La troisième étape de la
méthode des sciences quantitatives consiste à faire bon usage de
ces innombrables données qui ont été réunies lors de la deuxième
étape, à savoir la quantification du ou des phénomènes
sélectionnés initialement.
Nous avons vu que la
deuxième étape consistait à caractériser quantitativement les
phénomènes. Les mesures ont conduit à des données nombreuses,
généralement, et il faut imaginer avoir devant soi d'immenses
tableaux de nombres. C'est immangeable ! Comment faire ? Les « lois
» en sont des choses merveilleuses, puisqu'elles résument, qu'elle
synthétisent, de très nombreux résultats de mesures, de résultats
expérimentaux.
Par exemple, nous avons vu
que, à propos d'électricité, le physicien allemand Georg Simon Ohm
s'était illustré en mesurant la différence de potentiel électrique
et l'intensité du courant qui passe dans un fil conducteur. Il fit
de nombreuses mesures, pour de nombreux conducteurs particuliers,
mesurant chaque fois la différence de potentiel appliquée et
l'intensité du courant, et il découvrit que le rapport de ces deux
grandeurs est constant, pour un conducteur donné : c'est la
résistance électrique. Dans un tel cas, on a une égalité toute
simple entre dans la différence de potentiel, d'une part, et le
produit de la résistance du conducteur par l'intensité du courant,
d'autre part. C'est une loi, une relation que l'on établit à partir
des données d'expérience, de mesures, et dont on propose une
généralisation. On clame au monde, en quelque sorte, que cette loi
reste vraie même pour des valeurs particulières des paramètres qui
n'ont pas été mesurées ; on propose de penser que cette loi est
vraie en tous temps et en tous lieux (sauf indication du contraire,
bien sûr). Les lois sont d'une puissance inimaginable, d'une audace
extraordinaire, puisqu'on leur prête la capacité de s'appliquer à
des cas qu'on n'a pas envisagés en pratique.
Bien sûr, la loi d'Ohm
n'est qu'un des exemples les plus simples, simpliste même, et il y
aurait lieu d'examiner plus en détail des exemples plus complexes.
Toutefois cela ferait un gros traité, et je propose plutôt de
considérer le livre La science et l'hypothèse
du mathématicien Henri Poincaré pour comprendre que derrière
tout le travail d'établissement des lois, il y a toujours de
l'induction, plutôt que de la déduction. Autrement dit, comme pour
la première étape de la méthode des sciences quantitatives, comme
pour la deuxième étape de la méthode des sciences quantitatives,
il faut beaucoup d'intelligence pour mener à bien la troisième
étape des sciences quantitatives.
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