Dans ma proposition
de rénovation des études supérieures, c'est-à-dire de
transformation de l' « enseignement » en « études »,
il y a notamment la proposition, plus spécifique, de fixer des
niveaux, c'est-à-dire des référentiels de connaissances et de
compétences qui conditionneraient l’attribution des diplômes :
aux étudiants d'étudier pour avoir ces connaissances et
compétences, et aux professeurs (puisque je ne veux pas d'
« enseignants ») d'agir comme des tuteurs qui donnent de
l'enthousiasme, qui débloquent en cas de besoin, qui guident, et,
surtout, qui s'assurent que les études se déroulent dans les
meilleures conditions.
A ce propos, un de
mes très bons collègues me fait observer que ces notions de
référentiels sont bien strictes, et qu'elles oublient le
« métier ». Le métier ? J'ai d'abord été bien
ennuyé par cette observation, qui venait d'une personne de qualité,
parce que, effectivement, il semblait y avoir des tas de choses en
plus des connaissances et des compétences techniques : des
savoir-vivre, des savoir-être, de l'enthousiasme…
Certes, il n'a pas
été démontré que ces choses-là puissent être évaluables aussi
facilement que des connaissances et des compétences. Mais il n'a pas
été non plus montré que cela ne puisse pas être évaluable !
En toutes choses, un peu d'intelligence ne messied pas, et, en
l'occurrence, je ne vois pas d'opposition entre les deux points de
vue, car connaissances et compétences, qui sont ce socle technique
sur lequel on peut bâtir une activité professionnelle peuvent
-doivent !- s'assortir de bien des sortes de compétences et
connaissances.
J'ai ainsi évoqué,
dans ma proposition de rénovation, il n'y ait plus d’enseignants
mais des professeurs. Dans cette différence, il y a évidemment tout
ce qui dépasse connaissances et compétences techniques, tout ce
savoir vivre, ce savoir être qui permettront à nos étudiants à
tenir des rôles décents dans les entreprises qui les embaucheront.
Le référentiel,
c'est donc un minimum, mais un minimum indispensable, car, ayant
travaillé pendant vingt ans dans l'industrie, contrairement à mon
collègue qui est toujours resté fonctionnaire (enseignant à
l'université), j'ai eu l'occasion d'apprécier la question des
compétences. Même si un collaborateur est charmant, son
incompétence est une plaie, qui se reporte comme une charge sur le
reste de l'équipe. Et d'autre part, oui, nos étudiants doivent
avoir des valeurs, et c'est d'ailleurs ce que j'ai proposé que les
professeurs transmettent, et c'est largement insuffisant.
Je m'objecte à
moi-même que tous les étudiants n'iront pas dans l'industrie, et
qu'une partie ira travailler au service du public, mais je vois
assez mal pourquoi cette partie n'aurait pas besoin de connaissances
et de compétences comme les autres. Il y a aussi ceux qui se
dirigent vers l'étude, les chercheurs en quelque sorte : ils
ont les mêmes besoins que les atures.
D’ailleurs, je
n'ai pas dit que ces connaissances et compétences étaient
absolument orientés en vue d'une application immédiate de
l'industrie, bien au contraire : je maintiens que c'est la plus
grande culture qui s'impose, pour la recherche, comme pour la
technologie et la technique.
Ce que j'ai dit
surtout, c'est que ma proposition tient tout entier dans cette
phrase : les étudiants doivent étudier, et le système
universitaire doit être là pour conduire à ce résultat dans les
meilleures conditions possibles.
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