Coloring matters (Opinion expressed by the SCF, 10 December 1987):
« The Committee is also aware that there have been significant technological advances in the isolation, preparation and extraction of colouring matters from natural sources. The Committee expresses considerable concern at the tendency for foods to be increasingly coloured by so-called « natural » colouring matters and be labeled as such. This tendency results in misinterpretation by the consumer that such product are a priori safe. The Committee deplores this commercial exploitation of the lack of consumer awareness of the situation and recalls its opinion expressed in the 12th Series (on intolerance and hyper sensitivity) and the 14th Series (general safety)."
En voici la traduction :
Matières colorantes (opinion exprimées par le Scientific Comitee of Food, 10 décembre 1987) :
"Le comité est également conscient qu'il y a eu des progrès techniques importants concernant l'isolement, la préparation et l'extraction des matières colorantes à partir de sources naturelles. Le comité exprime des réserves très importante sur la tendance à colorer de plus en plus les aliments à l'aide de prétendues matières colorantes "naturelles", étiquetées comme telles. Cette tendance engendre une incompréhension du public, lui faisant croire que les produits sont a priori sains. Le Comité déplore cette exploitation commerciale d'une incapacité es consommateurs à évaluer les situations de toxicité alimentaire, et rappelle son opinion exprimée dans les 12 e (sur l'intolérance et l'hypersensibilité) et 14e séries (sécurité générale)".
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
mardi 23 juillet 2013
La science n'aide pas à manger ! Mais ses résultats peuvent être utilisés à cette fin... avec notre responsabilité, pas la sienne !
Je viens de passer devant un kiosque
où j'ai vu un gros titre :
« Les 30 aliments conseillés par la science ».
Ce
titre est choquant, parce que la science ne conseille rien.
Ou,
plus exactement, tout est dans le mot « science ». Le mot signifie « savoir », ce qui
justifie d'ailleurs que les shs aient raison de se nommer sciences,
très légitimement. Toutefois, l'emploi du mot « science » seul
sous-entend, pour la majorité du public, ce qui est
nommé par ailleurs « science de la nature », ou
« philosophie de la nature », ou « sciences
exactes », et que je propose de nommer plutôt « sciences
quantitatives ».
Pour
cette dernière activité, la méthode invariable est d'identifier un
phénomène, de le quantifier (Roger Bacon disait « nombrer »),
de synthétiser les données en lois, puis de produire une théorie,
que l'on s'efforce de réfuter. Aucune possibilité de
« conseiller ».
Plus
spécifiquement, en matière d'alimentation, il y a une différence
entre la nutrition, qui est la « science quantitative »
qui explore les mécanismes de l'alimentation humaine, et la
diététique, qui en est l'application technique. Car il est exact
que les sciences quantitatives ont deux applications principales :
la technique, et la pédagogie. Dans les deux cas, il n'y a pas de
conseil, par la « science » (quantitative), et il est
tendancieux, donc, de confondre la science et ses applications.
Bref,
la science quantitative ne conseille rien, et il est temps de cesser
de faire endosser à la science les applications de cette dernière,
sans quoi on finira (et c'est le cas) par ne plus croire à la
solidité du savoir produit par la science.
Je ne dis évidemment
pas que les théories scientifiques sont justes, puisqu'elles sont
insuffisantes par nature, mais je dis que, dans une gamme de courants
et de tensions, les « lois » telles que la loi d'Ohm (un
exemple, seulement un exemple) sont justes à un niveau de détail
qui peut être caractérisé sans difficultés. Je dis qu'une feuille
de papier A4 est rectangulaire, même si, à la loupe, les bords sont
crénelés. Je propose que nous enseignions à ne pas confondre les
descriptions aux différents ordres de grandeur, ce que l'on aurait
dit autrement en disant « ne pas faire passer le détail avant
le gros ».
Aujourd'hui,
à propos d'alimentation, les marchands de peur ont tant oeuvré que
le public croit qu'il est sans cesse empoisonné par des pesticides
alors que
- les résidus de pesticides sont des résidus
- 90 pour cent des pesticides sont d'origine naturelle
- les Français, dès les beaux jours, ne cessent de faire des barbecues, ingurgitant des charges considérables de benzopyrènes cancérogènes (2000 fois plus que dans les produits fumés de l'industrie alimentaire)
- nos Français (les autres aussi) boivent et fument
- etc.Bref, il règne de l'incohérence, dans l'alimentation, et nos concitoyens ne croient même plus dans les experts.
