Cette fois, je crois que c'est mieux !
Oui, il y a quelques jours, j'avais produit une liste d'automatismes à avoir quand on écrit, et il y a eu de nombreux témoignages d'amitié après leur publiciation.
J'ai donc décidé de faire mieux, et voici :
Automatismes
à avoir
Hervé
This, vo Kientza
Octobre
2019
Initialement, la
liste des "automatismes à avoir" était limitée à une
vingtaine de recommandations, fondées sur des décennies
d'observations de fautes à la revue Pour la Science, notamment comme
éditeur et comme rédacteur en chef : je n'indiquais que les
erreurs les plus courantes (connaissez-vous la différence entre une
faute et une erreur ?).
Mais des relectures
de textes scientifiques me montrent qu'il y a lieu de lier la penser
à l'écriture. Et la liste a grossi, de sorte qu'il a fallu la
structurer.
Aujourd'hui, la
liste est un peu longue, mais son existence reste un motif
d'optimisme : il suffit de passer et repasser sur un texte pour
écrire mieux que la très grande majorité de deux qui doivent
prendre la plume !
Des question
scientifiques :
Un bon scientifique
dit combien, donne des (bonnes) références, donne ou réclame les
moyens de la preuve.
Pas d'adjectif :
c'est du baratin. Remplacer par la réponse à la question
"Combien?"
Idem pour les
adverbes
Les chiffres
sont-ils tous bien significatifs? Cela doit avoir été soit calculé
(calculs d'incertitudes, affichés conformément au GUM du BIPM),
soit mesuré par des écarts-types.
Parler des
phénomènes avant de donner leur caractérisation. Par exemple,
c'est parce que de l'eau chauffe que sa température augmente !
Une proportion
est... une proportion (c'est l'objet). Si l'on souhaite, on peut
éventuellement l'exprimer en %, mais pourquoi pas comme une
proportion, simplement ?
L'abréviation de
1000, c'est k, et non pas K (kelvin)
Un flux n'est ni un
courant ni un débit ; c'est un flux.
"qui varient"
ne signifie pas "est compris entre xxxx et xxxx"
Quand on donnee un
résultat, il faut le protocole correspondant !
Cinétique et
thermodynamique sont perpendiculaires.
"Des études
antérieures" : lequelles, au juste ?
"D'après
certaines études" : lesquelles, au juste ?
Attentions aux mots
de plus de trois syllabes... qui cachent souvent de l'ignorance, ou
de l'idéologie, par exemple : dénaturation, agrégation,
coagulation... Savez vous vraiment ce qu'ils signifient : par
exemple, passez svp quelques secondes pour vous demander ce qu'est
une agrégation.
Ecrire nombre (s.d
ecart-type), et non pas nombre (± xxx). Le "±" est
réservé aux incertitudes.
Les coefficients de
corrélation expriment de la corrélation, pas nécessairement de la
causalité (les attroupements sur les quais ne font pas venir les
trains).
Attention au mot
"diffusion", qui est utilisé à tort et à travers : une
diffusion, c'est seulemnet une diffusion. Il y a à ce propos un très
utile article de mon ami José Miguel Aguilera, et al. : Fat
Migration in Chocolate: Diffusion or Capillary Flow in a Particulate
Solid?—A Hypothesis Paper, Vol. 69, Nr. 7, 2004— Journal of food
science R167-174.
On part de courbe
d'étalonnage, pas de courbe de calibration
On parle d'étalon,
ce qui n'est pas la même chose qu'un standard ou un calibre
Le mot "équivalent"
ne signifie ni "égal", ni "du même ordre de
grandeur"
Une masse sèche est
une masse sèche, à ne pas confondre avec une masse séchée (dans
des conditions à préciser)
Une déconvolution
n'est pas une décomposition : n'utilisons pas de mot qui semble
faire "chic", mais avec lesquels on se fait ramasser !
Vérifier que tous
les "significativement" et les "significatif"
correspondent bien à un calcul statistique.
Un code n'est ni un
programme ni un logiciel
Avant de balancer
une équation, dire ce que l'on calcule.
Pas de métaphore,
pas d'usage métaphorique des termes ! Un impact, par exemple, n'est
pas un effet.
Une masse est une
masse, et pas seulement une "quantité"
Partout où il est
écrit « augmente », « diminue », "est
égal" ou "équivalent", chercher tout cela est bien
significatif (sinon virer l'indication de tendnce).
Pas de jargon : la
clarté est la politesse de ceux qui s'expriment en public.
Toujours préciser
la forme des sucres (D-glucose).
Une hypothèse doit
être assortie d'un calcul, sans quoi c'est aussi nul que de se
demander comment faire tenir Paris dans une bouteille.
