dimanche 13 avril 2014

Faut-il perdre son temps avec les imbéciles ? Oui, si nous en profitons pour affûter nos arguments contre nous-mêmes.



Dans un précédent billet, j'ai dénoncé les ignorants qui ajoutent à la cacophonie du monde, mais il est inutile de se lamenter à propos de leur existence : c'est un fait qu'il y a de tels ignorants, c'est un fait qu'ils ajoutent à la cacophonie du monde, et rien ne pourra empêcher que ces faits soient des faits, depuis que le monde est monde.


D'ailleurs, j'avais essayé de rendre mon billet précédent aussi positif que possible, car il est inutile de faire rayonner de l'énervement, et il vaut mieux distribuer du bonheur autour de soi, n'est-ce pas  ?

Certes, mon « exposition » trop longue au discours d'un imbécile a duré bien trop longtemps pour être admissible (au moins deux heures), mais, passés les premiers énervements, j'ai vite fermé les écoutilles, et je me suis lancé dans l'analyse du discours de cet homme lancinant et faux.



« Nos aliments sont empoisonnés » disait notamment l'imbécile.

Ici, je me préparais à expliquer que jamais ils n'ont été aussi sains, que l'espérance de vie augmente, sauf quand, comme aux Etats-Unis, on mange trop, et mal, de sorte que l'on devient obèse...

Mais à quoi bon, puisque ceux qui refusent d'entendre cet argument, les seuls à qui l'on voudrait l'adresser, ne l'entendront pas ?



J'ai dans ma bibliographie ce remarquable article de Bruce Ames, l'un des meilleurs toxicologues mondiaux, qui montre que 99,99 % des pesticides de notre alimentation sont d'origine naturelle, et que ces pesticides ne sont pas ciblés contre les insectes -on dit « sélectif »-, et je me réjouis de partager l'information avec les amis qui lisent ce blog. 

J'insiste un peu : notre homme, et son groupe de recherche, ont fait cet immense travail qui consiste à doser les pesticides de notre alimentation, et de voir ceux qui proviennent de l'industrie phytopharmaceutique, ou ceux qui sont naturellement produits par les végétaux (par exemple, un pomme qui est piquée par un insecte se défend en produisant des pesticides naturels).  D'autre part, la sélectivité est le fait de protéger seulement contre les insectes, ou bien d'attaquer indistinctement les insectes et les êtres humains. Evidemment, on préfère des insecticides contre les insectes et pas toxique pour l'être humain... mais la pomme, elle, quand elle fait sont pesticide naturel, se moque de cibler l'insecte  seulement. 

Je signale un numéro spécial,  à  paraître dans quelques jours, de la revue Science & Pseudo-Sciences, mais, en attendant, voici l'article évoqué : 





Je traduis seulement la dernière phrase du résumé pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais : « nous concluons aussi que, aux faibles doses de la plupart des expositions humaines, les risques comparés des résidus de pesticides de synthèse sont insignifiants ».


Mais je vois aussi que, dans mon énervement, je me suis laissé aller à discuter la question des pesticides. Pourquoi les pesticides ? Parce que c'était un des arguments (faut-il vraiment « argument » cette sorte de « vomi » ?) avancés par mon imbécile, qui ignorait jusqu'à la différence entre composé et molécule ?



Allons, il est bien inutile d'en dire plus, car nous perdrions notre temps, lequel doit être précieusement réservé à de l'enthousiasme, de l'optimisme, de l'émerveillement. Oublions notre homme (est-on vraiment homme quand on est si ignorant ? Ou enfant, seulement?). Il aura eu un mérite : celui de m'avoir fait partager avec vous ce merveilleux articles, de ce merveilleux Bruce Ames.

J'anticipe.....

... mais c'est par impatience :


vendredi 11 avril 2014

N'écoutons pas les ignorants, entendons les experts !



C'est pénible, mais c'est ainsi : les “parents” doivent sans doute être dans une relation pédagogique avec les enfants, lesquels ne sont pas, ne peuvent pas être des amis... parce que la relation est faussée, en ce que l'on ne pourra pas faire que les enfants ne soient pas les enfants des parents.
De même, j'ai bien peur que les “experts”, ceux que certains nomment des “sachants” (je ne sais pas pourquoi), voire les savants, ne puissent avoir tout à fait le même statut, à propos de certaines questions techniques, que les non experts. Que cela soit “démocratique” ou non, 2 plus 2 font 4. Pour certaines questions, nos soucis d'égalité ou d'équité sont à laisser de côté. Inversement j'ajouterais volontiers que les experts ne sont experts que dans un domaine, un domaine technique particulier, et n'ont pas à se prononcer sur des sujets qui ne sont pas les leurs. Si nous faisions tous ainsi, j'ai foi que le brouhaha de la “place du marché” serait moins cacophonique.
Pourquoi dis-je cela ? Parce que je sors de plusieurs discussions à propos de la chimie avec des ignorants, qui ne savaient même pas ce qu'est une molécule, et prétendaient disputer de la chimie ! En réalité, le décodage de leur discours montrait la plus grande confusion entre la question politique (en gros, ils étaient opposés aux “multinationales”) et la question technique (quelle est la qualité des produits commercialisés par ces sociétés).
Je crois que nous devons être intellectuellement honnêtes, et que, si l'on a le droit de critiquer des façons de faire, il ne faut pas se tromper de combat. En tout cas, les deux questions, techniques et politiques, ne peuvent être mélangées... mais comment expliquer cela à des individus intellectuellement malhonnêtes, au point de confondre composés et molécules, en se moquant parfaitement de leur confusion ?

mardi 8 avril 2014

Un 1er avril révélateur…


   

Un changement de gouvernement le 1er avril ? L'occasion était trop belle... et j'ai annoncé que notre nouveau premier ministre avait besoin de moi à ses côtés, pour la science et l'enseignement supérieur.

Certains ont apprécié l'invitation, m'ont félicité ; d’autres m'ont fait reproche d'avoir accepté, et d’autres enfin n'ont pas eu le temps de se rendre compte de l'énormité : comment pourrait-je administrer, alors que je me gouverne à peine ? Comment irais-je diriger un pays, alors que je récuse bien souvent les prétentions de compétences à le faire ? Les commentaires sur Twitter ont été amusants : "Ah, dommage, vous n'aurez plus le temps de venir au colloque auquel je voulais vous inviter", ou "Vous allez dans le mur"...
Les remarques de personnalités en charge de responsabilité, aussi, ont été amusantes... et le fait que mon annonce n'ait pas été prise pour un poisson d'avril en dit long sur le crédit que l'on me porte, sur le bord politique que l'on me prête, sur les ambitions que je pourrai (je dis bien "pourrai") avoir, sur mes "relations"...
C'est beaucoup trop d'honneur, pour quelqu'un qui cherche seulement à "clarifier", à chercher les mécanismes, à comprendre, à faire rayonner un peu de Lumières, à promouvoir une peu plus de rationalité. 
Pardon à tous ceux qui m'ont cru pendant plus de quelques secondes.

Séminaire d'avril 2014

séminaire d'avril 2014

Chers Amis,

La date du séminaire d'avril a changé de date : il se tiendra le lundi 14 avril, de 16 à 18 heures, au 28 bis rue de l'abbé Grégoire, 75006 Paris.
Le thème : la durée de cuisson des terrines de campagne. Est-il vrai que le goût soit perdu après 1h15 de cuisson ?

