composés « phénoliques ». Souvent ceux qui ignorent la chimie les nomment tanins, mais il y en a de  nombreuses catégories, et de véritables différences entre les tanins et les composés phénoliques non tanniques.
Les tanins sont des composés phénoliques particuliers, qui permettent de tanner, c’est-à-dire de relier les protéines dans les peaux, afin de les assouplir, pour faire des sacs, des chaussures, etc. Pour mettre en évidence les tanins des végétaux, rien de mieux que cette expériences qui consiste à faire bouillir de l’écorce d'arbre, notamment du chêne, dans une casserole emplie d'eau. Puis, quand la décoction est faite, après une dizaine de minutes, on ajoute des ions fer ou un clou rouillé : immédiatement le liquide devient noir parce que les tanins extraits de l'écorce se sont liés au fer. Ces composés là ont également la propriété de se lier aux protéines, comme on le voit en mettant en bouche une gorgée d'un vin tannique, en mâchant le vin sans l'avaler et en le recrachant : on voit apparaître un précipité coloré, fait de tanins liés aux  protéines de la salive.
Pour autant, tous les composés phénoliques ne sont pas des tanins, et c'est ainsi que, alors que les tanins disparaissent des vins rouges âgés, la couleur sombre demeure. En effet, les couleurs des végétaux peuvent être dues, pour les rouges, les bleus, les violets, à des composés phénoliques de la famille des anthocyanes. Ces composés ne sont pas des tanins, mais des composé phénoliques. Dans un vin qui  vieillit, ces composés réagissent également, d'où les changements de couleur : le vin devient souvent tuilé.

Au fait, les composés phénoliques sont-ils bons pour la santé ? Souvent, à propos de « bon pour la santé », on entend parler  de « polyphénols », qui sont des composés phénoliques particuliers. On pourrait  alors préciser la question, en demandant si les tanins sont bons pour la santé ? Les polyphénols ? Les composé phénoliques ?
Répondons d'abord en signalant que certains polyphénols sont parfaitement toxiques. En toute généralité, il n'est donc pas vrai que les polyphénols soient bons pour la santé. Les composés phénoliques ? Les tanins ? Il faut regarder au cas par cas, et, surtout, se méfier des déclarations à l'emporte-pièce, notamment quand elles proviennent de personnes qui ne connaissent pas la chimie et  qui, en conséquence, sont ignorantes de ce dont elles parlent. Surtout, aussi, quand quelqu'un cherche à nous vendre quelque chose.
 Et si l'on est ignorant de la chimie, comment prendre des décisions alimentaires en vue de rester ou d'être en bonne santé ? Je répète cette règle : il faut manger de tout, en petites quantités, et faire de l'exercice. En l'occurrence, il faut consommer des polyphénols, mais pas trop, et des composés phénoliques variés. .. et faire de l'exercice, mais pas trop.

dimanche 13 novembre 2016

Râler, lutter, combattre…

Râler ? Les râleurs m'insupportent pour de nombreuses raisons. Premièrement ils étalent devant moi leur bile. Deuxièmement, ils causent au lieu d'agir, de sorte que ce sont en réalité des paresseux.
Lutter ? Cela ne peut évidemment pas être un état, car il nous ferait oublier d'admirer toutes les belles choses de ce monde.
Combattre ? C'est la même question.

Le débat est ancien, et l'examen des divers arguments me fait penser qu'il y a sans doute lieu d'être plutôt dans une activité positive, force de propositions, dans la distribution de beaucoup d'enthousiasme, afin de susciter des aspirations, qui, en nombre suffisant, nous conduiront collectivement à des changements attendus.

samedi 12 novembre 2016

Faisons confiance !

Avant toute chose, il y a ce "conflit d'intérêt" qui me déplaît, car ce sont les humains qui ont des conflits, et pas les intérêts. Ce que l'on veut dire, c'est que les auteurs d'articles scientifiques doivent déclarer des activités qui pourraient modifier leur pensée, soit consciemment, soit inconsciemment.
On pense, par exemple, à un expert qui devrait statuer sur une réglementation sur le tabac... mais qui serait payé pour de la consultance auprès de l'industrie du tabac... mais les choses sont plus compliquées : un expert qui fume ne serait-il pas également enclin à être plus laxiste vis-à-vis de l'industrie du tabac ? Or on voit bien que l'on ne va pas imposer aux auteurs des articles de dire s'ils fument, s'ils boivent, s'ils aiment le chocolat, et quoi encore ?

D'autre part, la question est compliquée, parce que des experts qui ne connaissent pas le monde industriel ne sont pas des experts, puisqu'ils ne savent rien des réalités du monde. On pourrait dire qu'un expert qui n'a pas d'intérêt n'est pas un expert.

Enfin, il y a des cas -les cas les plus fréquents- où les experts sont très peu nombreux. Par exemple, je connais des cas où l'Agence du médicament a fait appel au seul expert d'un domaine... mais pas de chance, la belle soeur de cet expert travaillait dans l'industrie  : des règles idiotes ont conduit à réfuter l'expert... de sorte qu'il n'y avait plus personne pour connaître le dossier !

Bref, la question est compliquée, et je propose surtout d'avoir un peu de grandeur, au lieu de nous comporter comme des minables. On le sait, qu'il y a des malhonnêtes, mais il y a aussi tous les autres ! Et il est inutile de faire des lois contre les "méchants", alors que ces derniers mettent toute leur énergie pour échapper aux lois... et y arrivent ! Ces dites lois, les "bons" les respectent, et elles entravent le bon fonctionnement de nos sociétés. Mon vieil ami Pierre Potier disait que chaque fois que l'on introduisait un nouveau comité, il fallait en supprimer deux anciens, et je propose qu'il en soit de même pour les lois, sans quoi nous allons mourir ensevelis sous des lois si nombreuses que nous ne pourrons ni les connaître, ni les appliquer, a fortiori.


Bref, faut-il que les revues scientifiques imposent aux auteurs de déclarer leurs conflits d'intérêts ? Non, mais pourquoi pas leurs "intérêts", afin qu'il n'y ait pas d'intérêts cachés. C'est d'ailleurs ce que tout individu honnête devrait faire.

Enfin, et surtout, je récuse l'idée qu'un individu loyal, droit, ne puisse faire la part des choses en son âme et conscience, en parfaite loyauté.
Après tout, un boulanger qui a vendu un pain n'est pas redevable au client qui le lui a payé. De même pour un expert : s'il a travaillé un jour pour l'industrie, il n'est pas nécessairement « vendu », pour la même raison.

Faisons confiance : un individu droit qui sentirait qu'il y a un problème à publier ne publierait pas.

jeudi 10 novembre 2016

Création du comité national agricole de l’AFIS (regroupant des adhérents de l’AFIS, association française pour l’information scientifique)

Depuis quelques décennies, les filières agricoles ne cessent d’être malmenées par des campagnes de désinformation, quand elles ne sont pas victimes d’actes de vandalisme en bandes organisées. Les controverses succèdent aux controverses : sélection variétale, OGM, abeilles, pesticides, étiquetage, taille des fermes d’élevage, etc.

L’AFIS a réussi à se faire entendre quand il s’est agi, par exemple, de dénoncer l’absence de fondement scientifique au moratoire sur la culture du maïs MON810, ou encore de démonter le discours mensonger de Cash Investigation sur les pesticides. Mais ce ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan d’une communication trop souvent hostile.

Pourtant les preuves sont régulièrement apportées qu’une agriculture fondée sur les meilleures pratiques agronomiques vérifiées quantitativement apporte de meilleurs résultats que les modèles alternatifs à la mode. Et ce que ce soit en matière de traitement des sols, d’apport de nutriments, d’émissions de gaz à effet de serre ou de conservation de la biodiversité.

Restaurer l’intégrité scientifique dans le débat public ne pourra pas se faire sans l’engagement concret des acteurs des filières agricoles, agrochimiques et agroalimentaires. L’AFIS est un bon outil pour cela. C’est le sens donné à l’initiative du comité national agricole de l’AFIS. Pour fédérer celles et ceux qui sont déjà membres de l’AFIS. Pour constituer un pôle de regroupement pour celles et ceux qui n’y sont pas encore et nous rejoindront à cette occasion.