Lipides : de quoi
parle-t-on au juste, de triglycérides ? d'acides gras? de
cholestérol?
Quand on évoque des
petits sucres ou des acides gras, ou des acides aminés : parle-t-on
de formes libres, ou bien de résidus d'acides gras, de résidus
d'aminoacides et de résidus de sucres dans (respectivement) des
triglycérides, des protéines, des polysaccharides ?
Quand on parle d'une
molécule, en donner la structure moléculaire.
Des axes de
graphiques bien indiqués, avec éventuellement leurs unités.
Une publication qui
est invoquée : il faut dire précisément ce qui est dit, et ne pas
en changer les phrases. D'ailleurs, un résutat de cette publication
doit venir avec le protocole qui y a conduit.
Attention au mot
"expliquer", car la science n'explique pas : elle produit
des descriptions quantitatives
Ne surtout pas
chercher à valider des hypothèses, mais au contraire chercher à
les réfuter !
Attention au mot
"diffusion" : cf. l'article de José Aguilera.
Les mots de plus de
trois syllabes sont "interdits"
Carbohydrate :
dénomination pourrie, tout comme chlorophylle au singulier, par
exemple, mais quand même pire, car on n'en est plus au temps où
l'on croyait qu'une molécule d'eau était attachée à chaque atome
de carbone ! ; utiliser saccharides
Pas d'hypothèse
sans calcul
Attention aux mots
"preuve", "démonstration", "vérité"
: cela n'a pas sa place en sciences de la nature
Des questions de
correction intellectuelle
Commencer par donner
l'objectif.
Eviter les adverbes,
c’est le commencement du style : recherche systématique de "ment",
et suppression des adverbes inutiles.
Attention à la
différence entre « technologie » et « technique » (et « science
»)
"Complexe"
: c'est un mot pourri, qui veut le plus souvent laisser penser que
l'on est très savant parce que l'on étudie des choses difficiles
(penser à "compliqué" ?)
"Les deux types
d'objets" ne signifie pas "les objets des deux types".
"Selon Machin"
: le mot "selon" introduit un doute... parce qu'il y a des
connotaions.
Plus grand, plus
petit, inférieur, significativement différent, etc : a-t-on calculé
une ANOVA ? Que vaut F ?
Une méthode n'est
pas une technique
Un modèle ?
Une ACP n'"explique"
pas ; en revanche, des groupes peuvent être séparés
Les chiffres
sont-ils tous significatifs (calcul d'incertitude, ou bien
écart-type) ?
Chaque phrase doit
être assortie d'une référence à un bon texte qui établit l'idée
de la phrase.
Des questions de
clarté :
Chaque phrase
est-elle limitée à : Sujet verbe complément ? Si non, mon conseil
est de diviser. Comme écrire par de telles phrases est souvent bien
difficile par nos amis et par nous-même, pourquoi nous
laisserions-nous aller à faire plus long ?
Ce qui se dit en un
mot est toujours plus clair que ce qui se dit en deux mots. Plus
généralement, tout ce qui est superflu est gênant.
Remplacer des "on
va faire" par "on fera" : le futur n'est pas fait pour
les chiens (à savoir : naguère, et encore aujourd'hui dans certains
cercles, le futur est interdit, parce qu'il n'est pas sain
intellectuellement, dans la mesure où il est imprévisible ; on
disait "demain, je vais au marché... si Dieu le veut").
Pas de "et/ou"
qui ne sigifient à personne, ni même à toi.
Les métaphores
compliquent parfois plus qu'elles n'expliquent.
A-t-on annoncé la
couleur : dans chaque début de paragraphe, a-t-on dit ce que l'on
allait trouver dans le paragraphe ?
Avant tous les
intertitres, y a-t-il une phrase disant pourquoi on passe au passage
suivant ?
Ne pas craindre les
répétitions naïvement
Un point suivi de
"en effet" peut être avantageusement remplacé par deux
points
La terrible faute du
partitif : un niveau peut être d'énergie, mais pas énergétique ;
et l'exemple le plus courant est le "cortège présidentiel",
qui n'est le plus souvent que le cortège du président. Je critique
très énergiquement le nom imbécile donné il y a peu à la Société
française de chimie, qui est devenue (une faute) la Société
chimique de france : société peut être française, mais pas
chimique !
Des conventions :
Ecrire les nombres
entiers en lettres jusqu'à 10, et en chiffres au delà, sauf si l'on
veux donner des nombres décimaux bien sûr.