samedi 29 mars 2014

29 mars 2014 : Acclimatons la pipérine


Le poivre a un parfum,  mais c'est également un fait qu'il fait éternuer, et qu'il pique la bouche. Pourquoi ? Les physico-chimistes ont cherché à le savoir, et ils ont fractionné le poivre, c'est-à-dire qu'ils ont cherché à le diviser, à le diviser encore et encore, jusqu'à trouver une « fraction », une partie, qui soit précisément celle qui pique. Ces divisions se font simplement, par des opérations classiques de filtration, de broyage, de macération, de distillation...
Ainsi on sait que les constituants des végétaux sont le plus souvent soit solubles dans l'eau, soit solubles dans l'huile. Par conséquent, si l'on broie du poivre et qu'on place le poivre broyé avec de l'eau et de l'huile, les constituants du poivre iront se dissoudre dans l'eau, et d'autres iront dans l'huile. Il suffit alors de séparer l'huile de l'eau par décantation (on incline le bocal pour faire couler l'huile dans un autre récipient), et l'on goûte ensuite l'eau, d'une part, et l'huile, d'autre part, en se demandant quel est le liquide qui pique la bouche. Ce liquide dissout donc les constitutions piquants du poivre. Cela dit, comme de nombreux constituants peuvent se dissoudre dans l'eau ou dans l'huile, on doit répéter l'opération par d'autres moyens.  Ainsi, progressivement, on obtient une fraction du poivre que l'on ne parvient plus à diviser, et l'on s'arrête.
Jusqu'ici, j'ai utilisé le mot “constituants”, mais, en réalité, j'aurais mieux fait de dire “composés”, puisque c'est le terme juste. Cela n'est guère plus difficile, puisqu'il s'agit seulement d'un mot, n'est-ce pas ? Ajoutons également que le poivre tout entier est donc la somme de ses fractions, de même que  les six parts d'une tarte coupée en six refont la tarte entière, si l'on réunit les six parts. Évidemment il serait quasi impossible de refaire du poivre à partir de ses fractions, de même que la tarte divisée reste divisée même quand on regroupe les six parts, mais l'idée demeure : rien ne se perd, rien ne se crée (une idée qui date des Grecs, et pas de Lavoisier, qui a eu d'autres mérites que d'inventer cette formule), et le poivre est composé de tous les composés différents que l'on peut séparer.
Parmi ces composés, il y en a donc un au moins qui pique. Ce composé a été séparé en 1819 par Hans Christian Oested, et il a été nommé pipérine. Cette pipérine, à l'état pur, se présente sous la forme d'un solide blanc, souvent divisé en raisons des opérations de fractionnement, c'est-à-dire en pratique que l'on a une poudre blanche. Cette poudre pique la bouche et le nez très puissamment, puisque le principe piquant n'est alors plus dilué comme il le serait dans le poivre. Cette poudre n'a pas le parfum du poivre, mais seulement le piquant. Elle n'a pas de saveur, puisque les molécules dont elle est constituée n'agissent pas sur les récepteurs de la saveur (ni sur ceux de l'odeur), mais seulement sur les récepteurs trigéminaux, c'est-à-dire des espèces de petites serrures associées à un nerf à trois branche (le nerf « trijumeau ») qui vient de l'arrière du cerveau et qui irrigue le nez et la bouche.
Ici, il faut s'arrrêter  une seconde sur cette histoire de “petites serrures”. Le véritable nom est « récepteur » : ce sont des molécules qui s'apparentent à de petites serrures où des clés viendraient se loger. Ici, pour les récepteurs trigéminaux de la pipérine, les clés sont les molécules de pipérine. C'est donc tout simple : il y a des clé et des serrures, mais ces objets ne sont pas les objets macroscopiques, ; ce sont des objets minuscules, des molécules. Ajoutons également que le mécanisme d'action de la pipérine sur le récepteur de la pipérine n'est pas celui d'une clé dans une serrure, ou du moins dans une serrure mécanique. Il faut seulement garder l'idée que la clé s’emboîte bien à la serrure : la pipérine s'attache chimiquement au récepteur, comme un aimant à un autre aimant. Dans le cas présent, l'attachement déforme la serrure, qui devient électriquement chargée, comme quand on frotte une règle en plastique contre un pull over. La déformation de la liaison de la clé à la serrure provoque la libération d'un courant électrique dans le nerf trijumeau, vers le cerveau. Et c'est bien un courant électrique qui est alors conduit par le nerf jusqu'au cerveau. Ce courant code un signal, le signal du piquant,  comme le coulant électrique engendré dans l'antenne d'un poste de radio est décodée par le poste pour faire des sons.
En pratique, l'usage culinaire de la pipérine est tout simple, puisqu'il s'agit simplement d'en prendre une pincée, et l'ajouter à un plat pour lui donner du piquant, tout comme l'on ferait avec du poivre. Facile, non ?

dimanche 23 mars 2014

Les épinards et les mathématiques : un encouragement à l’attention des collégiens

Les épinards et les mathématiques : un encouragement à l’attention des collégiens



Pardon d'un peu d'introspection... mais j'essaie d'être utile à nos jeunes amis.
Et pardon d'un usage étrange de la typographie, mais j'ai un nouveau jeu qui consiste à utiliser le gras à ma manière, ce qui, pour quelqu'un qui explore la cuisine, n'est pas étonnant. Il suffit que mes essais ne sentent pas le graillon ;-)
Amusant de se regarder avec le recul des années. Petit (disons : à certains moments de mes études du Second Degré), j'adorais la chimie, j'aimais la physique, j'adorais les mathématiques... et je n'aimais pas le calcul que l'on m'y mettait. Pourquoi ?  
Rétrospectivement, tout m'étonne.
Ainsi, voici un souvenir à distribuer aux collégiens : alors que j'aimais les mathématiques, alors qu'elles ne me posaient guère de problème (quand elles étaient raisonnablement expliquées, par un professeur ou par un livre compétents ; il faut quand même dire qu'il existe aussi des gens qui enseignent alors qu'ils n'ont pas compris eux-mêmes, ou qui ne savent pas expliquer, tout comme il existe de mauvais livres), je me vois encore, un de ces jours tristes de décembre, sans doute  en 1967, dans une triste salle d'un lycée caserne, aux murs jaune sales, au parquet de bois usé et poussiéreux, faisant un "contrôle" ; il s'agissait de calculer la somme de deux fractions polynômiales, quelque chose d'élémentaire, donc, et je n'y arrivais pas. Les modifications hormonales m'abrutissaient : je me vois encore me dire "Ce n'est pas difficile, je sais le faire"... et ne parvenir à rien, hébété par l'adolescence. Chers jeunes amis, courage, cette période finit par passer.  
Ainsi, je me souviens de mon refus de mettre des "mathématiques" en chimie, un peu plus tard. Comme beaucoup d'étudiants que je vois maintenant, il y avait cette attitude qui consiste à dire "Laissons les mathématiques en mathématiques, et faisons de la chimie".
A la réflexion, il y avait du juste et du moins juste. D'abord, il y avait du faux à nommer "mathématiques" ce qui n'était que du calcul. Je propose de nous faisions la distinction : les mathématiques sont cette activité merveilleuse qui invente (ou explore)... pour certains : c'est une option philosophique) un monde où le calcul est roi. Ce n'est pas une science de la nature, sauf pour d'autres qui voient, par option philosophique, les mathématiques comme découverte de structures données par avance. Je fais une digression en rappelant ici la phrase de Leopold Kronecker  "Dieu a fait les nombres entiers, tout le reste est l'oeuvre de l'homme". Fin de la digression ; revenons à notre chimie.
Ce que je n'avais pas compris -parce que je vois que le monde, aujourd'hui encore, reste confus-, c'est que le calcul, maniement d'outils courant dans les "échoppes des mathématiciens" se distingue des mathématiques ; or, au collège, au lycée, on ne fait guère de mathématiques, et l'on apprend seulement le maniement de ces outils. Ou du moins, il en était majoritairement ainsi quand j'étais lycéen.
Ce que je n'avais pas compris -parce que je vois que le monde, encore aujourd'hui, reste confus-, c'est que la "chimie" n'était pas une activité clarifiée. Si la chimie avait été l'activité technique (la production de composés, la mise en oeuvre de réactions pour la production de composés), alors oui, le calcul n'aurait pas été nécessaire. En revanche, pour une activité scientifique, alors le calcul s'impose absolument, puisque c'est là la caractéristique des sciences de la nature !
Ici, une autre digression, mais plus brève, à propos de la chimie, puisque j'ai déjà évoqué la question : je propose -pour nos jeunes amis ; cessons de penser à nous, puisque notre place est au soleil, et pensons à faire un monde meilleur pour nos enfants- de bien distinguer la chimie, c'est à dire la science quantitative qui explore les phénomènes mis en oeuvre par la technique de préparation de produits à partir de réactifs.
Fin de la digression, et j'en arrive maintenant à la séparation de la chimie et de la physique, que beaucoup de mes amis et moi-même voyions comme des activités séparées. Encore aujourd'hui, d'ailleurs, certains voient deux mondes... mais n'est-ce pas une conséquence de la confusion à propos du statut de la chimie, technique chimique et science chimique ?

J'ai foi que nous pouvons changer les mots, notamment dans l'enseignement, afin d'aider nos jeunes amis. Luttons contre la confusion, plus de Lumière !


Et les épinards ? Je ne les ai pas oubliés : si certains enfants n'aiment pas les épinards (le calcul, la chimie, la physique, la chimie physique, les mathématiques), ce n'est pas que les épinards soient "mauvais"... ou plutôt, si, c'est pour cette raison ! J'explique : quand un enfant dit "c'est mauvais", cela signifie qu'il n'aime pas, mais le "mauvais" est personnel. Or l'épinard étant comestible, le fait de le trouver mauvais est simplement la preuve que l'enfant n'a pas compris que l'épinard pouvait être bon : soit parce qu'on lui a mal cuit, mal assaisonné, soit parce que l'enfant n'a pas compris qu'il pouvait prendre son destin en main, et assaisonner à son goût, afin, progressivement, de devenir capable de dire "J'aime les épinards".
Les épinards ? Le prototype à bien penser quand on entend "Je n'aime pas les mathématiques", ou "Je ne veux pas de mathématiques en chimie". L'assaisonnement ? Bien comprendre, à l'aide de mots justes, la nature des activités merveilleuses que sont les sciences de la nature, les mathématiques, la technologie, la technique...

vendredi 21 mars 2014

Pas d'aliments naturels !

On va finir par croire que je le fais exprès... mais c'est une coïncidence : alors que j'ai diffusé l'image d'une ammanite phalloïde pour dire que les aliments ne sont pas naturels, je viens de recevoir l'annonce de la parution du livre "A la table du droit", qui sont les actes d'un colloque... où le titre de mon chapitre est : "Les aliments ne sont pas naturels".



bonne lecture

mercredi 19 mars 2014

Quel statut pour une expérience qui rate ?


On trouvera dans l'article Célébrons Diderot (L'Actualité chimique, janvier 2014, pp. 7-10) une discussion de cette question, inspirée du livre Cours de gastronomie moléculaire N°2 : les précisions culinaires (Editions Quae/Belin, 2012). Toutefois, ici, cela vaut la peine de raconter une histoire vraie, éclairante... et qui ne résout évidemment pas la question.  

