Tu vois une régularité du monde ? Il devient urgent de s'interroger sur sa cause.
Cette phrase qui figure sur le mur de notre laboratoire est discutée sur
http://www.agroparistech.fr/Tu-vois-une-regularite-du-monde-Il-devient-urgent-de-s-interroger-sur-sa-cause.html
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
lundi 18 avril 2016
samedi 16 avril 2016
Inventons une école d'ingénieurs
L'université n'a pas pour mission de former spécifiquement des ingénieurs, mais de diffuser de la connaissance scientifique. Les écoles d'ingénieurs, elles, ont pour mission de former des ingénieurs, c'est-à-dire des individus engagés dans des travaux stricto sensu technologiques.
Il s'agit là des principes... mais il y a les faits, à savoir que ...
la suite sur http://www.agroparistech.fr/Inventons-une-ecole-d-ingenieurs.html
Il s'agit là des principes... mais il y a les faits, à savoir que ...
la suite sur http://www.agroparistech.fr/Inventons-une-ecole-d-ingenieurs.html
jeudi 14 avril 2016
Ne laissons pas les fanatiques gâcher notre vie
Suite à une émission de télévision, mon confrère Léon Guéguen a pris une plume salutaire, et je vous livre le résultat de ses réflexions (avec son accord) :
A
propos du documentaire « Manger plus pour se nourrir moins »
(France
5, 3 avril 2016)
L’annonce
accrocheuse de cette émission dans la Presse était catégorique et
alarmante : « Au cours des 50 dernières années, les
aliments ont perdu jusqu’à 75 % de leur valeur nutritive ».
Cette affirmation, répétée au début du documentaire, était
aussitôt accentuée par d’autres absurdités, à savoir qu’il
faut 100 pommes actuelles pour le même apport de vitamine C qu’une
seule pomme ancienne et 20 oranges au lieu d’une pour l’apport de
vitamine A. Idem pour le calcium et la pro-vitamine A du brocoli et
de façon plus générale pour le blé, la viande et le lait…C’est
évidemment grossièrement faux !
Les
principaux appuis scientifiques utilisés sont les articles
d’Anne-Marie Mayer, sympathisante bio, reposant sur des
comparaisons des tables anciennes et récentes de composition des
aliments, les revues de synthèse de David Davis, interprétant les
rares études comparatives publiées et, dans une moindre mesure, les
déclarations de chercheurs de l’Inra d’Avignon. Le reproche fait
à la sélection végétale est de n’avoir ciblé que le rendement
en matière sèche, donc la production de glucides et de protéines,
en négligeant les teneurs en micronutriments, à savoir les éléments
minéraux majeurs, les oligoéléments et les vitamines. C’est donc
le principal objet de ce réquisitoire contre l’agriculture
moderne.
Dans
ce cas particulier des micronutriments, les comparaisons sont souvent
biaisées par le manque de fiabilité de données anciennes produites
par des méthodes d’analyse peu sensibles et précises. C’est le
cas du fer, du zinc, du cuivre et de la plupart des vitamines.
Il
est évident que la composition chimique des végétaux dépend, au
sein d’une même espèce, du cultivar. Il est donc possible, voire
probable, que des variétés anciennes, d’un format différent,
soient plus riches en certains micronutriments. De même, il est
indéniable, comme tend à le montrer D. Davis, qu’il se produit un
certain « effet de dilution » dans le cas de plantes très
productives, à croissance rapide, provenant de cultures irriguées
ou/et très fertilisées. Le stade de maturité détermine aussi les
teneurs en eau et en vitamines.
Cependant,
comme le déclare D. Davis et comme le montre la lecture attentive
des graphiques de ses articles, les
éventuelles baisses de teneurs ne sont en moyenne que de 10 à 20 %,
avec quelques exceptions, comme le cuivre, pouvant résulter de
contaminations plus importantes autrefois avec le seul fongicide
alors disponible, la bouillie bordelaise. Quoi qu’il en soit, on
est bien loin de l’énorme déclin stigmatisé dans le
documentaire !