Si vous êtes agriculteur/agricultrice, si vous êtes impliqué dans une des filières en amont ou en aval de l’agriculture, et ce que vous œuvriez à votre compte, ou dans des entre- prises privées ou encore dans des organismes publics, ou encore que vous soyez en retraite de ces activités, et si cette perspective vous motive, contacter par mail : agriculture@pseudo-sciences.org

A propos de viande rouge et de charcuterie


Faut-il s’inquiéter lorsqu’un aliment se trouve soudain classé parmi les cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ? Oui, mais raisonnablement.

L’annonce du CIRC avait fait grand bruit en octobre 2015. Comment la charcuterie pouvait-elle se retrouver au même niveau que l’ennemi numéro 1 de la santé publique qu’est le tabac ? Incompréhensible pour qui ne connaît pas les méthodes d’évaluation du
CIRC.

Trois jours après cette annonce controversée, l’OMS précisait dans un communiqué de presse que le classement du CIRC ne signifiait pas qu’il ne fallait plus manger de viande, mais simplement «que réduire la consommation de ces produits pouvait réduire le risque de cancer colorectal».
Pourtant, le mal était fait : un sondage Odoxa effectué pour Le Figaro quatre jours après l’annonce du CIRC révélait que 86% des Français en avaient entendu parler et que 13% envisageaient même de réduire leur consommation.

«Nos classements (groupe 1, 2a, 2b, 3...) n’indiquent pas le niveau de risque associé à un agent carcinogène, mais le niveau de preuve scientifique montrant qu’il est carcinogène»,
s’est défendu le Pr Dana Loomis, l’un des auteurs de la fameuse évaluation.
Le fait que le tabac ou la viande rouge se retrouvent tout en haut de l’échelle du CIRC (groupe 1) signifie simplement que le lien de causalité entre ces produits et le risque de cancer est scientifiquement des plus robustes.
En revanche, si l’on aborde la question par le nombre de morts, ce sont 34.000 décès par an dans le monde qui seraient imputables à une alimentation riche en viandes transformées et 50 000 à la viande rouge, alors qu’un million sont dus au tabac.

L’OMS précise que l’augmentation du risque de cancer colorectal (le principal cancer incriminé avec la viande) est de 18 % pour chaque portion quotidienne de 50 g de charcuterie et de 17 % pour chaque portion quotidienne de 100 g de viande rouge.
Le groupe de travail du CIRC qui s’est penché sur la viande, épluchant près de 2300 articles scientifiques publiés sur le sujet, a décortiqué les données chez l’homme, chez l’animal et, plus fondamentalement, sur les mécanismes de cancérisation. Il apparaît que les données chez l’homme sont jugées «limitées» pour la viande rouge, «ce qui signifie que le lien de causalité est crédible, mais que des biais statistiques ne sont pas complètement exclus». Les preuves sont néanmoins «suffisantes» pour établir un lien de causalité s’agissant de la charcuterie. À l’inverse, les mécanismes de cancérisation sont solidement établis pour la viande rouge, moins clairement pour la charcuterie. Les données des études animales ne permettent pas de trancher.

Conclusion: on peut continuer à manger de la viande rouge et de la charcuterie, mais avec modération… comme pour tous les autres aliments (c'est moi qui ajoute ce qui figure derrière les points de suspension)

lundi 7 novembre 2016

Encore une alerte pour rien : quel est le motif inavoué ?

L'AFIS vient de publier un communiqué à propos des l' "étude" de Générations Futures largement médiatisée et portant sur des prétendus "mueslis bourrés de pesticides"..
Le texte du communiqué se trouve ici en PJ, ci-dessous, et en ligne sur le site Internet : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2726



Pesticides dans les mueslis : encore une alerte pour rien...

L'Association Générations futures a publié le 11 octobre  2016 les résultats d'une étude sur la présence de résidus de pesticides potentiellement perturbateurs endocriniens dans des mélanges de céréales et de fruits secs type muesli. L'étude portait sur quinze échantillons issus de l'agriculture conventionnelle, tous concernés par les résidus, et sur cinq échantillons de muesli bio, tous trouvés exempts de ces mêmes résidus. Il s'agit du septième volet d'une série appelée EXPPERT, pour EXposition aux Pesticides PERTurbateurs endocriniens (1). Comme les précédents, celui-ci a donné lieu à des comptes rendus alarmistes largement médiatisés (2).

À de très rares exceptions près (3,4), les médias ont passé sous silence des éléments contenus dans l'étude elle-même, ou dans les communiqués de Générations futures, qui en relativisent sérieusement la portée :

1 - Cette étude de Générations futures n'apporte aucune information nouvelle.
"L’omniprésence des cocktails de perturbateurs endocriniens dans notre environnement est confirmée par ce rapport", écrit en toute transparence le dirigeant de l'association, François Veillerette. Il n’y a donc pas matière pour un tel battage médiatique de toute évidence.

2 - Cette étude n'a rien trouvé d'anormal.
« Aucune Dose journalière admissible (DJA) n’apparaît pouvoir être dépassée pour les résidus retrouvés dans les échantillons analysés, et ce pour une consommation de 50 à 100 g par jour de produit » est-il précisé. La présence de résidus n’est pas une surprise. Les produits détectés sont autorisés, dans des limites d'emploi bien définies. Les résultats de Générations futures suggèrent qu'elles ont été respectées. C’est donc rassurant.
Un calcul rapide montre qu’il faudrait manger, même pour le produit trouvé en quantité la plus élevée, plusieurs dizaines de bols de céréales avant d’atteindre la DJA. Pour d’autres substances mises en exergue, ce sont même des milliers de bols !

3 - Générations futures n’évoque pas de résidus de pesticides homologués en agriculture biologique dans les mueslis bio.
Elle n'a pas vocation à le faire. Comme indiqué sur son site et conformément à l’objet déclaré de l’association, Générations futures assure la promotion de l’agriculture biologique. L'association ne l'a jamais caché. Elle précise en toute transparence sur son site qu'elle se félicite de la perception de financements de la part d’entreprises de la filière agrobiologique : Biocoop, Bjorg, Bonneterre, Léa Nature, Ecocert, etc. (5). Cependant, rares sont les rédactions qui ont mentionné ces éléments qui, pour d’autres communications par d’autres communicants, auraient immédiatement été signalés comme une marque de possible si ce n’est probable « conflit d’intérêt ».
D’ailleurs, au paragraphe « Où trouve-t-on les perturbateurs endocriniens ? » (p16) de son rapport, Générations futures pointe les produits d’origine chimique, mais omet totalement de préciser qu’il existe des perturbateurs endocriniens naturellement présents dans des aliments tels que le soja et le raisin ou dans le vin (6), ni qu’il y en a aussi parmi les substances autorisées comme pesticides en agriculture « bio ».

Et s’il est question de surveiller le risque sanitaire, il est difficile d’ignorer que deux semaines avant la publication de cette étude, une marque française de produits bios a dû lancer un rappel sur sa gamme de mueslis bio, contaminés, non par des résidus, mais par des salmonelles (7). Générations futures n'a pas davantage vocation à en parler non plus.

Conclusion
L’Association française pour l’information scientifique (AFIS) œuvre à la promotion de la méthode scientifique et refuse l’instrumentalisation de la science et la déformation des données scientifiques, quelle que soit la cause que l’on souhaite faire avancer ou le commerce que l’on souhaite promouvoir (8).
Elle constate qu’avec ce septième volet aux allures d’étude scientifique, Générations futures poursuit une opération tout à fait transparente de promotion du bio, par dénigrement du conventionnel, sans contenu scientifique et sans révélation, et sans que ses liens avec le commerce du bio ne lui soit opposés comme la source d’un possible conflit d’intérêt.
Faudra-t-il attendre le huitième, le quatorzième ou le vingtième volet, pour que les médias en prennent conscience ?