Cela s'est passé dans les années 1980, lors d'un séminaire que j'avais été invité à faire dans le Laboratoire de physique thermique de l'ESPCI. Je présentais alors la gastronomie moléculaire, en même temps que je faisais des expériences illustratives. Notamment je discutai ce jour-là la question de "comment faire un oeuf dur à la sauce mayonnaise avec un seul oeuf" : l'idée était de prélever une goutte de jaune d'oeuf à la seringue, à cuire le reste de l'oeuf, tandis que l'on faisait une sauce mayonnaise à partir de la goutte de jaune, laquelle contient assez de composés tensioactifs pour faire la sauce.  
Plus exactement, sachant qu'il est toujours bon de ne jamais être en position de faire en public une expérience qui rate, je faisais faire les expériences à des auditeurs, me réservant le soin de discuter les opérations... et de rattrapper les expériences éventuellement ratées. Or c'est un fait que, ce jour-là, mon collègue qui avait accepté de faire l'expérience la rata. Qu'à cela ne tienne : j'analysais publiquement la chose, et, repartant de la sauce ratée, je la fis réussir, en décantant d'abord l'huile qui surnageait dans un autre récipient, avant de l'ajouter à nouveau au culot, en fouettant vigoureusement. Je ne dis pas cela pour apparaître tel un Sauveur, mais seulement pour donner les circonstances exactes de l'événement... et faire comprendre pourquoi son souvenir est si proche : dans ces cas-là, on ne se sent pas bien.  
La sauce rattrapée, il fallut discuter ce qui s'était passé : la plupart du temps, c'est que l'on met trop d'huile au début, ce qui contrarie la géométrie de l'émulsion qui se fait bien avec les tensioactifs présents, à savoir que ces derniers, qui courbent l'interface eau/huile vers une émulsion huile dans eau, ne stabilisent que mal une émulsion eau dans huile. Bref, l'émoi passé, je proposais une discussion sur le statut des expériences qui ratent : une expérience qui rate n'est rien d'autre qu'une expérience qu'on n'a  pas réussi ! De même, un chateau de cartes qui s'écroule ne condamne pas le principe des châteaux de carte, mais seulement le doigté insuffisant de l'exécutant.On peut continuer à gloser à l'infini, mais voici en tout cas un sain début : il y a des recettes qui ratent parce que la latitude expérimentale n'est pas grande. Ce n'est pas une question de méconnaissance théorique, mais simplement d'organisation du monde : parfois, il y a des chemins de crète, et non de larges avenues. Pour les emprunter, il faut éviter d'aller trop sur les côtés.  

lundi 17 mars 2014

Je ne prends parti, mais je propose d'y réfléchir

---------- Message transféré ----------
De : Conseil Départemental de l'Ordre des Médecins de <viry.audrey@75.medecin.fr>
Date : 17 mars 2014 10:59
Objet : Lettre hommage au Docteur Sophie BECKER




La lettre d'Information
du Conseil Départemental de l'Ordre
des Médecins de la ville de Paris
LETTRE HOMMAGE



