A propos de réfutation,
on ne saurait omettre de mentionner le nom de Karl Popper, ce
philosophe des sciences qui dégagea si bien cette caractéristique
essentielle du travail scientifique : la réfutation.
D'ailleurs, la réfutabilité semble être un critère suffisant pour
distinguer les sciences des fausses sciences, ou, plus exactement,
les sciences quantitatives des élucubrations, car je me résous
difficilement à accorder le nom de sciences ou de savoir, même
précédé de « pseudo », à des tromperies, à des
fraudes, à des délires...
Oublions donc la fange, la
boue intellectuelle, et consacrons-nous à nos merveilleuses sciences
quantitatives. Nous avons vu qu'elles produisent des théories,
regroupement d'explications, de mécanismes, des phénomènes
initialement isolés, en vue de leur étude. Ces théories sont
fondées sur des lois, qui expriment les mécanismes de façon
quantitative, et on peut même considérer qu'un résultat
scientifique est à la fois la théorie et les lois dont la théorie
découle. Ces deux groupes font corps.
Vient alors l'étape de la
réfutation, la tentative de réfutation. Il s'agit de partir des
théories, d'en chercher des conséquences qui n'ont pas été
examinées auparavant. On se souvient que l'induction est un
mécanisme essentiel de la troisième étape de la méthode des
sciences quantitatives, et que, par conséquent, ces inductions nous
conduisent en des endroits qui n'ont pas été validés, qui ont pas
été explorés, même. Il y a donc lieu d'aller voir de plus près.
C'est cela que l'on cherche à faire ; on teste la théorie dans
des parties qui ont été induites, et non déduites. N'est-ce pas
légitime ?
Le statut de ces
explorations réfutabilistes est extraordinaire, car il y a bien du
chemin entre le test d'une loi en des points (en nombre infini) ou
cette loi n'a pas été testée, et les tests de la théorie dans des
champs de conditions particuliers, par exemple près de zéro, ou
près de l'infini, ou à côtés des lois...
Il y a donc beaucoup
d'intelligence à mettre dans la recherche des réfutations à
envisager. Une fois de plus, la science n'est pas l'application
automatique d'une méthode, mais, au contraire, un travail d'une
finesse constante, du début à la fin... Et nous verrons plus loin
que cette fin existe pas...