Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
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mardi 23 juillet 2019
Les CAS ? A nous de faire qu'ils soient des exercices spirituels
Les CAS ? Ce sont des "cadeaux à soi-même", à savoir les évaluations que nous faisons quotidiennement, dans le Groupe de gastronomie moléculaire : le soir venu, avant d'aller dormir, nous reprenons notre "journal", où nous avons consigné ce que nous avons fait dans la journée, et nous le diffusons à nos amis du Groupe, dans ce que nous nommons un "courriel du soir" (mes collègues disent plus souvent "email du soir").
Dans le journal, nous utilisons une structure qui est la suivante :
jj/mm/aaaa
Objectifs
Atteints ?
A venir
Ce qui a coincé et ce qui peut être amélioré
Ce qui a coincé
Analyse
Proposition de changement
Travail (avec évaluation et commentaires)
Name of the task
Evaluation
Commentary
Name of the task
Evaluation
Commentary
Name of the task
Evaluation
Commentary
Communication (avec évaluation et commentaires)
Name of the task
Evaluation
Commentary
Name of the task
Evaluation
Commentary
Name of the task
Evaluation
Commentary
Administration (avec évaluation et commentaires)
Name of the task
Evaluation
Commentary
Nouvelles connaissances/compétences
Nouvelles connaissances
Name of the knowledge
Evaluation
Commentary
Name of the task
Evaluation
Commentary
Nouvelles compétences
Name of the skill
Evaluation
Commentary
Name of the task
Evaluation
Commentary
Cadeaux
Donnés
Reçus
Mais ce n'est pas cette structure que je veux discuter ici, mais seulement la manière de remplir cette structure, et notamment observer que, avec cette structure, on peut faire quelque chose de très inutile, ou, au contraire, quelque chose de très utile.
Comme toujours, celui ou celle qui reste superficiel aura certainement rempli les cases, mais à quoi bon ? Ce "à quoi bon" est précisément la question qui permet de faire mieux. Or, dans notre laboratoire, les maîtres mots sont d'abord : sécurité, qualité, traçabilité. Il y a donc lieu d'y penser, pour orienter la manière dont nous remplissons les cases... en n'oubliant pas que ces maîtres mots sont le socle absolu, mais que notre véritable objectif est l'"intelligence", quelle que soit la définition que l'on donne à ce terme. La question, pour les sciences de la nature, c'est donc d'affiner la description du monde, et c'est cela qui doit nous guider. Toutes nos analyses, notamment dans le "qu'est-ce qui a coincé ?" initial visent à identifier des moyens de mieux faire.
Et l'on n'oublie pas que les sciences de la nature furent jadis nommées "philosophie naturelle"... de sorte que l'on doit immédiatement évoquer les "exercices spirituels" des philosophes antiques : il s'agissait de méditer pour prendre de la hauteur. N'est-ce pas cela que nous visons, aussi, dans nos "CAS" ? Nous interroger, c'est déjà répondre à la question, et modifier nos manières de faire nos CAS.
vendredi 7 juillet 2017
L'évaluation des stages doit être responsable
Comment évaluer des stages ?
Pour les études supérieures, il y a fréquemment des évaluations des étudiants, selon le principe sain et juste que ces dernières sont à l'appui d'une reconnaissance officielle de capacités. On se souvient que, à propos de capacités, j'ai largement dit que quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a appris, de sorte que je ne vois pas les capacités comme innées, mais apprises.
Mais je reviens à des principes simples : si nos diplômes sont des reconnaissances de savoirs ou de savoir-faire, pourquoi n'organisons-nous pas d'abord des examens indépendants des cursus, où chacun serait libre de s'inscrire et de prétendre à ces reconnaissances ? C'est ensuite seulement que l'on doit -semble-t-il- organiser des systèmes pour aider les étudiants à apprendre. Quels sont ces systèmes ? Les "cours" ne sont pas une réponse, sauf à être autre chose que des litanies, et j'attends de la collectivité un sursaut intellectuel qui permettra de ne pas pérenniser des modalités mauvaises par principe.