Mesdames, Messieurs, Chers confrères,
Nous avons appris avec consternation le décès du Docteur Sophie BECKER, psychiatre, inscrite au Conseil Départemental de l'Ordre des Médecins de la Ville de Paris depuis 2008.
Ce médecin, âgé de 45 ans, est décédé brutalement au cours d'une interview téléphonique.
Comme vous le constaterez à la lecture de son article (ci-dessous) qu'elle a publié sur son blog, elle s'était engagée "à fond" dans l'exercice de notre profession.
Particulièrement touchés par cette disparition, nous tenions à lui rendre hommage.
" Point de vue n°5 - Un médecin meurtri,
par le Docteur Sophie BECKER le 8 mars 2014
J'ignore pourquoi nous, médecins, sommes aussi malmenés en ce moment ; malmenés par les gouvernements successifs qui semblent ne rien vouloir savoir de ce que nous vivons, malmenés par certains médias qui reprennent le discours des politiques et des directeurs de mutuelles sans analyse journalistique digne de ce nom, malmenés par certains français qui nous décrivent comme des nantis, roulant en Porsche, demandant des dépassements d'honoraires indignes, à l'origine du déficit de l'Assurance Maladie et sans doute de leur propre mal être. Je dis bien certains médias et certains français car je ressens du soutien, de plus en plus et c'est tant mieux.
Moi, je n'ai pas de Porsche. Je n'ai même pas de voiture du tout.  Je ne suis pas non plus propriétaire de mon appartement. Je boucle mes fins de mois tout juste mais je ne me plains pas. Il y a pire.
Et pourtant, je travaille 50 heures par semaine : 45 heures avec les patients et 5 heures à remplir de la paperasse administrative imposée (activité non rémunérée), rédiger du courrier, lire des articles médicaux, assister à des conférences pour maintenir et parfaire mes connaissances.
Heureusement, je ne fais pas partie des 50 % de médecins « burn-outés ». Pas encore. Ni de ceux qui choisissent de mettre fin à leur jour, une cinquantaine par an. La fréquence des suicides chez les médecins est 2,5 fois plus élevée que dans la population française. Il ne s'agit pas de comparer la souffrance des uns et des autres mais d'écouter toutes les souffrances. Je suis par exemple très touchée par la souffrance des enseignants. Mais pas seulement la leur, celle d'autres professions également. Celle de tout le monde en fait.
J'en vois déjà qui soupirent : « Encore une qui se plaint ».
Avez-vous déjà rencontré beaucoup de médecins qui se plaignaient ?
J'ai envie de raconter un peu mon parcours parce que je pense que notre profession est mal connue. Il faut dire qu'elle a beaucoup évolué ces trente dernières années et qu'une certaine image du médecin est encore trop présente dans l'imaginaire collectif.
Études de médecine (c'était il y a 20-25 ans)
Nos études durent de 8 à 12 ans si nous réussissons tous les examens du premier coup. La première année étant du niveau Prépa, il n'est pas rare d'avoir à la refaire. Il n'est pas non plus exceptionnel de faire sa sixième année également en deux ans à cause de ce sacro-saint concours de l'Internat et de l'importance du classement pour choisir sa spécialité.
J'ai eu de la chance mais je reconnais avoir beaucoup travaillé. Je me suis retrouvée en deuxième année (PCEM 2) à 18 ans. C'est l'année où l'on apprend l'anatomie et où l'on dissèque des cadavres humains. Pas facile à 18 ans ! L'odeur du formol est indescriptiblement insupportable et la mort est montrée dans sa réalité la plus crue. Quand on sort tout juste de l'adolescence, cela peut être brutal.
Puis très vite, en plus des cours et des travaux dirigés, on devient Externe des Hôpitaux. C'est une sorte de mi-temps avec parfois des gardes et des astreintes où l'on apprend notre métier bien sûr, mais où l'on rend aussi pas mal de « services » : brancardage, travail de classement, prélèvements sanguins etc.. Parfois, j'avais l'impression d'être un peu exploitée d'autant plus que je travaillais certaines nuits et certains week-ends pour payer mes études. J'ai exercé diverses professions : femme de ménage, aide-soignante, infirmière (à l'époque, nous avions l'équivalence), préleveuse dans les équipes mobiles du Centre de Transfusion Sanguine, garde de nuit pour enfants polyhandicapés etc. J'étais rémunérée pour cela à peu près au SMIC. Un Externe reçoit quant à lui un « salaire » d'environ 100-150 euros par mois. Je précise cela car j'entends souvent dire que nous avons une dette envers la France en raison de la durée de nos études. C'est faux.
Et puis c'est l'Internat à partir de la 7ème année, avec des semaines de 70 à 100 heures, parfois 3 gardes hebdomadaires de 24 heures sans pouvoir récupérer, des stages dans des hôpitaux éloignés obligeant à trouver un logement ou à acheter une voiture, une coupure avec les amis et les activités culturelles si nécessaires dans une vie. Je me souviens d'une garde où j'ai été obligée de travailler 48 heures, sans dormir une seule minute. Je me suis évanouie à la fin, dans une certaine indifférence car le travail à l'hôpital déshumanise et c'est un peu chacun pour soi. Pas toujours, bien sûr. Je me souviens de V., une interne en anesthésie qui s'est suicidée sur son lieu de stage. C'était il y a vingt ans maintenant. Je ne l'ai jamais oubliée.
J'ai vu des enfants mourir, des corps désarticulés à la suite d'accidents de la circulation, des patients souffrir atrocement. J'ai entendu des histoires de vie difficiles. Tout cela sans aucun soutien psychologique.
J'ai aussi sauvé des vies, guéri, soulagé des douleurs, reçu des remerciements et des sourires de la part de patients qui, par leur courage et leur gentillesse, m'ont souvent éclairée sur le sens de la vie. C'est pour eux que j'ai achevé mes études, que j'ai choisi ma spécialité et que j'ai décidé de passer ma thèse pour pouvoir exercer. Je leur en serai éternellement reconnaissante.
Travail hospitalier
Pendant une dizaine d'années, j'ai exercé comme Assistante des Hôpitaux puis Praticien Hospitalier après avoir réussi un concours assez pénible.
Beaucoup d'heures de présence, des gardes et des astreintes à n'en plus finir, un travail en équipe pas toujours facile en raison du caractère des uns et des autres. Lorsqu'on a à gérer des situations compliquées, on peut se montrer irascible.
Mais j'ai pu reprendre ce que j'aimais : les sorties avec les amis, le piano, l'orgue, la littérature.Et puis, j'ai noté la place croissante de l'administration quant aux décisions médicales à prendre et celle du corps médical qui s'amenuisait. Je n'oublierai jamais ce directeur d'hôpital qui, un jour, nous a demandé de privilégier les prises en charge collectives plutôt qu'individuelles car c'était « plus lucratif ». Ceci en lien avec la T2A (tarification à l'activité) paraît-il.
Cela m'a été insupportable de ne pas pouvoir exercer mon Art comme l'exigent le serment d'Hippocrate et le code de déontologie.
J'ai démissionné et j'ai exercé brièvement dans un centre de santé géré par une mutuelle.
Centre de santé
Les centres de santé, ce sont ces lieux où les tiers payants sont pratiqués. Concrètement, le patient vient avec sa carte vitale et n'avance pas les frais. Ou bien seulement la part mutuelle qui lui est ensuite remboursée.
Ces centres de soins sont quasiment tous déficitaires. Pourquoi ? Parce que les tarifs des consultations du secteur 1 (sans dépassements d'honoraires) sont tellement bas qu'ils ne permettent pas à un centre de fonctionner.
L'acte C est coté 23 euros (consultation auprès d'un médecin généraliste). La moyenne européenne est de 40 euros.
Dans ces centres en général, 32% bruts du tarif de la consultation sont reversés au médecin, soit 25% nets grosso modo. Les 68 % restants servant à payer les charges sociales et le fonctionnement du centre. 25% de 23 euros, c'est 5,75 euros. Donc, un médecin perçoit 5,75 euros pour un patient et zéro euro quand le patient ne vient pas. Et cela arrive souvent. La législation fait qu'un centre médical ne peut pas refuser un patient qui n'honore pas ses RDV (en tout cas, c'était ainsi quand j'y travaillais).
Donc forcément, un médecin ne gagne pas bien sa vie, vous l'aurez saisi.
J'ai cru comprendre que certains directeurs de ces centres étaient beaucoup mieux rémunérés, mais chut..
Je décide donc de m'installer, estimant qu'après 10 ans d'études, quelques vies sauvées et pas mal de sacrifices, j'avais droit à un peu plus de considération.
Installation en libéral
Alors là, je suis tombée des nues ! J'apprécie la liberté quant à la gestion de mon agenda et la qualité du contact avec mes patients. Je savais que je devais travailler beaucoup pour « rentrer dans mes frais » comme l'on dit, mais à ce point-là !
Je suis conventionnée au secteur 2 car j'estime que la durée de mes études, mon savoir faire et surtout l'énorme responsabilité qui m'incombe n'est pas compatible avec les tarifs proposés par l'Assurance Maladie. Pour un premier rendez-vous, je prévois 1 heure puis 30 minutes pour chaque consultation. Le CNP (cotation pour une consultation de psychiatrie) est à 43,70 euros (même pas arrondi à 44 euros !).
Les charges (sociales et de gestion du cabinet) sont énormes et sont estimées entre 60 et 70 % du chiffre d'affaires selon la spécialité du médecin (gestes techniques plus ou moins onéreux, présence ou non d'une secrétaire etc..). Il faut ensuite, comme tous les français bien sûr, payer ses impôts. Il ne reste donc pas grand-chose.
Nous versons environ 10% à l'Assurance Maladie. Savez-vous quel est le délai de carence si nous tombons malades ? Il est de 90 jours. Oui, vous avez bien lu : 90 jours. Et au bout de ces 3 mois, des indemnités journalières nous sont versées : 2 900 euros par mois environ. Alors que les charges peuvent être de 5 000, 7 000 euros mensuels voire plus pour certaines spécialités nécessitant notamment l'embauche de personnels ou bien du matériel onéreux.
Bien sûr, il existe des assurances privées extrêmement chères et qui, surtout, excluent très facilement au moindre problème de santé. Tous ne peuvent pas y souscrire. C'est ironique ?
Inutile de préciser que nous n'avons pas de congés payés et que nous ne sommes pas rémunérés lorsqu'un patient n'honore pas son rendez-vous (mon record : 15 dans la même semaine).
Concernant le TPG (tiers payant généralisé,, c'est-à-dire aucun frais avancé par le patient), mesure phare annoncée par le gouvernement, j'y suis opposée. D'abord parce que je ne suis pas salariée de l'Assurance Maladie et que je n'ai aucun lien de dépendance avec cet organisme dont le fonctionnement devrait, à mon avis, être examiné plus minutieusement. Le déficit de l'Assurance Maladie vient-il forcément des médecins ? Pas sûr. Enfin, parce que je suis à peu près certaine de ne pas être rémunérée pour tous les actes. Exemple : lorsque nous recevons un patient bénéficiaire de la CMU (ce qui est très utile pour certaines personnes, je ne critique pas cet avantage) et si sa Carte Vitale n'est pas à jour, nous ne sommes tout simplement pas payés pour l'acte effectué. De même si un patient n'a pas déclaré de médecin traitant, la pénalité, eh bien, c'est pour le médecin ?. Autre exemple : une de mes patientes vient de changer de CPAM. Elle a fait le nécessaire, a passé plusieurs coups de fil,  envoyé des courriers. Mais rien n'y fait, cela fait deux mois qu'elle n'est pas remboursée. En cas de TPG, que se serait-il passé ? Pensez-vous qu'un médecin aura le temps d'écrire moult courriers ou de passer dix coups de fil ? Non, il ne sera pas rémunéré, c'est tout, sans que grand monde ne s'émeuve. Tiens, bonne idée ! On ne paie plus les médecins pour renflouer les caisses de l'Assurance Maladie ....
Notre ministre de la santé est obsédée par le fait de limiter les dépassements d'honoraires. Certains, et j'en fais partie, parlent plutôt de compléments d'honoraires. Le tarif du C est tout de même inadmissible. Comparez avec d'autres services que l'on vous facture (coiffeur, plombier, avocat etc..). Je ne comprends pas cet acharnement. Il y a des médecins qui demandent des tarifs inadmissibles et qui font beaucoup de mal à notre profession. Les assurés peuvent très bien aller consulter des médecins qui proposent des tarifs corrects. Par ailleurs, ce qui n'est pas dit par Madame la Ministre, c'est que le remboursement des consultations par l'Assurance Maladie est moindre pour les consultations effectuées par des médecins du secteur 2 (c'est-à-dire avec complément d'honoraires). En psychiatrie, une consultation (CNP) du secteur 1 est remboursée 43,70 euros. Au secteur 2, c'est 37 euros. Donc, si tous les médecins étaient sans complément d'honoraires, le déficit de l'Assurance Maladie serait encore plus colossal.
C'est là qu'intervient le rôle des mutuelles. Elles coûtent affreusement chères et remboursent de plus en plus mal. Pourtant, leur chiffre d'affaires est de plusieurs milliards d'euros par an...
Par ailleurs, la loi Leroux a été votée juste avant Noël 2013 et elle concerne les réseaux mutualistes. Désormais, les mutuelles peuvent créer avec les opticiens et les orthodontistes des réseaux. Sur quels critères ? Un patient m'a rapporté ceci : devant faire réaliser des soins d'orthodontie pour sa fille, il a demandé un devis auprès d'un orthodontiste qu'il connaît et en qui il a confiance : 900 euros (les chiffres que je donne sont approximatifs). Sa mutuelle l'a incité à consulter un autre orthodontiste pour un meilleur remboursement (500 euros au lieu de 150 euros). Cet orthodontiste établit un devis de 1 600 euros. Bien sûr, le patient va faire le calcul et va choisir son orthodontiste habituel, ce qui lui coûtera 750 euros au lieu de 1 100 euros. Qui va faire des économies ?  La mutuelle bien sûr. Par ailleurs, ce droit fondamental du patient de choisir son praticien est bafoué. Les mutuelles insistent pour que la loi Leroux s'applique aussi aux médecins...
Et pourtant, ce sont les directeurs des mutuelles qui semblent les interlocuteurs privilégiés de notre ministre.
Il y a plein d'autres choses parfaitement iniques qui se passent actuellement dans un silence médiatique inquiétant.
Malgré cette maltraitance administrative, le peu de reconnaissance sociale, des revenus assez décevants, j'aime mon métier et je le continuerai tant que je pourrai.
Soyons vigilants pour maintenir la qualité de la médecine française, que certains nous envient."

 
Docteur Irène KAHN-BENSAUDE
Présidente  
                                   Docteur Jean-Luc THOMAS
                                   Secrétaire Général
__________________________________________________________________________________________________________

samedi 1 mars 2014

L'académe des technologies mérite-t-elle son nom ?

Voir :
http://www.scilogs.fr/vivelaconnaissance/lacademie-des-technologies-merite-t-elle-son-nom/

Pourquoi cette confusion ?


