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mardi 6 mai 2025

Un piège ? Non, une occasion de briller

 Dans des entretiens de recrutement, les examinateurs posent des questions qui leur permettent d'évaluer non seulement les connaissances des candidats mais également -et peut-être surtout- leur capacité à raisonner. 

En demandant "combien de protéines dans un blanc d'œuf ?",  il y a là une occasion, pour eux, de montrer cela. 

Dans le "combien", on peut d'abord interpréter la quantité en masse de protéines,  et la réponse est simplement qu'un blanc d'oeuf est fait de 90 % d'eau et de 10 % de protéines. C'est une connaissance, mais elle prend son intérêt quand elle est assortie d'une interprétation, d'une hypothèse que le candidat fait explicitement. 

Mais on peut aussi interpréter en termes du nombre de protéines,  et, là, une connaissance élémentaire de la chimie permet d'élaborer une réponse assez longue qui montre que l'on ne confond pas tout. En effet, les protéines sont des catégories de molécules. Chaque "protéine" est une catégorie point,  et pour chaque protéine, dans un blanc d'œuf, il y a un très grand nombre de molécules de cette protéine. 

Le nombre de protéines, c'est-à-dire le nombre de catégories différentes de molécules, est considéré aujourd'hui supérieur à 300. 

Et pour le nombre des molécules pour une des protéines ? Là, il y a lieu de montrer que l'on maîtrise le maniement des ordres de grandeur. 

45 % (en masse) des protéines du blanc d'œuf sont de l'ovalbumine. Disons la moitié. 

Puis raisonnons : 

- un oeuf, c'est environ 60 grammes

- il y a environ 40 grammes de blanc d'oeuf

- et puisqu'il y a 10 % de protéines (en masse), cela fait 4 grammes de protéines

- la moitié, c'est 2 grammes

- supposons que l'on sache que la masse molaire de l'ovalbumine est de 45 000 grammes 

- on arrondit à 40 000 grammes

- et on sait alors que, pour 40 000 grammes, on a une mole de molécules d'ovalbumine

- le nombre de moles est de 2/40 000

- et le nombre de molécules est alors 2/ 40 000 fois le nombre d'Avogradro (6e23). L'affaire est faite. 

Mais si on ne sait pas la masse molaire de l'ovalbumine ? Alors on peut savoir qu'une protéine a plus d'une centaine de résidus d'acides aminés. 

Comme un acide aminé est... un acide aminé, il y un groupe acide carboxylique et un groupe amine. De sorte que l'on peut calculer l'ordre de grandeur de masse moléculaire d'un acide aminé, et donc déterminer un ordre de grandeur de masse molaire de l'ovalbumine. 

Bref, il y a lieu de passer un long moment devant l'examinateur pour montrer que l'on se débrouille bien avec des connaissances vraiment élémentaires puisque la chimie est enseigné depuis les classes du collège. 

 
 
 
Vive la chimie (cette merveilleuse science de la nature qui ne se confond pas avec ses applications), bien plus qu'hier et bien moins que demain !
 
 
Actualités :
Le prix Sonning : https://hervethis.blogspot.com/2025/04/for-sonning-prize.html with pictures of the event :
Le 24 avril, une conférence à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (6, place de la République 67070 Strasbourg Cedex) :
 
Vient de paraître : Hervé This, Présenter la chimie ?, L’Actualité chimique, mars 2025, N°502, 4-9.
Vient de paraître : Using a descending approach for exploring “culinary definitions”, in view of analysis and food innovation, International Journal of Molecular and Physical Gastronomy, 11(1), 2, 1-21.
 
 

Hervé This
INRAE-AgroParisTech International Centre for Molecular and Physical Gastronomy : https://icmpg.hub.inrae.fr
 
Informations, contact:
Groupe de gastronomie moléculaire, Equipe GePro, UMR 0782 SayFood, AgroParisTech-Inrae
22 place de l’agronomie, 91120 Palaiseau
Tel : 01 89 10 11 79 ou 01 89 10 00 00 (standard)
Site, avec une liste d'activités à venir : https://sites.google.com/site/travauxdehervethis/
Blog : https://hervethis.blogspot.com/

lundi 5 mai 2025

Je veux qu'on me distingue

Sortant de jury de concours où nous auditionnions des candidats, je comprends mieux que, pour intégrer  une école d'ingénieurs tel qu'AgroParisTech, de simples bonnes notes ne suffisent pas. Pendant l'entretien, à minima, il s'agit de convaincre le jury que l'on est le bon candidat, que l'on a un projet énergique, que l'on a des envies, que l'on est mieux que les autres... car il s'agit quand même d'un concours et non pas d'un examen ; or, dans un concours, ce sont les "meilleurs" qui sont pris. 