La
forte baisse de teneur en calcium relevée pour le brocoli est
probablement due au fait qu’il s’agit de deux variétés très
différentes. De même, les teneurs inférieures de 20 à 40 % en
minéraux du blé pourraient être expliquées par la taille
différente du grain et donc par la proportion de son, beaucoup plus
riche en matières minérales. Nous n’avons pourtant pas constaté
de forte modification de la composition minérale du blé depuis nos
premières analyses faites il y a 60 ans…
L’exemple
de la tomate est souvent cité pour démontrer les moindres qualités
organoleptiques et nutritives des variétés modernes. En
l’occurrence, les teneurs en calcium et magnésium auraient baissé
de la moitié. En fait, la tomate, quelle qu’elle soit, ne contient
pratiquement pas de calcium et de magnésium par rapport aux besoins
alimentaires. Une telle différence n’a donc pas de signification
nutritionnelle. Il aurait aussi fallu dire que de nouvelles variétés
de tomates conventionnelles sont plus riches que les tomates bio en
lycopène, puissant antioxydant aux effets bénéfiques.
Un
autre exemple emblématique du documentaire est la longue séquence
sur l’abricot et la comparaison entre arboriculture intensive (ici
raisonnée) et la culture bio dans un jardin broussailleux d’une
néo-rurale écolo qui suit les conseils éclairés du couple
Bourguignon, avec une scène désopilante de diagnostic (onéreux !)
de la qualité du sol destiné à prévoir la bonne qualité
nutritive des fruits. Après analyse, il s’avère que les teneurs
en glucides, vitamine C et provitamine A ne diffèrent pas entre le
bio et le conventionnel mais que les abricots bio sont 3 à 4 fois
plus riches en calcium, fer et zinc. Or, comme la tomate, l’abricot
est toujours très pauvre en ces éléments minéraux et de tels
écarts n’ont pas d’impact nutritionnel. Tripler presque rien ne
donnera pas plus que presque rien ! Il est dit aussi dans le
documentaire que la production citée d’abricots bio était 10 fois
plus faible qu’en arboriculture intensive et que le prix de vente
de ces abricots était le double de celui des abricots
conventionnels, ce qui a quand même conduit le commentateur à
conclure raisonnablement que, pour satisfaire les consommateurs, le
bio ne suffirait pas et qu’il fallait aller vers un compromis entre
les modes extrêmes de production…
Quant
au lait et à la viande, également visés dans l’introduction du
documentaire pour avoir une valeur nutritive plus faible qu’il y a
50 ans, il s’agit aussi d’une contre-vérité. Il va de soi que
la composition de la viande et du lait peut varier sensiblement,
notamment pour les teneurs en lipides, en fonction de la race, de
l’âge et du degré d’engraissement. Il est bien connu aussi que
l’alimentation à l’herbe (ou avec addition de graine de lin)
augmente la teneur du lait en acides gras polyinsaturés oméga-3.
Cependant, la sélection et la productivité n’ont pas modifié de
façon significative les teneurs en minéraux, oligoéléments et
vitamines du lait. Les teneurs en minéraux actuellement relevées
dans le lait ne diffèrent pas des moyennes calculées à partir
d’une revue bibliographique exhaustive sur la composition minérale
du lait de plusieurs espèces utilisant des données publiées il y a
un demi-siècle (Guéguen L., 1971, Annales de Nutrition et
Alimentation, 25, A335-A381).
En
conclusion, encore beaucoup de bruit médiatique pour rien, dans le
but d’angoisser le consommateur et de lui faire croire, ce que ne
dira plus JP Coffe, que les aliments actuels « c’est de la
m…. ».
L. Guéguen
Directeur de recherches honoraire de l’Inra
Membre émérite de l’Académie d’Agriculture de France
lundi 11 avril 2016
Il faut tendre avec efforts à la perfection sans y prétendre.
"Il faut tendre avec efforts à la perfection sans y prétendre" : cette phrase vient de Michel Eugène Chevreul, ce remarquable chimiste qui fut plusieurs fois président de l'Académie des sciences, non pas par goût du pouvoir, mais parce qu'il avait découvert la constitution chimique des graisses, découvert la loi du contraste simultané des couleurs, et j'en passe, de sorte que sa stature scientifique le faisait primum inter pares.
Cette phrase me paraît tout à fait merveilleuse, parce qu'elle incite à travailler, mais elle reconnaît quand même que la perfection n'est pas de ce monde. On peut la viser, mais il ne faut pas avoir la prétention de l'atteindre, car elle est inaccessible, au moins par postulat, ce qui est une façon très positive de nous encourager à travailler sans cesse pour améliorer ce que nous faisons.
On trouve évidemment des idées exprimées ailleurs, ce qui n'est pas étonnant car si j'ai mis cette phrase de Chevreul qui dans ma collection, c'est qu'elle correspond bien aux valeurs que je propose.