Les noms d'unités
sont en minuscules, sauf quand ce sont des noms de personnes, et
seulement pour l'initiale, pas pour le nom complet : 1 K, mais 1
kelvin.
s est l'abréviation
de secondes (pas sec). et min ne prend pas de s, quand il y en a
plusieurs
Des questions de
grammaire qui pourrissent la lecture :
Un infinitif ou un
participe présent doivent avoir le même sujet que celui de la
principale. Chercher (fonction recherche) systématiquement les
"ant" et les "er"
"Après que"
est suivi de l'indicatif
Des questions de
mots qui sont gênants ou fautifs :
Chercher les
"rendre" plus adjectif : "rendre possible" =
"permettre" : recherche systématique de "rend"
Remplacer "semble
probable" par "est probable" (pléonasme)
De même, « faire
obstacle », c’est « gêner » ; etc.
Les "ils
impersonnels poussent à la faute : "il semble qu'il feasse"
= "il semble faire" : recherche systématique de "il
semble", etc.
Pas de "mais"
ni de conjonction de coordination (et, ou , car ...) en début de
phrase : rechercher les ".Mais", " .Car", ".Et",
".Ou" et remplacer para des ", mais", ",
car", ", et", ", ou"
Attention à
l’inflation des "très" ; on peut généralement les
éliminer
Rechercher le verbe
pouvoir, et chercher à l'éliminer. Remplacer systématiquement (ou
presque) les "a pu montrer", "a pu observer",
etc. par « a montré, observé, etc » ; "pour pouvoir
comparer" : pour comparer
Attention à
"impliquer" (contamination de « to imply »)
« Sophistiqué »
signifie « frelaté », mais pas « complexe » ni « évolué »
Plus haut n'est pas
plus intense, ni plus grand
Significatif n'est
pas notable
« Brutalement »
n'est pas « brusquement »
Attention à
"véritable" (« véritable révolution » !) : le plus
souvent, ce n'est précisément pas véritable.
Attention à «
influer » sur et « influencer »
Attention aux
anglicismes : les plus fréquents sont : « se baser sur », « des
douzaines », « réaliser » n'est pas « comprendre » ; remplacer
« contrôler » par « commander » ou « déterminer »
(contrôler, c’est faire une vérification), « compléter » n'est
pas « achever » ; rechercher « développer » au sens de «
mettre au point » ; idem pour « développement »
Remplacer « par
contre » par « en revanche »
Attention aux usages
exagérés de « permettre »
Rechercher «
suggérer » : normalement, la suggestion, c’est l’hypnose
Rechercher «
affecter »
Rechercher «
processus » : un processus n’est une réaction, ni une série de
réactions, ni un procédé
Rechercher "
induire" parce qu'il est souvent utilisé fautivement
Rechercher
emmener/emporter
Ne pas chercher la
rallonge : "dans lequel" peut souvent devenir "où".
On ne dit pas
"débute" mais "commence" (sauf au théatre)
On ne dit pas "en
dessous de ", mais "au-dessous de" ;
On dit plutôt
"chaque fois" que "à chaque fois" ;
Eviter "au
niveau de" et très généralement faire attention au mot «
niveau » (recherche automatique)
Quand on rencontre
"entre eux", "entre elles", vérifier que c'est
utile ; de même, « les uns des autres », « les uns aux autres »,
etc. sont souvent inutiles
« ceci » annonce
alors que « cela » se rapporte à ce qui a déjà été énoncé
(le plus souvent, on peut se débarrasser de ces mots faibles) ; idem
pour "celui-ci", "celui-là", "celle-ci",
"celle-là", "ceux-ci", "ceux-là",
"celles-ci", "celles-là"...
Des chevilles comme
"en fait", "en réalité", "effectivement",
"Du coup" sont rarement utiles
« plus petit »
est « inférieur », « plus grand » ou "plus élevé"
est « supérieur »
« très inférieur
» est fautif (il faut écrire « bien inférieur ») ; de même
pour « très supérieur » ... mais de toute façon, la question,
c'est "combien ?"
« être différent
» donne « différer » ;
Utiliser "second"
(pour deux possibilités seulement) et "deuxième" pour
plus de deux
Examiner si les
"simples", "compliqués", "facile" sont
indispensables.
Souvent remplacer «
appelé » par « nommé »
Les verbes
"présenter" et "constituer" peuvent souvent
être remplacés par "être" ou "avoir"
Attention : "plus
important" doit signifier qu'il y a une importance plus grande ;
souvent on doit le remplacer par supérieur. Plus généralement,
chercher systématiquement le mot "important", et chercher
à l'éradiquer.
