mercredi 31 décembre 2014

Comment enseigner bien ?



Je ne vais certainement pas répondre à une question si difficile, car ce serait d'une prétention inouie. En revanche, je continue mes soliloques  et je m'interroge afin de partager mes interrogations avec des collègues qui, certainement plus intelligents que moi, sauront me remettre sur le bon chemin si je divague.  
Dans un billet précédent je suis arrivé à la conclusion que, au moins au niveau de la fin de mastère, en fin d'université donc,   les étudiants devaient être capables de lire les articles de recherche récents. Dans cette hypothèse essayons d'affiner un peu.  
La première question est la suivante :  des articles de recherche récents, mais lesquels ? Dans la masse des publications il y en a de bonnes et il y en a de mauvaises. Malgré tous les dispositifs d'évaluation avant publication, il y a tant de revue que  les articles, même mauvais, finissent par être publiés.  On n'y peut rien, et ce serait une naïveté de croire qu'on arrivera à résoudre ce problème.  
L'enseignant aurait-il alors pour mission de proposer aux étudiants  de se consacrer aux bons  articles? Pourquoi pas, aussi, de devenir capables de dépister les mauvais, puisque de toute façon,  ils seront un jour en position de devoir sélectionner eux-mêmes les bonnes publications ? Des articles -bon ou mauvais, donc- étant sélectionnés,  il faudra ensuite que les étudiants les lisent, mais évidemment l'enseignant a pour mission de les aider dans cette tâche qu'ils doivent apprendre. Il y a donc la première question qui est de sélectionner des articles, selon des critères qui doivent être explicites, puis il faudra guider les étudiants pour lire. Lire un article scientifique est une tache qui s'apprend. Il ne s'agit pas seulement de lire, au sens de parcourir nonchalamment les mots du regard. Il faut certainement comprendre  ce qui est écrit, et il faut aussi savoir mettre en perspective, savoir retenir ce  qui est important, par exemple... Il y a donc là une  procédure qui s'apprend et, donc,  qui  s'enseigne. Une fois cette tâche effectuée, que fera-t-on de cette information ?  Il faut sans doute la structurer  parce qu'une information non structurée ne se retient pas, et que, à la limite l'information est dans l'article. Mais une idée dans un tiroir n'est pas une idée, et nous avons la nécessité de sortir les idées du tiroir pour les mettre en oeuvre. Là encore, cette tâche particulière qui s'apprend et, donc,  s'enseigne.  
Je m'arrête là en concluant que le bon enseignant a beaucoup de travail même s'il se limite à vouloir que les étudiants deviennent capables de lire des articles scientifiques.  

lundi 29 décembre 2014

Que faire dans une école d'ingénieur ou dans une université ?

Beaucoup de mes jeunes amis qui sont admis dans des écoles d'ingénieurs en suivent les cours. Disons plus exactement : "se contentent d'en suivre les cours". Est-ce une bonne chose ?

Bien sûr, les équipes pédagogiques sont composées d'enseignants-chercheurs, personnes remarquables puisqu'elles ont été choisies pour occuper ces fonctions. Comme on dit depuis le XII e siècle, Dieu a couronné le monde en créant le professeur d'université...
Toutefois mon expérience d'étudiant m'a montré que certains de nos enseignants ne méritaient pas toute l'immense considération que nous  avions pour  eux a priori. La Loi du Petit Wolfgang stipule que, parmi un groupe humain, il y a une proportion que l'on voudrait... mieux qu'elle n'est. Dans les professeurs que nous avons, il y en a effectivement de merveilleux, intelligents, bienveillants... et d'autres qui pourraient faire plus d'efforts (je reste poli).

De surcroît, les "négociations" qui ont toujours lieu, entre les divers champs disciplinaires, pour la constitution d'un cursus pédagogique, conduisent parfois à des propositions pédagogiques qui  s'éloignent de ce que l'on voudrait idéalement, pour les étudiants. Par exemple, je vois nombre d'étudiants en école de chimie qui ne font presque plus de mathématiques, alors que les méthodes de calcul s'imposent pour traiter les systèmes complexes tels que les objets technologiques actuels. Est-ce bien raisonnable de cesser cet enseignement dès  les concours passés ? Peut-on raisonnablement admettre que les mathématiques  qui sont apprises en Classes préparatoires suffisent pour la suite de la carrière professionnelle ?
Pour l'université, d'ailleurs, la question est la même... à cela près que la dose de mathématiques est généralement encore plus réduite.
 Et des ingénieurs, dans des écoles de "physique", de mécanique, d'optique, etc. peuvent-ils ignorer la chimie, ou, du  moins, n'en savoir que le peu  qu'ils ont appris lors de leurs études ? Plus généralement, quelles compétences doivent être celle d'un jeune ingénieur, fraîchement diplômé, qui cherche à proposer ses talents, ses forces, son intelligence ?


 La question est rude, et l'expérience prouve que nos jeunes amis se reposent très  souvent sur le cursus qui leur est proposé. Ils se contentent de suivre les cours.
Mais faut-il que de futurs cadres laissent ainsi passer une occasion de décider de leurs connaissances et compétences ? Doivent-ils accepter de se laisser "ballotter" par leur école  ? En entrant dans cette dernière (idem pour l'université, entre le L2 et la fin du mastère), ne peuvent-ils se choisir un chemin, ou, du moins, s'assurer que celui qu'on leur propose est convenable, pour le projet professionnel qu'ils ont ? Faut-il être une oie que l'on gave ?

Je propose de penser qu'un cadre, c'est quelqu'un qui sait donner du travail à lui-même  et aux  autres. Sinon, il n'est pas un cadre, mais un exécutant. Or dans une école d'ingénieur, on doit apprendre... à être un ingénieur, donc un cadre !
Il n'y a que trois ans pour apprendre cela : pas de temps à perdre !

dimanche 28 décembre 2014

La Loi du Petit Wolfgang

Quand le petit Wolfgang était petit, et qu'il allait à l'école primaire, il s'étonnait.
Tout d'abord, on lui demandait d'apprendre des récitations, mais on ne lui disait pas comment. Oui, après tout, son père ne lui  avait-il pas dit qu'il allait à  l'école pour apprendre (notamment) ? Il était plein de courage, d'ardeur, d'enthousiasme, même... mais quand il devait apprendre une récitation, comment devait-il s'y prendre  ? Les professeurs n'étaient-ils là  que  pour noter des résultats, ou bien devaient-ils enseigner ? Il y  eut, à ce propos, des échanges  assez vifs entre parents et enseignants.
Même chose pour apprendre à écrire avec un stylo : comment doit-on le tenir ? Surtout, comme pour la question précédente, y a-t-il des méthodes meilleures que d'autres ? Sur quelles bases se fonder pour le savoir ? Comment le savoir ? Comment éviter les idiosyncrasies (jamais un mot n'a si bien eu une connotation) des enseignants ? Le petit Wolfgang était désemparé, ou résigné.
Puis il y eut ce moment où il comprit qu'il avait une obligation de résultats, et qu'il n'allait peut-être pas à l'école pour apprendre, pour avoir la joie d'apprendre. Et, une fois cette étape dépassée, de bonnes notes obtenues, pour contenter tout son entourage, il s'étonna,  et revint un jour de l'école en disant : "Sur 30 enfants dans la classe, 27 ne font rien. Que vont-ils devenir ?".
Oui, la question est excellente. Que vont-ils devenir, sachant que leur comportement face à  l'enseignement ne change guère avec les années ?
La réponse est connue. Ils vont devenir adultes, ils vont devenir techniciens, artistes, juristes, médecins, ouvriers, ingénieurs, vendeurs... enseignants, même !
Oui, sur les 27 de la classe, ils vont devenir enseignants... de sorte que l'étudiant doit avoir une stratégie d'apprentissage qui en tienne compte ! Tout comme l'enseignant face à  un groupe de 30 élèves, de 30 étudiants.
D'ailleurs, moi-même qui vous écrit, n'ai-je pas 27 sur 30 de moi-même dont j'ai un peu honte ?

samedi 27 décembre 2014

L'intelligence ? Un devoir, une politesse, une amitié...