1 - Enquête EXPPERT 7 : des pesticides perturbateurs endocriniens dans des mueslis http://www.generationsfutures.
fr/2011generations/wp-content/uploads/2016/10/Enquete_7_final.pdf
2 - http://www.generations-futures.fr/exppert/exppert7-ras-le-bol/
3 - http://chevrepensante.fr/2016/10/11/generations-futures-denonce-100-mueslis-non-bio-respectentnormes-
niveau-pesticides/
4 - https://theierecosmique.com/2016/10/12/muesli-du-matin-pas-bourre-pesticides/
5 - http://www.generations-futures.fr/generations-futures/nos-partenaires/
6 - https://www.anses.fr/fr/content/perturbateurs-endocriniens-1
7 - http://www.rappelsproduits.fr/retour-securite/liste-produits.php
8 - http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article65
 

dimanche 6 novembre 2016

Il faut être deux fois plus explicite qu'on pense devoir l'être

"Il faut être deux fois plus explicite qu'on pense devoir l'être" : je croyais avoir fait état de cette idée très juste, mais les jeunes amis du laboratoire m'ont dit que non. Je me rattrape donc aujourd'hui.

Tout d'abord, il faut que j'avoue mon insuffisance : j'ai oublié d'où j'ai tiré l'idée. Ce n'est donc pas de la malhonnêteté que de donner la phrase sans référence, mais simplement que je ne trouve plus la source. La phrase provient probablement d'un livre écrit en anglais, et sans doute un livre scientifique que j'ai lu dans les deux derniers mois, mais lequel ?
Pardon, donc, à l'auteur dont je distribue ainsi la pensée.

Mais arrivons à cette dernière. Tous ceux qui écrivent  cherchent évidemment à s'adresser clairement à leurs lecteurs ; tous ceux qui parlent (enseignent, conférencent...) cherchent évidemment à être compris... d'autant qu'on se souvient de ce "La clarté est la politesse de ceux qui s'expriment en public" du physicien François Arago.
Toutefois, avec le temps, avec le travail, on ne se souvient plus de nos ignorances initiales, qui sont celles de nos interlocuteurs qui n'ont pas parcouru le même chemin que nous ; on ne se souvient plus des difficultés, sauf exception. Bref, progressivement, on tient pour évident des idées qui ne l'étaient pas, preuve que l' "évidence" est une notion bien compliquée, que nous devrions discuter longuement au lieu de l'utiliser sans précaution. Et quand on oublie les difficultés, nos interlocuteurs sont perdus, ce qui, on en conviendra, n'est pas l'objectif de personnes loyales.

D'où l'intérêt du conseil : au lieu d'être simplement clair, explicite, on cherche à l'être deux fois plus que nécessaire... c'est-à-dire que, en réalité, on fait véritablement l'effort de passer par derrière le premier effort de clarté, et de s'assurer que le premier effort est suffisant.

Un conseil à donner à tous les étudiants... et à tous les professeurs, bien sûr !

vendredi 4 novembre 2016

Légumineuses

2016 a été déclarée “Année internationale des légumineuses” par les Nations Unies.
 
L’Académie d’agriculture de France souhaite, dans ce cadre, “célébrer l’étendue du rôle des légumineuses pour la sécurité alimentaire en rendant compte et en discutant de la dynamique actuelle de recherche”.
 
Elle organise, pour ce faire, son premier ATELIER PROSPECTIF sur le thème “Recherches sur les légumineuses” (un nouveau format de rencontres conçu à cette occasion, qui aura vocation à se renouveler sur d’autres thématiques).
 
Celui-ci se déroulera le jeudi 10 novembre 2016 dans les locaux d’AgroParisTech.
 
Vous êtes cordialement invités à y participer.
 
Vous trouverez, en pj, le programme complet de cet atelier.
 
L’inscription est gratuite MAIS obligatoire en cliquant sur : https://workshop.inra.fr/apr-legumineuses-aaf
 

samedi 29 octobre 2016

Ok, it's in English, but I hope that I shall be useful.

Today, questions from a young friend: which job should I choose ?

My answer (with possibles grammar mistakes, but I am Alsatian, not English):


Concerning what to do in life, it is indeed especially difficult for me to give  advices, because I never had myself to ask this question, having decided at 6 years old to become a chemical physicist (at that time, I said "chemist", but I know that this word was wrong, for describing what I had in mind).

Anyway, even if the first 20 years of my career (a word that I don't understand really) were scientific publishing and not full time chemical physics, I was very happy there... otherwise, I would have changed immediately. Indeed, I found my job interesting, because I felt that it was  useful. 

By the way, was it really "interesting"? And is chemical physics interesting ? I propose that these questions mean nothing. This is like for food: only children say the "I like" (sweets, for example) or "I don't like" (spinaches, for example); later in life, they  like all what is edible. 
 
My job then and my job now are the most important things on this earth because I decided that they are important, that they are interesting, that they are "good". And with bad faith, I find all possible reasons to explain that these activities are the most beautiful.  
When I was working as a scientific publisher, for example, I felt that I was doing something politically useful (whereas I was doing my science in my own lab, at home, during week ends and holidays), and I was already saying that this was wonderful. And because it was decided that this was "interesting", I was doing it extensively! And extensively means successful, of course: labor improbus omnia vincit, a thoroug work is always successful, said the Romans.

But coming back to job choices, I propose that we don't remain with phantasms, and that we consider  the real, practical work involved. What are the tasks to be done, second by second, from when you put you foot in the office/lab/xxx up to the end of the day ? This is very important. For sure, some people have the feeling that they have to stop in the evening or during week ends, but is this really necessary, if you do what you have to do, if you do what you like (love) most in life ?

Another analytical grid for evaluating possibilities, when you have the choice, is "intrinsec interest/extrinsic interest/concommitant interest", i.e. how you are interested, how much you get, social environment... But of course, again, the "intrinsic" is discutable, as you can learn to like or love something, and I don't like the idea of preferences falling from the heaven (his is for simple minds).

And finally, did I tell you about the "chatting test" proposed by James Watson ? It consists in choosing to do what you say to your friends. Watson, for example, was a physicst, but he realized that he was discussing biology... so that he decided to change... and discovered the triple helix configuration of DNA.

dimanche 23 octobre 2016

Un nouvel article (en anglais), à propos des progrès de la publication scientifique

Bonjour

Je suis heureux de vous signaler la parution d'une nouvelle Note dans les Notes Académiques de l'Académie d'agriculture de France (N3AF).

N3AF-2016 (8) : Methodological advances in scientific publication by Hervé This

Elle est en ligne sur le site de l'académie (http://www.academie-agriculture.fr/publications/n3af)

vendredi 21 octobre 2016

Contre l'écologisme, pour l'écologie !

Voici un ouvrage dont ltrois de mes confrères de l' Académie d'agriculture de France - CLAUDE MONNIER et LOUIS-MARIE HOUDEBINE, et Jean-Luc JULIEN - sont  co-auteurs :

« Réponse à l’écologisme », sous la direction de Christian Buson, Ed L’Harmattan, 20 octobre 2016



Extraits de la 4° de couverture :
 « Face aux déluges de contre-vérités, nous pourrions sourire tant le grotesque et l’inconsistance des propos sont la plupart du temps manifestes. Mais la désinformation obtenue par la répétition de ce « prêt à penser écologiste » et sa pénétration généralisée dans les écoles, de la maternelle à l’enseignement supérieur, et dans notre réglementation, nous amènent à proposer dans cet ouvrage un début de réponse critique argumentée. Il est grand temps d’abandonner la religion de l’écologisme et les déclamations incantatoires pour nous tourner vers les sciences de l’environnement et de la santé. »


Les auteurs :
Marian Apfelbaum, Jean-Pierre Bardinet, Pierre Beslu, Christian Buson, Christian Gérondeau, Louis-Marie Houdebine, Jean-Luc Julien, Jean-Louis L’Hirondel, Claude Monnier, Jean-François Proust, Camille Veyres et Henri Voron. Préface de Claude Allègre.

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&isbn=978-2-343-10113-2

Contre l'écologisme, pour l'écologie !

