Nutriments : ils n'ont pas diminué !
Le "c'était mieux avant" est une sorte de faute bizarre de l'esprit qu'une certaine presse exploite parfois. Et c'est ainsi que l'on voit, parfois, des documentaires dire -et donc vouloir faire croire, à moins que les auteurs de ces documentaires ne soient inconséquents- que "au cours des 50 dernières années, les aliments ont perdu jusqu'à 75 % de leur valeur nutritive".
Quoi, 75 % alors que le vivant met des millions d'années à évoluer un peu ? L'agriculture "intensive" (rien que le mot devient connoté, mais cherchons d'abord l'idée politique qui préside à la connotation) privilégierait la productivité aux dépens des teneurs en éléments minéraux, oligoéléments et vitamines.
Mon confrère Léon Guéguen de l'Académie d'agriculture de France a comparé les teneur de ces composés dans les récentes tables de composition des aliments et dans les anciennes tables, d'avant 1960, notamment pour blé, riz, pomme de terre, poireau, laitue, chou, brocoli, haricot vert, tomate, carotte, pomme, orange, raisin, abricot, lait, oeuf). Résultat : les différences sont faibles pour les constituants majeurs, et pas toutes dans le même sens. Le blé actuel est toujours plus riche en protéines. Il y a des différences en ions minéraux, mais pas toujours dans le même sens, et les teneurs en magnésium et potassium sont remarquablement constantes. Pour le fer et le zinc, l'effet est insignifiant. La vitamine C n'est quasiment pas évoluée, et le carotène bêta non plus.
Alors ?
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
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mercredi 28 juin 2017
mardi 21 février 2017
Un illtré paresseux ? Un imbécile ? Un malhonnête ?
Comment certains osent-ils mentir à ce point ?
Un peu par hasard, je trouve sur un site pourtant "ami" un billet d'un cuisinier
qui écrit que je voudrais remplacer l'agriculture par l'industrie chimique.
Cet homme est-il un imbécile qui n'a pas compris le projet "note à note" ? Un
illettré paresseux qui n'a pas su lire que ce j'écris à ce sujet ? Un malhonnête qui me prête sciemment des intentions que je n'ai pas ?
Je l'ignore, mais il me donne l'occasion de revenir sur le projet note à note,
et de bien l'expliquer, en espérant que de bonnes âmes le dirigeront vers ce
blog.
La cuisine note à note est donc l'équivalent de la musique de synthèse : au lieu
d'utiliser des ustensiles de musique classique, la musique de synthèse utilise
des ustensiles modernes... mais l'art musical demeure ; de même, au lieu
d'utiliser des fruits, légumes, viandes ou poissons, la cuisine note à note
utilise des composés présents dans ces ingrédients... et l'art culinaire
demeure, bien évidemment, puisque l'on n'oublie pas que je suis terriblement
gourmand !
D'où viennent les composés ? Certainement pas du pétrole, car les ressources
vont s'épuiser. Il vaut bien mieux... cultiver des végétaux, et apprendre à
fractionner ces derniers pour récupérer des composés ayant des intérêts
nutritionnels, ou sensoriels. D'ailleurs, c'est déjà ce que font en partie les
cuisiniers, notamment quand ils mettent une branche de thym ou une feuille de
laurier dans une casserole : ils extraient les composés odorants des aromates,
et se débarrassent ensuite de la branche ou de la feuille (parce qu'ils ne
savent pas que l'on peut en faire usage !).
Bref, le projet note à note est bien de se reposer sur l'agriculture, plus que
jamais ! Et j'ai assez écrit et dit partout le fond de ma pensée : j'espère que
le projet note à note sera une occasion pour que les agriculteurs
s'enrichissent, en faisant à la ferme une étape simple de fractionnement. Selon
le bon principe selon lequel on gagne mieux sa vie en vendant du fromage que du
lait, du raisin que du vin, j'espère que mes amis agriculteurs s'enrichiront en
faisant à bon compte (le fractionnement n'est pas une opération difficile), soit
seuls, soit en coopérative, des fractionnement des produits de l'agriculture.
Car je n'oublie jamais que nos amis agriculteurs ont en charge la sécurité
alimentaire des peuples et l'entretien des paysages.
Est-ce clair ?
