"Il n'est pas nécessaire d'être lugubre pour être sérieux" : encore une des phrases écrites sur le mur de mon laboratoire. Pourquoi ?
Parce qu'il y a des gens pour qui le sourire est déjà le début de la frivolité. Je déteste ces pisse-vinaigre qui confondent le paraître avec l'être. Si nous faisons des travaux merveilleux, si nous prenons plaisir à notre travail, alors je revendique que nous le fassions dans le rire, le sourire, la gaité, la jovialité, et je déteste les visages en porte de prison, les attitudes compassées de ceux qui se prennent au sérieux.
D'ailleurs l'expression est lâchée : se prendre sérieux ! Oui, bien sûr, il faut faire les choses sérieusement, mais pas se prendre sérieux. Il faut faire les choses avec soin, avec application mais quelle loi interdirait de faire cela avec le sourire, en faisant des blagues, même avec de la gaudriole ?
Pour dire les choses plus crûment, je refuse absolument de m'ennuyer, d'être sérieux au sens d'ennuyeux, de compassé. D'ailleurs, ceux qui revendiquent ce sérieux de façade, ceux qui se prennent au sérieux, sont souvent des gens qui ont à vendre une attitude, qui cherchent du pouvoir, par exemple. Je déteste évidemment ce genres de personnages, et, à ce propos, je recommande cette phrase des Jésuites : il ne faut pas se comporter en tant que chrétien mais en chrétien.
Oui il faut être sérieux, c'est-à-dire faire des travaux bien faits, mais il ne faut pas prétendre être sérieux, car prétendre être sérieux, ce n'est pas précisément être sérieux, c'est juste le prétendre, c'est-à-dire se mettre un masque sur le visage, et, en réalité, mentir sur une façon d'être. Je préfère ceux qui sont sérieux à ceux qui paraissent sérieux, et, d'autre part, je préfère ceux qui sourient à ceux qui sont lugubres.
Tout cela étant dit, on se souvient que les phrases sur mes murs s'adressent d'abord à moi : comment pourrais-je proposer de la sagesse aux autres, alors qu'il m'en manque ? La phrase initiale est pour moi, et pour moi seul : en aucun cas, je ne dois être lugubre. Il faut que j'offre à mes amis, à mes visiteurs, à mes collègues... un visage avenant, souriant... d'autant que je fais des choses passionnantes !
Comme je le disais, mon idéal dans la vie n'est pas la porte de prison, mais le sourire accueillant d'un ami.
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