Voici un ouvrage dont ltrois de mes confrères de l' Académie d'agriculture de France - CLAUDE MONNIER et LOUIS-MARIE HOUDEBINE, et Jean-Luc JULIEN - sont  co-auteurs :

« Réponse à l’écologisme », sous la direction de Christian Buson, Ed L’Harmattan, 20 octobre 2016



Extraits de la 4° de couverture :
 « Face aux déluges de contre-vérités, nous pourrions sourire tant le grotesque et l’inconsistance des propos sont la plupart du temps manifestes. Mais la désinformation obtenue par la répétition de ce « prêt à penser écologiste » et sa pénétration généralisée dans les écoles, de la maternelle à l’enseignement supérieur, et dans notre réglementation, nous amènent à proposer dans cet ouvrage un début de réponse critique argumentée. Il est grand temps d’abandonner la religion de l’écologisme et les déclamations incantatoires pour nous tourner vers les sciences de l’environnement et de la santé. »


Les auteurs :
Marian Apfelbaum, Jean-Pierre Bardinet, Pierre Beslu, Christian Buson, Christian Gérondeau, Louis-Marie Houdebine, Jean-Luc Julien, Jean-Louis L’Hirondel, Claude Monnier, Jean-François Proust, Camille Veyres et Henri Voron. Préface de Claude Allègre.

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&isbn=978-2-343-10113-2

mercredi 19 octobre 2016

Grande et belle nouvelle !

Hier, sur les stands du Grand Est, au Salon international de l'alimentation,  à Villepinte, la visite officielle d'ouverture s'est achevée par quelques discours, puis ma "causerie" sur l'innovation.
Je n'ai pas eu l'occasion de le signaler, mais j'ai mis, dans les documents ouverts à tous des Cours en ligne d'AgroParisTech, le cours d'innovation et créativité que j'avais pressenti important pour nos masters "Food Innovation and Product Design", tout comme pour les élèves du Master de l'Ecole des Mines sur l'innovation.

Tout cela étant dit, la nouvelle, d'une décision prise lors de cet événement, est la suivante : le Pôle Science & Culture Alimentaire d'Alsace sera lancé en février 2017.

samedi 8 octobre 2016

A propos de stages

Ce matin, une étudiante intéressée par un stage dans notre laboratoire.
Son message inclut la phrase :
"Créateur de la gastronomie moléculaire, j'aimerais participer à vos travaux", ainsi que la phrase
"Je m'excuse de ne pas vous envoyer cette demande par écrit".


Ma réponse est ci dessous : je la donne, parce qu'elle correspond à un échange que j'ai extrêmement fréquemment... et que j'ai l'espoir qu'elle aidera les étudiants.



Bonjour

Avant toute chose, permettez-moi de vous dire que quand je "souris", ce n'est pas de la méchanceté, mais toujours en vue d'aider les étudiants à "grandir", disons apprendre. Et permettez-moi de vous inviter à lire chaque mot de ce message.
Cela dit, donc, j'ai souri quand j'ai lu votre phrase "Précurseur de la gastronomie moléculaire..., je souhaiterais participer" : en effet, en bon français, cette phrase signifie que vous êtes le précurseur, et que vous voudriez participer, etc. Ce n'était évidemment pas votre intention de dire cela, mais c'est ce qui est écrit. D'ailleurs, dans votre email, vous vous excusez... ce qui n'est pas non plus optimal : vous ne pouvez que demander que l'on vous excuse.
Ce préambule pour vous dire que, dans notre groupe, je m'évertue AUSSI à aider les étudiants à s'améliorer de ces points de vue.

Deuxième point (pas "second" : savez vous pourquoi ?) : vous évoquez les techniques de la cuisine moléculaire, qui sont somme toute assez simples, mais qui, si je les ai effectivement introduites, ne font certainement pas partie de notre quotidien, car notre laboratoire n'est pas une cuisine. Même pour la cuisine note à note, que j'ai également inventée, le but, pour des "chimistes", n'est pas de mettre cela en oeuvre, tant cela est facile. D'ailleurs, je ne suis pas certain que votre université vous laisserait faire cela.
Plus positivement, maintenant, notre laboratoire fait de la physico-chimie, certes autour de l'aliment, mais cela est plus approprié pour des étudiants en université. Par exemple, en ce moment, nous analysons des "bouillons d'arbre", par RMN : cela est parfaitement en phase avec ce que les universités demandent aux étudiants pour leurs stages.

Troisième point essentiel : vous évoquez un stage de dix semaines, mais j'ai peur que cela pose un problème, car pour les raisons que j'expose dans des documents joints, je refuse absolument de payer des stagiaires, qui ne contribuent pas, dans notre groupe, à de la production, mais qui reçoivent de la formation : imagine-t-on un professeur payer pour faire un cours ? J'insiste un peu : je vous invite vraiment à lire les documents joints (et à les transmettre à vos tuteurs), car ils disent bien l'esprit dans lequel je cherche à aider les étudiants à apprendre.

Car là est l'essentiel, dans notre groupe : les stagiaires viennent pour apprendre, et je suis là pour les aider.
Mais la loi impose de payer des stages de plus de deux mois ; or dix semaines font deux semaines de plus que deux mois. Donc, sauf pour des étudiants confirmés qui sont payés par l'industrie, je suis obligé par la loi de refuser les stages de plus de deux mois.

Je reviens enfin à la question de la "chimie" : la chimie est une technique, celle de la transformation des réactifs en produits, par des réactions "chimiques". Cela se distingue de la science chimique, qui est l'exploration des réactions.
Or cette distinction n'est pas anodine : vous destinez vous à la chimie technique? à la chimie technologique ? aux sciences chimiques ?
Le choix de votre stage, me semble-t-il, gagne à s'inscrire dans un projet professionnel fondé sur la bonne distinction des trois termes. Si vous le souhaitez, nous pouvons en parler de vive voix, car vous vous rappelez que mon objectif (ma mission de "professeur", si l'on peut dire), est d'abord d'aider les étudiants. Vous pouvez par exemple m'appeler xxxx.

dimanche 2 octobre 2016

Gourous...

Etienne Emile Baulieu est ce médecin français qui participa à l'aventure du RU486. Dans le livre "Hommes de science", il écrit :

 "En matière politique, à mon sens, le rôle des scientifiques et des  intellectuels est de dire ce qu'ils pensent sans se mêler de tout. Je n'aime pas ceux qui profitent de leurs titres ou de leurs découvertes pour donner leur avis sur n'importe quoi. Le devoir d'un médecin ou d'un professeur, bien placé pour connaître la diversité de la nature humaine, est de profiter des règles en usage dans notre société de liberté pour favoriser les bons éléments et signaler aux gens en place les problèmes qu'ils jugent importants, sans tomber dans la démagogie : je ne sais rien de plus exécrable".

samedi 24 septembre 2016

Les belles personnes

Lors de l'enterrement du chimiste français Pierre Potier, l'homme qui mit au point ce médicament antitumoral nommé taxotère, qui a aidé des millions de femmes à lutter contre le cancer du sein, un autre très grand chimiste, Guy Ourisson, qui était alors président de l'Académie des sciences, avait dit lors de la cérémonie d'hommage : « Il nous a laissé le privilège de l'avoir connu ».
A l'époque, la formule me paraissait superbe, intelligente et sensible à la fois, mais les circonstances actuelles m'ont fait comprendre qu'un tel privilège est quelque chose de secondaire, de très accessoire.
Je comprends que mon père, Bernard This, laisse bien plus que ce privilège, personnel et un peu égoïste : il laisse une vision de la petite enfance, du rôle du père, de la mère, de la vie in utero, la structuration d'une communauté qui se consacre à ces questions d'accueil de nouvelles vies, de nouveaux membres de la communauté humaine, et, surtout, un exemple de sagesse où se mêlaient joie de vivre, enthousiasme, curiosité.
Dans cet éloge, le mot « exemple » est essentiel, parce qu'il n'est pas de l'injonction, mais de l'invitation à bien faire. Avec modestie, sans intrusion.
Mais avec l'évocation des travaux qu'il a effectués et avec l'évocation de ses qualités, on est loin d'avoir fait le bilan, et cela prendra du temps. Pour l'heure, je réserve donc ce jugement, comme l'aurait dit Montaigne et mon père lui-même, qui proposais d'y penser un peu avant de se prononcer.