Bien sûr, il y aurait lieu de discuter ce mot "meilleur", mais en tout cas, tant qu'on en est à préparer un tel entretien, on aurait intérêt de se préoccuper des critères de sélection  des candidats, non ? 

Par exemple, si un critère est l'ouverture d'esprit, n'aurions-nous pas intérêt à nous préparer à faire état d'une telle  ouverture d'esprit ?
S'il est  question d'être capable de présenter un sujet scientifique ou technique, alors préparons un sujet scientifique ou technique que l'on présentera avec clarté, rigueur, enthousiasme. 

Oui, surtout, donnons envie à nos examinateurs d'en savoir plus ; cessons d'enfiler des phrases creuses et un peu ça plates:  "je suis rigoureux". Rigoureux ? La preuve ? Et puis, combien rigoureux ? Autant donner immédiatement cette information au lieu d'imposer aux examinateurs de la demander. 

Mais surtout, il y a lieu de montrer que l'on est une personnalité unique, avec un projet professionnel très enthousiasmant ; il y a lieu de montrer qu'il y a parfaite adéquation entre ce projet et  la formation qui est proposée aux candidats qui seront retenus. 

Il faut donner envie, il faut montrer qu'on est la personne qu'il faut prendre et je conclurai en revenant à ce mot que je propose partout :  intrinsèque. Il y a dans les activités humaines des caractéristiques extrinsèques, et, d'autre part, des caractéristiques intrinsèques  : si l'on est intéressé par l'agronomie, alors il faut faire état, de façon détaillée, précise, informée, de son intérêt pour l'agronomie. Si l'on préfère les sciences de la vie, alors il y a lieu de montrer les beautés des sciences de la vie et ainsi de suite  :  les conventions n'ont pas leur place dans un tel examen. Montrons que nous sommes intrinsèquement concernés, pas extrinsèquement.
 

 
Vive la chimie (cette merveilleuse science de la nature qui ne se confond pas avec ses applications), bien plus qu'hier et bien moins que demain !

mercredi 20 avril 2022

Pour un entretien, lors d'un concours, il faut des démonstrations, pas des prétentions !

Comment aider nos jeunes amis à passer un entretien, dans un concours ? Voilà la question que je me propose d'explorer, en analysant les fautes les plus fréquentes. Non pas pour enfoncer ceux et celles qui les ont faites, mais plutôt en vue d'aider les prochains candidats à faire bien.


Là, dans un jury de concours, je vois des étudiants qui se succèdent avec, à la bouche,  les mots de manager, recherche, créativité, curiosité, innovation,  et ainsi de suite.

Bien sûr, je n'ai rien contre ces mots, mais je propose d'analyser que la quasi totalité des étudiants nous ont tenu ce langage et que,  de l'autre côté de la barrière, on sait bien que, derrière les mots convenus, il y a des personnalités différentes.

D'autre part, nos amis devraient quand même savoir que, par des questions qui dépassent un discours convenu, on constatera rapidement que des prétentions ne sont parfois... que des prétentions.  Il ne faut pas prendre les membres des jurys pour des imbéciles : après tout, leur rôle est d'entendre et de comparer des discours, non ?

De sorte que se pose, pour un candidat, la question d'une stratégie, afin de ne pas être un numéro de plus qui prononce les mêmes mots convenus, prétentieux, avec des justifications parfois bien faibles : après tout, ne sommes-nous pas ce que nous faisons ? 



Bref, il y a une question de stratégie. Et celle-ci doit se fonder sur une analyse... qui commence pas imaginer que tous les candidats vont évidemment dire qu'ils sont merveilleux. Au minimum, on pourra faire observer cela au jury, en vue de montrer pourquoi on est ce que l'on est soi-même, à savoir pas absolument merveilleux... mais pas si mal. Ne croyez vous pas que, membre d'un jury, vous préféreriez quelqu'un d'un peu modeste (mais compétent) ?

