lundi 27 novembre 2017

Je déteste le "côté citron"... Non, j'adore la Lumière !

Soyons bien clair : j'aime beaucoup le citron, son élégante et fraîche acidité, qui relève les plats. J'en mets partout... parce qu'il ne se résume pas à l'acide citrique ou à l'acide malique, que j'utilise également beaucoup dans ma cuisine, mais ces derniers n'apportent pas le citral, le limonène et d'autres composés très frais qui donnent ce goût d'agrume.

Mais ce n'est pas de cela dont je veux parler : c'est plutôt cette façon de voir les choses qui a volé son nom à l'agrume pour attaquer, dénoncer, détester... En réalité, la mort de mon père m'avait durablement assombri, et j'avais été emporté par ce sombres pensées, je voyais la face noire du monde, la poussière du monde, les "méchants", les "malhonnêtes"... Je nageais dans la fange, mon esprit était atteint...
Il y a eu un sursaut, toutefois, et j'ai pris la bonne résolution de ne plus être que positif, ce qui était en réalité le meilleur hommage que je puisse faire à mon défunt père, qui, sur son lit d'hôpital, chantait encore "Quoi qu'il arrive, j'ai toujours le sourire...". Chansons naïves, mais profonde : c'est une politesse que l'on fait à ses amis de ne pas les entraîner avec eux du côté sombre du monde, mais, au contraire, de les tirer du côté clair.

 Oui, décidément, je veux de l'enthousiasme et de la gentillesse, sans craindre d'être taxé de ce "bisounours" avec lesquels les gens mauvais critiquent (encore !) les gens gentils. Je veux de l'enthousiasme, de la fraîcheur. Mehr Licht !

samedi 25 novembre 2017

La sensibilité


La sensibilité : « Faculté de ressentir profondément des impressions, d'éprouver des sentiments, de vivre une vie affective intense ».


On a dit de l'un de mes amis qu'il avait beaucoup de sensibilité. Dont acte… mais de quoi s'agit-il ?

J'ai un peu peur que ceux qui évoquaient cette sensibilité ne l'aient confondu avec la sensiblerie. Ce sentiment un peu vague, confus, idiot : « elle a du sentiment ma vache, elle a du sentiment ».
Au fond, quelles sont les qualités que l'on pourrait observer chez mon ami ? Il y a certainement cette délicatesse de sentiments qui correspond à de l'attention aux autres. Oui, mon ami est prévenant, attentif : à l'affût de nos moindres faits, gestes et dires, il cherche à nous donner du bonheur. C'est sa façon de dire « je t'aime », mais plus délicatement que par ces mots explicites, et un peu brutaux.
A ce propos, on lira ou on relira ce passage de Marcel Proust, où les tantes du narrateur remercient Swann pour l'envoi d'une caisse de vin, mais en des termes si allusifs que l'on est bien certain que le remerciement ne peut être entendu. La sensibilité navigue entre les gros sabots et les touches de couleur les plus légères, et le choix du curseur est une question de… sensibilité.
Mais le Trésor de la langue française informatisé dit aussi : « Propriété des êtres vivants supérieurs d'éprouver des sensations, d'être informés, par l'intermédiaire d'un système nerveux et de récepteurs différenciés et spécialisés, des modifications du milieu extérieur ou de leur milieu intérieur et d'y réagir de façon spécifique et opportune. »


vendredi 24 novembre 2017

L'exigence




Lors d'une remise de décoration récente, le discours d'éloge a signalé qu'une des qualités d'un de mes amis était l'exigence.
L'exigence ? Etre exigeant, c'est demander beaucoup aux autres, mais, en l'occurrence, mon ami n'est pas exigeant, sauf pour lui-même. C'est un ami précisément parce qu'il n'est pas de ceux qui fabriquent de la poussière du monde, mais que, au contraire, il fait partie du groupe de ceux qui empêchent cette poussière d'exister.
Car on se souvient que la poussière du monde est cette notionn qui était discutée par le moine peintre Shitao, dans son traité de peinture et de calligraphie. Shitao déclarait en substance que, pour bien peindre, il fallait méditer, s'améliorer personnellement, lutter contre la poussière du monde… comme si cette dernière existait. Je maintiens que la poussière du monde n'existe que si nous la faisons exister : c'est notre comportement qui la crée, comme par exemple dans ces discussions idiotes où l'on demande « Avez-vous le dernier film ? », « Avez-vous lu le dernier livre ? ».