Un peu par hasard, je trouve sur un site pourtant "ami" un billet d'un cuisinier
qui écrit que je voudrais remplacer l'agriculture par l'industrie chimique.
Cet homme est-il un imbécile qui n'a pas compris le projet "note à note" ? Un
illettré paresseux qui n'a pas su lire que ce j'écris à ce sujet ? Un malhonnête qui me prête sciemment des intentions que je n'ai pas ?
Je l'ignore, mais il me donne l'occasion de revenir sur le projet note à note,
et de bien l'expliquer, en espérant que de bonnes âmes le dirigeront vers ce
blog.
La cuisine note à note est donc l'équivalent de la musique de synthèse : au lieu
d'utiliser des ustensiles de musique classique, la musique de synthèse utilise
des ustensiles modernes... mais l'art musical demeure ; de même, au lieu
d'utiliser des fruits, légumes, viandes ou poissons, la cuisine note à note
utilise des composés présents dans ces ingrédients... et l'art culinaire
demeure, bien évidemment, puisque l'on n'oublie pas que je suis terriblement
gourmand !
D'où viennent les composés ? Certainement pas du pétrole, car les ressources
vont s'épuiser. Il vaut bien mieux... cultiver des végétaux, et apprendre à
fractionner ces derniers pour récupérer des composés ayant des intérêts
nutritionnels, ou sensoriels. D'ailleurs, c'est déjà ce que font en partie les
cuisiniers, notamment quand ils mettent une branche de thym ou une feuille de
laurier dans une casserole : ils extraient les composés odorants des aromates,
et se débarrassent ensuite de la branche ou de la feuille (parce qu'ils ne
savent pas que l'on peut en faire usage !).
Bref, le projet note à note est bien de se reposer sur l'agriculture, plus que
jamais ! Et j'ai assez écrit et dit partout le fond de ma pensée : j'espère que
le projet note à note sera une occasion pour que les agriculteurs
s'enrichissent, en faisant à la ferme une étape simple de fractionnement. Selon
le bon principe selon lequel on gagne mieux sa vie en vendant du fromage que du
lait, du raisin que du vin, j'espère que mes amis agriculteurs s'enrichiront en
faisant à bon compte (le fractionnement n'est pas une opération difficile), soit
seuls, soit en coopérative, des fractionnement des produits de l'agriculture.
Car je n'oublie jamais que nos amis agriculteurs ont en charge la sécurité
alimentaire des peuples et l'entretien des paysages.
Est-ce clair ?
jeudi 10 novembre 2016
Création du comité national agricole de l’AFIS (regroupant des adhérents de l’AFIS, association française pour l’information scientifique)
Depuis quelques décennies, les filières
agricoles ne cessent d’être malmenées par des campagnes
de désinformation, quand elles ne sont pas victimes
d’actes de vandalisme en bandes organisées. Les controverses
succèdent aux controverses : sélection variétale, OGM, abeilles,
pesticides, étiquetage, taille des fermes d’élevage, etc.
L’AFIS a réussi à se faire entendre quand il s’est agi, par exemple, de dénoncer l’absence de fondement scientifique au moratoire sur la culture du maïs MON810, ou encore de démonter le discours mensonger de Cash Investigation sur les pesticides. Mais ce ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan d’une communication trop souvent hostile.
Pourtant les preuves sont régulièrement apportées qu’une agriculture fondée sur les meilleures pratiques agronomiques vérifiées quantitativement apporte de meilleurs résultats que les modèles alternatifs à la mode. Et ce que ce soit en matière de traitement des sols, d’apport de nutriments, d’émissions de gaz à effet de serre ou de conservation de la biodiversité.
Restaurer l’intégrité scientifique dans le débat public ne pourra pas se faire sans l’engagement concret des acteurs des filières agricoles, agrochimiques et agroalimentaires. L’AFIS est un bon outil pour cela. C’est le sens donné à l’initiative du comité national agricole de l’AFIS. Pour fédérer celles et ceux qui sont déjà membres de l’AFIS. Pour constituer un pôle de regroupement pour celles et ceux qui n’y sont pas encore et nous rejoindront à cette occasion.