La politesse, c'est se préoccuper des autres, contribuer, avec nos forces
personnelles, à leur faire une vie aussi rayonnante que possible. Nous avons
donc une première obligation : soumettre à leur jugement des idées aussi
plaisantes que possible, au lieu de semer le doute, l'inquiétude, la peur, la
colère...
Toutefois cela n'est pas suffisant. Je crois que la bonne monnaie doit chasser
la mauvaise, et que nous devons aussi essayer de contribuer à leur
embellissement spirituel. Le physico-chimiste britannique Michael Faraday
allait, une fois par semaine, dans un club d'"amélioration de l'esprit", et il
s'entraînait à s'élever l'esprit. Dans la même veine (mais sutor non supra
crepidam
, bien sûr), je me souviens vous avoir entretenu du concept de "belles personnes", ceux et celles qui nous apportent, dans la discussion, de quoi nous élever.
Notre condition humaine est terrible : nous sommes des animaux tiraillés par la faim, le froid, la peur des "prédateurs", le sexe... Nous sommes en proie à la
lie, la boue du monde, et le diable est tapi derrière chaque geste, chaque
interaction sociale, chaque parole... A nous de le mettre en déroute, par
l'intelligence que nous pouvons mettre dans ce que nous faisons, et notamment dans les discussions que nous avons avec les autres.

Décidément, l'intelligence est une politesse que nous devons à nos
interlocuteurs, n'est-ce pas ?

L'intelligence ? Un devoir, une politesse, une amitié...

La politesse, c'est se préoccuper des autres, contribuer, avec nos forces
personnelles, à leur faire une vie aussi rayonnante que possible. Nous avons
donc une première obligation : soumettre à leur jugement des idées aussi
plaisantes que possible, au lieu de semer le doute, l'inquiétude, la peur, la
colère...
Toutefois cela n'est pas suffisant. Je crois que la bonne monnaie doit chasser
la mauvaise, et que nous devons aussi essayer de contribuer à leur
embellissement spirituel. Le physico-chimiste britannique Michael Faraday
allait, une fois par semaine, dans un club d'"amélioration de l'esprit", et il
s'entraînait à s'élever l'esprit. Dans la même veine (mais sutor non supra
crepidam
, bien sûr), je me souviens vous avoir entretenu du concept de "belles
personnes", ceux et celles qui nous apportent, dans la discussion, de quoi nous
élever.
Notre condition humaine est terrible : nous sommes des animaux tiraillés par la
faim, le froid, la peur des "prédateurs", le sexe... Nous sommes en proie à la
lie, la boue du monde, et le diable est tapi derrière chaque geste, chaque
interaction sociale, chaque parole... A nous de le mettre en déroute, par
l'intelligence que nous pouvons mettre dans ce que nous faisons, et notamment
dans les discussions que nous avons avec les autres.
Décidément, l'intelligence est une politesse que nous devons à nos
interlocuteurs, n'est-ce pas ?

mercredi 24 décembre 2014

Superstition

Je retrouve ce texte qui me dit "il faut utiliser le terme "superstition" avec beaucoup de prudence"... et je me dis qu'il commence mal : "il faut", "on doit", "il ne faut pas", "on ne doit pas"... sont des termes... interdits ;-) dans notre Groupe de gastronomie moléculaire, où nous préconisons plutôt l'usage de la raison.
D'ailleurs le texte en question continue avec "Il convient", qui n'est guère mieux.

Plus loin, le texte nous dit "Les recettes "médicales" à base de tisane que l'on peut trouver chez certains guérisseurs relèvent-elles de la superstition ou d'une connaissance séculaire des vertus médicinales de plantes"  ? Là, j'ai répondu, dans un billet précédent, que les médecines anciennes méritent de ne pas être dénommées des "médecines" avec des guillemets, mais simplement des "médecines". Et ces dernières se jugent à leur efficacité. L'aspirine est une modification d'une connaissance ancienne, à savoir que les extraits de saule étaient (un peu) efficaces contre les fièvres. Mais la pharmacie a appris à faire mieux, en transformant l'acide salicylique en acide acétylsalicylique. De même pour la digitaline, des digitales : la pharmacie a appris à l'extraire et la doser mieux que dans des tisanes !

Plus loin : "Les "prophéties" concernant le temps à venir relèvent-elles de la superstition ou d'une connaissance intuitive de certains mécanismes naturels?" Là, on peut observer que notre auteur met des guillemets (à nouveau) à "prophétie"... mais sont-ils nécessaires ? Une prophétie, dès 1119, c'est une prédiction faite par inspiration divine. Le terme est donc mal employé. A moins que l'usage ait été voulu, auquel cas ce serait la rhétorique du dragon chinois : on crée un dragon de papier, puis on le pourfend afin de montrer que l'on est l'égal de Saint Georges. Pour le point technique, il est mal venu de parler de prophétie, car il s'agit seulement d'observations répétées, et de l'observation de régularités. Là encore, on retrouve une situation analogue  à celle  de la pharmacie... et là encore, on peut s'émerveiller des progrès  de la météorologie moderne, par rapport aux savoirs anciens, souvent périmés.

Mais j'arrive maintenant au point essentiel : "Les "esprits forts" qui aiment utiliser le mot de  superstition en parlant des croyances populaires feraient bien de constater que ce qu'ils appellent "la superstition" et que nous  préférons appeler quête de l'irrationnel, se retrouve dans toutes les couches sociales de la population. La cause principale de ces phénomènes n'est pas l'ignorance, comme le pensent ces descendants des philosophes du siècle des Lumières. Si ces croyances populaires, que l'on trouve surtout aux grandes étapes de la vie, aux grands moments du calendrier traditionnel, et qui concernent la ferme et ses dépendances, ont gardé une certaine vitalité, c'est parce qu'elles apportent une réponse à des questions vitales que les nommes se posent. A notre avis, à la base de nombreuses croyances populaires, il y a l'angoisse de l'homme."

Voilà un gros morceau, qui mérite des commentaires. D'abord, notre homme fait une pétition de principe, en accusant tous les "esprits forts" de confondre superstition et croyances populaires. On peut être un esprit fort un peu subtil, et bien distinguer les superstitions, d'une part, et les croyances populaires... mais notre homme ne savait pas utiliser les bons mots, quand il s'agissait de prévision, de prédiction ou de prophétie, alors pourquoi serait-il plus subtil ici ?
Je propose de distinguer les trois termes superstition, croyances populaires, quête de l'irrationnel. La quête, c'est une quête ; pas un simple besoin, comme il aurait pu le dire si sa pensée avait été plus aiguisée.
Ce penchant (d'accord, je connote) pour l'irrationnel, cette forme de la pensée magique (d'accord, j’interprète) est-il de toutes les couches sociales ? Pourquoi pas : on voit mal pourquoi il ne serait pas répandu partout... d'autant que je suis de ceux qui ne voient pas dans la "richesse" un parallèle avec l'intelligence, la raison, etc.
Autre pétition de principe, quand il accuse les "esprits forts" de croire que les superstitions seraient fondées sur l'ignorance. Ne pourrait-on invoquer l'insécurité fondamentale de l'individu, plus simplement ? Ou la pensée magique ?
Enfin, et surtout, il nous dit que les croyances apportent une réponse à des questions "vitales" : vitales, vraiment ? Pardonnez à quelques esprits forts de bien vivre sans ces réponses ! D'autre part, une réponse mauvais reste une réponse mauvaise : n'aurions-nous pas intérêt à chercher de bonnes réponses ?
Et puis, pour en terminer : l' "angoisse de l'homme"... Ah, la fameuse angoisse de l'homme : je ne dénie pas à cet homme d'être angoissé, mais qu'il me pardonne de ne pas l'être. Le pape Jean-Paul II avait bien raison à de dire à des hommes de ce type "N'ayons pas peur"... mais je crois que le conseil est inutile. Mon père parle bien de "sécurité de base", ce sentiment de bien être dans la vie qu'ont certains individus qui ont été aimés convenablement quand ils étaient enfants. Les autres auront-ils peur toute leur vie ? Si c'est le cas, je les plains. Vive le verre (plus qu') à moitié plein. Trink, comme disait notre bon Rabelais !