Dans nos emails que nous échangeons chaque soir dans le Groupe de gastronomie moléculaire, il y a des « cases » (puisque c'est un tableau) pour énoncer le snouvelles connaissances ou compétences… mais il y a, juste à côté, des cases pour évaluer ce que nous avons appris, et aussi des cases de commentaires qui permettent précisément de faire autre chose que des énumérations. L'énoncé de faits a peu d'intérêt, et c'est le traitement analytique et synthétique qui s'ensuit qui constitue le véritable travail. Voir un film, admirer le soleil couchant, aimer un plat, c'est à la portée d'un animal. En revanche, s'interroger sur les raisons pour lesquelles on peut admirer le soleil couchant ou aimer un plat, c'est le début d'une démarche positive et active, qui peut conduire à des changements profonds.

L'exigence vis à vis de soi même, c'est la rigueur, la volonté constante d'amélioration, mais c'est peut-être aussi cela : ne pas être de ceux que l'on gave comme des oies, mais, au contraire, avoir pour règle de ne jamais créer la poussière du monde, de construire sans cesse. Je ne suis pas certain qu'il y avait tout cela dans le discours que j'ai entendu, mais, après tout ce que j'ai dit, ne dois-je pas être de ceux qui construisent ?

jeudi 23 novembre 2017

Est-il "narcissique" que de fêter une rencontre entre deux personnes qui s'aiment ?


Hier un ancien ministre qui discourait disait que les anniversaires de mariage étaient des « célébrations narcissiques ».
J'ai bien peur que notre ancien « responsable » n'ait pas tout compris à la vie, et je m'effraie surtout des conséquences sur notre société, car quand les conceptions intellectuelles sont mauvaises, les décisions qui sont prises sur ce socle intellectuel fissuré le sont aussi.

Narcissique : cela signifie que l'on se donne un peu de bonheur, que l'on se dit à soi-même que l'on s'aime. Mais n'est-ce pas le contraire, en l'occurrence ? Je propose cette vision opposée, selon laquelle célébrer un anniversaire de mariage, c'est plutôt l'occasion de remercier notre conjoint de son soutien pendant toutes ces années. C'est renouveler l'engagement d'une fidélité, témoigner un attachement.
En un mot, c'est dire à l'autre « Je t'aime », c'est-à-dire « J'ai pour toi une immense admiration, je t'encourage dans tes qualités, je me sens prêt à t'épauler dans tous les gestes de la vie, quelle que soit les circonstances ».
Rien de narcissique, là dedans, mais au contraire une exposition au monde, à autrui.
Et puis, une telle occasion ne doit pas être manquée : on peut inviter des amis, souder des groupes humains, et, puisque je vois l'amitié comme une sorte de grand banquet philosophique, une occasion de s'améliorer l'esprit, collectivement.

Décidément, je n'étais pas convaincu par l'action de notre ancien ministre, je ne suis pas convaincu par son engagement particulier, je ne suis pas convaincu par sa manière de vivre, et je suis heureux que ce ministre là ne soit plus en activité. Non, les anniversaires de mariage ne sont pas des occasions narcissiques, sauf pour des cordonniers qui ne voient pas plus haut que la chaussure, comme le dit l'adage latin.

mercredi 22 novembre 2017

Aujourd'hui, ma discussion a lieu sur mon blog "gastronomie moléculaire", et elle porte sur la généralité des "précisions culinaires".

Voir donc https://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/

Peut-on tout dire aux amis?

Peut-on tout dire aux amis ? Voilà le genre de questions qui nous pousse à faire de mauvais devoirs de philosophie de comptoir.
Cela étant, il n'est pas interdit de faire quelques observations souriantes, afin de répondre à nos... jeunes amis qui nous interrogent.