Si vous êtes agriculteur/agricultrice, si vous êtes impliqué dans une des filières en amont ou en aval de l’agriculture, et ce que vous œuvriez à votre compte, ou dans des entre- prises privées ou encore dans des organismes publics, ou encore que vous soyez en retraite de ces activités, et si cette perspective vous motive, contacter par mail : agriculture@pseudo-sciences.org
L’AFIS a réussi à se faire entendre quand il s’est agi, par exemple, de dénoncer l’absence de fondement scientifique au moratoire sur la culture du maïs MON810, ou encore de démonter le discours mensonger de Cash Investigation sur les pesticides. Mais ce ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan d’une communication trop souvent hostile.
Pourtant les preuves sont régulièrement apportées qu’une agriculture fondée sur les meilleures pratiques agronomiques vérifiées quantitativement apporte de meilleurs résultats que les modèles alternatifs à la mode. Et ce que ce soit en matière de traitement des sols, d’apport de nutriments, d’émissions de gaz à effet de serre ou de conservation de la biodiversité.
Restaurer l’intégrité scientifique dans le débat public ne pourra pas se faire sans l’engagement concret des acteurs des filières agricoles, agrochimiques et agroalimentaires. L’AFIS est un bon outil pour cela. C’est le sens donné à l’initiative du comité national agricole de l’AFIS. Pour fédérer celles et ceux qui sont déjà membres de l’AFIS. Pour constituer un pôle de regroupement pour celles et ceux qui n’y sont pas encore et nous rejoindront à cette occasion.
Si vous êtes agriculteur/agricultrice, si vous êtes impliqué dans une des filières en amont ou en aval de l’agriculture, et ce que vous œuvriez à votre compte, ou dans des entre- prises privées ou encore dans des organismes publics, ou encore que vous soyez en retraite de ces activités, et si cette perspective vous motive, contacter par mail : agriculture@pseudo-sciences.org
dimanche 6 janvier 2013
Réservons la date !
« COMMENT RETABLIR
LA CONFIANCE DU
CONSOMMATEUR DANS SON ALIMENTATION ? »
JEUDI
21 MARS 2013
Colloque organisé par le Ministère de l ‘Agriculture, de l’Agroalimentaire et
de la Forêt, en collaboration avec l’Académie d’Agriculture de France, le CREDOC et le Centre Edgar Morin
dimanche 18 novembre 2012
Heureux agriculteurs
Alain, Propos sur le bonheur, XLVIII :
Le travail est la meilleure et la pire des choses ; la meilleure, s'il est libre, la pire, s'il est serf. J'appelle libre au premier degré le travail réglé par le travailleur lui-même, d'après son savoir propre et selon l'expérience, comme d'un menuisier qui fait une pore. Mais il y a de la différence si la porte qu'il fait est pour son propre usage, car c'est alors une expérience qui a de l'avenir ; il pourra voir le bois à l'épreuve, et son oeil se réjouira d'une fente qu'il avait prévue. IL ne faut point oublier cette fonction d'intelligence qui fait des passions si elle ne fait des portes. Un homme est heureux dès qu'il reprend des yeux les traces de son travail et les continue, sans autre maitre que la chose, dont les leçons sont toujours bien reçues. Encore mieux si l'on construit le bateau sur lequel on naviguera ; il y a une reconnaissance à chaque coup de barre, et les moindres soins sont retrouvés. On voit quelquefois dans les banlieues des ouvriers qui se font une maison peu à peu, selon les matériaux qu'ils se procurent et selon le loisir ; un palais ne donne pas tant de bonheur ; encore le vrai bonheur du prince est-il de faire bâtir selon ses plans ; mais heureux par dessous tout celui qui sent la trace de son coup de marteau sur le loquet de la porte. La peine alors fait justement le plaisir ; et tout homme préférera un travail difficile, où il invente et se trompe à son gré, à un travail tout uni, mais selon les ordres. Le pire travail est celui que le chef vient troubler ou interrompre. La plus malheureuse des créatures est la bonne à tout faire, quand on la détourne de ses couteaux pour la mettre au parquet, mais les plus énergiques d'entre elles conquièrent l'empire sur leurs travaux, et ainsi se font un bonheur.
L'agriculture est donc le plus agréable des travaux, dès que l'on cultive son propre champ.