samedi 20 décembre 2014

Les questions étincelles


Evidemment, cette idée a des rapports avec le concept des "belles personnes", que j'avais  développé naguère : ces personnes qui poussent l'amitié qu'elles vous portent en vous surprenant, chaque rencontre, par de nouvelles idées qu'elles vous soumettent. Elle a sa part de naïveté qui lui fait échapper à la rouerie de trop de personnes que l'on prétend intelligentes, mais qui, tels les rhéteurs dénoncés par Platon, sont des esprits faux, méchants, malhonnêtes, en un mot. Mais on se souvient que je propose de garder en tête que "le summum de l'intelligence, c'est la bonté et la droiture". 
Revenons aux questions étincelles. Je les oppose aux questions étouffoirs, ces questions dont la réponse est factuelle, à ras de terre, cette victoire des géants contre les dieux de la mythologie alémanique, cette poussière du monde de Shitao. J'insiste : les questions étouffoirs sont des transmissions d'information sans plus de valeur que les bits qui les codent. Quelle heure est-il ? Comment ça va ? Vous avez vu ce film ? Vous avez lu ce livre ? Des conventions, qui révèlent, en creux, que  nos interlocuteurs n'ont pas d'égard pour nous, en un mot qu'ils ne nous aiment pas.  
Sortons de la fange, redressons-nous, et repartons dans le clair azur de notre monde de questions étincelles. Ce sont les questions qui nous font penser, les questions qui nous poussent à entreprendre, à explorer, à travailler... C'est ainsi que je vois, idéalement, une thèse de sciences de la nature : le directeur de thèse pose une question, des questions, et le doctorant fait son chemin, en quête de réponses... ou pas. Disons seulement "en quête", et cela suffira. Les questions étincelles : des cadeaux  que l'on nous a fait, des échos de ce "Enseigner, ce n'est pas emplir des cruches, mais allumer un brasier". Elles sont, je crois, la base d'un bon enseignement : celui qui n'occupe pas inutilement les emplois du temps, celui qui fait confiance aux  étudiants, qui iront sur un chemin balisé, mais qui marcheront d'eux-mêmes, sans qu'on les tire vers l'abattoir.  
On le voit, je ne mégote pas avec les métaphores, pour discuter cette question des questions étincelles, mais c'est que je veux y mettre de la vie, du... feu ! 

vendredi 19 décembre 2014

Rattraper une béarnaise (Mon histoire de cuisine)

Avec un poisson, une belle béarnaise ?

C'est l'occasion de rectifier des erreurs de l'enseignement culinaire. D'une part, une béarnaise n'est pas une émulsion, mais surtout une suspension émulsionnée : quand on chauffe, l'oeuf coagule, formant de petits grumeaux, qui donnent de la viscosité, comme dans une crème anglaise. Certes, il y a une émulsion, puisque le beurre ajouté fond, et qu'il est émulsionné par le fouet.

Emulsionnné : nous sommes bien d'accord, à savoir que c'est la dispersion de matières grasse dans un liquide, et non pas la dispersion de bulles d'air, ce qui fait une mousse, et non une émulsion.
Dans les béarnaises, quand on s'y prend d'une certaine façon, en foisonnant l'oeuf et le liquide, avant d'ajouter le beurre, on peut obtenir une mousse. Laquelle s'ajoute à la suspension. Et la sauce finalement obtenue est alors une suspension foisonnée et émulsionnée.

Enfin, il y a la question des émulsions qui seraient stables ou instables. Une émulsion n'est jamais stable ! Toujours instable !  Certes, il y en a qui sont plus stables que d'autres, mais toutes finiront par se séparer, par crémage et sédimentation. Aux étudiants de Master, ici, à l'AgroParisTech, j'enseigne comment stabiliser des émulsions (voir les "cours en ligne", publics et gratuits), mais les calculs seraient hors de propos. Je me contente de signaler que ces questions sont discutées largement dans "Mon Histoire de Cuisine", paru aux Editions Belin.

jeudi 18 décembre 2014

Hypocrisie, humaine, trop humaine

Avec les fêtes, la mauvaise foi humaine est à son comble. On disait vouloir
manger sain, mais là, c'est l'excès, la débauche. Le foie gras, le chocolat,
l'alcool, le fumé, le gras de la dinde, augmenté du gras de la farce, le vin
chaud...
Prenons le dernier exemple : savez-vous bien que la coumarine, toxique, de la
cannelle, est ingurgitée en doses si importantes, au moment des marchés de Noël, que la limite de toxicité est atteinte ? Le gouvernement allemand, face à ce
phénomène, avait demandé que l'on change la dose journalière admissible... mais c'est bien impossible : cette dose est calculée à partir des tests de
toxicité... qui sont des tests de toxicité ! Bref, on dépasse la dose limite !
Bien sûr, on n'en meurt pas, mais est-on vraiment en droit de prétendre manger
sainement ?
Pour le fumé (pensons au saumon), la question est analogue, mais, cette fois, on
veut oublier que le saumon pourrait contenir des produits "chimiques", et on
l'oublie très bien, le temps d'un repas où l'on déclare alors avec componction
"Oui, mais vous comprenez, c'est une fois en passant". Et l'on invoque alors la
mithridatisation, cette méthode qui nous rendrait résistant aux poisons si l'on
s'entraîne à en consommer. Observez bien : vous ne l'entendrez jamais invoquer
autant que pendant les fêtes de fin d'année.
Le chocolat, le foie gras, le gras des dindes ? Oubliés, les oméga trois ou six
: là, on plonge ! Et j'allais oublier le sel, le sucre...
Bref, il y a de quoi faire une belle étude anthropologique, pendant les fêtes de
fin d'année, lesquelles commencent début décembre, avec les premiers marchés de Noël, pour continuer avec la Saint Nicolas, Noël (la veille, le jour même), le
jour de l'an (la veille, le jour même), et tout ce qui suivra de galettes
variées.
Et l'on me dit que l'on veut manger sainement ?

mercredi 17 décembre 2014

Comment analyser des réactions chimiques dans un milieu complexe ?