Dans le jury qui m'a accueillir, plusieurs étudiants avaient commencé par faire une classe préparatoire à un concours pour les écoles d'ingénieurs et ont ensuite fait une autre voie. N'est-ce pas le minium d'être clair avec le jury, et de bien dire pourquoi on n'a pas poursuivi ? A-t-on raté les concours ? Et si l'on préfère la "pratique", comme l'ont dit certains, n'est-ce pas l'indication que la théorie d'une école d'inténieur n'est pas faite pour eux ?
Là encore, il est de bonne stratégie de bien s'expliquer, concrètement.

Puis, puisqu'il est question d'une école d'ingénieurs, ne faut-il pas a minima savoir bien ce qu'est un ingénieur ?
Pour beaucoup de nos amis, il y a une confusion entre "cadre", "manager", "ingénieur"... mais qu'est-ce au juste que la technique ? la technologie ? l'ingéniérie ?
Et là, disons rapidement que l'on n'attend pas une réponse qui commence par "pour moi, c'est"... car une telle réponse ne fait qu'établir qu'il n'y a pas eu de travail, de recherche à ce propos, mais seulement un vague sentiment... qui est en réalité rédhibitoire.

Ce n'est pas le lieu ici de critiquer les candidats que nous avons reçus, car le rôle d'un évaluateur, c'est d'être bienfaisant, de mettre en confiance... mais sans se faire bourrer le mou. Au fond, la question pour nos amis était moins de nous convaincre qu'ils était créatifs, innovants, et cetera,  que de démontrer des capacités d'ingénieur,  ce qui passe par une compréhension des systèmes, en termes quantitatifs.  Science et technologie ne sont pas des discours poétiques, mais de vrai compétences théoriques, qui dépassent l'"animation" d'une équipe. Un de mes collègues a parlé justement de l'"autorité de l'ingénieur"... et il y avait là une vraie question : c'est quoi, l'"autorité" d'un "ingénieur", et en quoi l'ingénieur s'impose-t-il pour une équipe technique ?

J'espèce que cette analyse sera utile à d'autres candidats, dans le futur !


mardi 12 décembre 2017

Arriver ? Pas de paroles ; du marbre !


Y arriver

Alors qu'un jeune collègue me dit vouloir « arriver », et qu'il se démène effectivement de façon sociale (relations…) pour obtenir un poste qu'il brigue, alors qu'une jeune collègue qui vise d'entrer dans une école d'ingénieur prépare un entretien, je ne peux m'empêcher de repenser au jeune Michael Faraday, qui était animé d'une passion pour la science, alors qu'il n'était encore qu'apprenti relieur, et fils d'un très pauvre forgeron, si pauvre même qu'il n'avait, à l'âge de onze ans, qu'un morceau de pain pour se nourrir certaines semaines.
Comment arriver jusqu'à ces temples du savoir dont rêvait Faraday ? Comment approcher ces savants qui frayaient avec la noblesse la plus élevée d'Angleterre quand on est si loin? Si l'on utilisait des terminologies un peu galvaudées, on parlerait de volonté d'ascension sociale, mais ce serait un peu inexact, puisque, dans le cas de Faraday au moins, il s'agit moins d'obtenir une position sociale que d'être enfin en position de faire un travail que l'on aime.

Nos jeunes amis doivent méditer les deux idées suivantes.

D'une part, mes amis qui travaillent dans le recrutement de personnel m'ont assez dit que, face à de nombreux candidats, il veulent avoir des preuves que les postulants ont déjà fait quelque chose de remarquable, d'extraordinaire (au sens de « qui n'est pas ordinaire »). Qu'importe que ce soit de la danse, de la collection de trains électriques, du piano, de la plomberie… Il faut avoir fait preuve d'une ténacité, d'un travail, d'une application qui ont inmanquablement conduit au succès. Et j'ai bien dit « preuve » : il ne s'agit pas simplement de prétendre que l'on connaît les trains, que l'on danse merveilleusement ; il faut en avoir des preuves concrètes, tels qu'un prix de conservatoire, une réalisation pratique de plomberie exceptionnelle qui s'apparente aux chefs d'oeuvres des compagnon… Pas une première étoile de ski ou une présentation de danse dans un centre culturel de village.

