Nous cuisons de la choucroute? des endives ? Comment nous y prendre ?
Quand on regarde en ligne des recettes de cuisine, on reçoit des protocoles qui nous disent comment faire mais qui ne nous disent pas pourquoi faire comme ils le proposent.
Et de fait, leurs indications sont souvent illégitimes, ou prétentieuses, voire fausses.
Je crois qu'il est préférable de réfléchir un peu, et de commencer les recettes par une réflexion sur les objectifs et les moyens de les atteindre.
Par exemple, la cuisson d'endives (pour des endives braisées au jambon par exemple) : c'est un légume de fort diamètre, ce qui
signifie qu'il faudra un temps notable pour que la chaleur parvienne
jusqu'au centre et qu'elle ait quelque chance d'attendrir le tissu
végétal.
Car c'est bien là l'objectif : dans la recette que nous visons, on ne mange pas une salade
d'endives mais bien plutôt des endives braisées, cuites, attendries.
Inversement, avec de la choucroute, le chou est déjà divisé en petits filaments, de sorte que cette fois, l'objectif est moins d'atteindre le cœur du tissu végétal que de l'attendrir.
Et la comparaison de ces deux cuissons montre qu'il y a deux phénomènes essentiels dont il faut tenir compte très généralement pour la cuisson de légumes :
- faire augmenter la température jusqu'au coeur du tissu, d'une part
- et assurer son attendrissement d'autre part.
Pour le
premier ; les cuissons par conduction sont lentes parce que les tissus
végétaux sont faits essentiellement d'eau, qui n'est pas un bon
conducteur de la chaleur. Mais on peut imaginer évidemment d'autres
modes de cuisson où la chaleur ne sera pas communiquée par conduction, telle la
cuisson dans un four à micro-ondes, où l'énergie est déposée dans tout
l'ingrédient.
D'autre part, il y a l'amollissement des tissus végétaux, et cela
correspond cette fois à une réaction qui s'appelle beta élimination des
pectines : car les tissus végétaux sont faits de cellules (de petits sacs emplis essentiellement d'eau), jointoyés par
une sorte de ciment, la paroi cellulaire, qui est faite de sorte de
pylônes indestructibles, les molécules de cellulose, réunis par des "câbles", à savoir les molécules de pectine.
La dégradation par la chaleur des molécules de pectine, qui permettra ensuite la séparation des cellules, est une réaction chimique lente, et c'est la raison pour laquelle, si même la chaleur arrive rapidement dans la choucroute, il faut un certain temps de cuisson pour que cette dégradation de la paroi cellulaire ait lieu.
Combien de temps faudra-t-il ? La réponse dépend à la fois du type de tissu cellulaire et de notre goût. Il y a des tissus plus durs que d'autres, pour lesquelles une cuisson doit être prolongée (comparons du coing, d'une part, et de tendres petits pois, d'autre part) et il y a notre goût qui veut des légumes plus ou moins tendres.
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