Le travail est la meilleure et la pire des choses ; la meilleure, s'il est libre, la pire, s'il est serf. J'appelle libre au premier degré le travail réglé par le travailleur lui-même, d'après son savoir propre et selon l'expérience, comme d'un menuisier qui fait une pore. Mais il y a de la différence si la porte qu'il fait est pour son propre usage, car c'est alors une expérience qui a de l'avenir ; il pourra voir le bois à l'épreuve, et son oeil se réjouira d'une fente qu'il avait prévue. IL ne faut point oublier cette fonction d'intelligence qui fait des passions si elle ne fait des portes. Un homme est heureux dès qu'il reprend des yeux les traces de son travail et les continue, sans autre maitre que la chose, dont les leçons sont toujours bien reçues. Encore mieux si l'on construit le bateau sur lequel on naviguera ; il y a une reconnaissance à chaque coup de barre, et les moindres soins sont retrouvés. On voit quelquefois dans les banlieues des ouvriers qui se font une maison peu à peu, selon les matériaux qu'ils se procurent et selon le loisir ; un palais ne donne pas tant de bonheur ; encore le vrai bonheur du prince est-il de faire bâtir selon ses plans ; mais heureux par dessous tout celui qui sent la trace de son coup de marteau sur le loquet de la porte. La peine alors fait justement le plaisir ; et tout homme préférera un travail difficile, où il invente et se trompe à son gré, à un travail tout uni, mais selon les ordres. Le pire travail est celui que le chef vient troubler ou interrompre. La plus malheureuse des créatures est la bonne à tout faire, quand on la détourne de ses couteaux pour la mettre au parquet, mais les plus énergiques d'entre elles conquièrent l'empire sur leurs travaux, et ainsi se font un bonheur.
L'agriculture est donc le plus agréable des travaux, dès que l'on cultive son propre champ.
vendredi 16 novembre 2012
Encore des commentaires
Un ami-correspondant m'envoie un texte d'Ali-Bab (Henri Babinsky), qui mérite d'être discuté. Ci dessous, je donne le texte et des commentaires.
En attendant cette révolution pacifique, que les gastronomes
ne se découragent pas, leurs efforts ne seront pas stériles.
On a compris que tout cela est de la rhétorique un peu faible, pour une littérature médiocre.
Orientés avec méthode, ces efforts persévérants finiront par faire de l’art culinaire purement expérimental tel qu’il est aujourd’hui une science exacte.
En précisant dans des formules rigoureuses les connaissances que l’on possède, on fait plus que perpétuer des recettes, on accumule des matériaux d’où se dégageront un jour les lois de la gastronomie, qui seront la base indestructibles de la science du bon.
La "science du bon" ? Au fait, le bon, c'est quoi ? Je propose de penser qu'il n'existe pas. Ce qui est bon, c'est que j'aime. Aucun intérêt général !
Etat actuel de la gastronomie
Le texte date de 1928.
[…] Tout en m’efforçant d’éviter de louanger les temps
passés, travers dans lequel on tombe facilement, il me semble franchement qu’au
point de vue gastronomique, comme à beaucoup d’autres, nous sommes en train de
traverser une crise.
Oui, il y a toujours le vieux mythe de l'âge d'or, qui traine.
Oui, il y a toujours le vieux mythe de l'âge d'or, qui traine.
Une crise ? Le mot pourrait être prononcé aujourd'hui... et je crois que, pour certains de nous, tout va toujours mal. Pour d'autres, dont je suis, il y a bien peu de changements... et tout va donc toujours (plutôt) bien : la Terre ne s'est pas arrêtée de tourner.
L’élevage, les procédés modernes de culture, la préparation des conserves ont certainement augmenté la quantité de nourriture disponible ;
L’élevage, les procédés modernes de culture, la préparation des conserves ont certainement augmenté la quantité de nourriture disponible ;
Oui, et c'est ainsi que les pays industrialisés ont aujourd'hui à suffisance ! L'amélioration de la production d'un côté, et les progrès dans la conservation, de l'autre, ont été essentiels !
le
développement des moyens de transport, l’emploi du froid ont permis de répandre
cette nourriture partout ;
Partout et toute l'année
et la famine, cet horrible fléau, est désormais
impossible dans les pays civilisés, à moins d’un cataclysme.