Pourquoi continue-t-on à trouver dans des revues culinaires, cette confusion entre émulsions et mousses ? Pourquoi certains cuisiniers, parfois étoilés, continuent-ils d'utiliser le verbe “émulsionner” pour décrire l'opération qui consiste à foisonner, afin de produire une mousse ? Certes, ils utilisent le même mixer plongeant pour faire les deux systèmes, émulsions et mousses, mais cela n'est-il pas une erreur ? Dans un cas, on veut seulement cisailler les gouttes d'huile, alors que, dans l'autre, on veut introduire des bulles de gaz dans un liquide. Les deux systèmes d'émulsions et de mousses sont des cousins, certes, mais que l'on obtient bien différemment, sous peine de bien mal travailler. Après tout, les suspensions sont également des cousins, et on les produit bien différemment, non ? Et j'ajoute enfin que nombre d'échecs, en cuisine, découlent de ce que l'on utilise le même outil (le fouet) pour les deux opérations, sans bien comprendre que ce fouet doit être manié bien différemment en vue d'obtenir les deux systèmes.
Reste qu'il y a confusion... et confusion ! Une sauce mayonnaise n'a rien d'une mousse de blanc d'oeuf battu en neige, et cela fait toujours bizarre d'entendre les maîtres d'hôtel annoncer des « émulsions de fraises », quand arrive le dessert.
Pourquoi la confusion ? Certes, nos cuisiniers modernes sont les héritiers d'une erreur centenaire : cela fait environ un siècle que des manuels minables ont répété l'erreur (je l'ai pistée dès 1901). Pour autant, n'est-il pas temps de changer ? Les professionnels, et surtout les professionnels étoilés, n'ont-ils pas un devoir vis à vis des jeunes ? N'est-ce pas à eux (ils se tapent parfois très fort sur la poitrine) d'être les premiers à apprendre le sens juste des mots, et de transmettre correctement les informations ?
Ne nous lamentons pas, et contentons-nous d'être actifs. Ne manquons pas une occasion de dire qu'une émusions est une dispersion est de matières grasses dans une solution aqueuse (la matière grasse, liquide, est divisée sous la forme de gouttelettes trop petites pour être vues à l'oeil nu), alors qu'une mousse est une dispersion de bulles d'air, souvent trop petites pour être vues à l'oeil nu.
Deux systèmes différents, avec des consistances différentes ; la cuisine aura considérablement progressé, quand sachant dire les bons mots, elles saura effectuer les bonnes opérations, et, aussi, utiliser les bons outils pour obternir des résultats précis, voulus.

vendredi 28 février 2014

Analysons

Précisons tout d'abord qu'il ne s'agit pas de jeter ici la pierre à quiconque, mais plutôt de bien analyser des mécanismes qui m'étonnnent.

Les faits, d'abord.
Exposé à des étudiants d'un master parisien (niveau master 1), j'ai voulu savoir si j'étais insensé, et j'ai posé la question suivante :

Si, pour 1,75 euro, je reçois 2,3 kilogrammes de banane, combien de kilogrammes aurais-je pour 2,03 euros ?

Sur l'image suivante, on voit que deux étudiants (de master 1), donc, ont répondu... et donné deux réponses différentes :







Analysons : la question est du niveau de l'école primaire, et il y a eu une erreur. Pourquoi ?
Parce que les deux étudiants ont "fait le produit en croix", et que l'un d'entre eux l'a mal fait.
Etait-ce une émotion particulière ? Non : le climat était serein, et tout le monde était en confiance.
Surtout, le produit en croix est l'application automatique d'une technique, et même l'étudiant qui a répondu correctement n'était pas prêt à parier une caisse de champagne sur son résultat, preuve qu'il n'était pas sûr de lui.

Pour être sûr, il aurait fallu écrire :
Puisque j'ai 2,3 kg pour 1,75 euros, j'aurais 1.75 fois mois de bananes si j'ai 1,75 fois moins de sous (soit 2,3/1,75 kg pour 1,75/1,75 = 1 e).
Et si j'ai 2,03 euros, alors j'aurai 2,03 fois plus que cela.
D'où le résultat certain !
Bref, le calcul ne peut venir qu'à l'appui du raisonnement sain... et non comme un calcul dont on doute, n'est-ce pas ?

Faut-il traiter ?

Il est questions, ces jours-ci, du procès d'un vigneron qui refuse de traiter ses vignes, et notre bon coeur à tous nous porte à soutenir l'homme, contre une administration qui serait tâtillonne.
Toutefois, avant de nous lancer dans la bataille, ne faut-il pas se renseigner un peu ?

Un de mes confrères vient d'émettre l'information suivante, que je crois utile de diffuser largement  :


La flavescence dorée est une maladie à phytoplasme très grave qui conduit à une perte de production, voire à la mort des vignes.
Elle est transmise par un unique vecteur qui est la cicadelle Scaphoideus littoralis.
Une vigne infectée ponctuellement peut toutefois se remettre si elle ne subit pas des injections renouvelées de la maladie par les multiples piqures du vecteur.
Fortes d’une longue et parfois douloureuse expérience, les autorités ont donc rendu le traitement (unique) obligatoire dans les régions où cette maladie menace. Un vigneron qui refuse de traiter constitue pour ses voisins un foyer naturel du vecteur qui peut devenir le point de départ de l’épidémie pour peu que sa vigne soit infectée ou que des cicadelles ayant acquis le phytoplasme ailleurs viennent se pérenniser dans son vignoble.
Par le passé, beaucoup de bios ont protesté contre les traitements imposés par l’administration (pyréthrinoïde) car ils craignaient de perdre leur label AB. Pour éviter ces conflits, la filière AB a fait autoriser, contre la cicadelle, les pyréthrines naturelles, qui sont régulièrement conseillées par l’ITAB. Cet insecticide est peu efficace, mais il permet à tout vigneron bio de se mettre en conformité avec la loi, même si le résultat sur Scaphoideus n’est pas garanti.
De très longue date, le même produit est abondamment utilisé sur les vignes bio pour lutter contre les différentes tordeuses de la grappe. De même que sur les fruits et les légumes en AB.
Et il est exact que, comme l’écrit le Monde que cet « cet insecticide n'est pas sélectif » ; qu’il « tue non seulement la cicadelle mais aussi la faune auxiliaire nécessaire aux équilibres naturels dans le vignoble »
Et Denis Thiery a aussi raison lorsqu’il explique que « Le Pyrevert, même s'il est d'origine naturelle, est nuisible pour l'environnement : c'est un neurotoxique qui peut affecter les insectes, mais aussi les oiseaux, les animaux, et même les viticulteurs selon les doses utilisées ».
Cela, on le sait depuis plus de 40 ans et aucun bio n’a jamais contesté l’emploi des pyréthrines.
Je juge sévèrement l’attitude de Giboulot qui relève d’un obscurantisme profond.
Aucun vigneron ne traite par plaisir.
Dans un tel cas, ne rien faire par idéologie alors que sa culture risque de disparaître, entrainant dans la galère tout son voisinage est une faute morale, et un tel vigneron ferait mieux de changer de métier. Bien pire encore est le cas des organisations qui le soutiennent, entrainant des citoyens ignorants de la réalité à manifester devant les tribunaux.
Désolé pour cette appréciation abrupte de la situation.
Jean-Louis BERNARD

Incohérences !

Dans un jury de dégustation, voici la feuille que l'on me soumet, pour que je note mes jugements :





On voit un premier groupe de sensations (visuelles), qui distingue l'aspect et la couleur. Jusque là, ça va encore.
Puis on voit une ligne consacrée à l'odeur : c'est donc qu'il faut approcher le produit du nez, et le sentir. On voit bien comment faire.
La ligne "tactile" ? On nous dit que c'est la texture, et pourquoi pas, puisque les dents ou la langue permettent d'apprécier la dureté du produit, et aussi sa granularité : on aurait pu être plus analytique, mais, en pratique, pas de problème.

Puis vient la ligne intitulée "gustatif" : on comprend qu'il faut enfin goûter le produit. Qu'en dire ? On parle de saveur (et l'on précise que l'amertume, l'acidité, le salé excessif, le sucré sont des défauts, tandis que le fait de ne tendre vers aucune saveur particulière serait une qualité. On parle aussi d'arôme, ce qui est fautif, puisque l'arôme est, par définition, l'odeur des aromates, et que le produit jugé était une charcuterie ! Une charcuterie n'étant pas un aromate, elle n'a pas d'odeur.
Surtout, en bouche, il est impossible de connaître la saveur sans l'odeur qui est perçue par le nez, quand les composés odorants remontent par les fosses rétronasales, et il est d'ailleurs impossible de connaître cette odeur. Sans compter que les sensations trigéminales (les piquants, les frais...) sont dans le groupe de sensations, sans que l'on puisse les en séparer non plus.

Bref, deux conclusions s'imposent :
1. cette feuille est fautive
2. il est urgent de proposer mieux !

Lu pour vous

Chers Amis

J'ai lu pour vous Evolution des innovations dans les télécoms, histoire, techniques, acteurs et enjeux, par Claude Rigault, aux éditions Hermès/Lavoisier.
Claude Rigault, ingénieur ESPCI, a participé de 1969 à 1992 au développement de nombreux systèmes de communications. Il est directeur d'études, et enseigne les réseaux à Télécom ParisTech.

jeudi 27 février 2014

De la lecture

J’ai lu pour vous le livre de chimie des aliments Food Chemistry, publié aux éditions Springer par M. Belitz et M. Grosch.