Je pense à cela alors que vient le moment d'évaluer des stages : les universités qui m'envoient les étudiants me demandent des évaluations, mais que dois-je juger, et comment ? Pour moi qui ne suis pas engagé dans le dispositif universitaire d'études supérieures (en réalité, je le suis... mais pas pour ce qui concerne ces stages), suis-je vraiment habilité à évaluer les étudiants ? Quels critères dois-je avoir ? Certes, on me donne des fiches d'évaluation, mais, par exemple, est-il légitime de demander aux étudiants d'être autonomes... alors qu'on ne les a pas formé à cela, dans les (rares, trop rares) séances de travaux pratiques ? On me demande si les étudiants ont des connaissances, mais que puis-je savoir des connaissances requises pour un niveau donné d'une université donnée ? Certes, je peux appliquer à la lettre les consignes ministérielles, mais alors les zéro vont pleuvoir... puisqu'il n'y a pas de sélection à l'université (jusqu'à plus ample informé... et j'espère que cela va changer). On me demande si les étudiants sont "ponctuels", par exemple, mais c'est là de l'administration au pire sens du terme : je ne suis pas payé pour être garde chiourme.
Bref, les fiches d'évaluation que l'on me donne sont bâclées, et elles sont pire : elles sont une injure à ma conscience professionnelle.
Et puis, n'est-ce pas se défausser que de me demander d'évaluer les étudiants en stage, alors qu'ils relèvent de l'université, que le stage est une partie du cursus pédagogique ? Puisque ce sont les universités qui décernent les diplômes, c'est donc à elles de prendre la responsabilité de décider du niveau de savoir ou de savoir-faire qu'elles réclament.
Je réclame que les universités prennent leurs responsabilités, qu'elles fassent véritablement ce qui dit la loi. Et si elles considèrent que je ne fais pas ce que devrait faire un maître de stage, qu'elles arrêtent de m'envoyer des étudiants en stage... ainsi qu'à tous les autres, car en réalité, il y a beaucoup d'hypocrisie dans toute cette affaire. Le discours de terrain n'est pas le discours officiel, et cela n'est bon pour personne.
Pour ce qui me concerne, j'ai décidé d'être là pour aider les étudiants à transformer les connaissances en compétences. Je m'évertue à le faire avec beaucoup d'énergie. J'accepte tous les étudiants, quelles que soient leurs connaissances, leurs "capacités", parce que je ne les accepte que par reconnaissance : quelqu'un, un jour, m'a accepté en stage, et j'ai donc le devoir collectif de poursuivre la chaîne de reconnaissance. Je me moque des "capacités", et j'encourage la progression : le stage est l'occasion de transformer des connaissances en compétences, dit la loi, et pas d'évaluer des connaissances ni des compétences.
Bref, un stage dans notre groupe est tout entier focalisé sur la question quotidienne : qu'ai-je appris ? qu'ai-je appris à faire ?
samedi 8 octobre 2016
A propos de stages
Ce matin, une étudiante intéressée par un stage dans notre laboratoire.
Son message inclut la phrase :
"Créateur de la gastronomie moléculaire, j'aimerais participer à vos travaux", ainsi que la phrase
"Je m'excuse de ne pas vous envoyer cette demande par écrit".
Ma réponse est ci dessous : je la donne, parce qu'elle correspond à un échange que j'ai extrêmement fréquemment... et que j'ai l'espoir qu'elle aidera les étudiants.
Son message inclut la phrase :
"Créateur de la gastronomie moléculaire, j'aimerais participer à vos travaux", ainsi que la phrase
"Je m'excuse de ne pas vous envoyer cette demande par écrit".
Ma réponse est ci dessous : je la donne, parce qu'elle correspond à un échange que j'ai extrêmement fréquemment... et que j'ai l'espoir qu'elle aidera les étudiants.
Bonjour
Avant
toute chose, permettez-moi de vous dire que quand je "souris", ce n'est
pas de la méchanceté, mais toujours en vue d'aider les étudiants à
"grandir", disons apprendre. Et permettez-moi de vous inviter à lire
chaque mot de ce message.