Les milieux complexes sont... complexes, et l'on est souvent perdu, face à l 'analyse de leurs transformations. Tout semble se modifier à la fois, et comme ces milieux contiennent une foule de composés, il semble que l'on doive abandonner tout espoir de comprendre les réactions qui ont lieu dans ces milieux.
Je crois, au contraire, que la saine application d'une saine méthode permet de s'en tirer facilement. Ma proposition est essentiellement de reconnaître l'existence d'ordres de grandeur de composition.
En effet, ces milieux peuvent, tout d'abord, être caractérisés, par exemple pour la composition moléculaire, de la façon suivante : entre 100 pour cent et 10 pour cent, c'est le premier ordre de quantité ; entre 10 pour cent et 1 pour cent, c'est le deuxième ordre ; entre 1 pour cent et 0,1 pour cent, c'est le troisième ordre ; et ainsi de suite.
Par exemple, pour le vin, qui est un liquide complexe, on considère d'abord le fait qu'il soit essentiellement de l'eau (premier ordre), puis de l'éthanol au deuxième ordre, puis différents acides, tels l'acide tartrique, l'acide succinique, etc. au troisième ordre ; et ainsi de suite.
Cette organisation étant produite, je propose maintenant de considérer que si un composé présent au premier ordre varie notablement (et il faut considérer des ordres de grandeurs de variations), alors cette modification ne pourra être due qu'à des réactions du composé initial avec des composés d'un ordre égal ou supérieur au sien.
Par exemple une modification importante d'un composé présent au premier ordre ne sera jamais due à la réaction du composé avec un autre composé présent au troisième ordre. Si ces deux composé réagissent, la variation du composé présent au premier ordre ne pourrait être que du troisième ordre. En revanche, le composé au troisième ordre, lui, pourrait réagir notablement avec des composés au premier ou au deuxième ordre.
En conséquence, je propose donc d'examiner d'abord les réactions des composés au premier ordre, qui ne pourront réagir notablement qu'avec les composés au premier ordre (et par réaction, j'entends éventuellement des dissociations de ces composés) ; puis, la variation de chaque composé au premier ordre étant expliquée, il y aura des variations résiduelles, et l'on pourra passer à l'analyse au deuxième ordre. C'est ensuite, quand on aura analysé au deuxième ordre, que l'on pourra passer au troisième ordre.
On le voit, la complexité se réduit beaucoup si l'on analyse de façon systématique (par ordres de grandeur successif), en partant du plus important pour aller vers le plus détaillé. je crois que c'est un principe général. Évidemment, je vois déjà des objections, et je m'empresse de signaler que ce sont des objections... au deuxième ordre ;-) ).
Par exemple, on peut imaginer qu'un composé présent en petite quantité puisse produire un effet considérable par une action catalytique. Ce fut d'ailleurs un progrès essentiel de la chimie que de reconnaître l'existence de ce phénomène de catalyse. Toutefois la catalyse est un cas particulier de réaction, une sorte de réaction au deuxième ordre. Le pire n'est jamais sûr !
J'ai également évoqué la dissociation, et l'on pourrait imaginer qu'un composé se fragmente en mille petits morceaux. On peut l'imaginer, mais il y a quand même des probabilités à respecter. Si la probabilité d'un tel événement est du même ordre de grandeur que la probabilité qu'une météorite me tombe sur la tête, alors considérons plus raisonnablement que l'événement n'aura pas lieu. D'autant que je vous invite à faire l'expérience suivante : au tiers et au deux tiers de la longueur d'une feuille de papier, faites une fente qui coupe la feuille par le travers, mais en laissant un tout petit pont de papier, de sorte que la feuille soit presque divisée en trois morceaux, mais que ces morceaux restent attachés. On peut parier une caisse de champagne que si l'on tire sur les deux morceaux des extrémités, alors on ne fera jamais que deux morceaux. Pour la même raison, un bâton posé verticalement tombera, même s'il est parfaitement droit : l'équilibre est instable, même si c'est un équilibre (théorique). Pour les mêmes raisons, une molécule d'un mélange complexe ne se dissociera jamais qu'en deux fragments, en se cassant à la liaison la plus faible. Bien sûr, chacun des fragments pourra ensuite se diviser encore, mais la probabilité qu'ils se divisent tous les deux au même moment est très faible, de sorte que l'on aurait ensuite trois morceaux, puis cinq, et ainsi de suite. Finalement, on pourra effectivement obtenir mille morceaux, mais une analyse pas à pas fait cette analyse toute simple.
Finalement, je répète mon acte de foi : le monde est simple, à condition d'avoir une saine méthode que l'on utilise sainement. Oui, le diable est caché derrière chaque détail expérimental, en science, mais notre intelligence doit nous permettre de le vaincre, pas à pas. Et c'est ainsi que la physico-chimie est une science merveilleuse, n'est-ce pas ?

Amusant !

84 % des végétariens et des végétaliens finissent par remanger de la viande, selon une étude réalisée sur 11 000 adultes aux Etats-Unis par le Humane Research Council.
53% d'entre eux craquent au bout d’un an. 30 % ne tiennent pas trois mois.
Pour se justifier, 63% des anciens végétariens mettent en avant le fait qu'ils n'aimaient pas se faire remarquer.
Un constat partagé par 41 % de ceux qui ne consomment toujours pas de viande. La difficulté à ne plus manger de viande a été évoquée par 43 % des anciens végétariens. Selon l’enquête, le poulet est la viande à laquelle il est le plus dur de résister

lundi 1 décembre 2014

La retenue, une jolie idée

Trouvé dans le TLF (le seul dictionnaire en langue française qui vaille quelque chose : http://atilf.atilf.fr/)




II. [Corresp. à retenir II]

A. Aptitude à se contrôler, à maîtriser ses réactions, ses sentiments. Synon. mesure, modération. Cette fois, il parut perdre un moment toute retenue, tout contrôle de son dangereux plaisir (BERNANOS, Joie, 1929, p. 641).

Littér. [Avec un compl.] La princesse a fait une sortie féroce contre Gavarni, contre l'artiste et surtout contre l'homme. C'est extraordinaire, le peu de retenue des passions de cette femme (GONCOURT, Journal, 1864, p. 90).


B. 1. Comportement social d'une personne qui sait maîtriser l'expression de ses sentiments, ne pas heurter, ne pas choquer.
Synon. discrétion, réserve, tact. Je l'avais vu périr [un brick français] de loin, sans que l'on pût sauver un seul homme de l'équipage, et, malgré la gravité et la retenue des officiers, il m'avait fallu entendre les cris et les hourras des matelots (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 173). Antoine avait quitté un Rumelles-1914, assuré, maître de lui, un peu suffisant et qui pérorait volontiers sur toutes choses, mais avec une retenue étudiée. Quatre années de surmenage en avaient fait cet homme au rire brusque et convulsif (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 802).

2. [En parlant des rapports entre hommes et femmes] Synon. de décence, modestie, pudeur, réserve. Elles causent avec grâce et une modeste retenue, mais sans embarras, et comme accoutumées à l'admiration qu'elles inspirent (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 218):
2. ... malgré moi mes yeux revenaient à la place où Madeleine dormait dans ses mousselines légères, étendue sur la rude toile qui lui servait de tapis. Étais-je ravi? Étais-je torturé? J'aurais plus de peine encore à vous dire si j'aurais souhaité quelque chose au delà de cette vision décente et exquise qui contenait à la fois toutes les retenues et tous les attraits.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 167.

samedi 29 novembre 2014

Bête à en pleurer... ou malhonnête ?