Aussi, après cette révision de la question du privilège, je veux vous faire part d'un autre changement d'idées qui m'est venu.

Jusqu'à la semaine dernière, j'avais une théorie un peu simpliste qui était la suivante : une « belle personne », me semblait-il, était quelqu'un qui, alors qu'on la connaît parfaitement, alors qu'on croit qu'on sait exactement ce qu'elle va vous dire lors de la rencontre suivante… vous surprend par ce qu'elle vous dit, mais aussi par la qualité de ses actions
Bref, pour mieux faire comprendre la théorie un peu fausse que j'avais, je la résume ainsi : on imagine que l'on sait à l'avance tout ce que la belle personne nous dira quand nous lui parlerons… mais on est aussitôt réfuté.
Là encore, j'étais dans le contentement béat d'avoir le privilège de fréquenter quelques belles personnes… mais je n'avais pas compris que cette définition des « belles personnes » était à la fois très idiosyncratique et très naïve. Je l'ai compris quand, au chevet de Papa, je me suis demandé pourquoi je ne me contentais pas de discussions de remplissage, ces façons de créer des liens interindividuels comme il y en a tant, les conversations de bistrot, les discussions bourgeoises de convenance comme on les voit dans les manuels de conversation.
C'est qu'être seulement en société, en communauté, est en réalité insuffisant : nous ne sommes pas réductibles à des animaux sociaux. Il y a la parole, et je suis de ceux qui propagent cette idée (pas complètement juste) de Condillac, reprise par le chimiste Lavoisier, selon laquelle les mots sont les idées. Je me suis soudain aperçu que ce souci du dictionnaire et de l'étymologie qu'avait mon père rejoignait les idées du physico-chimiste Michael Faraday, qui s'éduqua lui-même en se proposant d'écrire et de parler de façon aussi précise que possible.
Voilà pourquoi les discussions creuses s’insupportent : elles abaissent au rang d'animal social celui qui écoute et celui qui parle. Elles n'accèdent pas au registre des idées, des pensées qui nous font grandir.
A contrario, les idées nouvelles qui nous viennent d'autrui sont des cadeaux que l'on nous fait, et ces personnes capables de nous surprendre à chaque nouvelle rencontre sont en réalité parfaitement généreuses. Il y a une espèce de raffinement suprême, de politesse portée au plus haut point. Le but peut être pédagogique... ou non.
Il y a cette phrase : « Je te donne un dollar : j'ai un dollar en moins et tu as un dollar en plus. Je te donne une idée : tu as une idée de plus, et j'ai encore mon idée, parfois même améliorée par la nouvelle attention que je lui ai portée en te la disant ». Les belles personnes sont infiniment plus riches que celles qui ont de l'argent, puisque, travaillant avec acharnement, elles ont sans cesse des idées nouvelles qu'elles donnent aux autres.
Evidemment, les idées qui nous surprennent nous dérangent parfois : celui ou celle qui les reçoit doit leur « faire de la place », au milieu des idées qu'il ou elle a déjà. Il faut se reconstruire mentalement, ce qui gêne les plus fragiles.
Mais l'intention est toujours bonne : ceux qui nous surprennent par des idées qu'ils ont été chercher, à la mine de la pensée, ne le font-ils pas pour nous, par une attention toute particulière qu'ils nous portent ?
J'ai la chance d'avoir quelques amis qui sont de belles personnes, et parmi les belles personnes que je connais, mon père avait ce statut remarquable que c'est lui que je connais depuis le plus longtemps, et qu'il n'a jamais cessé de me surprendre.
Il ne cesse d'ailleurs pas, et je ne dois pas parler au passé : je m'étonne, aujourd'hui, que j'en sache si peu à son sujet, et il ne s'agit pas simplement de ne pas avoir connaissance de faits personnels, mais surtout de connaissance de ses idées. Mais en disant ces mots, je m'aperçois que je retrouve ceux de plusieurs qui ont parlé avant moi.
A l'analyse, je crois que ceux qui réfléchissent avec acharnement -on se souvient de son motto « labor improbus omnia vincit- font un chemin très long, dont quelques haltes seulement apparaissent à leur entourage. Mais il y a tout le reste, tout le travail intime de recherche, et tout ce reste demeure enfoui, inconnu.

Les belles personnes, pour terminer, ne sont donc pas des personnes qui se soucient de mon petit moi. Ce sont des personnes suprêmement raffinées, polies, et surtout généreuses. Ce visage qu'elles nous présentent, c'est le fruit de beaucoup de travail, de réflexion. Or on ne travaille pas impunément : il en reste quelque chose ! Et pourquoi travaille-t-on ?
Je ne parviens pas à ne pas imaginer que mon père ait voulu autre chose qu'une vie « exemplaire », mais pas un exemple que l'on doit suivre ; un exemple que l'on est invité à raisonner, pour construire chacun notre propre vie exemplaire.
Sa devise était « Labor improbus omnia vincit » ? La mienne est devenue d'abord « D'r Schaffe het sussi Wurzel un Frucht » (le travail a des racines et des fruits délicieux), puis, plus récemment « Mir isch was mir macht »… : nous sommes ce que nous faisons. Mon père était tout ce qu'il a fait, et il a fait beaucoup !
Nos communautés ont, plus que jamais, un immense besoin de telles personnalités !

jeudi 22 septembre 2016

La page de Bernard This sur Wikipedia au 22 septembre 2016

Cette page se trouve à l'adresse https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_This

On y lit notamment que  :
Bernard This est un psychiatre et psychanalyste français, né à Longuyon (Meurthe-et-Moselle) le 14 avril 1928 et décédé le 20 septembre 2016 à Paris.

Marié à Claude This, née Claude Jacquemin (psychanalyste, ancien Professeur à l'Ecole des Beaux Arts), il est le père de Hervé This, de Bruno This et d'Isabelle This Saint-Jean.




Parcours

Ne à Longuyon d'un père lorrain et d'une mère alsacienne, Bernard This a fait ses études à Nancy, puis il étudie la médecine à la Faculté de Nancy, où il s'est intéressé rapidement à l'obstétrique (en particulier, en raison d'un remplacement à Erimoncourt) et à la psychanalyse (notamment à la suite d'une conférence du Père Oraison).

En 1953, il épouse Claude Jacquemin, fille de Pierre et Geneviève Jacquemin. Pierre Jacquemin, apparenté à l'astronome Messier (Badonvillers) était notamment l'homme qui réunit les Salines de l'Est et les Salins du Midi, et qui contribua à la reconstruction de Nancy après la Seconde Guerre mondiale, et qui fut l'artisan de nombreux logements sociaux.

Arrivé à Paris en 1953, où il voulait notamment rencontrer Jacques Lacan et Françoise Dolto, Bernard This a commencé à exercer l'obstétrique à l'Hôpital Foch (Suresnes), où il a été l'un des trois médecins français à militer pour l'accouchement sans douleur. Il a également travaillé à la Clinique des Bleuets, à l'Hôpital Claude Bernard.

Toute sa carrière, il s'est intéressé à vie in utero, à la naissance et aux nouveau-nés, mais aussi aux adultes en tant que parents.

Ainsi, dès les années 1950, il a été l'un des premiers à signaler que le nouveau-né ressentait la douleur et qu'il souriait. Ces observations le poussèrent à militer pour l'accueil des nouveau-nés. Dans la même ligne de pensée, il a proposé que les pères puissent assister aux accouchements.

À la fin des années 1950, il a créé le Centre Étienne Marcel(1), à Paris, (avec Charles Brisset, Thérèse Tremblay et Madeleine Casanova), dont il est devenu directeur médical.

En 1969, il participe, avec notamment Judith Dupont et Madeleine Casanova, à la création de la revue de psychanalyse, Le Coq-Héron, dont il a toujours été un collaborateur(2).