Ici, une idée importante : nous sommes la première génération à ne pas avoir connu de famine (1928, c'est avant la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle il y a eu du rationnement).
Mais si, au point
de vue général, ces conditions nouvelles de la vie ont incontestablement une
influence heureuse, en est-il de même au point de vue purement
gastronomique ?
On a effectivement le droit de poser la question.
Aujourd’hui les éleveurs, en gavant les animaux, produisent couramment des viandes trop grasses ;
On a effectivement le droit de poser la question.
Aujourd’hui les éleveurs, en gavant les animaux, produisent couramment des viandes trop grasses ;
Méfions-nous des généralisations. Tous les éleveurs ? Gaver un boeuf ?
la culture intensive modifie le plus souvent dans
un sens défavorable la qualité des produits du sol.
Et pourquoi, défavorable ? Et pourquoi la culture intensive nuirait-il à la qualité ? Et d'abord, qu'est-ce que la "qualité" ?
Il nous suffira de citer
comme exemple la pomme de terre que l’on ne peut plus avoir parfaite qu’en la
cultivant exprès et sans la forcer, dans des terrains sablonneux, comme on le
faisait autrefois.
Il y a de remarquables pommes de terre, tomates, oignons, etc. parce que la sélection variétale a fait d'immense progrès, et que l'agronomie a considérablement progressé.
Les châssis et les serres fournissent en toute saison des
légumes et des fruits merveilleux d’aspect, mais dépourvu de saveur ; on n’est
pas encore parvenu à remplacer le soleil.
Oui, il faut de l'énergie (solaire, par exemple) pour faire des fruits de haut goût... mais on est parfaitement parvenu à remplacer le soleil. La question, c'est une question d'argent : combien veut-on consacrer à éclairer les plantes ? Où les cultive-t-on ? Combien veut-on payer les denrées alimentaires ?
On n'en aura jamais que pour son argent !
On n'en aura jamais que pour son argent !
L’industrie des conserves provoque l’accaparement
des produits alimentaires naturels, frais, au moment où ils sont le meilleur
marché ;
Allons allons... Soyons un peu raisonnable. On aura des produits frais si on les paye.
les chemins de fer drainent de partout ce qu’il y a de meilleur,
au profit de consommateurs souvent incapables de l’apprécier et ils en privent
les habitants des pays producteurs, parmi lesquels se recrutaient autrefois les
gourmets les plus raffinés.
Et là encore : cela devient lancinant, ce "tout fout le camp ma bonne dame" !
De toute façon, les citoyens (mot que je préfère à "consommateur") habitent aujourd'hui dans des villes... parce qu'ils jugent préférable de faire ainsi.
On cueille les fruits avant leur maturité pour
pouvoir les transporter loin, de sorte que peu de personnes sont actuellement à
même de manger des fruits vraiment à point ;
Non, on cueille ce que l'on veut. On mange des fruits à point si on accepte de les consommer rapidement, parce que c'est cela la question : si on achète à point, on ne pourra pas conserver. Or nous sommes souvent bien paresseux.
on n’a plus de lait à la
campagne ;
Mais si. Faites donc un petit effort (d'optimisme, notamment)
il devient difficile de se procurer du poisson au bord de mer ;
Allons, soyons sérieux ! N'importe qui, avec une ligne dans un port, trouve du mulet. Et n'importe quelle ligne trainée derrière un petit bateau rapporte de merveilleux maquereaux tout frais !
il est presque impossible d’obtenir un bon bifteck dans un pays d’élevage ;
en un mot nous vivons un peu comme dans le manoir à l’envers
Ca continue... Décidément, la carricature fait perdre toute crédibilité...
La falsification des aliments, très ancienne à la vérité
puisque les Romains s’en plaignaient déjà, mais qui se pratiquait jadis sur une
échelle relativement petite, constitue aujourd’hui, par suite des progrès de la
chimie, une branche de l’industrie ;
Oui, la falsification, la sophistication, le frelatage, la fraude, la malhonnêteté sont de tous temps. Du temps des Romains comme du temps d'aujourd'hui. La malhonnêteté est -elle plus répandue aujourd'hui ? Pourquoi le serait-elle ? Et je préfère l'usage de conservateurs bien ciblés à celui de sulfure de mercure dans le pissala ! Quand à la pratique de la cuisson sur le feu, qui charge de benzopyrènes les viandes, elle est bien pire que toutes les chimies de la terre!
les procédés à employer pour
atteindre ce but sont discutés dans des congrès officiels et leurs auteurs, au
lieu d’être pendus sont décorés !