J'ai un magazine entre les mains, et je llis :
- espérer
- partage
- révolution
- réenchanter
- slow xxx
-vie intérieure
- pacte
- solidaire
-minceur durable ;-)
- savoir revivre
- efficacité connectée
- légèreté de l'enfance
-holistique
- approche globale de l'humain
-modernité
-écouter son corps
- science participative
Bien sûr, il faut espérer, et ce n'est pas mal de partager. La révolution ? Seulement si ce n'est pas un tour pour rien. Réenchanter : cela signifierait que l'enchantement est perdu, mais l'est-il? Slow: je me méfie. Vie intérieure : au fait, de quoi s'agit-il ? Cela existe-t-il ? Car je rapelle que dire "anges" ne les  fait pas exister. Pacte : pourquoi pas, quand il y en a... mais cela me fait immédiatement penser à "véritable révolution" : soit c'est une révolution, soit ce n'en est pas une, et il n'y a pas lieu de dire "véritable.  Solidaire : très à la mode, permet de faire gober n'importe quoi à nos interlocuteurs. Minceur : on en rêve. Durable : l'écologie fait recette... et on la met à toutes les sauces. Savoir revivre ? Apprenons d'abord à vire. Connecté : passons. Légèreté de l'enfance ? Je crains hélas qu'elle n'existe que pour quelques uns qui sont nés avec une cuiller d'argent dans la bouche. Holistique : il faudra qu'on finisse par m'expliquer ce dont il s'agit. Modernité : cliché. Ecouter son corps : rigolade. Science participative ? Le fantasme de la "voie royale" : on pourrait apprendre sans apprendre.
Et je vous en épargne un certain nombre !

mercredi 26 novembre 2014

Une merveilleuse idée

Il y a des idées que j'aime beaucoup, notamment quand elles résolvent des questions que je me suis posées.

C'était en 1969 : pour la fête des mères, je voulais préparer une essence de violette, et j'avais en prévision un entraînement à la vapeur d'eau. Mais, à l'époque, je n'avais qu'une cornue à l'ancienne, en verre, une lampe à alcool, un trépied muni d'une grille de fer.
Je m'étais procuré des violettes, et il fallait donc me lancer. Ce fut facile de mettre les violettes dans l'eau et de chauffer... mais rapidement, ce fut de la vapeur qui sortit de la cornue ! Comment recondenser ? Un torchon imbibé d'eau froide sur le col de la cornue ne suffisait pas, et tout était brûlant. Je changeais le torchon humide, et encore, et encore !
Finalement, je produisis une "eau de violette" peu convaincante, mais je m'étais donné du mal !

J'aurais dû visiter plus tôt la maison de Louis Pasteur à Arbois, parce que s'y trouve la solution à mon problème : sur une table, un ballon et sa colonne à reflux, quand même bien plus efficace que la cornue ; surtout, à côté, un escabeau, avec un seau d'eau froide placé en hauteur, et dont l'eau s'écoule par gravité dans la colonne à reflux, avant de couler dans un autre seau, par terre. Quand le seau du bas est plein, on le reverse dans le seau du haut, et, de la sorte, on évite d'avoir de l'eau courage... et l'on évite aussi la consommation d'eau.
Aujourd'hui, je fais de même : sur une batterie de colonnes à reflux en série, c'est la même eau qui circule, poussée par une pompe. Et l'eau chaude repart dans un gros récipient, dont l'inertie évite l'échauffement.

A propos du gluten, trouvé dans une revue de consommateurs

Consumer Reports Debunks Common Myths About Gluten

New CR survey finds 63% of Americans believe a gluten-free diet would improve physical or mental health—but cutting gluten isn’t always more nutritious or better for most people

Yonkers, N.Y. (PRWEB) November 21, 2014

Gluten, a protein found in wheat, barley, and rye, has become the latest dietary villain, blamed for everything from forgetfulness to joint pain to weight gain. But Consumer Reports (CR) is shedding light on common misconceptions about going gluten-free.
The full report, “The Truth About Gluten,” is available online at ConsumerReports.org and in the January 2015 issue of Consumer Reports, which hits newsstands next week.

The report points out that a gluten-free claim doesn’t mean the product is necessarily more nutritious, it may actually be less so; that consumers may increase their exposure to arsenic by going gluten-free, and a gluten-free diet might cause weight gain—not weight loss. And, most gluten-free foods cost more than their regular counterparts.

Still, a new survey of more than 1,000 Americans conducted by the Consumer Reports National Research Center found that about a third of people buy gluten-free products or try to avoid gluten. Among the top benefits they cited were better digestion and gastrointestinal function, healthy weight loss, increased energy, lower cholesterol, and a stronger immune system.

“While people may feel better on a gluten-free diet, there is little evidence to support that their improved health is related to the elimination of gluten from their diet,” said Trisha Calvo, deputy content editor, health and food, at Consumer Reports. “Before you decide to ride the wave of this dietary trend, consider why it might not be a good idea.”

The Truth About Gluten 

Unless someone has a gluten sensitivity or celiac disease – an autoimmune condition in which gluten causes potentially life-threatening intestinal damage – Consumer Reports says there is little reason to eliminate gluten, and doing so may actually be a disservice to one’s health. Less than seven percent of Americans have these conditions.

A quarter of the people CR surveyed thought gluten-free foods have more vitamins and minerals than other foods. But CR’s review of 81 products free of gluten across 12 categories revealed they’re a mixed bag in terms of nutrition. Many gluten-free foods aren’t enriched or fortified with nutrients such as folic acid and iron as many products that contain wheat flours are.

And according to CR’s survey, more than a third of Americans think that going gluten-free will help them slim down, but there’s very little evidence that doing so is a good weight-loss strategy; in fact, the opposite is often true. Ditching gluten often means adding sugar, fat, and sodium, which are often used to pump up the flavor in these foods; these foods also might have more calories and consuming them could cause some people to gain weight.

What Consumers Can Do 

For those who must cut out gluten, Consumer Reports recommends doing so in a healthy way and has some suggestions on how to do so below: 

1.    Eat grains. For those on a gluten-free diet or not, eating a variety of grains is healthy, so don’t cut out whole grains. Replace wheat with amaranth, corn, millet quinoa, teff, and the occasional serving of rice.
2.    Shop the grocery store perimeter. Stick with naturally gluten-free whole foods: fruits, vegetables, lean meat and poultry, fish, most dairy, legumes, some grains, and nuts.
3.    Read the label. Minimize the intake of packaged foods made with refined rice or potato flours; choose those with no-gluten, non-rice whole grains instead. When buying processed foods, keep an eye on the sugar, fat, and sodium content of the product. 
Consumer Reports’ full report on gluten also features a list of a dozen gluten- and rice-free foods that passed taste-tests, but cautions consumers to be mindful of nutrition.
Consumer Reports is the world’s largest independent product-testing organization. Using its more than 50 labs, auto test center, and survey research center, the nonprofit rates thousands of products and services annually. Founded in 1936, Consumer Reports has over 8 million subscribers to its magazine, website and other publications. Its advocacy division, Consumers Union, works for health reform, food and product safety, financial reform, and other consumer issues in Washington, D.C., the states, and in the marketplace.

vendredi 21 novembre 2014

Un communiqué de presse de l'Académie d'agriculture de France











Chers Amis

Parce que nous avons une alimentation, et pas des aliments, l'Académie d'agriculture de France me charge de vous transmettre ce communiqué de presse ci dessous. J'espère vivement que vous le partagerez autour de vous.

J'insiste à titre personnel
1. le chocolat, le foie gras, le beurre, le fromage, etc. ne doivent pas être diabolisés, parce qu'il s'agit d'éléments qui contribuent à nous faire vivre mieux
2. l'hygiénisme exagéré est une plaie
3. ce qui compte, c'est notre alimentation : on peut parfaitement manger un produit gras un jour ; ce qui compte, c'est de ne pas en abuser. La règle diététique principale est : il faut manger de tout en petites quantités, et faire de l'exercice (modéré)
4. cela ne sert à rien de diaboliser des aliments particuliers... sachant que nous continuerons à les consommer ; nous aurons seulement plus de remords
5. Victor Hugo disait justement : une école de plus, une prison de moins. L'éducation est essentielle, et nous avons, en France, la chance d'avoir l'Education nationale, un "outil" au service de notre collectivité, qui permet des actions éducatives cohérentes grâce à des enseignants dévoués.
6. dans la même veine, je préfère la carotte au bâton ; soyons positifs, enthousiastes, optimistes... et nous parviendrons ensemble à faire un monde meilleur.