Cela
sera discuté dans un colloque prochain à l'Académie d'agriculture,
mais nous avons déjà conclu, lors d'un colloque organisé en juin
dernier, qu'il fallait absolument réclamer que les avis des comités d'experts ne
soient pas signés par les directeurs d'agences sanitaires, mais par
les présidents des comités d'expert, sans quoi nos institutions
seraient juges et parties.
D'aileurs, les experts ne doivent pas
prendre la place du politique, qui doit être seul à gérer
l'ensemble des décisions, sur la base de « nombres »
produits par la science, laquelle doit se cantonner à cette
production.
Pour
en terminer, la
science ne conseille rien, parce qu'elle n'a rien à conseiller. La
science se limite à produire des théories qu'elle réfute
elle-même. Elle a des applications, technologiques ou pédagogiques.
La
diététique ? Là, on ferait bien d'être prudent et d'avoir la
mémoire pas trop courte : on nous a refusé le pain il y a
quelques décennies, puis on nous l'a conseillé ; on nous a
refusé le vin, avant de nous en vanter les mérites à raison d'un
verre par jour. Etc. Croyez-vous que les chats échaudés puissent
vous croire ? D'ailleurs, les enquêtes récentes ont montré
que le public n'a plus confiance ni dans le politique, ni dans les
experts... ni dans la presse !
Je
crois que, positivement, c'est en proposant de la « bonne
monnaie » que l'on chassera la mauvaise. Ne le pensez vous pas
également ?
La connaissance par la gourmandise : saler une viande que l'on grille
-->
On fait griller une
viande. Le plus souvent, on la sale, mais faut-il mettre le sel
avant la cuisson ? Pendant la cuisson ? Après la cuisson ?
Cette question a fait
l'objet d'un de nos séminaires de gastronomie moléculaire, il y a
bien longtemps, et l'on n'avait pas trouvé la solution. Toutefois le
mérite de notre rencontre avait été de bien poser la question, de
voir que certains chefs disaient – j'insiste : « disaient »
- qu'il salaient avant la cuisson afin que le sel entre la viande ;
d'autres cuisiniers salaient en milieu de cuisson, disant que
l'ajout de sel changeait la couleur des viandes ; d'autres enfin
salaient en fin de cuisson, expliquant, comme cela est fait dans de
nouveaux nombreux ouvrages de cuisine, que le sel tire l'eau de la
vainde et l'empêche de bien griller.
Finalement, que faut-il
faire ?
Lors de notre séminaire,
nous avons donc testé l'ajout de sel en milieu de cuisson pour voir
si la couleur changeait... Et nous n'avons pas vu de changement.
L'honnêteté de nos amis cuisiniers les a conduits à reconnaître
qu'il n'avaient jamais comparé : comparé la même viande, coupée
en deux, et cuite pendant le même temps, dans la même poêle, mais
avec un seul paramètre qui changeait, à savoir l'ajout de sel ou
non.
Mais la question
demeurait. Nous avons alors utilisé des méthodes d'analyse complexe
pour aller regarder au coeur des viande, et chercher le sel qui se
serait éventuellement introduit. Avec ces analyses de microscopie
électronique à balayage, nous n'avons pas vu plus de sel dans une
entrecôte salée avant la cuisson, ou dans une entrecôte non salée.
Nous en étions là quand
il m'est arrivé, quelques années plus tard, de faire griller un
steak à la maison. Il s'agissait d'une viande très tendre, et lors
de la cuisson, j'ai vu des espèces de crevasses se former entre les
faisceaux de fibres. Là, ce fut l'illumination !
On comprend facilement que
la viande se fissure, quand elle est très peu collagénique, quand
elle est très tendre et qu'on la cuit. En effet, la chaleur évapore
l'eau de la viande, de sorte que celle-ci se rétracte ; si le tissu
collénique est fragile, parce que la viande tendre, alors les
faisceaux de fibres musculaires se séparent et des crevasses se
forment. Or des crevasses permettent le phénomène de capillarité
!