Parallèlement il s'est intéressé aux mythes, à l'étymologie et à diverses méthodes d'accouchement, dans le prolongement de son intérêt pour l'accouchement sans douleur.

Il est le créateur, avec Danielle Rapoport, du Groupe de recherches et d'études du nouveau-né (GRENN)(3). Dans ce cadre, il a suscité la publication d'un livre important sur l'Aube des sens, et a exploré de nombreuses méthodes d'accouchement, notamment la sophrologie, l'accouchement en piscine ou, surtout, l'haptonomie, qu'il a contribué à promouvoir en France.

En 1979, à son initiative et à celle de Françoise Dolto, il a créé, avec Pierre Benoit et Colette Langignon (4) la première Maison verte, à Paris, maison d'accueil en journée pour les jeunes enfants et leur famille (5). Ce concept s'est ensuite développé dans plusieurs autres villes en France et à l'étranger, avec la création de structures aux noms parfois distincts (6), tels La Maisonnée à Strasbourg (7) ou les Maisons ouvertes à Bruxelles (8).

Tous ses travaux et ses actions militantes sont présentés dans ses très nombreux livres, dont beaucoup furent des best sellers.

    1960 : La Psychanalyse, science de l'homme-en-devenir, Éditions Casterman.
    1982 : La Requête des enfants à naître, Éditions du Seuil
    1990 : Le Développement de la sécurité de base chez l'enfant, Z'éditions
    1993 : La Maison verte, Éditions Belin.
    1994 : Neuf mois dans la vie d'un homme, Éditions Interéditions
    1999 : Tous jaloux ?, Éditions Belin
    2001 : Le père, acte de naissance, Éditions du Seuil (première édition en 1980, réédité en 1991)
    2002 : D'où je viens, Éditions Nathan (première édition en 1993)
    2002 : La psychanalyse, Éditions Casterman.
    2006 : Naître, Éditions Aubier Montaigne
    2007 : Naître et sourire, Éditions Aubier (première édition en 1972)
    2007 : Enfants en souffrance, avec F. Dolto et D. Rapoport, Éditions Belin
    2007 : La maison verte, Éditions Belin
    2011 : Rencontre entre un psychanalyste et un obstétricien, par B. This et R. Bellaiche, Éditions Belin


Il s'est éteint le 20 septembre 2016 à Paris.

Hommage à Bernard This (1928-2016)


J'ai eu la chance inouïe d'avoir un père extraordinaire. C'était quelqu'un qui avait pour devise « labor improbus omnia vincit », ce qui signifie « un travail acharné vient à bout de tout ».

Immense générosité, immense culture, immense bienveillance, immense humanité…

Dès le début de ses études de médecine, il avait compris que si la technique (médicale) s'imposait, on ne devait pas s'y arrêter, car l'être humain n'est pas réductible à des morceaux de viande.
Pour des raisons que je ne comprends pas encore, il s'était intéressé à la naissance et à la psychanalyse, voie où il s'était engagé avec fougue.
Ce n'était pas un homme de compromis, mais de conviction, car on ne transige pas quand l'humain est en jeu. Observant l'obstétrique de son temps, il l'avait critiquée publiquement, réfutant l'idée d'alors selon laquelle les enfants n’auraient pas ressenti de douleur, réfutant l'idée selon laquelle les nouveaux-nés n'auraient pas souri…
Ayant aidé une femme à accoucher, et observant que celle-ci ne souffrait pas, il se fit l'apôtre de l'accouchement sans douleur, avec le docteur Lamaze, dès 1951. A l'Hôpital Foch, à la Clinique des Bleuets, et dans quelques autres endroits, il militait énergiquement pour donner aux femmes la possibilité d'accoucher sans douleur, ce qui le conduisit tout naturellement à créer le Groupe de recherche et d'étude de la naissance (GRENN), cadre dans lequel il contribua à faire connaître la sophrologie, les accouchements dans l'eau, l'haptonomie…
Mais j'ai dit qu'il ne s'arrêtait pas à la technique, et son intérêt pour la psychanalyse le conduisit très tôt à se préoccuper des enfants de ce point de vue là, créant notamment le Centre Etienne Marcel de psychopédagogie, mais bien d'autres structures du même type, telles les Maisons vertes, d'abord à deux pas de son domicile, dans le Front de Seine, à Paris, puis bientôt dans d'autres villes.

Il travaillait aussi beaucoup seul, écrivant inlassablement : des articles, des livres… Le premier fut consacré à la psychanalyse, mais les suivants discutèrent la question de la naissance, du nouveau né… mais aussi des parents, le mère et le père.
Ces livres étaient des best sellers, et la façon dont ils sont écrits est étonnante : il ya une sorte de grande simplicité, et en réalité, de grande modestie : les mots sont simples, les mots sont clairs, il n'y a pas de prétention intellectuelle, mais on raconte des histoires (vraies), et l'on s'émerveille des travaux de quelques pionniers, tel l'abbé Spallanzani, qui s'interrogeait sur la génération, et découvrit l’importance des spermatozoïdes en mettant des culottes à des grenouilles. Par exemple.
Tous les soirs, après ses consultations, il partait pour des groupes de travail variés : traductions de Freud à partir de l'allemand, reconnaissant que l'on ne peut guère s’intéresser à le pensée de quelqu’un sans la connaître précisément, publication de la revue du Coq Héron, émanation initiale du Centre Étienne Marcel, Groupe d'étude de la naissance, qui publia notamment un livre qui fit date, intitulé L'aube des sens, où l'on s'interrogeait sur les perceptions de l'enfant in utero…

Il avait au moins deux autres terrains de prédilection, à savoir la mythologie et l'étymologie : ce que parler veut dire…
Au milieu de son jardin, de ses roses, il avait une façon extraordinaire d'être, en parfaite sympathie, en parfaite compassion, en générosité, en discrétion, au point que l'on pourrait même reprocher de ne jamais avoir assumé de « direction » véritable, même s'il fut effectivement un directeur, dans nombre de circonstances, tel le Centre Étienne Marcel.
Il avait des yeux bleus, limpides comme son esprit, pétillants comme sa culture et sa pensée, sa bienveillance et sa sagesse.

Je ne parviens pas à ne pas imaginer qu'il ait voulu autre chose qu'une vie « exemplaire », mais pas un exemple que l'on doit suivre ; un exemple que l'on est invité à raisonner, pour construire chacun notre propre vie exemplaire.
Nos communautés ont un immense besoin de telles personnalités.

vendredi 16 septembre 2016

Les "belles personnes"

Je définis une "belle personne" comme une personne si généreuse que chaque discussion avec elle est l'occasion de découvertes inattendues, même quand on fréquence cette personne quotidiennement.

Dans le milieu psychanalytique, on a parlé de Jacques Lacan ou Françoise Dolto, mais très peu de Bernard This, qui a consacré sa vie au nouveau-né, l'enfant, la mère, le père.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_This

lundi 12 septembre 2016

Talent et génie

Hier, j'ai trouvé cette formule rigolote : le talent fait ce qu'il peut, et le génie fait ce qu'il doit.
 On sait mon attitude ambivalente pour ce qui concerne les formules et les arguments d'autorité en général. Ce n'est pas parce qu'une phrase a été dite, ce n'est pas parce qu'elle est concise et efficace du point de vue de la communication, ce n'est pas parce qu'elle a été dite par une Autorité, que je considère que l'idée portée par la phrase est juste.
Surtout j'ai bien appris à ne pas chercher de qualités à des objets qui n'existent pas. J'ai discuté ailleurs la question de savoir si le manteau du père Noël était rouge ou bleu, et j'ai rapproché ce questionnement de celui de certains clercs du Moyen Âge, qui se demandaient combien d'anges pouvaient tenir sur la tête d'une  épingle, prototype de la question contestable, car si les anges n’existent pas, il n'y a pas lieu de s'interroger sur leurs qualités, ou sur leur nombre.

 Le talent ferait ce qu'il peut et le génie ce qu'il doit ? Je propose de nous interroger : le talent existe-t-il ? Et le génie ?