D'autre part, l'histoire de Faraday est éclairante. Alor qu'il était apprenti relieur, un client de la boutique de son patron avait appris que ce jeune homme refaisait les expériences de chimie décrites dans le livre de vulgarisation d'une certaine Madame Marcet. Car il est exact que Faraday, pendant ses temps libres, en plus d'une moralité extraordinaire (au point qu'il allait tous les mercredis soir, après son travail, à des réunions d'amélioration de l'esprit, ce qu'il pouvait prouver), refaisait les expériences de chimie, et c'est parce qu'il était littéralement extraordinaire (vous trouvez cela ordinaire, de refaire des expériences de chimie sur son temps libre ?) que cela s'est su et qu'un client de la libriarie lui a donné des entrées pour les conférences d'Humphry Davy, qui était, à l'époque, la coqueluche de Londres, faisant des conférences extrèmement courues, à la Royal Institution of London, dont il était le directeur.
Le jeune Faraday assista à la conférence, mais pas comme une oie que l'on gave : il prit des notes abondantes, puis de retour, il mit ses notes au propres, refit les expériences, en consignant par écrit les résultats dans un gros mémoire qu'il relia : du marbre, pas des paroles !
Quelque temps lpus tard, alors que s'achevait l'apprentissage de Faraday et que ce dernier se lamentait de devoir devenir imprimeur, le préparateur de Davy fut arrêté après un accident de laboratoire, et Davy chercha un remplaçant. Faraday était connu pour faire des expériences, de sorte que Davy le fit venir, et voyant le mémoire relié, il n'hésita pas à le prendre aussitôt avec lui.
Puis comme Faraday était très bon (ne s'était-il pas entraîné à l'être ?), il n'y eut plus qu'à lui trouver un poste permanent, et c'est ainsi que, de fil en aiguille, Faraday devint un des plus grands physico-chimistes de tous les temps.

Je ne suis pas Faraday moi-même, hélas, mais mon histoire est une autre démontration de ce que j'ai proposé ci desssus.
D'une part, j'ai été embauché dans l'édition scientifique alors que la profession dégraissait, touchée par une crise : mais il est vrai que j'avais fait une double formation scientifique et littéraire (concours, diplômes).
D'autre part, quand j'ai commencé la gastronomie moléculaire, je l'ai commencée seul, dans mon laboratoire personnel, à la maison, et c'est parce que mes travaux ont été connus dans le monde scientifique que l'on m'a demandé des les présenter dans des séminaires, et que tout s'est enchaîné. Je me souviens que, enfant, les professeurs me disaient « This, vous n'avez pas d'ambition ». Et c'était vrai : je n'ai jamais eu d'autre ambition que de faire ce qui m'amusait… et que je fais !

La morale est claire : il ne s'agit pas de vouloir ; il ne faut pas prétendre, mais il faut démontrer.
Si l'on brique un poste d'ingénieur, par exemple, mon consiel est invariable: au lieu d'être un postulant parmi des centaines pour un poste, je crois bien préférable de préparer un projet d'ingénieur (écrit, volumineux) pour le poste que l'on vise. Ce projet ne sera peut être jamais réalisé, mais je suis absolument certain que la personne qui le recevra ne pourra pas s'empêcher de considérer qu'il y a là une motivation supérieure à celle de tous les autres candidats, qui se présentent seulement avec un CV et une lettre de motivation convenue, et, dans certains cas, de lettres de recommandation qui ne valent en réalité qualiment rien. Je peux en témoigner : pour ce qui concerne les recrutements que je fais, je ne crois absolument pas aux lettres de recommandation provenant de collègues que je ne connais pas personnellement, et je sais décoder les lettres de recommandations de convenance.
De toute façon, aucune recommandation ne vaudra une démonstration. La question est donc d'être en mesure de démontrer que l'on fera très bien pour la position que l'on vise.
A ce mot « fera », je rappelle que certaines langues n'ont pas de futur, parce qu'il est bien impossible de savoir de quoi demain sera fait : il y a quelque décennies seulement, en France, on ne disait pas « j'irai demain au marché », mais « Si dieu le veut, je peux aller demain au marché ». D'autre part, je vous invite à lire le texte merveilleux que le jeune Mirabeau, le frère du vicomte, fit à propos des serments.