Attention à la
signification des mots (pas impact mais effet / répartition et
distribution; méthode/technique)
Le mot
"significatif" ne signifie pas notable (et vice versa)
La "littérature",
c'est la littérature, pas des publications scientifiques
Un étalonnage n'est
pas une calibration, et une référence n'est pas un standard
Une matière séchée
n'est pas une matière sèche
Remplacer les mots
"faibles" ou "convenus" par du contenu réel (le
mot "introduction" est moins bien que la question posée)
"Dans le but"
est fautif : si on est dans le but, celui-ci n'est plus un but
(remplacer par : afin de, en vue de, dans le dessein de)
"celui obtenu"
: en français, il est obligatoire de ne pas omettre le "qui
est"
"sur' signifie
"dessus"
"au niveau de"
suppose un niveau
un "impact",
c'est un impact, et pas un effet
"en fonction"
signifie "en fonction", mais "selon" a un sens
différent
"Nommer",
c'est donner un nom ; "appeler", c'est faire un appel
"si"
introduit une condition, alors que "quand" introduit une
circonstance
"basé sur"
est un anglicisme ; il faut écrire "fondé sur" (sauf
quand on parle d'une base, bien sûr).
"dur",
c'est dur, mais "difficile", c'est difficile ; et
"délicat", c'est délicat !
Un ratio ? un
rapport
Arrêtons avec ces
drastiques, voire ces dramatiques, quand on veut dire beaucoup, ou
considérablement
"développer"
signifie développer, pas "mettre au point"
Une "problématique"
? Moi, ce que je sais, c'est que ce mot est souvent... problématique
!
"Est-ce que ...
est" : Est-il
On doit, il faut :
interdit
Au fur et à mesure
de : lors de
Eviter les termes
étrangers : c'est prétentieux (un "shift", c'est un
décalage)
"survit"
ne signifie pas "subsiste"
"générer"
: beuh ! produire ?
La "manière"
suppose la main ; c'est différent de la façon
"donner
naissance" : il faut une naissance
"au bout de"
: "après", sauf s'il y a un bout !
Dans un exemple que
l'on donne, "comme" n'est pas "tel"
Attention à
"débuter" : faire ses premiers pas d'artistes (donc
différent de commencement, démarrage)
"En d'autres
mots" : "autrement dit"
chance et risque :
connoté ; dire probabilité
Un groupe n'est pas
un groupement
Plus généralement,
une bonne façon d'écrire plus précisément consiste à ne pas
pisser les mots, mais les choisir. Et si l'on n'est pas capable de
faire cela au premier jet, faire, après ce premier jet, un crible
qui considère chaque mot ! Je rappelle que l'on peut s'interroger
sur le sens des mots en consultant http://atilf.atilf.fr/. Aller
surtout à la fin, pour l'origine et l'étymologie.
Des questions de
typographie :
Ne pas sauter de
ligne, sauf 2 avant un intertitre, et 1 après celui-ci
Les quantités sont
en italiques, ainsi que les mots en langue étrangère, et de très
rares items (noms de bateau, titre de livre...)
Pas de souligné :
c'était quand on n'avait pas d'italiques
Quand on cite des
gens, on doit citer le premier et le plus récent, pas
arbitrairement au milieu.
Partout des virgules
décimales, pas des points
Cf s'écrit "cf.",
pas Cf
Pas de maquette
quand on écrit (ça vient après)
Dans un nom propre,
seul le premier substantif est en majuscule, sauf si adjectif avant :
"Seconde Guerre mondiale"
Dnas les citations,
ordre d'années (Toto et al., 1991; Titi et al., 1998)
Usage AFNOR des
dates : 2019-10-08.
Les indices doivent
venir en indices.
Les symboles de
quantités en italiques.
Les vecteurs : du
gras italique ou des flêches dessus.
Des questions de
maquette
Tout au fer à
gauche pour commencer
Pas de blancs
bizarres. Seulement deux lignes de blanc avant un titre, et une ligne
après
Pas de ligne de
blanc arbitraire.
Une légende dit ce
qu'il y a à voir (l'expliciation donnée ddans le texte, et ainsi,
pas de redondance)
Devant les
intertitres, deux lignes de blanc, et une ligne derrière
Dernière phrase de
chaque paragraphe, dire pourquoi on passe au paragraphe suivant (et
pas seulement qu'on y passe)
En début de
paragraphe, dire ce qu'il y aura dans le paragraphe.
Des points à la fin
des légendes de figures et de tableaux.
Ce ne sont là
que des fautes statistiquement courantes. Bien d'autre sont signalées
dans les Difficultés de la langue française, qu'il n'est pas
inutile de (re)lire.
Plus
généralement, celui qui écrit devrait avoir quatre outils : un
ordinateur équipé d’un traitement de texte avec correction
orthographique, un dictionnaire (pour le vocabulaire, les Difficultés
de la langue française (pour la grammaire), le Gradus (pour la
rhétorique)