Dans la citation, il y a « avec efforts », et la connotation de cette expression peut paraître négative : des efforts ! Pourtant, on trouve le mot "force" dans effort, et cela n'a rien de péjoratif. Oui, il faut y mettre nos forces, mais pourquoi cela serait-il mauvais ? C'est un plaisir d'exercer sa force, non pas seulement physique, mais morale. Le philosophe Alain avait ainsi proposé des exercices de bonne humeur. Il nous invitait à nous confronter à des situations de plus en plus difficiles afin de nous assurer que nous devenons capables de vivre dans la bonne humeur. Je maintiens que l'optimisme est une politesse qui s'apprend, et je vois les exercices de bonne humeur d'Alain comme une façon de faire. Je ne pas que la vie est toujours gaie, avec les décès, avec les maladies, etc., mais je dis que nous devrions avoir la politesse de proposer aux autres un visage souriant, positif, et je maintiens que cela s'apprend. Ce n'est pas un don du ciel ! C'est un travail constant que d'afficher des sourires afin de rendre les autres heureux, au lieu de se morfondre égoïstement. On se souvient de ce livre amusant de la comtesse de Ségur : Jean qui rit et jean qui pleure. C'était une caricature, évidemment, mais c'était surtout une leçon de morale ; je la prends pour telle, et je propose que nous la faisions connaître.
Oui, faisons la promotion de l'effort, du travail, du soin, de l'attention, de la politesse… Le grand physico-chimiste Michael Faraday allait le soir à son club d'amélioration de l'esprit. Récemment, j'ai rencontré un étudiant qui me demandait ce que cela signifiait. Je crois que j'ai trouvé la réponse : améliorer son esprit, c'est beaucoup de choses, mais c'est notamment apprendre à voir le verre plus qu'à moitié plein. Je propose cette phrase de Chevreul : il faut tendre avec efforts vers la perfection sans y prétendre.
Au fait, le rapport avec la recherche scientifique ? La phrase s'impose, parce qu'elle vient de Chevreul, mais, en réalité, elle s'impose à tous, non ?
Cette phrase me paraît tout à fait merveilleuse, parce qu'elle incite à travailler, mais elle reconnaît quand même que la perfection n'est pas de ce monde. On peut la viser, mais il ne faut pas avoir la prétention de l'atteindre, car elle est inaccessible, au moins par postulat, ce qui est une façon très positive de nous encourager à travailler sans cesse pour améliorer ce que nous faisons.
On trouve évidemment des idées exprimées ailleurs, ce qui n'est pas étonnant car si j'ai mis cette phrase de Chevreul qui dans ma collection, c'est qu'elle correspond bien aux valeurs que je propose.
Dans la citation, il y a « avec efforts », et la connotation de cette expression peut paraître négative : des efforts ! Pourtant, on trouve le mot "force" dans effort, et cela n'a rien de péjoratif. Oui, il faut y mettre nos forces, mais pourquoi cela serait-il mauvais ? C'est un plaisir d'exercer sa force, non pas seulement physique, mais morale. Le philosophe Alain avait ainsi proposé des exercices de bonne humeur. Il nous invitait à nous confronter à des situations de plus en plus difficiles afin de nous assurer que nous devenons capables de vivre dans la bonne humeur. Je maintiens que l'optimisme est une politesse qui s'apprend, et je vois les exercices de bonne humeur d'Alain comme une façon de faire. Je ne pas que la vie est toujours gaie, avec les décès, avec les maladies, etc., mais je dis que nous devrions avoir la politesse de proposer aux autres un visage souriant, positif, et je maintiens que cela s'apprend. Ce n'est pas un don du ciel ! C'est un travail constant que d'afficher des sourires afin de rendre les autres heureux, au lieu de se morfondre égoïstement. On se souvient de ce livre amusant de la comtesse de Ségur : Jean qui rit et jean qui pleure. C'était une caricature, évidemment, mais c'était surtout une leçon de morale ; je la prends pour telle, et je propose que nous la faisions connaître.
Oui, faisons la promotion de l'effort, du travail, du soin, de l'attention, de la politesse… Le grand physico-chimiste Michael Faraday allait le soir à son club d'amélioration de l'esprit. Récemment, j'ai rencontré un étudiant qui me demandait ce que cela signifiait. Je crois que j'ai trouvé la réponse : améliorer son esprit, c'est beaucoup de choses, mais c'est notamment apprendre à voir le verre plus qu'à moitié plein. Je propose cette phrase de Chevreul : il faut tendre avec efforts vers la perfection sans y prétendre.
Au fait, le rapport avec la recherche scientifique ? La phrase s'impose, parce qu'elle vient de Chevreul, mais, en réalité, elle s'impose à tous, non ?
dimanche 10 avril 2016
Il n'est pas nécessaire d'être lugubre pour être sérieux.