En attendant, il nous reste à nous appliquer pour devenir capable, pour avoir des compétences inédites, démontrables, qui serviront le projet que nous visons. Si nous visons un travail artistique, nous devons avoir des preuves que nous avons des compétences artistique. Si nous visons un travail scientifique, nous devons avoir des preuves que nous avons effectivement des compétences scientiifiques, expérimentales et calculatoires.



vendredi 25 novembre 2016

A propos de CV

Je ne sais pas bien comment les directeurs de ressources humaines conseillent nos étudiants, mais  je viens de recevoir cinq CV, et j'y trouve notamment :
- Word, ou Powerpoint dans la liste des compétences informatiques
 - pour les centres d'intérêt, cinq fois (oui !) les mêmes, à savoir cinéma, musique, voyager, lire.
N'y a-t-il pas lieu de s'étonner ? Tout d'abord, au vingt-et-unième siècle, comment imaginer  qu'un étudiant puisse ne pas maîtriser word ou powerpoint, s'il brigue une carrière dans la science ou la technologie ? Indiquer ces compétences comme des compétences, c'est un aveu de faiblesse.
> Mais il y a surtout cette question de "cinéma, musique, voyager, lire"... Que cela signifie-t-il ? Que le postulant va au cinéma ? C'est bien passif. Autant dire qu'il regarde des séries ou qu'il passe son temps devant les plus minables des divertissements télévisuels : on n'a (généralement) pas besoin de ces "compétences" pour les travaux de technique, de technologie ou de science.
> Le postulant écoute de la musique ? N'importe quel imbécile peut mettre un casque sur les oreilles et se trémousser un peu. Voyager ? C'est une banalité terrible, et la preuve en est que cinq sur cinq veulent voyager. Lire ? Bravo, mais quoi ?

Je ne crois pas avoir besoin d'être beaucoup plus cruel, et, comme je ne le suis pas, en réalité, je veux surtout faire ici oeuvre utile.
Les "centres d'intérêts", dans les CV, sont (doivent être) une façon de montrer que l'on a des qualités utiles pour le travail que l'on vise. D'autre part, quand on a un entretien avec un responsable des relations humaines qui ne connaît pas le contexte technique, c'est un point d'accroche pour tester les capacités linguistiques, la vivacité, que sais-je... Mais alors, il faut avoir de la réserve. Si l'on a écrit "musique" parce que l'on écoute de la musique, c'est bien faible, mais si l'on joue de la musique, alors c'est tout autre chose, et "musique" mériterait d'être remplacé par "Dix ans de clarinette au conservatoire", par exemple. Cinéma ? N'importe quel idiot va se gaver au cinéma... mais un passionné de Jacques Tati, ce serait bien différent (à condition que ce ne soit pas une collection de papillons, mais le socle d'une pensée positive et active). Voyager ? Lire ? Même réponse.

Sur Twitter, alors que je faisais état de ces questions, un de mes amis a écrit avec humour "@Herve_This compétences transverses! J'ai connu 1 étudiant de sciences qui s'est inscrit en parallèle en fac de lettres pr être éditeur ;-)", et il faisait référence au fait que, alors que j'étudiais la physico-chimie à l'ESPCI Paris, j'étais également inscrit en Faculté des lettres (Censier), où je me passionnais pour la littérature médiévale, Rabelais, la mythologie populaire, l'ethnologie et le folklore. Pourquoi ? Parce que Antoine Laurent de Lavoisier, reprenant Condillac, disait que l'on ne pouvait pas améliorer la pensée sans perfectionner les mots, et vice versa.
Oui, j'allais le soir à des cours en plus de ceux de la journée, mais il s'agissait d'apprendre activement, pas de faire une sorte de dilettantisme pour meubler des loisirs. Et, de surcroît, mon objectif n'était pas d'être éditeur, mais, bien au contraire, c'est parce que j'avais une double compétence que la revue Pour la Science m'a embauché ! Et, mieux encore, c'était la science qui me passionnait, et pas l'édition ni le journalisme, disons l'écriture. D'ailleurs, j'ai toujours rechigné à être considéré comme "écrivain", ce qui, hélas, est apparu parfois sur Wikipedia et d'autres sites du même tabac.

Mais passons, car mon ami faisait de l'humour. Ce que je sais, c'est que les chasseurs de têtes veulent surtout dépister des compétences un peu exceptionnelles, parce que quelqu'un qui aura réussi dans un champ aura en réalité fait preuve d'opiniatreté, et qu'il sera donc apte à recommencer, dans d'autres circonstances.

Dans toute cette affaire, il y a  donc la question de la compétence, pas d'un goût un peu mou pour des activités somme toute immensément banales : la preuve, cinq sur cinq.