On dit que la vertu est sa propre récompense. Voilà une belle idée... mais il y a quand même les faits : pour certains, il est agréable d'être reconnu ; un regard bienveillant, encourageant est apprécié, de surcroît, car il est vrai, aussi, que nous sommes des êtres sociaux, sensibles à notre entourage. Pourquoi bouder le plaisir de recevoir des compliments, quand ils viennent de personnes de qualité, qui reconnaissent en connaissance de cause la qualité de notre travail ? Pourquoi bouder les médailles, les prix... Evidemment, il ne faut pas tomber dans le travers qui consiste à courir après le compliment, la médaille, le prix, les « hochets de la vanité », mais pourquoi verserait-on nécessairement dans cette perversion ?
Lors des manifestations de reconnaissance-publique- d'accomplissement, le mot « fierté » est parfois prononcé. Fierté ? Voilà une notion bien compliquée pour quelqu'un dont le bonheur et de faire ce qu'il n'a pas encore fait. A quoi bon être fier, si le bonheur est dans la production, le travail, le « faire » ?
J'ai posé la question il y a quelques années, et l'on m'a répondu, assez justement, que la question était la même que pour les prix et les médailles : il ne s'agit pas d'en tirer vanité, mais de contribuer à l'embellissement de nos groupes. Faire l'éloge public de quelqu'un qui a fait un beau travail, c'est aussi montrer à d'autres, aux jeunes en particulier, qu'il y a possibilité de faire quelque chose de bien, de grand. Et c'est ainsi que si la vertu est sa propre récompense, la récompense publique contribue à l'amélioration de nos sociétés.