Et c'est juste ! D'ailleurs, ceux qui ne veulent pas des produits de l'industrie alimentaire ne sont pas obligés de les acheter. Moi, je préfère un monde où l'espérance de vie augmente d'un trimestre tous les ans ! !
Il devient incontestablement difficile de bien manger ;
Non, il suffit de cuisiner, d'apprendre à cuisiner, de comprendre ce qu'est "cuisiner".
cependant la chose est encore possible, mais plus que jamais indispensable de s’occuper
soi-même de sa nourriture.
Non, rien n'a changé ; oui, c'est possible (voir plus haut).
En province, dans certains milieux où l’on ne se
désintéresse pas de la question, on sait encore faire bonne chère. On pense à
la cuisine ; on discute d’avance les menus ; on s’adresse pour chaque
produit à des fournisseurs que l’on connait et qui savent eux-mêmes à qui ils
ont affaire ; enfin, la préparation de tous les plats est l’objet des
soins les plus minutieux.
Mais mon bon monsieur, en ville aussi, on peut être gourmand ! En ville aussi, on peut discuter des menus, chercher de bons fournisseurs, apporter du soin à la production culinaire !
Mais à Paris, où l’on vit trop vite, où l’on est toujours
pressé, peu de gens consentent à consacrer quelques moments à ces questions ;
Une généralisation, idiote, donc.
aussi l’art culinaire y est manifestement en décadence.
Mais oui, mais oui... Tout fout le camp, on a compris !
Pourtant il semble que
bien manger devrait intéresser tout le monde, car personne n’oserait soutenir
qu’il soit différent de consommer des aliments bien ou mal préparés.
Et pourquoi cela intéresserait-il "tout le monde" ? N'a-t-on pas le droit de faire autrement ?
La
gastronomie s’adresse à toutes les classes de la société et il n’est nullement
nécessaire d’avoir de la fortune pour bien se nourrir.
Là, d'accord.
Le repas le plus simple,
quelque modeste qu’il soit, peut être meilleur qu’un repas très couteux, et l’on
aura toujours bien mangé si ce qu’on a mangé était de bonne qualité et bien
préparé.
Parfaitement d'accord.
Malheureusement, ce qu’on recherche avant tout aujourd’hui c’est
paraître.
Qui cherche cela ? "On" ?
Le modeste bourgeois d’autrefois, recevant des amis à sa table, ne
leur donnait pas plus de trois plats, simples mais soignés, préparés sous la
direction effective et jalouse de la maitresse de maison.
Bof : parmi les bourgeois, il y avait des prétentieux, des modestes, des honnêtes, des malhonnêtes... Donc non !
Quant au mythe de la "bonne maîtresse de maison", ne soyons pas naïf !
Le bourgeois de nos
jours se croirait déshonoré s’il ne présentait pas à ses convives des menus somptueux,
au moins en apparence, qu’il est hors d’état de faire exécuter chez lui.
Encore une ânerie.
Aussi commande-t-il ses repas priés au dehors, chez des entrepreneurs
qui les lui envoient tout prêts, avec des domestiques d’occasion pour les servir.
Et ca continue.
Les aigrefins peuvent donner à dîner dans des appartements
vides, loués à l’heure pour la circonstance ;
De tous temps. Jadis, naguère, aujourd'hui : pas de changement.
des agences leur fournissent
à forfait la nourriture, la boisson, la vaisselle, le linge et s’ils le
désirent, elles leur procurent même, moyennant un petit supplément, quelques
invités décoratifs et décorés destinés à impressionner le gogo naïf, auquel le
mirage d’un intérieur familial cossu inspire toute confiance. Paraître, tout
est là !
Là encore.
Quant aux parvenus, ils rivalisent de faux luxe.
Cela n'a jamais changé, depuis les débuts de l'humanité.
Au fait, c'est quoi le "vrai luxe" ?