"Il n'est pas nécessaire d'être lugubre pour être sérieux" : encore une des phrases écrites sur le mur de mon laboratoire. Pourquoi ?
Parce qu'il y a des gens pour qui le sourire est déjà le début de la frivolité. Je déteste ces pisse-vinaigre qui confondent le paraître avec l'être. Si nous faisons des travaux merveilleux, si nous prenons plaisir à notre travail, alors je revendique que nous le fassions dans le rire, le sourire, la gaité, la jovialité, et je déteste les visages en porte de prison, les attitudes compassées de ceux qui se prennent au sérieux.
D'ailleurs l'expression est lâchée : se prendre sérieux ! Oui, bien sûr, il faut faire les choses sérieusement, mais pas se prendre sérieux. Il faut faire les choses avec soin, avec application mais quelle loi interdirait de faire cela avec le sourire, en faisant des blagues, même avec de la gaudriole ?
Pour dire les choses plus crûment, je refuse absolument de m'ennuyer, d'être sérieux au sens d'ennuyeux, de compassé. D'ailleurs, ceux qui revendiquent ce sérieux de façade, ceux qui se prennent au sérieux, sont souvent des gens qui ont à vendre une attitude, qui cherchent du pouvoir, par exemple. Je déteste évidemment ce genres de personnages, et, à ce propos, je recommande cette phrase des Jésuites : il ne faut pas se comporter en tant que chrétien mais en chrétien.
Oui il faut être sérieux, c'est-à-dire faire des travaux bien faits, mais il ne faut pas prétendre être sérieux, car prétendre être sérieux, ce n'est pas précisément être sérieux, c'est juste le prétendre, c'est-à-dire se mettre un masque sur le visage, et, en réalité, mentir sur une façon d'être. Je préfère ceux qui sont sérieux à ceux qui paraissent sérieux, et, d'autre part, je préfère ceux qui sourient à ceux qui sont lugubres.
Tout cela étant dit, on se souvient que les phrases sur mes murs s'adressent d'abord à moi : comment pourrais-je proposer de la sagesse aux autres, alors qu'il m'en manque ? La phrase initiale est pour moi, et pour moi seul : en aucun cas, je ne dois être lugubre. Il faut que j'offre à mes amis, à mes visiteurs, à mes collègues... un visage avenant, souriant... d'autant que je fais des choses passionnantes !
Comme je le disais, mon idéal dans la vie n'est pas la porte de prison, mais le sourire accueillant d'un ami.
Parce qu'il y a des gens pour qui le sourire est déjà le début de la frivolité. Je déteste ces pisse-vinaigre qui confondent le paraître avec l'être. Si nous faisons des travaux merveilleux, si nous prenons plaisir à notre travail, alors je revendique que nous le fassions dans le rire, le sourire, la gaité, la jovialité, et je déteste les visages en porte de prison, les attitudes compassées de ceux qui se prennent au sérieux.
D'ailleurs l'expression est lâchée : se prendre sérieux ! Oui, bien sûr, il faut faire les choses sérieusement, mais pas se prendre sérieux. Il faut faire les choses avec soin, avec application mais quelle loi interdirait de faire cela avec le sourire, en faisant des blagues, même avec de la gaudriole ?
Pour dire les choses plus crûment, je refuse absolument de m'ennuyer, d'être sérieux au sens d'ennuyeux, de compassé. D'ailleurs, ceux qui revendiquent ce sérieux de façade, ceux qui se prennent au sérieux, sont souvent des gens qui ont à vendre une attitude, qui cherchent du pouvoir, par exemple. Je déteste évidemment ce genres de personnages, et, à ce propos, je recommande cette phrase des Jésuites : il ne faut pas se comporter en tant que chrétien mais en chrétien.
Oui il faut être sérieux, c'est-à-dire faire des travaux bien faits, mais il ne faut pas prétendre être sérieux, car prétendre être sérieux, ce n'est pas précisément être sérieux, c'est juste le prétendre, c'est-à-dire se mettre un masque sur le visage, et, en réalité, mentir sur une façon d'être. Je préfère ceux qui sont sérieux à ceux qui paraissent sérieux, et, d'autre part, je préfère ceux qui sourient à ceux qui sont lugubres.
Tout cela étant dit, on se souvient que les phrases sur mes murs s'adressent d'abord à moi : comment pourrais-je proposer de la sagesse aux autres, alors qu'il m'en manque ? La phrase initiale est pour moi, et pour moi seul : en aucun cas, je ne dois être lugubre. Il faut que j'offre à mes amis, à mes visiteurs, à mes collègues... un visage avenant, souriant... d'autant que je fais des choses passionnantes !