Dans la série des lectures qui peuvent être utiles aux étudiants, notamment aux étudiants en sciences éléments, comme d'ailleurs en technologie des aliments (en vue de devenir les ingénieurs de l'industrie alimentaire, par exemple), il y a ce livre étonnant, Food Chemistry, en qui en est à sa n-ième édition. Ce succès est mérité, car un groupe d'auteurs  parmi les très bons a  colligé une foule d'informations importantes sur la composition moléculaire des ingrédients alimentaires, ainsi que sur quelques transformations qui ont été étudiées par la chimie des aliments.
Cela me donne l'occasion de discuter le mot « aliment » : ce n'est pas un ingrédient alimentaire, car le simple fait de cueillir une pomme,  de sortir une carotte du champ, suffit à  provoquer des modifications moléculaires parfois importantes. Je propose de bien distinguer les ingrédients des aliments. Les aliments, c'est ce qu'on mange, et ce que l'on mange fait l'objet de transformations culinaires, d'un travail qui a trois composantes : technique, artistique, sociale.
  • Technique, parce qu'il faut opérer des transformations : couper les carottes en julienne,  peler les pommes, faire un fond de tarte que l'on cuit...
  • Artistique, parce que  la très grande majorité des aliments, ce que l'on mange donc, n'est pas l'ingrédient simplement divisé ou chauffé, mais aussi assaisonné : sel, poivre, cannelle, sucre... Là, il y a une question artistique et non technique. Il n'y a pas de différence technique entre le fait de mettre un peu ou beaucoup de cannelle, mais il y a une différence considérable en termes de résultats ;  parfois, un goût  cannelle s'impose, mais parfois il est à éviter. C'est ainsi que je me souviens de ces premiers chocolats à la lavande produits par des chocolatiers inventifs, il y a de nombreuses années. Au début, la quantité de lavande était trop forte, et le goût était exécrable,  ce qui signifie seulement  que le produit était rejeté en termes de préférence. On aurait pu penser, ou espérer, que l'on s'accoutumerait, mais les artistes chocolatiers ont fait quelque chose de mieux : ils ont réduit les doses de lavande, de sorte que l'on mangeait le chocolat  et l'on s'interrogeait. « Quel est ce gout  étrange, intéressant, que  je perçois quand je mange un bonbon de chocolat ? » Un moment  de réflexion,  puis : « J'y suis, c'est la lavande ! » L'art du chocolatier fut de trouver le dosage exact qui devenait admissible, et même merveilleux. Que l'on y pense un peu, et cette façon de faire est largement présente dans l'art culinaire, puisque nombre de cuisiniers traditionnels disent à titre de paradigme  : « Quand on fait une sauce à l'estragon, il faut que le mangeur aille chercher l'estragon. »
  • Pour tout aliment, il y a donc une composante technique, une composante artistique, mais il y a aussi une composante sociale, les aliments étant des produits extrêmement acculturés, et j'en prends pour preuve  les interdits alimentaires, qui récusent certains aliments  sur la base de croyances, de religion ... C'est la culture qui nous permet de manger certains aliments, ou, au contraire, qui nous empêche d'en manger d'autres. C'est la culture  qui pousse l'Alsacien a aimer le munster, mais le Normand à préférer le camembert, le Toulousain à rêver de cassoulet, et le Breton de galettes... Il y a aussi la façon de manger, et il a été  montré quantitativement que le même plat consommé seul était moins bon que quand il était consommé en groupe, preuve que la socialité est essentielle  pour l'espèce humaine, ce que l'on sait bien par ailleurs.
Évidemment, dans le livre de chimie des aliments que je discutais  initialement, les composantes artistiques et sociales ne sont pas présentes : le document se limite à  l'ensemble des transformations  moléculaires,  voire seulement à la liste des compositions  chimiques des ingrédients alimentaires. Car il est vrai  que la cuisine est extrêmement peu présente dans ce livre, ce qui est la raison exacte pour laquelle la gastronomie moléculaire fut introduite dans les années 1980. Comme ce que nous mangeons fait l'objet de transgressions culinaires, on ne peut prétendre produire un produit un traité de chimie  des aliments si l'on ne considère pas ces transformations. Le vin ? Bien sûr, on le boit, mais, en cuisine,  il est d'abord cuit, réduit au miroir... Là,  une foule de transformations ont lieu, et un véritable livre de chimie des aliments devrait tenir compte de ces phénomènes. Dans le livre  Food Chemistry que j'évoque,  quasiment rien n'est dit de tout cela. Le livre de chimie des aliments reste donc à faire, mais le livre Food Chemistry, dont le titre est donc  usurpé, a le mérite de fournir un une base de données extrêmement utile à ceux qui voudront un jour produire un véritable livre de chimie des aliments, et non seulement de chimie des ingrédients alimentaires.

dimanche 23 février 2014

Séminaire de février 2014

Chers Amis
Permettez moi de vous rappeler que c'est demain, 24 février 2014, de 16 à 18 heures, au 28 bis rue de l'Abbé Grégoire (Ecole supérieure de cuisine française du Centre Jean Ferrandi de la Chambre de commerce de Paris) que nous aurons notre séminaire du mois de février (exceptionnellement le 4e lundi du mois, au lieu du 3e).
Le thème qui a été retenu par les participants du séminaire de janvier, pour notre séminaire de demain est :
Quelle est l'influence de la taille des morceaux de viande utilisés pour la confection d'un bouillon de boeuf ?
Quelle est l'influence des os ?

Au plaisir de retrouver ceux qui veulent+peuvent.

vendredi 21 février 2014

Le travail du mois Hervé This et Pierre Gagnaire

Chers Amis

Nous continuons nos travaux mensuels avec Pierre Gagnaire : certains mois, ce sont des innovations de cuisine moléculaire ; d'autres mois, ce sont des avancées de "cuisine note à note" ; enfin, il y a, comme ce mois-ci, des travaux dans la ligne "Dictons, savoir et gourmandise".
Je vous invite ainsi à aller voir à http://www.pierregagnaire.com/#/pg/pierre_et_herve, un travail sur la consistance des aliments : cliquez sur "le travail du mois.
A noter que ce travail rejoint le texte publié dans l'Actualité chimique, en décembre 2013.

A propos de diarrhées

Voici un lien : http://www.franceinfo.fr/consommation/a-toutes-saveurs/la-cuisine-moleculaire-rend-elle-malade-1325615-2014-02-21

lundi 17 février 2014

C'est bien lent

C'est bien lent, mais je vais finir par y arriver.
Je vous rappelle les épisodes précédents :

1. dans le temps, j'écrivais naïvement que la cuisine, c'était de la chimie, en faisant de l'humour sur la critique faite à la chimie, d'être de la cuisine.

2. Puis est venu un moment où, cherchant à distinguer l'activité technique de production de composés de l'activité scientifique d'étude des réactions, j'ai interrogé mes amis, me suis reposé sur eux, pour finalement proposer que le nom de "chimie" soit réservé à la science des réactions chimiques, des molécules.
A cette époque, j'ai donc proposé de dire que la cuisine n'est pas de la chimie, puisque la cuisine, c'est une activité artistique, et que la chimie aurait été une science. 

3. A un moment, j'ai cru que je m'étais trompé, et que la chimie aurait été une technique, mais les consultations historiques montrent que la chimie est née quand des scientifiques ont dégagé leur science de l'alchimie. C'est cela, la chimie.

4. Autrement dit, la chimie est une science, et la technique est une activité technique qui ne se confond pas avec elle.


Finalement, de quelle discipline scientifique la gastronomie moléculaire relève-t-elle ? De la physico-chimie, puisqu'il faut de la chimie et de la physique.
C'est ce que j'ai de mieux pour le moment.

Vive les sciences quantitatives !  Vive les sciences de la nature !

dimanche 16 février 2014

Les gens honnêtes n'ont rien à cacher.

Avant-hier, un journaliste aimable et amical me téléphone pour m'inviter à un « débat » qui serait consacré aux cas de désagréments alimentaires qui sont récemment survenus après des repas chez Heston Blumenthal, à Londres.
Il semble en effet qu'il y ait une « actualité » : c'est un fait que quelques clients de H. Blumenthal ont eu des diarrhées (on peut faire plus peur en disant un mot plus savant comme "gastro-entérite") après avoir mangé non pas au Fat Duck (Bray), mais à Londres, dans un restaurant dirigé par le chef anglais.
Et c'est un fait, aussi, mais d'un ordre bien différent, que, depuis quelques jours, quelques journalistes idéologiquement opposés à la cuisine moléculaire ont publié des articles pour dire, comme une litanie, que la cuisine moléculaire serait dangereuse pour la santé (le conditionnel est de moi : eux sont plus catégoriques). C'est un autre fait que, en réalité, ces journalistes sont peu nombreux : un, deux, trois peut-être... Guère plus, mais c'est assez pour que l'on puisse s'interroger, d'autant que, rappelez-vous : une litanie.

Commençons par observer que les faits qui peuvent faire l'objet d'un traitement par les journalistes (ceux auxquels ont peut parler) sont innombrables. Décider d'en traiter un relève d'une éthique qui doit être claire. Ici, pourquoi voudrait-on informer le public ? Quelques cas de diarrhée en Angleterre méritent-ils un traitement journalistique ? Non. Parce que le public risque de croire nos « litanistes »  (une façon pour moi de parler par euphémisme, et d'éviter des procès qu'ils ne manqueraient pas de me faire si je disais la totalité de ma pensée sur leur comportement ; dans la suite, je fais une différence entre les journalistes et les litanistes) et que, soi-même alerté, on voudrait en avoir le cœur net ? Cela n'est pas répréhensible, mais on voit déjà combien les litanistes, marchands de peur, sont à redouter : ils sèment la peur, le trouble, la confusion...

Vient maintenant la question des « additifs »,  qui nous empoisonneraient. Nos litanistes font le lien entre des diarrhées (dues à un norovirus, rien à voir avec des additifs) et les additifs. Ils omettent de dire que le caramel est un additif, comme le glucose (qui est dans tous les fruits et légumes), comme... Passons, car là n'est pas la question. Il est sans doute inutile de discuter une fois de plus (cela fait des décennies que cette discussion a lieu) la question des additifs (méfions-nous des généralités) et d'une sorte de prétendu complot de l'industrie alimentaire. Si les additifs sont autorisés, c'est qu'ils ont fait l'objet de NOMBREUSES études de toxicologie ; et ces études ont été LONGUEMENT examinées par les toxicologues experts européens, qui ont finalement rendu un avis. Ajoutons, de surcroit, que ces mêmes toxicologues qui émettent les avis  mangent eux-mêmes les produits qu'ils autorisent, de sorte qu'ils n'ont pas d'intérêt à s'empoisonner ! 
Donc oublions la questions des additifs. La question de la cuisine moléculaire, et de désagréments ou d'intoxications alimentaires dans de tels restaurants ? Dans un billet précédent, j'ai expliqué qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, que quelques cas dans un restaurant ne peuvent être érigés en lois, mais seulement en cas. J'ai dit aussi que le nombre d'intoxications alimentaires consécutives à des repas dans des restaurants traditionnels est bien supérieur au nombre de cas dans les restaurants qui servent de la cuisine moléculaire... et je n'ai pas répété que la définition de la cuisine moléculaire est souvent fausse : la cuisine moléculaire, c'est une cuisine qui se fait avec des ustensiles rénovés, donc pas de quoi fouetter un chat.