Amicalement





COMMUNIQUE DE PRESSE

ETIQUETAGE DES ALIMENTS : EDUQUER PLUTOT QU'APPOSER



Lors de la présentation de son projet de loi santé en Conseil des Ministres, à la mi-octobre, Madame Marysol Touraine, Ministre de la santé, a annoncé la mise en place d'un outil permettant d'informer sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires pré-emballés : des pastilles de couleur apposées sur les emballages des aliments. Des distributeurs se sont déclarés prêts à appliquer un tel codage.

L'Académie d'Agriculture de France considère que l'apposition d’une pastille de couleur sur les emballages n'améliorera pas l’information des consommateurs sur la qualité nutritionnelle réelle des aliments. Elle estime donc inutile la mise en œuvre de cette nouvelle réglementation qui viendrait, en outre, alourdir le poids des normes pesant sur les opérateurs industriels, sans bénéfice pour les consommateurs.

L'Académie d'agriculture de France estime que le meilleur vecteur pour éduquer nos concitoyens sur les bonnes pratiques nutritionnelles est l'Ecole. L'Académie d'agriculture de France suggère de compléter, coordonner et généraliser les expériences régionales déjà mises en œuvre à la suite du Programme national santé (PNNS 2011), de la circulaire sur la politique éducative de santé dans les territoires académiques (circulaire n° 2011-216 du 2-12-2011 MEN-DGESCO B3-1) ou par le réseau sur l'éducation du goût constitué en octobre 2011.

mardi 11 novembre 2014

Table ronde



Lors de la célébration des dix ans de l'Institut des Hautes Etudes de la Gastronomie, nous avons organisé une conférence. Elle avait lieu dès le début de l'après-midi, moment de la journée qui n'est pas particulièrement propice à l'attention !
Comment pouvions-nous éviter l'assoupissement post-prandial ? Nous comptions évidemment sur le talent des orateurs que nous avions invités ; plus exactement, la Connaissance des intellectuels qui nous avaient fait l'amitié de participer à la conférence. Toutefois, nous avons voulu faire mieux, et nous avons diviser l'après-midi en deux parties, et, au lieux d'enchaîner les conférences dans chaque partie, nous avons invité nos amis à participer à une table ronde. Plus précisément, il s'agissait que le message de chacun soit divisé en trois parties, afin qu'un modérateur donne la paroles à chacun trois fois de suite, mais dans une alternance qui devait mettre du mouvement dans toute cette affaire.
Tout a parfaitement fonctionné... à cela près que, finalement, nous aurions perdu en « lisibilité », en clarté des messages, sans les modérateurs qui synthétisaient les interventions en fin de table ronde.
Certes, nous avons tant martelé que nous mangeons de la culture et que cette culture est fondée sur la biologie que nos auditeurs n'ont pas eu grand mal à l'entendre. Toutefois le message de chacun a été un peu perdu, dilué, et ce sont seulement les synthèses qui ont emporté l'affaire.
Comment n'y avions-nous pas pensé à l'avance ? Inversement, nous avons eu une vraie belle leçon de « conclusion » : une conclusion permet de réunir des fils épars en une tresse lisible, mémorable.

Le manteau du Père Noël est bleu



Vous avez est bien lu : j'ai dit que le manteau du père Noël est bleu. Cette déclaration est évidemment une façon de me moquer de ceux qui comptent le nombre d'anges sur la tête d'une épingle, comme le faisaient les théologiens du Moyen Âge. Si les anges n'existent pas, on peut passer inutilement des siècles à discuter de leur taille et de la possibilité qu'ils tiennent sur la tête d'une épingle. De même pour le père Noël, qui, puisqu'il n'existe pas, n'a pas de manteau, de sorte de la couleur de son manteau n'existe pas non plus, et, en particulier, qu'elle n'est pas rouge.
On pourrait croire que cette question close… sauf que s'impose une question préliminaire : le Père Noël n'existe-t-il vraiment pas ? Le fait que nous en parlions montre que c'est au minimum une construction culturelle, qui, à ce titre, existe. Oui, matériellement, j'ai le droit de dire que le manteau du Père Noël est bleu, puisque le père Noël n'existe pas, mais, du point de vue de la construction culturelle, le manteau du Père Noël n'est pas bleu, puisque la construction culturelle intitulée « père Noël » existe parfaitement, et que cette construction culturelle inclut la couleur rouge dans le manteau du Père Noël.

dimanche 2 novembre 2014

La question de l'estragole


Les faits sont les faits, et la mauvaise foi qui nous fait humain ne peut les abattre ; elle peut seulement nous aider à « vivre mieux », en nous empêchant de les voir. Les viandes cuites au barbecue sont chargées de benzopyrènes cancérogènes ? C'est un premier fait. La consommation de tels produits conduit à des cancers digestifs ? C'est un autre fait, qui découle des études épidémiologiques effectuées en Europe : les peuples qui mangent le plus de produits fumés souffrent plus que les autres de tels cancers. La conclusion devrait s'imposer : limitons les viandes grillées au feu de bois, les produits fumés. Pourtant, chacun de nous conclut plutôt : « Après tout, je ne mange pas tant de ces produits, et je ne risque donc rien ».
Les pommes de terre ont sous les trois premiers millimètres sous la surface des alcaloïdes toxiques ? « Oui, mais la peau croustillante, c'est si bon. Et puis, cela se saurait s'il y a avait un risque. Et puis je mange ainsi toujours et je ne suis pas mort ».
J'ai déjà considéré de telles questions, et je n'y reviens pas : la preuve;-)
Non, je veux plutôt examiner ici la question de l'estragole, également nommé méthyl chavicol, ou, mieux : 1-allyl-4méthoxybenzène. C'est le composé odorant principal de l'estragon, que l'on trouve aussi en abondance dans le basilic, par exemple. Déposé en petite quantité sur des cellules de foie de rat, le composé conduit à la cancérisation de ces cellules. Et les experts ont conclu que l'estragole est tératogène et génotoxique, même en petites quantités. Il a été conclu que la consommation de produits contenant l'estragon ne présentait pas de risque significatif de cancer, mais les experts ont préconisé de réduire au maximum l'exposition des populations sensibles (enfants, femes enceintes ou allaitant). [http://ec.europa.eu/food/fs/sc/scf/out104_en.pdf]
Voici donc le fait. Notre mauvaise foi nous conduira à accepter volontiers la décision... si nous ne sommes pas une femme enceinte... et si l'estragole ne provient pas de l' «  industrie », cette activité qui nous fait vivre et que nous désignons comme le diable. Enfin, je dis « nous »... mais on a compris que j'hésite à me mettre dans cette collectivité.
J'y pense : quelle sera votre décision, à propos de la consommation future d'estragole ?

samedi 1 novembre 2014

Qu'est-ce qu'un produit chimique (pour Sasha)