Comme je le disais, mon idéal dans la vie n'est pas la porte de prison, mais le sourire accueillant d'un ami.
samedi 9 avril 2016
Quelqu’un qui sait, c’est quelqu’un qui a appris.
Quelqu’un qui sait, c’est quelqu’un qui a appris. Cette déclaration
provient d’un chimiste de l’Ecole polytechnique, Michel Fétizon, qui eut
de nombreux élèves, et son idée me semble être quand même assez juste :
comment saurions quelque chose si nous n’avons pas appris ?
La suite ici : http://www.agroparistech.fr/Quelqu-un-qui-sait-c-est-quelqu-un-qui-a-appris.html
La suite ici : http://www.agroparistech.fr/Quelqu-un-qui-sait-c-est-quelqu-un-qui-a-appris.html
Le moi est haïssable
Le moi est haïssable : pourquoi cette phrase sur les murs de mon laboratoire ?
Parce que la science est un exercice de rigueur, mais aussi de créativité. Après que les phénomènes ont été caractérisés quantitativement, ce qui a produit des nombres, après que les nombres ont été réunis en lois, vient l'étape inductive de la recherche des mécanismes fondés sur ces lois. Induction : cela signifie qu'il faut faire un effort merveilleux d'introduire quelque chose de nouveau dans l'affaire. La déduction ne suffit pas, elle n'est pas créatrice.
Or qui dit "création" dit aussi créateur, et, souvent, ego : il faut peut-être des individus suffisamment sûrs d'eux pour oser proposer quelque chose qui n'existait pas, comme les artistes ! Et la présence de personnalités puissantes dans la communauté complique évidemment la vie de ladite communauté, scientifique, donc. Dans un autre billet, j'ai discuté la question des controverses, qui est tout à fait liée à celle ci. Le moi est haïssable : la phrase est de Blaise Pascal, qui l'a dite dans le contexte de la religion. Évidemment, que vaut notre petit moi face à Dieu ? La religion prône l'humilité, de sorte qu'il n'est pas étonnant que Blaise Pascal ait prononcé la phrase.
Toutefois, en science de la nature, il est vrai que si notre moi est important, pour parvenir à proposer des mécanismes, des théories, ce moi est bien détestable quand vient l'évaluation des théories proposées, car nous ne pouvons nous substituer à la nature, et les théories en concurrence sont in fine jugées à l'aune de leur adéquation au réel, à leur bonne ou meilleure description des phénomènes.
Là, on se fiche de qui a produit ces théories, et c'est en se sens que le moi est haïssable, dans la mesure où il entraverait nos progrès vers la recherche non pas de la vérité, mais vers la recherche de théories sans cesse meilleures.
Parce que la science est un exercice de rigueur, mais aussi de créativité. Après que les phénomènes ont été caractérisés quantitativement, ce qui a produit des nombres, après que les nombres ont été réunis en lois, vient l'étape inductive de la recherche des mécanismes fondés sur ces lois. Induction : cela signifie qu'il faut faire un effort merveilleux d'introduire quelque chose de nouveau dans l'affaire. La déduction ne suffit pas, elle n'est pas créatrice.
Or qui dit "création" dit aussi créateur, et, souvent, ego : il faut peut-être des individus suffisamment sûrs d'eux pour oser proposer quelque chose qui n'existait pas, comme les artistes ! Et la présence de personnalités puissantes dans la communauté complique évidemment la vie de ladite communauté, scientifique, donc. Dans un autre billet, j'ai discuté la question des controverses, qui est tout à fait liée à celle ci. Le moi est haïssable : la phrase est de Blaise Pascal, qui l'a dite dans le contexte de la religion. Évidemment, que vaut notre petit moi face à Dieu ? La religion prône l'humilité, de sorte qu'il n'est pas étonnant que Blaise Pascal ait prononcé la phrase.
Toutefois, en science de la nature, il est vrai que si notre moi est important, pour parvenir à proposer des mécanismes, des théories, ce moi est bien détestable quand vient l'évaluation des théories proposées, car nous ne pouvons nous substituer à la nature, et les théories en concurrence sont in fine jugées à l'aune de leur adéquation au réel, à leur bonne ou meilleure description des phénomènes.
Là, on se fiche de qui a produit ces théories, et c'est en se sens que le moi est haïssable, dans la mesure où il entraverait nos progrès vers la recherche non pas de la vérité, mais vers la recherche de théories sans cesse meilleures.
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