Nous avons tous des acceptions très idiosyncratiques, surtout pour les termes un peu extraordinaires, et je prends ici le mot « extraordinaire » au sens littéral. Qu'est ce que le talent ? Qu'est-ce que le génie ? En l’occurrence, l'auteur sous la plume de qui j'ai trouvé la formule précédente, définissait talent et génie par la formule précédente.
De même, ailleurs, j'ai cité cette phrase : ne touchons pas au idoles, car ils nous restera de l'or aux doigts. Là encore, la formule permettrait de définir les idoles et l'on admettra avec un peu de réflexion qu'une idole est quelque cchose d’idolâtré, mais peut-être pas pour de bonnes raisons !

Il y a donc cette possibilité de définir le talent et le génie par la formule précédente : dans cette hypothèse, il n'y a plus qu'à chercher, parmi nos amis et connaissances, si elles font ce qu'elles peuvent ou ce qu'elles doivent. Quelqu'un qui fera ce qu'il doit sera un génie ; cela ne signifie pas qu'il ait des caractéristiques supérieurs, mais seulement qu'il a cette caractéristique de faire ce qu'il doit.

samedi 10 septembre 2016

Se mettre un pas en arrière de soi-même.


Notre enthousiasme naturel, notre fougue d'enfant, nous conduisent souvent à des erreurs, par manque de réflexion. Se mettre à en arrière soi-même, c'est donc se donner la possibilité de juger par avance ce que nous faisons, la possibilité de trouver un cadre plus large, et, surtout la possibilité d'y penser une seconde fois. Un peu comme quand on disait qu'il fallait tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler.
Là, on risque  le mauvais devoir de philosophie,  avec la discussion entre ceux qui veulent de l'action et ceux qui veulent de la réflexion, mais un bon mélange des deux est sans doute nécessaire. Evidemment,  si on se met un pas en arrière de soi-même, on est donc amené à réfléchir à ce qu'on fait. Mais on est aussi conduit à se mettre un pas en arrière de cette réflexion, et ainsi de suite, de sorte qu'à force de se mettre en arrière, on ne fait plus rien.
Il y a  cette image amusante du « je sais que je ne sais rien donc je ne fais rien » et du « je ne sais pas je ne sais rien, donc je fonce »...  les yeux fermés dans un trou placé devant moi.
 Reste toutefois que réfléchir n'est  généralement pas mauvais et que nous avons  bien intérêt à évaluer ce que nous faisons. C'est là l'idée qui est donnée dans cette phrase.

jeudi 8 septembre 2016

Le summum de l'intelligence, c'est la bonté et la droiture.


Le mur de mon bureau porte cette phrase : le summum de l'intelligence, c'est la bonté et la droiture. Cette phrase est dérivée d'une phrase de Jorge Luis Borges, selon qui  le summum de l'intelligence est la bonté. J'ai ajouté la droiture, parce que si la bonté implique la droiture, le mot mérite d'être plus largement prononcé, ces temps ci. 
La bonté, d'ailleurs, mériterait d'ailleurs d'être commentée. Qu'est-ce qu'être bon ? Pour la droiture, cela semble être plus clair, car semble s'imposer une conformité entre les paroles et les actes, et des actes conformes à des engagements... ce qui n'est déjà pas si mal !

dimanche 4 septembre 2016

Le billet du jour: les financiers

Aujourd'hui, conformément à mes bonnes résolutions, je fais un billet technique, qui trouve donc sa place sur le blog "gastronomie moléculaire" : je discute la question des "financiers" : http://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/2016/09/les-financiers-vite-et-bien-faits-pour.html
Et, dans le billet, je m'interroge sur la dénomination des "arômes" (un mot utilisé fautivement pour désigner des préparations parfois merveilleuses)

vendredi 2 septembre 2016

Un mur de l'amitié

Ces temps-ci, les témoignages d'amitié abondent. Merci à tous ceux  qui m'envoient ainsi des encouragements.

bonjour cher Hervé,

Vous etes bien modeste mais vous mériteriez le prix nobel des cuisiniers pour tout ce que vous nous avez apporté.

Notre prix Nobel étant le MOF, je serai tout à fait pour qu'il vous soit donné; Alain Ducasse l'a bien eu... mais je ne suis pas décisionnaire malheureusement.

Merci encore pour tout et ce qui reste à venir

Amicalement
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Mon cher Hervé,

Ils ont bien raison de te remercier, je crois pour ma part ne l'avoir jamais fait.
Mais depuis plus de 20 ans je suis un adepte de ta démarche, une façon de te remercier.
Le jour ou l'ingénieur en formation avec laquelle je travaillais me conseilla de regarder une émission à la télévision dans les années 90 ( la 5 de l'époque, avec la cuisinière Maïté) j'ai vite compris tout l'intérêt de ta démarche pour notre métier qui passait alors de l'ombre à la lumière.
A bientôt. Amitiés.
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Je tiens une nouvelle fois à vous remercier pour ce que vous avez apporté à notre métier et ce que vous m'avez apporté à titre personnel. Grâce à vous, j'ai progressé et perfectionné ma technique de cuisine, j'ai appris à comprendre les éléments et leur interaction. Aujourd'hui, je le retransmet à mes collaborateurs avec plaisir et passion.  

Suite à vos conseils, je vais m'intéresser à la cuisine note à note et je ne manquerais pas de revenir vers vous. 
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UN G  MERCI POUR TOUT CE QUE TU FAIS
  POUR LE GLOSSAIRE  SUR  UNE RÉACTUALISATION  DES TERMES  CULINAIRES  FRANÇAIS  IL VA   S EN DIRE  QU IL S’AGIT   DOUBLIER LES ANCIENS TERMES  QUI NE SONT PLUS UTILISES  AU PROFIT  DE  NOUVEAUX  TERMES   AVEC  LE TECHNIQUES   ACTUELLES 
 BIEN ENTENDU   L EXPLICATION    PRECISE  DE CHAQUE TERME   SE  DEVRA  D ETRE    CONCIS
   TRAVAILLONS
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 Merci beaucoup pour l'information. 
Je tenais à vous informer que cette après midi, j'ai visionné un reportage sur vos recherches sur la chaîne Science et Vie. 
Se fut un véritable bonheur. 

 très vite pour de nouvelles connaissances. 
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 Merci beaucoup pour cette information et d'une façon plus générale pour le regard que vous me permettez de porter sur quelques uns de vos travaux.
J'apprécie !
Bonne soirée.

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 Il y a eu des centaines de tels message dans les derniers mois ou années. 
Quel bonheur !

Un liquide absorbé par une masse solide, en cuisine ?

Cela est discuté sur  http://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/2016/09/quand-les-liquides-sont-ils-absorbes.html

jeudi 1 septembre 2016

Chimie et compagnonnage



Initialement j'avais intitulé ce billet « il n'y a pas de métier manuel, il n'y a pas de métier intellectuel ». J'ai décidé de changer, car ce titre était négatif, et, je me suis dit presque aussitôt que je ferais mieux de clamer que tous les métiers sont manuels et que tous les métiers sont intellectuels. Mais quand il est question de métier, il y a lieu de considérer les institutions qui se préoccupent des métiers, tel le « compagnonnage », qui accueille et guide des jeunes professionnels qui se soucient de bien faire.