Pourquoi, donc, prendre un peu de temps pour discuter ici de toute cette question ? Ce qui m'intéresse, c'est plutôt la question du « débat » à propos non pas de quelques cas de diarrhées, puisque c'est insignifiant, ni à propos d'additifs, puisque là n'est pas la question, mais contre ou avec les litanistes acharnés contre la cuisine moléculaire. Bref, je propose d'analyser la question : on m'invite à  venir débattre contre un litaniste.

« Contre », d'abord : en réalité, j'étais invité à venir faire du spectacle ; on voulait de moi que je sois un gladiateur dans l'arène. Je n'ai pas peur de roquets, la question n'est pas là, mais... débattre contre des journalistes ? Est-ce bien utile ? Et surtout, est-ce bien raisonnable ? Surtout se pose la question du « journalisme », que je propose d'analyser dans une perspective très naïve, d'une collectivité faite d'individus raisonnables et honnêtes, informés par des individus honnêtes et raisonnables. Le journalisme est une activité merveilleuse, quand il nous donne des faits ou des explications utiles pour conduire notre vie, quand il soude les collectivités au lieu de les diviser. Je ne réclame évidemment pas un journaliste de la pensée unique, et l'histoire a bien montré combien un journalisme « critique » (pas au sens de « critiquer », faire des reproches, mais au sens d'analyser pour essayer de démêler le vrai du faux) est utile, collectivement. La vraie question du journalisme est d'abord d'établir les faits. Ici les faits sont : quelques cas, dans un ou deux restaurants (et je répète qu'on ne parle pas des cas dans les restaurants de cuisine traditionnelle), plus des SOMMES d'articles qui étudient l'innocuité des additifs (d'accord, ma formulation est tendancieuse, tout comme l'aurait été celle qui aurait été « qui étudient la toxicité des additifs »).
Pour les faits, rien à débattre : il y a les faits.

Mais je veux m'arrêter ici sur la question des articles, parce qu'elle détermine la réponse à propos du débat « contre », ou « avec », éventuellement, les journalistes.
S'il y a des articles scientifiques à propos des additifs, ou de la toxicologie en général, il y a donc des articles scientifiques (vous voyez que j'avance lentement, dans le raisonnement). Or, lire un article scientifique, ce n'est PAS se contenter de lire un article, en déchiffrant les mots les uns après les autres. J'enseigne à tous les étudiants qui me font l'honneur de venir travailler dans notre Groupe de gastronomie moléculaire que la lecture d'un article, c'est d'abord une lecture critique, qui commence par les « Matériels et méthodes ». Un bon scientifique, en effet, est quelqu'un qui, se fondant sur une expérience très longue (pas un claquement de doigt, des années de travail, inaccessibles à un journaliste, donc), sait évaluer les méthodes utilisées, afin de pouvoir discuter les résultats, et a fortiori les interprétations. Ensuite, la lecture d'un article scientifique, c'est une évaluation relative des concepts, notions, modèles, théories... qui nécessite de bien connaître les sciences (quantitatives).
Un journaliste, surtout un journaliste qui passe sa vie dans les restaurants, n'a pas cette capacité, parce qu'il n'en a pas la formation, l'entraînement ! Ayant travaillé à la revue Pour la Science pendant 20 ans, je sais combien l'examen des articles « de l'extérieur » est un exercice périlleux. Tout tient dans les calculs qui sont faits, dans la fiabilité de l'expérimentation... Je ne dis pas que les journalistes sont des incapables, mais je constate que ce n'est pas leur métier, et donc leur compétence, que de lire des publications scientifiques, surtout quand ils sont chroniqueurs culinaires !

D'ailleurs, il y a bien longtemps, dans un colloque « Chimie et Société » du CNRS, nous avions eu avec un chimiste devenu un ami un débat sur la vulgarisation : mon ami soutenait que la vulgarisation devait être faite par les scientifiques, et je soutenais au contraire qu'elle devait être faite par des journalistes qui travailleraient avec des scientifiques. Des décennies plus tard, je maintiens mon point de vue... en observant que cette production de vulgarisation ne s'accorde peut être pas avec du travail vite fait...

Revenons donc à la question. Débattre avec des collègues ? Très volontiers. Débattre avec des personnes qui n'ont la « compétence » pour le faire ? Il ne peut y avoir que de la pédagogie, pas du débat ! Et mieux, sur des faits (vous vous souvenez que seule la « vérité » m'intéresse), il ne peut pas y avoir de débats. 
Pis encore, il n'aurait rien pu sortir d'un débat avec l'un de nos litanistes, car ces derniers, en réalité, ne veulent pas débattre : ils veulent simplement vendre du papier, du scandale, de la peur. L'information est le cadet de leur souci. Je me souviens, ainsi, d'un de ces litanistes qui, sur une grande radio, enchaînait erreur sur mensonge, complètement imperméable aux réfutations qu'on lui faisait (si je me souviens bien, il confondait même la radioactivité avec la relativité générale!). Quel manque de dignité : personnellement, j'ai honte quand on me reprend, si j'ai fait une erreur... et je m'empresse de rectifier !
Mais il faut relire Platon, qui montre bien que la rhétorique se pare impunément des plumes du paon tout en délivrant des messages fallacieux. En face, il est inutile d'essayer de proposer des faits, fondés sur des études, scientifiques ou technologiques. On ne dit pas assez que de telles études représentent des mois d'efforts pour obtenir des résultats... qui, finalement, ne pèsent rien dans un débat, ou, du moins, pas plus lourd que la parole bien dite.

Allons, soyons positifs, parce que c'est la moindre des politesses.
D'une part, je suis heureux de signaler que, finalement, les journalistes aimables qui m'invitaient à débattre ont changé d'idée, preuve que ceux-là sont fréquentables. Ils ont accepté de ne pas faire de publicité aux litanistes, et sont venus me poser des questions. Pas des questions faciles, et j'ajoute que je les encouragés à poser des « questions qui fâchent » : un homme honnête n'a aucune raison de ne pas répondre à des questions (une façon de dire qu'il n'existe pas, pour lui, de « questions qui fâchent »). 
D'autre part, agent de l'Etat, je sais qu'il y a un devoir d'information du public, afin de répondre à des inquiétudes, injustifiées, certes, mais qui existent (à cause de nos litanistes : les « marchands de peur » sont nuisibles, à ne pas confondre avec de véritables lanceurs d'alerte). J'ai donc dit des faits, après avoir indiqué au préalable que je n'ai rien à vendre : ni article, ni produit, ni idéologie, même. Certes, je pense que la Raison doit être promue, au même titre que la Connaissance, qui nous fait humain, mais ce n'est pas véritablement de l'idéologie. Certes, je propose de voir le verre bien plus qu'à moitié plein... mais à là encore, ce n'est pas de l'idéologie, et seulement de la politesse.
Donnons du bonheur à notre entourage ! 


PS. Ah, un petit morceau qui manquait : je soutiens :
1. qu'il n'existe pas de "conflits d'intérêt" : les intérêts n'ont pas de conflit, mais seulement les individus
2. qu'il est répréhensible, pour un individu, dans certains cas, d'avoir des intérêts cachés ; il faut donc les dire
3. qu'un "expert" qui n'aurait jamais eu de contacts avec l'industrie ne serait sans doute pas un expert, parce qu'il ignorerait tout de l'activité essentielle d'une nation
En conclusion, je propose que les experts aient des intérêts déclarés : logique, non ?

vendredi 14 février 2014

About social studies and molecular gastronomy

This morning, I have to answer to a kind young student doing a work on molecular gastronomy. This guy is studying sociology, and readers of this blog know what I think of SOME of the people working in this direction.

Here is the answer that I did to this particular student :


About sociological studies, I am quite cautious... because there were some dishonest people in this area (sorry). One of them came here, stood with us for some time (as the rest of the team, he was invited for lunch, coffee, etc.), and made a awful report. When I write "awful", it does not mean that he told the truth about possible bad activities that we would have, because then I would have been grateful to him, forgiving us a possibility to improve, what I am longing for). No, it means that his report was flawed, bad, dishonest ! For example, I made once a joke saying something about myself (probably something like "I am Normand", which is not true, and was only a joke)... and I found it written in the final dissertation !!!!!!!
Since, over my desk, there is a poster on which it is written : "Please don't forget that even when I am looking serious, I smile, and vice versa. Do interpret!"

Concerning part of the "theories" of some part of social studies, I am strongly opposed to the idea that all discourses are alike (quantitative sciences and religion, for example ; empiricism and quantitative sciences...), because it is simply not true, as I demonstrate daily in my blog.
I hate the idea of people pretending knowing science and writing such things, making also confusion between the activity and the people making this activity... and others.
For example, when I am doing "quantitative science" (call it hard science if you prefer), I NEVER discuss technology questions, and even if I have to do some technology activities for reaching the scientific results, it does not mean that I am doing technology; indeed I am also breathing... and this does not mean that I am doing biology.
Recently I was fighting people who are not honest, in this regard. And, for example, I fight such expressions such as "technoscience", because they are as wrong as "square circle".

