Parmi les cocktails largement appréciés, il y a l'Irish Coffee,
avec du café, du whisky et de la crème. Cela vaut parfois des fortunes
dans des bars, parce que ces établissements font l'hypothèse que nous
sommes incapables de produire ces cocktails. Pourtant, un raisonnement
simple permet de faire mieux que beaucoup d'entre eux.
Il
s'agit de faire trois couches distinctes, avec whisky, café, crème.
J'ai bien dit « distinctes » : si vous voyez un Irish Coffee arriver
avec des couches non distinctes, renvoyez-le : un Irish Coffe n'est pas
un mélange, mais une superposition. Or faire trois couches n'est pas
bien difficile, et je renvoie vers le site qui présente mon cocktail à
dix couches, que j'avais inventé au Ritz et que j'avais nommé Welcome
Coffee. Oui, dix couches ! Alors vous pensez bien que trois couches,
c'est l'enfance de l'art… à condition de réfléchir.
Il y
a le whisky, qui est fait principalement d'eau et d'éthanol, l'alcool
de nos vins et eaux de vie. Il y a le café, qui est fait majoritairement
d’eau. Et il y a la crème, faite principalement d'eau et de matière
grasse, et, qui, de surcroît, est fouettée.
Commençons par cette
dernière. Quand on fouette de la crème, on obtient un système fait d'un
peu d'eau, de beaucoup de matière grasse et d'air. On comprend que la
densité d'un tel système soit bien moindre que celle de l'eau, puisque
la graisse et l'air flottent au dessus de l'eau. Si l'on ajoutait dans
un verre du café et de la crème fouettée, on verrait cette dernière
flotter en surface.
Reste à placer le whisky. Puisqu'il est fait
d'eau et d'éthanol, il sera plus dense que la crème fouettée, mais
faut-il mettre le whisky sous le café ou au dessus ? L'éthanol est une
matière dont la densité est plus faible que celle de l'eau, et
d'ailleurs plus faible que celle de la matière grasse. D'autre part, il y
a la question de la température, et l'on sait que les couches les plus
chaudes se placent surtout en surface. Par conséquent , on aurait
intérêt à placer d'abord le café, froid, puis le whisky chaud, puis la
crème fouettée. D'ailleurs, le sucre dans le café augmente encore sa
densité, ce qui stabilise le système.
Evidemment il faudra
apprendre à verser doucement pour que les couches ne se mélangent pas.
Les barman versent les liquides sur le dos d'une cuiller retournée, et
c'est ainsi que l'on produit de merveilleux Irish Coffee, avec les trois
couches réglementaires. Une question de densité !
Vient de paraître aux Editions
de la Nuée Bleue : Le terroir à toutes les sauces (un traité de la
jovialité sous forme de roman, agrémenté de recettes de cuisine et de
réflexions sur ce bonheur que nous construit la cuisine)
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
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vendredi 29 décembre 2017
lundi 5 septembre 2016
Comment faire un Irish Coffee
Les explications sont données sur http://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/2016/09/pour-reussir-un-irish-coffee-pensons-la.html, puisque c'est une question technique.
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