Observons d'abord que tout tient évidemment dans la définition d'un ami. Bien sûr, on pourrait répondre de façon tautologique que les amis sont ceux à qui l'on peut tout dire, de sorte que oui, on peut tout dire aux amis.
Mais la vie est plus compliquée que cela, et les êtres aussi. Il y a des "amis" qui ont des qualités et des défauts, et on peut s'émerveiller de leurs qualités sans devoir juger l'ensemble. D'ailleurs, qui sommes-nous pour juger ? Il y a des "amis" qui méritent d'être aidés, et que l'on n'aidera pas en dénonçant leurs défauts. Il y a des "amis" dont nous ne partageons pas les idées politiques, religieuses, philosophiques, mais qui sont capables d'en débattre et de nous faire progresser, car sommes-nous si certains que cela d'avoir raison ? Et puis, vaut-il mieux être heureux ou avoir raison ?
Bref, il y a mille sortes d'amis, et tous ne sont pas comme Montaigne et La Boétie, et même quand ils le seraient, qui nous dit que Montaigne et La Boétie étaient "parfaits" ? Ils ne l'étaient pas, malgré leurs qualités.

Ne gagnerions-nous pas à penser qu'il y a des amis à qui l'on peut tout dire, et d'autres pour lesquels nous devons tenir notre langue, ce qui n'est guère difficile si nous tenons à nos amis.

mardi 21 novembre 2017

A propos de diplômes




Dans ma proposition de rénovation des études supérieures, c'est-à-dire de transformation de l' « enseignement » en « études », il y a notamment la proposition, plus spécifique, de fixer des niveaux, c'est-à-dire des référentiels de connaissances et de compétences qui conditionneraient l’attribution des diplômes : aux étudiants d'étudier pour avoir ces connaissances et compétences, et aux professeurs (puisque je ne veux pas d' « enseignants ») d'agir comme des tuteurs qui donnent de l'enthousiasme, qui débloquent en cas de besoin, qui guident, et, surtout, qui s'assurent que les études se déroulent dans les meilleures conditions.

A ce propos, un de mes très bons collègues me fait observer que ces notions de référentiels sont bien strictes, et qu'elles oublient le « métier ». Le métier ? J'ai d'abord été bien ennuyé par cette observation, qui venait d'une personne de qualité, parce que, effectivement, il semblait y avoir des tas de choses en plus des connaissances et des compétences techniques : des savoir-vivre, des savoir-être, de l'enthousiasme…
Certes, il n'a pas été démontré que ces choses-là puissent être évaluables aussi facilement que des connaissances et des compétences. Mais il n'a pas été non plus montré que cela ne puisse pas être évaluable ! En toutes choses, un peu d'intelligence ne messied pas, et, en l'occurrence, je ne vois pas d'opposition entre les deux points de vue, car connaissances et compétences, qui sont ce socle technique sur lequel on peut bâtir une activité professionnelle peuvent -doivent !- s'assortir de bien des sortes de compétences et connaissances.
J'ai ainsi évoqué, dans ma proposition de rénovation, il n'y ait plus d’enseignants mais des professeurs. Dans cette différence, il y a évidemment tout ce qui dépasse connaissances et compétences techniques, tout ce savoir vivre, ce savoir être qui permettront à nos étudiants à tenir des rôles décents dans les entreprises qui les embaucheront.
Le référentiel, c'est donc un minimum, mais un minimum indispensable, car, ayant travaillé pendant vingt ans dans l'industrie, contrairement à mon collègue qui est toujours resté fonctionnaire (enseignant à l'université), j'ai eu l'occasion d'apprécier la question des compétences. Même si un collaborateur est charmant, son incompétence est une plaie, qui se reporte comme une charge sur le reste de l'équipe. Et d'autre part, oui, nos étudiants doivent avoir des valeurs, et c'est d'ailleurs ce que j'ai proposé que les professeurs transmettent, et c'est largement insuffisant.
Je m'objecte à moi-même que tous les étudiants n'iront pas dans l'industrie, et qu'une partie ira travailler au service du public, mais je vois assez mal pourquoi cette partie n'aurait pas besoin de connaissances et de compétences comme les autres. Il y a aussi ceux qui se dirigent vers l'étude, les chercheurs en quelque sorte : ils ont les mêmes besoins que les atures.
D’ailleurs, je n'ai pas dit que ces connaissances et compétences étaient absolument orientés en vue d'une application immédiate de l'industrie, bien au contraire : je maintiens que c'est la plus grande culture qui s'impose, pour la recherche, comme pour la technologie et la technique.

Ce que j'ai dit surtout, c'est que ma proposition tient tout entier dans cette phrase : les étudiants doivent étudier, et le système universitaire doit être là pour conduire à ce résultat dans les meilleures conditions possibles.