Pour avoir
l’air de ne pas regarder la dépense, ils font bourrer tous leurs plats de
truffes et de foie gras, de sorte que tout finit par avoir le même goût, et
bien des dîners, dans des maisons où l’on devrait pouvoir manger
convenablement, deviennent aussi odieux que des repas de table d’hôte auxquels,
d’autre part, ils ressemblent souvent par l’assemblage hétéroclite des invités.
Oui, cela se nomme du gongorisme, en peinture. Et cela a toujours existé.
L’une des industries les plus florissantes aujourd’hui est
celle de la confection de mets à emporter.
Mais, pourquoi cela serait-il mal ?
Partout on vend des plats tout faits
et nombre de femmes ont une tendance fâcheuse à se désintéresser de leur
intérieur.
Et alors ? Veut-on les cloitrer ?
Les unes ont l’excuse des
nécessités de la vie, qui les obligent à travailler dehors ; d’autres
courent les magasins et les five o’clock à la recherche du bonheur.
N'ont-elles pas le droit ?
L’idéal
pour tous les étages, ce qui permettrait de supprimer les cuisines, en
attendant la fameuse pilule synthétique entrevue par certains savants.
La pilule nutritive est un fantasme, que j'ai dénoncé en bien d'autres endroits. Cessons d'agiter ce spectre idiot.
En ce qui concerne les établissements publics, on voit se
multiplier des gargotes à prix fixes ;
Et aussi de bons restaurants à prix fixes. Il y a du progrès, donc.
les bons restaurant se transforment
ou ferment successivement leurs portes et je serais véritablement embarrassé
pour citer à Paris plus de quatre ou cinq maisons où l’on soit assuré d’être
toujours bien traité à tous les égards.
Non, tout va bien, merci. Et je tiens à votre disposition bien plus de quatre ou cinq maisons !
En supposant que son pessimisme soit justifié, il y aurait donc un indéniable progrès !
L’internationalisme mal compris se développe d’une façon
inquiétante, et ses progrès, déplorables à bien des points de vue, sont désastreux
au point de vue gastronomique ;
Allons, encore de l'inquiétude, du désastre...
si l’on n’y prend garde, ils auront
bientôt amené à un même niveau peu élevé la cuisine de tous les pays.
Or, ce que l'on voit, c'est que, au contraire, des pays naguère culinairement faibles ont considérablement progressé. Tout va bien, donc !
Au commencement du siècle dernier, un grand maitre d’ l’université
était tout fier de pouvoir dire : « Aujourd’hui, à cette heure, tous
les élèves des toutes les classes de seconde de tous les lycées de France font
le même thème grec ».
Le grec a disparu. Ite missa est
Les syndicats internationaux d’aubergistes qui nourrissent
les voyageurs des deux hémisphères soumis à leur régime, paraphrasant le mot du
ministre, peuvent dire : « Du far-West à l’extrême orient, du pôle
nord au pôle sud, depuis le 1er janvier jusqu’à la saint sylvestre
tous nos clients font les mêmes repas ».
Ce n'est pas neuf. Il y a des modes en cuisine.
D'autre part, cela a été un fantasme de croire que des cuisines rapides vendraient la même chose dans tous les pays : la volonté de faire plaisir à leurs clients a contraint les enseignes à varier les offres. Je ne dis pas que tous les plats proposés soient merveilleusement intéressants... mais il n'y a pas de drame ! Le vrai drame, ce sont les "marchands de peur" !
Et, en effet, que ce soit en bateau, en chemin de fer ou
dans les hôtels, partout ces malheureux sont condamnés à la même
invraisemblance barbue sauce hollandaise, au même aloyau braisé jardinière à la
même inévitable poularde.
Les pauvres ! Condamnés à de la barbue sauce hollandaise. Alors qu'une partie du monde meurt de faim ? C'est quand même terrible !
Quand on pense que ces gens paraissant à peu près
équilibrés, dont une partie voyagent soi-disant par plaisir, consentent à
absorber tous les jours de pareilles atrocités, c’est à désespérer du genre humain.
Et si, au lieu de courir le monde, ils restaient chez eux et cuisinaient ?
Je veux croire cependant que ce n’est qu’une crise que nous
traversons et j’espère sinon un réveil général du gout ce qui serait trop beau
au moins un soulèvement des estomacs comme au temps de Lycurgue.
Oui, cela a eu lieu.