Cela dit, donc, j'ai souri
quand j'ai lu votre phrase "Précurseur de la gastronomie moléculaire...,
je souhaiterais participer" : en effet, en bon français, cette phrase
signifie que vous êtes le précurseur, et que vous voudriez participer,
etc. Ce n'était évidemment pas votre intention de dire cela, mais c'est
ce qui est écrit. D'ailleurs, dans votre email, vous vous excusez... ce
qui n'est pas non plus optimal : vous ne pouvez que demander que l'on
vous excuse.
Ce préambule pour vous dire que, dans notre
groupe, je m'évertue AUSSI à aider les étudiants à s'améliorer de ces
points de vue.
Deuxième
point (pas "second" : savez vous pourquoi ?) : vous évoquez les
techniques de la cuisine moléculaire, qui sont somme toute assez
simples, mais qui, si je les ai effectivement introduites, ne font
certainement pas partie de notre quotidien, car notre laboratoire n'est
pas une cuisine. Même pour la cuisine note à note, que j'ai également
inventée, le but, pour des "chimistes", n'est pas de mettre cela en
oeuvre, tant cela est facile. D'ailleurs, je ne suis pas certain que
votre université vous laisserait faire cela.
Plus
positivement, maintenant, notre laboratoire fait de la physico-chimie,
certes autour de l'aliment, mais cela est plus approprié pour des
étudiants en université. Par exemple, en ce moment, nous analysons des
"bouillons d'arbre", par RMN : cela est parfaitement en phase avec ce
que les universités demandent aux étudiants pour leurs stages.
Troisième
point essentiel : vous évoquez un stage de dix semaines, mais j'ai peur
que cela pose un problème, car pour les raisons que j'expose dans des
documents joints, je refuse absolument de payer des stagiaires, qui ne
contribuent pas, dans notre groupe, à de la production, mais qui
reçoivent de la formation : imagine-t-on un professeur payer pour faire
un cours ? J'insiste un peu : je vous invite vraiment à lire les
documents joints (et à les transmettre à vos tuteurs), car ils disent
bien l'esprit dans lequel je cherche à aider les étudiants à apprendre.
Car là est l'essentiel, dans notre groupe : les stagiaires viennent pour apprendre, et je suis là pour les aider.
Mais
la loi impose de payer des stages de plus de deux mois ; or dix
semaines font deux semaines de plus que deux mois. Donc, sauf pour des
étudiants confirmés qui sont payés par l'industrie, je suis obligé par
la loi de refuser les stages de plus de deux mois.
Je
reviens enfin à la question de la "chimie" : la chimie est une
technique, celle de la transformation des réactifs en produits, par des
réactions "chimiques". Cela se distingue de la science chimique, qui est
l'exploration des réactions.
Or cette
distinction n'est pas anodine : vous destinez vous à la chimie
technique? à la chimie technologique ? aux sciences chimiques ?
Le
choix de votre stage, me semble-t-il, gagne à s'inscrire dans un projet
professionnel fondé sur la bonne distinction des trois termes. Si vous
le souhaitez, nous pouvons en parler de vive voix, car vous vous
rappelez que mon objectif (ma mission de "professeur", si l'on peut
dire), est d'abord d'aider les étudiants. Vous pouvez par exemple
m'appeler xxxx.
lundi 4 juillet 2016
Pourquoi nous ne sommes pas un laboratoire d'analyses... même si nous faisons des analyses.
Sans doute parce que je fais environ une invention "culinaire" par mois depuis plus de 16 ans, certains confondent mon activité scientifique (nommée "gastronomie moléculaire") et la cuisine. Et quand j'essaie d'expliquer, notamment en expliquant que nous faisons des analyses, d'autres (ou les mêmes) confondent notre activité scientifique avec des activités d'analyses telles que les pratiques des laboratoires privés.
Il faut donc clarifier : voir http://www.agroparistech.fr/Nous-ne-sommes-pas-un-laboratoire-d-analyses.html
Il faut donc clarifier : voir http://www.agroparistech.fr/Nous-ne-sommes-pas-un-laboratoire-d-analyses.html
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