Un, deux, quatre, huit...
Quel est le suivant ? Vous avez dit seize, mais, en réalité, il
fallait répondre en 1013.
Un autre : 1, 1, 2, 3, 5,
8, 13, 21... Et le suivant ? Vous avez répondu 34, ayant observé
que chaque terme est la somme des deux termes précédents, et vous
avez tort : il fallait répondre 1013.
Alors, encore un autre :
1, 2, 4, 6, 3, 4, 6... Quel est le suivant ? Je sais que vous
avez répondu 1013, mais réponse était 724.
Analysons. Dans tous ces
cas, qui sont analogues aux questions posées dans les tests de QI,
on veut éprouver notre sens logique. Mais c'est ignorer que, par
une suite finie de points, on peut faire passer un nombre infini de
courbes, et que la multiplication par deux pour le premier cas, ou la
suite de Fibonacci pour le deuxième exemple, etc., ne sont que des
cas très particuliers qui ne sont ni plus simples n'est plus logique
que d'autres. Par une suite infinie de points, on peut faire passer
un nombre infini de courbes et toutes peuvent avoir leur
justification.
C'est là une leçon que
la nature donne régulièrement aux scientifiques qui font des
mesures : la nature n'a pas toujours choisi la solution la plus
simple, la plus logique (de notre point de vue), et nous devons bien
scruter les phénomènes pour rechercher les mécanismes.
Mais je m'égare. Pour en
revenir aux tests de QI, nous sommes en droit de répondre ce que
nous voulons à ces tests... du moment que nous savons justifier
notre réponse, mais il faut savoir que cette réponse sera très
idiosyncratique, et qu'il vaut mieux répondre au hasard, puisque le
nombre de réponses possibles est infini.
En
pratique, je doute (mais c'est sans doute une présomption idiote de
ma part, pardon si certains sont éclairés) que vos examinateurs
sachent que leurs tests sont naïfs à ce point. Evidemment, lors
d'un entretien d'embauche, il vaut peut-être répondre quand même
par la réponse attendue, mais vous n'y perdrez par si vous expliquez
pourquoi la question ne teste que la connaissance de certaines
régularités élémentaires, alors que vous êtes bien au-dessus de
cela. Et puis, si votre interlocuteur se vexe, ce sera la meilleure
démonstration qu'il ne vous mérite pas, qu'il ne faut absolument
pas aller travailler avec cette personne, qui joint la naïveté à
l'ignorance et à un amour-propre exagéré. Ne travaillons jamais
avec des salauds !
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