Lors d'une conférence au Lycée français de New York, Sasha m'a demandé ce qu'est un produit chimique, et je lui ai promis une réponse... distribuée à tous.
Un produit chimique, c'est d'abord un produit, quelque chose qui a été fabriqué, produit. Cela dit, il y a de nombreuses façons de produire un produit. Par exemple, quand on lave une betterave à sucre, qu'on a râpe, qu'on fait infuser les râpures dans de l'eau chaude, que l'on récupère l'infusion, puis quand on évapore de cette infusion, on obtient du sucre de table. Le sucre de table est donc un produit de l'industrie alimentaire !
Ce produit est-il « chimique » ? C'est une question trop difficile pour commencer. Je propose donc de partir d'un produit chimique plus simple : l'eau de Javel. Cette fois, c'est un produit, puisqu'il a été produit, mais, ce qui est plus spécifique, c'est qu'il a été obtenu par des chimistes, qui ont fait une « synthèse » : à partir de divers produits, ils ont obtenu un produit nouveau, avec des propriétés nouvelles.
Parfois, lors des transformations chimiques, les modifications sont mineures, mais les modifications des propriétés sont considérables. Par exemple, quand on part de la vanilline, qui est le produit qui donne essentiellement son odeur à la vanille, on sait facilement fabriquer de l'éthylvanilline, qui donne la même odeur mais mille fois plus puissamment.
Le sucre, pour y revenir ? La question est difficile, parce que, s'il est vrai que l'on pourrait obtenir du sucre comme indiqué plus haut, l'industrie du sucre utilise une foule de composés qu'elle ajoute au sucre pour en faire le sucre que nous utilisons. Par exemple, l'industrie du sucre ajoute au « sucre pur » (on dit « saccharose ») des agents anti-mottants, qui facilitent la séparation des grains, qui évitent la formation de « mottes ». Du coup, le sucre n'est plus un produit extrait simplement de la betterave, et il contient des composés chimiques. Le sucre de table est un produit qui est donc fait des produits extraits des plantes, et de produits synthétisés. C'est bien compliqué, n'est-ce pas ?



dimanche 5 octobre 2014

Promouvoir les meilleurs étudiants n'est pas faire de l'élitisme



Ces temps-ci, on entend parler sans cesse d'égalité (mais quelqu'un qui mesure 2 mètres de haut n'a pas la même taille que quelqu'un qui mesure 1,5 mètre ; quelqu'un qui aime son travail, quel que soit la nature de ce travail, n'est pas dans les mêmes conditions que quelqu'un qui ne l'aime pas) ou d'équité (une notion que j'aimerais que l'on m'explique clairement), et c'est peut-être bien. En matière d'enseignement des sciences et des technologies, il y a cette idée qu'il faut aider tous les étudiants qui ont des difficultés. Là encore, évidemment, je suis pour, puisque c'est la mission de l'enseignement que d'aider les apprenants à apprendre.
Cela étant, personne ne peut faire le travail d'apprentissage à la place de l'étudiant, et il semble important -vu les étudiants que nous recevons- de bien rappeler que l'étudiant doit y passer du temps. Un temps où il n'y aura ni football, ni roman, ni film, ni concert… ; un temps où il faudra sans doute mémoriser, focaliser sur les notions, concepts, méthodes, objets qui font le contenu des sujets enseignés ; un temps où il y aura peut-être des exercices, des projets…
Et, progressivement, plus l'étudiant sera avancé dans ses études, plus il devra être autonome. Autonome de combien ?
Je propose de considérer trois courbes « d'autonomie », entre l'école primaire et la fin du Master 2, cette dernière année d'études, après laquelle l'autonomie devra être complète.





























La première courbe n'est pas bonne, parce que les jeunes apprenants doivent d'abord s'équiper avant de voler de leurs propres ailes. La deuxième courbe n'est pas bonne, parce que l'apprentissage de l'autonomie sera insuffisant. La troisième courbe s'impose, par conséquent.

Et les étudiants les plus faibles ? S'ils sont faibles en Master 1 ou 2, c'est grave, parce que la logique voudrait qu'on ne les aide pas. Et puis, pourront-ils rattraper en un ou deux ans quelque dix ans de retard ? Et faut-il donner le même diplôme à de bons étudiants et à des étudiants plus faibles ?
D'autant que :
1. le temps des enseignants est limité
2. il serait temps de reconnaître qu'il n'est pas certain que tous les étudiants soient faits pour les études : un étudiant qui ne veut pas étudier ne s'épanouira pas dans les études, quoi que fassent les enseignants
3. assez d'assistanat : les citoyens ne doivent-ils pas se prendre en charge un minimum ?
Enfin, on a tendance à oublier, ces temps-ci, que les nations ont besoin de gens qui sont à l'avant du groupe, des défricheurs en quelque sorte. Et si l'on ne contribue pas à aider ces individus, le groupe n'avance pas. Je ne dis pas que ces personnes doivent être mieux payées ou mieux considérées que les autres (quoi que…), mais je crois pouvoir dire que les enseignants n'ont pas le droit de les négliger, en consacrant tout leur temps aux plus faibles : ce serait injuste.
Autrement dit, je ne crois pas être élitiste en proposant que nous ne devons pas oublier de faire nos cours aussi pour les bons étudiants.

samedi 4 octobre 2014

Ne prenons pas les examinateurs pour des idiots


Le « pari de Pascal »  (Pensées, 1670) est célèbre : « Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »

Ne pourrions-nous proposer, de même, de faire le pari de la bienveillance, de l'intelligence et de la culture, sans prétention ? D'une part, il y a les malfaisants, les jaloux, les méchants, les malhonnêtes, les paresseux, les autoritaires…  qui nous nuiront quoi que nous fassions. D'autre part,  il y les bienveillants et ceux qui n'ont pas d'idée a priori de nos travaux. Si nous mettons de l'intelligence dans nos productions, les individus de cette seconde catégorie, les seuls à qui il soit digne de s'adresser, nous seront redevables  des pétillements que nous aurons glissés dans notre version des faits.
Là, il faut que je demande pardon à mes amis, et que je rectifie une erreur que j'ai faite dans un de mes livres et quelques articles : ébloui par le moine Shitao, ce théoricien chinois de la peinture et de la calligraphie, je l'avais suivi quand il évoquait la « poussière du monde »


La poussière du monde ? Ce sont les modes, les « chiens écrasés », les potins, les agissements des grenouilles qui veulent se faire plus grosses que le  bœuf (ceux qui prétendent diriger, alors qu'il n'est pas certain qu'ils se dirigent eux-mêmes : je pense aux « dirigeants » dont les enfants  sont délinquants, ou s'entretuent pour des histoires de mœurs  sordides, sans compter ceux qui affichent  impudiquement leur vie publique… minable). Bref, il y aurait la « poussière du monde ».
Toutefois, dire un mot ne fait pas exister l'objet « matériellement » ! Le manteau  du père Noël n'est ni rouge ni bleu… puisque le père Noël, n'existant pas, n'a pas de manteau. La poussière du monde ? L'idée est fascinante, mais si nous nous efforçons de mettre de l'intelligence dans nos actes, pensées, discours, rien n'est anodin, rien n'est poussière.
Et  c'est ainsi que nos productions seront plus belles, adressées à des « amis ».

samedi 13 septembre 2014

Parlons de chimie

J'ai  longtemps tourné autour du pot, à propos de la dénomination de la science qui explore les réarrangements d'atomes, mais je crois que j'y suis.
Je reprends :

Attendu 1 : on nommera "assemblage d'atomes" une molécule, un cristal, un métal... bref, un groupe d'atomes liés par la "mise en commun" d'électrons, ce que l'on pourrait également dire "échange d'électrons", ou "recouvrement d'orbitales", ou toute autre dénomination qu'il serait plus juste de trouver pour bien décrire des associations un peu stables.

Attendu 2 : l'activité qui consiste à explorer la production de nouveaux assemblages d'atomes est nommée depuis longtemps la "chimie" (il y a  eu des hésitations avec "alchimie", mais la question semble réglée).

Attendu 3 : la chimie est une activité scientifique.

Attendu 4 : il y a une différence entre science et technique, puisque la première produit des  connaissances tandis que la seconde produit des artefacts matériels.

Conclusion intermédiaire : il faut un nom particulier  pour la technique qui produit des "produits" à partir de "réactifs".

Attendu 5 : une telle activité est une activité technique.