Of course, in this regard, the main issue are words... and my own proposal is that we do not invent the meaning of words. Of course, I am fully aware that some communities can bend the meaning of words, but if we want to communicate usefully, let's not do that, or let's define precisely the community to which we are speaking, let's not use words in the meaning which is not the one of the community to which these word are given. In a word, let's be intellectually honest.

Please also do not forget that I published two books on such questions of history of science and epistemology... and remember that rhetoric was already condemned by Plato ! Brilliant people can  say brilliantly... wrong things, and I don't have time to loose speaking to them. There are "facts" (I know the limit and the philosophical discussion about such words ; please do know that Jean Largeault was my teacher in epistemology, wherease I published some history of science investigations with Georges Bram).

About Molecular gastronomy, more precisely, again, there are many people speaking of what they did not tried to learn, in particular confusing molecular cooking and molecular gastrononmy. And this connfusion is often due to journalists who write too fast (trash journals), or chefs (having great authority but sometimes poor knowledge) saying things that they don't understand.
Some years ago, a French journal had asked about 50 chefs : what is MG "for you" ?  "For you" ? We don't care! It's as if the journal had asked people in the street "what is a dog, for you" ? The only information from such answers is a perception of the object, not the object itself.

But when false theories don't die, the people having them die, and this is why I am so optimisticc : I work day and night repeating the truth... because I have nothing to sell. No goods, no food, no ideology.

By the way, be careful because I did many mistakes myself in the past. For example, I published some time ago "vive la physico-chimie", but finally I (almost) realized that I should say instead  "vive la chimie physique". I hate myself when I am making such mistakes, but being a small mind, I have to work hard on it, and finally, I sometimes come to better knowledge.
Another example, I promoted for years Condillac+Lavoisier idea about thoughts and words, but I changed my mind last year... and I did it publicly, as the (recorded, podcasted) introduction of my public Course on molecular gastronomy !  I am not happy with myself, of having perhaps driven young people into error (the kind of feeling that I never read in too many intellectual's writings).

By the way, reading your email, I see "Your focus instead is to develop scientific knowledge to be applied to the everyday cooking practises of us all in our home 'laboratories'." and this is not true.
Indeed, I have two different works. The first one, the main one, the only one for me is science, quantitative science, science of nature (remember, philosophia naturalis), and this is why  in this regard I DON'T want it to be applied, I don't care about that, because science (again my definition) is never applied !
Indeed my scientific activity is to use culinary phenomena as... starting points, and to try to lift up a corner of the great veil, as Einstein said. My own activy is only partial differential equations, solving quantum chemistry problems, trying to refute the current knowledge, in particular about gels (there I probably made recently a discovery).

Then, when I "go out from the lab", I have a "political", or "social" activity, which is to show to the public (including chefs) how quantitative science is wonderful. And often I do this showning applications.
But you have to know (I made a whole book on it) that innovation is TOO EASY : in the internet site of Pierre Gagnaire, I showed one invention per month for one decade, and each of them took me about five minutes to reach ! The value of this is nil, for me, because my personal goal is science, only science.
And this is why I explain everywhere that cooking is no science, in the meaning of philosophia naturalis. It is and it will remain a technical activity, with art component, and a social idea.

Coming back to your dissertation, when you write "In my dissertation I would like to explore why molecular gastronomy has not succeeded at revolutionizing the way people cook at home", this is not true : siphons are sold everywhere for making foams, in France, school boy in elementary schools learn how to make 10 L of whipped egg white from one egg only, and low temperature cooking is also everywhere. Moreover, all French teachers in culinary schools now know the difference between emulsions and foams... because this is part of their curriculum before being teachers !
And if you would receive up to 30 emails from teenagers preparing TPE, you would say that on the contrary, Molecular gastronomy is succeessful! But you are in England (sorry for this poor joke from a froggy).

Of course I could tell you much more, but it will take me too much time. My only recommendation is : please, don't start with preconcieved ideas, or if so, do try to find facts which will refute your assumption, and avoid trying to confirm.
By the way, this what I am teaching daily to students here... and this is why the scientific (in the meaning of hard sciences) method is so wonderful... but this is another story.

Finally, don't hesitate to ask me question or to call me on the phone for more explanation.

mercredi 12 février 2014

Une journée de laboratoire

Bonne audition :
http://www.lemouv.fr/diffusion-herve-this-inventeur-de-la-gastronomie-moleculaire


mardi 11 février 2014

C'est gagné

Ce soir, je reçois ce message :


Nous sommes un centre de formation cuisine et deux de mes clients me demandent la mise en place d’une formation sur la cuisine note à note. Mes formateurs n’étant pas familiers avec cette tendance, pourriez-vous me dire s’il vous serait possible d’intervenir sur une journée pour une telle formation ? Et si oui à quelles conditions ? Autrement, auriez-vous des intervenants à me recommander ?



Je vais les aider, bien sûr, non pas moi-même, mais je vais leur trouver des intervenants capables !

Vive la cuisine note à note ! 

dimanche 9 février 2014

Vive la physico-chimie !

Vive les sciences quantitatives !

Une question m'arrive : « D'où vous est venu votre intérêt pour la chimie ? »
Je ne sais pas si c'est une question dont la réponse soit d'intérêt général, mais je sais que je peux toujours essayer de faire qu'il en soit ainsi !

Pour ce qui concerne mon « moi haïssable », il y a une boite de chimie que j'ai reçue, quand j'avais six ans. Rétrospectivement cela m'amuse de la voir... parce qu'elle est sans intérêt, assez mal faite. Le manuel qui accompagnait les matériels et produits était très mauvais, sans doute traduit, et mal traduit : aujourd'hui, je ne comprends pas ce qui y est écrit... et je comprends pourquoi, à l'époque, j'étais fasciné... mais je ne comprenais rien.

A la même époque, j'ai reçu un livre de vulgarisation de la chimie qui, sans boîte d'accompagnement, décrivait des expériences, et le plus intéressant était sans doute le chapitre sur le travail du verre. Un travail que l'on peut faire avec une simple lampe à mèche, et de l'alcool à brûler, comme pour les fondues. J'ai appris à tirer le verre, à faire un capillaire, à couder, à souffler... Et j'ai surtout appris que, pour ces travaux, les pommades grasses sont indispensables, en cas de brûlure !

Passons. Ce qui est surtout intéressant, de façon générale, c'est quand même que mon éblouissement personnel est général : on chauffe du carbonate de calcium ; quand c'est refroidi, on ajoute de l'eau... et l'on voit une vive réaction se produire ; puis on filtre le résultat dans un filtre à café, afin d'obtenir une solution limpide ; on souffle dans cette solution avec une paille... et l'on voit un trouble apparaître ; on laisse sédimenter... et l'on récupère le carbonate qui avait été détruit ! Pourquoi ?
Bien des décennies plus tard, j'ai fini par comprendre que c'était moins la transformation qui me passionnait que l'étude de cette transformation, ce qui m'a conduit à bien distinguer la chimie, qui m'intéresse modérément, et la physico-chimie, qui me passionne par dessus tout !

La question des jurys de thèse


Récemment, à l'occasion d'une soutenance de thèse, les membres du jury (qui se rencontraient parfois pour la première fois) étaient si heureux d'avoir la possibilité d'une discussion scientifique que, lors du déjeuner qui a précédé la soutenance (pas d'alcool : nous voulions avoir l'esprit absolument clair), nous avions résolu que, puisque la thèse était excellente, puisque le document était remarquable, nous pourrions passer à un exercice plus intéressant que le questionnement du candidat, et nous pourrions notamment utiliser les questions comme un moyen de se parler, entre membres du jury.
Cela s'est révélé une mauvaise idée, car notre enthousiasme pour la science nous a conduit à confisquer l'après soutenance, voire à détourner la conversation sur des sujets un peu éloignés de ceux qui avaient été étudiés dans le cadre de la thèse. Notre futur nouveau docteur était même un peu exclu !
Nous nous en sommes aperçus rapidement, et nous avons mis fin au jeu que nous avions déterminé.

Décidément, l'enfer est pavé de bonnes intentions... et nous devons chasser le diable de tous nos actes, paroles, pensées !

mardi 4 février 2014

A propos des cas de l'incident chez Heston Blumenthal

Ce soir, on m'interroge :

Bonsoir Hervé
Est-ce que l'Anglais Heston Blumenthal est un adeepte de la "cuisine note à note" ? Voiir la presse du jour, ses clients victimes d'intoxication à Londres. 

Ma réponse :

Hélas, non, Heston Blumenthal ne  pratique pas la cuisine note à note, mais seulement la cuisine moléculaire, et, encore, pas dans son restaurant de cuisine médiévale. 
Cela dit, avec un couteau de cuisine classique, on peut tuer les gens aussi : ce n'est donc pas le principe, qu'il faut critiquer éventuellement, mais une pratique particulière.
Et puis, récemment, je suis allé dans un bon restaurant traditionnel parisien... et j'ai eu une diarrhée terrible pendant 15 jours : je n'ai pas fait de communiqué de presse ;-)

Enfin, je suis parfois étonné des pratiques culinaires, quel que soit le style, parce que la cuisson a été inventée pour tuer les micro-organismes. Pour cuire à basse température, par exemple, il faut être prudent et savoir ce que l'on fait. Attention aussi  aux "coctions" des poissons à la tahitiennes, des cebiche... et aussi à l'usage des plantes : ne faisons pas boire à nos convives des décoctions de plantes toxiques ! 

amitiés