Tous les métiers sont manuels, tous les métiers sont intellectuels

Pourquoi cette idée d'une absence de différence entre des métiers dits fautivement manuels et des métiers dits fautivement intellectuelle ? Parce qu'elle est juste ! Et, aussi, parce que j’observe un fossé qui n'a pas lieu d'être entre ces métiers dits fautivement manuels ou dits fautivement intellectuels. Oui, un fossé qui n' a pas lieu d'être, car nous avons tous une tête et des mains. Et puis, comme le disait justement Confucius, l'homme n'est pas un ustensile, ce qui signifie que l'être humain n'est pas comme un objet, limité à une fonction, qui serait de bouger les mains ou de bouger la tête.
Surtout, comme cela est discuté au moins depuis Denis Diderot avec sa Lettre sur les aveugles, nous pensons à partir de données sensorielles, Oui, il n'y a pas la tête d'un côté et les mains de l'autre. Les travaus d'intelligence artificielle ont amplement montré que nos raisonnement se fondent sur un contexte, une culture, un contexte concret. Sans tout ce qui nous vient des sens, nous ne pouvons ni raisonner, ni comprendre, ni échanger, ni même agir ! Nos notions sont comparatives, et le rapport au monde concret, perçu par les sens, est constant ! Je ne fvais pas en faire une théorie qui a déjà été largement faite, mais je rappelle simplement qu'il n'y a pas de pensée sans les « mains ». De même, il y a pas d'individu manuel, dont les mains bougeraient sans que la tête ne le fasse : que la tête nous aide ou nous gène, elle est là, et les métiers manuels sont donc parfaitement intellectuels. La tête intervient dans nos gestes puisqu'elle guide la main… mais nos mains guident aussi notre tête : quand nous prenons un verre entre les doigts, c'est la main qui dit à la tête combien presser pour éviter que le verre ne glisse, insuffisamment tenu, ou qu'il casse, trop pressé.
Et quand nous pensons, nos images mentales ne sont que par référence à des expériences, le monde ayant été « saisi » par les sens, la « main ».
Bref il n'y a pas de métier manuel ni de métier intellectuel : il y a seulement des métiers exercés par des individus qui ont une tête et des mains.


Chimie et compagnonnage

Tout cela étant dit, je peux maintenant en arriver à la relation annoncée en titre entre la chimie et le compagnonnage.
La chimie est une activité technique, de production de molécules nouvelles. Il est très nécessaire, d'être parfaitement habile de sa tête et de ses mains, pour faire de la chimie sans danger, efficacement, intelligemment. De ce point de vue, la chimie est un métier manuel. Et intellectuel aussi… comme tous les métiers.
D'autre part, la chimie transforme la matière, puisque précisément elles change la nature des corps. Certains ont même dit que son objet est la transformation de la matière. Elle transforme d'ailleurs bien plus la matière que ne le fait le tailleur de pierres, que ne le fait le cuisinier, que ne le fait le bourrelier, que ne le fait l’électricien, tous métiers du compagnonnage.
Or le compagnonnage accueille en son sein des métiers qui transforment la matière. Ne serait-il donc pas parfaitement anormal que le compagnonnage n'accepte pas la chimie ?
Et la recherche scientifique ? J'ai largement expliqué, dans d'autre billets, que les sciences chimiques ne se confondent pas avec la chimie, puisque dans un cas, il y a des sciences, et dans l'autre de la technique. Les sciences sont bien l’activité qui met des équations sur des phénomènes, activité quasi mathématiques, donc. De sorte que l'on pourrait penser que, cette fois, on est bien loin d'un métier manuel. Erreur ! Les sciences de la nature ne sont pas réductibles aux mathématiques (sans quoi on les nommerait « mathématiques »), car elles partent des phénomènes, qu'elles quantifient, par des travaux de laboratoire, techniques donc, pour arriver à des théories (du calcul)… que l'on réfute par d'autres travaux de laboratoire, à nouveaux techniques. Autrement dit, les sciences de la nature ont une composante technique essentielle, qui s'amalgame avec le calcul. Mais le travail de laboratoire est fondamental, constitutif, indispensable. La production de données se fait avec les mains, et des mains habiles !
Le physico-chimiste Martin Karplus, qui a reçu le prix Nobel pour ses travaux de calcul sur des données chimiques, ne cesse de répéter que les calculs ainsi faits doivent être absolument validés expérimentalement, et que sans les travaux expérimentaux, de laboratoire, ses calcul risquent de n'être que de vaines élucubrations.
De sorte que le sciences de la nature ont cette composante manuelle qui justifie parfaitement qu'elles deviennent des métiers du compagnonnage.

Finalement, j’exhorte mes amis compagnons à réviser leur position : je les exhorte à élargir les spectre des métiers qu'ils accueillent, à ne pas rester frileusement crispés sur des métiers techniques particuliers qui les coupent d'amis qui seraient susceptibles de contribuer à des rénovations techniques.
Ce n'est pas en creusant des fossés entre les groupes humains, entre les humains, que nous parviendront à plus d'harmonie, mais en sachant accueillir nos amis avec gentillesse, bienveillance, ouverture d'esprit, intelligence… c'est le croisement des regards qui nous donnera une vision plus juste du monde et qui, par un bon retour des choses, contribuera à embellir nos travaux, à faire grandir chacun.

Oui, que vite vienne le temps où le compagnonnage saura s'ouvrir à des métiers nouveaux !


mercredi 31 août 2016

Quel bonheur !

Ce matin, j'avais publié un billet où je disais :




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Chers Amis

Depuis plusieurs mois, les messages amicaux se multiplient, et beaucoup me remercient d'aider les métiers de bouche.

Voici un exemple reçu hier matin :

Je tiens une nouvelle fois à vous remercier pour ce que vous avez apporté à notre métier et ce que vous m'avez apporté à titre personnel. Grâce à vous, j'ai progressé et perfectionné ma technique de cuisine, j'ai appris à comprendre les éléments et leur interaction. Aujourd'hui, je le retransmet à mes collaborateurs avec plaisir et passion.  

Suite à vos conseils, je vais m'intéresser à la cuisine note à note et je ne manquerais pas de revenir vers vous. 

Je suis évidemment très ému,  très sensible à tous ces remerciements, que je vois comme des encouragements à poursuivre cet effort inlassable d'épaulement technique et de formation.

Je viens de prendre la décision d'intensifier ma production de billets de blog à usage technique.

Je vais réserver mes billets les plus moraux au blog "Hervé This", et réactiver le blog "gastronomie moléculaire", ainsi que le blog technique du Centre International de gastronomie moléculaire AgroParisTech-Inra (avec des précautions : étant fonctionnaire, donc agent de l'état au service du contribuable, je dois m'empêcher de publier, sur un site institutionnel, des remarques personnelles déplacées sur un tel site ; dans ce cas, je mets les billets sur mes blogs personnels).

Bref, j'ai commencé ce matin avec un billet qui explique qu'il n'existe pas de gélatine végétale, mais plutôt des gélifiants d'origine  végétale. On trouvera la chose ici : http://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/2016/08/il-nexiste-pas-de-gelatine-vegetale.html

Pour autant, très exceptionnellement, je donne le billet en clair, pour vous donner une idée de la chose, et, qui sait, l'envie de vous abonner au blog où les informations techniques seront données quasi quotidiennement (c'est public et gratuit, puisque les services de l'état sont au service des citoyens qui financent ces services)  :

Vive la Connaissance produite et partagée !
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En effet, lors d'un repas important qui réunissait des centaines de chefs, lundi soir dernier, un très grand nombre de cuisiniers, jeunes ou moins jeunes, sont venus me donner le même message, en substance. J'étais heureux, car j'avais le sentiment que mon épouse ne devait pas avoir honte de son mari.


Puis, il y a eu en début d'après midi un ami qui m'a demandé pourquoi la République ne me décorait pas et pourquoi  les associations de cuisinier ne me faisaient pas Membre d'honneur.
Je n'ai su que lui répondre, à part le remercier.





Mais la journée n'était pas finie... et  voici ce que je reçois :
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Mon cher Hervé

Bravo pour ce courrier d'un professionnel (je pense) qui te remercie de tous tes efforts consacrés à la recherche culinaire et en particulier à une cuisine du futur, la cuisine "note à note" la bien nommée.

J'en suis heureux pour toi mais les compliments sont minces par rapport à tout ce que tu fais pour notre profession

J'insiste aussi et te remercie également pour remettre sur les rails certains points sur les " i " concernant les nombreuses appellations déformées par nos grands de ce Monde. sur les techniques culinaires. C'est essentiel pour la formation de nos jeunes afin de les guider "déjà" dans le bon sens et dans le vrai nom des produits. Le chemin sera tellement plus facile pour eux.
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Merci beaucoup pour cette information et d'une façon plus générale pour le regard que vous me permettez de porter sur quelques uns de vos travaux.
J'apprécie !
Bonne soirée.

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Ce n'est pas du bonheur à l'état pur ?