Alors ?

vendredi 12 septembre 2014

La difficile question de l'évaluation


Les êtres humains sont diversement constitués, et leurs réactions dans une circonstance particulière sont donc variées. Toutefois la question des évaluations est épineuse pour la plupart d'entre nous, je le sais d'expérience, de sorte que cette généralité mérite d'être discutée… paradoxalement à partir d'une expérience personnelle.
Le moi est haïssable, nous sommes bien d'accord, mais un cas personnel peut devenir est  au moins un exemple à partir duquel on peut essayer d'analyser. Personnellement, donc,  je déteste l'évaluation, parce que, faisant de mon mieux, je vois mal comment je pourrais faire mieux. Il est vrai, aussi,  que je déteste l'idée de subir l'appréciation, parce que je  ne vois pas dans mes évaluateurs des personnes qui auraient plus de compétences moi-même  sur mon propre travail (je fais souvent  l'hypothèse -évidente puisque je consacre tout mon temps à ma recherche, sans temps répit, vacances, etc.), de sorte que je suppose que  leur compétence est moindre que la mienne, dont leur évaluation illégitime.  Mais je sais  que c'est là un défaut personnel, largement partagée par ailleurs, qui consiste à se croire le nombril du monde, et en conséquence, à mal réagir face à ces évaluations.
Dans mon cas, j'ai proposé des tas de « gesticulations » pour me sortir de cette situation, à savoir proposer ma propre évaluation,  accumuler les démonstrations d'honnêteté,  de travail et de droiture, à défaut de pouvoir proposer des compétences, etc. Toutefois  le billet d'aujourd'hui reprend en écho celui que j'avais proposé à propos d'étudiants qui devaient  faire un rapport.
Sortant d'une évaluation,  ou d'un concours ce qui revient au même, je me suis aperçu,  en cours d'audition,  que le jury n'était pas malveillant et, surtout, qu'il posait des questions afin de bien comprendre mon activité. En conséquence, j'ai constaté que je m'étais mal exprimé, dans mon document initial, ou que la matière était complexe, de sorte qu'elle méritait des explications, des éclaircissements.
Vous vous souvenez que j'avais discuté le cas d'un étudiant qui avait été mal évalué, parce qu'il avait proposé une sorte de publications scientifique, en guise de rapport de stage. Ce n'est pas ce qu'on lui demandait : il aurait dû  expliquer ce qu'il avait fait pendant son stage à des gens qui ne connaissaient pas son sujet ; Il y avait erreur à croire acquise des notions que n'avaient pas ses interlocuteurs. 
De même pour mon dossier de concours : oui, je travaille ; oui je place bonté et droiture parmi les qualités les plus grandes. Oui, j'essaie de contribuer à l'avancement des connaissance, au bien être de la collectivité qui m'emploie, etc., mais c'est une erreur, une légère erreur que ne pas expliquer bien l'ensemble des travaux, leur articulation, leur cohérence... Ainsi  le jury m'a demandé comment il était possible que je puisse mener de front recherche, enseignement, communication : la question était légitime, et la réponse simple à donner (quand on fait 105 heures par semaine sans prendre de vacances, on peut faire bien plus.... que si l'on faisait moins). La question était légitime, la réponse était simple, et le fait qu'il y ait eu question prouve que le dossier envoyé n'était pas clair, au moins de ce point de vue.
Un autre exemple : souvent, je réponds à des demandes d'institutions variées. Un ministre qui m'invite à développer la science dans les écoles, un recteur qui me convie à des formations, l'ambassadeur qui propose une série de conférences à l'étranger... Le jury a posé la question de savoir quelle était ma stratégie face à des demandes en nombre excessives. Cette activité ne nuirait-elle pas à la production scientifique ? la question est légitime la réponse était facile à donner, puisque, évidemment, je me suis posé depuis longtemps la question de savoir comment réagir à ces demandes, moi qui propose de toujours placer la méthode  avant la réponse,  la stratégie avant la tactique, pour prendre une métaphore guerrière que je n'aime pas. Quand une demande me parvient, elle est analysée, passé au crible d'un certain nombre de critères, le premier temps étant l'utilité sociale, en accord avec les missions qui me sont confiées, au moins tel que j' interprète la lettre de mission qui m'a été donné. Ce n'est pas une injure que l'on me fait de m'interroger  sur la façon de répondre à ces demandes, et il est plus intelligent de considérer que, puisque  cette question épineuse  est lancinante, j'aurais dû l'anticiper et en donner une réponse simple dans le dossier écrit.
Évidemment, on ne peut pas tout prévoir, surtout quand le nombre de pages du dossier écrit que l'on soumet est  limité, mais en tout cas, je retiendrai – et je propose à mes amis (vous, donc) de le considérer aussi- qu'il y a une sorte de devoir d'explication, d'éclaircissement,  qui s'impose avant tout.
Au fond,   si nous n'avons rien à cacher, montrons tout, n'est-ce pas ?

samedi 6 septembre 2014

Votons !

OK, c'est en anglais, mais quand même :

Voting has now opened for the Google Science Fair Voter's Choice award. Between now and September 14, the public can cast a vote on the website for one of our 15 Global Finalist projects, that they think has the greatest potential to change the world. The winner will be announced during the awards show later this month.


https://www.googlesciencefair.com/en/

mardi 2 septembre 2014

Les tests de QI mesurent en réalité... la naïveté et l'ignorance des mathématiques



Un, deux, quatre, huit... Quel est le suivant ? Vous avez dit seize, mais, en réalité, il fallait répondre en 1013.
Un autre : 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21... Et le suivant ? Vous avez répondu 34, ayant observé que chaque terme est la somme des deux termes précédents, et vous avez tort : il fallait répondre 1013.
Alors, encore un autre : 1, 2, 4, 6, 3, 4, 6... Quel est le suivant ? Je sais que vous avez répondu 1013, mais réponse était 724.
Analysons. Dans tous ces cas, qui sont analogues aux questions posées dans les tests de QI, on veut éprouver notre sens logique. Mais c'est ignorer que, par une suite finie de points, on peut faire passer un nombre infini de courbes, et que la multiplication par deux pour le premier cas, ou la suite de Fibonacci pour le deuxième exemple, etc., ne sont que des cas très particuliers qui ne sont ni plus simples n'est plus logique que d'autres. Par une suite infinie de points, on peut faire passer un nombre infini de courbes et toutes peuvent avoir leur justification.
C'est là une leçon que la nature donne régulièrement aux scientifiques qui font des mesures : la nature n'a pas toujours choisi la solution la plus simple, la plus logique (de notre point de vue), et nous devons bien scruter les phénomènes pour rechercher les mécanismes.
Mais je m'égare. Pour en revenir aux tests de QI, nous sommes en droit de répondre ce que nous voulons à ces tests... du moment que nous savons justifier notre réponse, mais il faut savoir que cette réponse sera très idiosyncratique, et qu'il vaut mieux répondre au hasard, puisque le nombre de réponses possibles est infini.
En pratique, je doute (mais c'est sans doute une présomption idiote de ma part, pardon si certains sont éclairés) que vos examinateurs sachent que leurs tests sont naïfs à ce point. Evidemment, lors d'un entretien d'embauche, il vaut peut-être répondre quand même par la réponse attendue, mais vous n'y perdrez par si vous expliquez pourquoi la question ne teste que la connaissance de certaines régularités élémentaires, alors que vous êtes bien au-dessus de cela. Et puis, si votre interlocuteur se vexe, ce sera la meilleure démonstration qu'il ne vous mérite pas, qu'il ne faut absolument pas aller travailler avec cette personne, qui joint la naïveté à l'ignorance et à un amour-propre exagéré. Ne travaillons jamais avec des salauds !