On a compris que tout cela est de la rhétorique un peu faible, pour une littérature médiocre.
Orientés avec méthode, ces efforts persévérants finiront par faire de l’art culinaire purement expérimental tel qu’il est aujourd’hui une science exacte.
En précisant dans des formules rigoureuses les connaissances que l’on possède, on fait plus que perpétuer des recettes, on accumule des matériaux d’où se dégageront un jour les lois de la gastronomie, qui seront la base indestructibles de la science du bon.
La "science du bon" ? Au fait, le bon, c'est quoi ? Je propose de penser qu'il n'existe pas. Ce qui est bon, c'est que j'aime. Aucun intérêt général !
samedi 1 septembre 2012
Les sujets qui fâchent
Le tout bio est-il possible ? C'est le titre d'un livre publié aux éditions Quae, avec comme sous titre : 90 clés pour comprendre l'agriculture biologique.
Un livre écrit par des gens qui comprennent ce qu'ils écrivent, pour qui chaque mot compte, chaque mot a une acception qui correspond à celle du dictionnaire, au lieu d'être un objet nébuleux.
Beaucoup des auteurs du livre sont membres de l'Académie d'agriculture de France.
Un livre écrit par des gens qui comprennent ce qu'ils écrivent, pour qui chaque mot compte, chaque mot a une acception qui correspond à celle du dictionnaire, au lieu d'être un objet nébuleux.
Beaucoup des auteurs du livre sont membres de l'Académie d'agriculture de France.
samedi 4 février 2012
Je me répète un peu, mais c'est pour la bonne cause
Lors des cours de gastronomie moléculaire, il y eut (heureusement assez brièvement) un petit débat sur les pesticides.
J'ai alors cité ceci :
"Même pour les agriculteurs, les plus exposés aux pesticides, la grande enquête Agrican (Agriculture et Cancer), entreprise par la MSA et soutenue, entre autres, par l’Anses et plusieurs organismes et associations de lutte contre le cancer, qui vient d’être publiée (13), a montré que leur espérance de vie était plus grande que la moyenne nationale et que la fréquence de décès par cancer était plus
faible de 27 % par rapport à la population générale. Bien qu’ayant été obtenues sur une cohorte de plus de 50 000 hommes déclarant avoir utilisé des pesticides, ces données sont tellement contraires aux idées reçues qu’elles ne manqueront
pas d’être mises en doute, voire « canardées », par des médias hostiles à l’agriculture conventionnelle."
sans donner la référence, que je n'avais pas, de tête, et que je ne voulais pas perdre de temps à chercher.
Pourtant, il y en a eu pour douter. Comme quoi la dernière phrase de mon collègue Léon Guéguen était clairvoyante. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir !
J'ai alors cité ceci :
"Même pour les agriculteurs, les plus exposés aux pesticides, la grande enquête Agrican (Agriculture et Cancer), entreprise par la MSA et soutenue, entre autres, par l’Anses et plusieurs organismes et associations de lutte contre le cancer, qui vient d’être publiée (13), a montré que leur espérance de vie était plus grande que la moyenne nationale et que la fréquence de décès par cancer était plus
faible de 27 % par rapport à la population générale. Bien qu’ayant été obtenues sur une cohorte de plus de 50 000 hommes déclarant avoir utilisé des pesticides, ces données sont tellement contraires aux idées reçues qu’elles ne manqueront
pas d’être mises en doute, voire « canardées », par des médias hostiles à l’agriculture conventionnelle."
sans donner la référence, que je n'avais pas, de tête, et que je ne voulais pas perdre de temps à chercher.
Pourtant, il y en a eu pour douter. Comme quoi la dernière phrase de mon collègue Léon Guéguen était clairvoyante. Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir !
dimanche 19 décembre 2010
Vient de paraître
Christian Ferault est un membre actif de l'Académie d'agriculture de France, merveilleusement dévoué à la cause collective.
Aux éditions France Agricole, il vient de publier, avec Denis Le Chatelier, une "Histoire de l'agriculture" que je suis heureux de signaler.
Vive la connaissance !
Aux éditions France Agricole, il vient de publier, avec Denis Le Chatelier, une "Histoire de l'agriculture" que je suis heureux de signaler.
Vive la connaissance !
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