Imaginons l'on ait salé
la viande, mais seulement certaines viandes, avant la cuisson, le sel
aura tiré l'eau et formé une solution saline ; si des
crevasses se forment, le phénomène de capillarité aura fait
entrer l'eau salée dans la viande. Le sel ne sera pas entré dans
les fibres musculaires, mais entre les fibres, ce qui, finalement,
revient au même du point de vue du salage de la viande que l'on
mange.
Quelles viandes sont-elles susceptibles de réagir ainsi ? Difficile de le savoir a priori, mais il est certain que les viandes tendres favoriseront le phénomène.
Quelles viandes sont-elles susceptibles de réagir ainsi ? Difficile de le savoir a priori, mais il est certain que les viandes tendres favoriseront le phénomène.
A
ce stade, il faut expliquer qu'une viande est un assemblage de
fibres musculaires, des sortes de tuyaux contenant de l'eau et des
protéines, comme du blanc d'oeuf. La peau des tuyaux, c'est du tissu
collagénique. Les fibres musculaires sont groupées en faisceaus,
dans la viande, et les faisceaux sont eux-mêmes groupés en
faisceaux de faisceaux, et en faisceaux de faisceaux de faisceaux, et
ainsi de suite, toujours par les tissus collagéniques. Les viandes
dures sont celles qui contiennent des quantités importantes de
tissu collagénique, tandis que les viandes tendres contiennent peu
de tissu collagénique, comme dans les poissons, par exemple. Pour
ces viandes, comme pour les poissons, la cuisson provoque des
contraction de la chair, s'accompagne de la formation de fissures, et
c'est ainsi que le sel peut entrer dans certaines viandes.
Voulez-vous saler les
viandes à coeur ? Il vous faudra mettre le sel avant la
cuisson, ou utiliser bien d'autre possibilités. Par exemple, une
fois la viande cuite, quand les crevasses ont été formées, vous
pourriez la tremper dans une saumure, de sorte que, par une
capillarité très rapide, le sel de la saumure entre dans la viande.
Il y a bien d'autres solutions, par exemple utiliser une seringue
pour injecter une saumure. Cela c'est l'histoire des intrasauces,
imaginée en 1912 par un médecin. Les viandes ainsi traitées se
nomment « viande à Pravaz », du nom de l'inventeur de la
seringue hypodermique. Et c'est ainsi que les viandes seront bien
salées !
lundi 22 juillet 2013
Cessons les incohérences !
Suite à mon article du mois, dans la revue Pour la Science (où j'exposais des dosages récents des glycoalcaloïdes toxiques dans des pommes de terre frites avec leur peau), je reçois des messages tels que :
Heureux rappel d'un "risque naturel" qui est bien réel. En France, dans les années 1950-60, tout le monde savait que les pommes de terre vertes étaient toxiques, et on nous l'enseignait aussi à l'école primaire. Aujourd'hui, au marché, j'ai du mal faire comprendre au vendeur que je ne veux que des tubercules sans aucun verdissement. Ni lui, ni son patron n'en savent rien, ni ne savent qu'il faut impérativement conserver les pommes de terre à l'abri de la lumière afin de l'éviter.
Si j'en crois H. This, non seulement on en vend, mais aussi on en cuisine en restauration. Alors, Au secours !
Et ma réponse est :
Oui, le public ignore complètement les risques les plus élémentaires (glycoalcaloïdes des peaux de pomme de terre, toxicité du plomb et du cuivre, toxicité de certains métabolites secondaires des végétaux. Il fume, il mange des viandes cuites au barbecue... et il paye plus chers des aliments bio, fait des révolutions contre des résidus de pesticides. Quelle inconséquence !
Heureux rappel d'un "risque naturel" qui est bien réel. En France, dans les années 1950-60, tout le monde savait que les pommes de terre vertes étaient toxiques, et on nous l'enseignait aussi à l'école primaire. Aujourd'hui, au marché, j'ai du mal faire comprendre au vendeur que je ne veux que des tubercules sans aucun verdissement. Ni lui, ni son patron n'en savent rien, ni ne savent qu'il faut impérativement conserver les pommes de terre à l'abri de la lumière afin de l'éviter.
Si j'en crois H. This, non seulement on en vend, mais aussi on en cuisine en restauration. Alors, Au secours !
Et ma réponse est :
Oui, le public ignore complètement les risques les plus élémentaires (glycoalcaloïdes des peaux de pomme de terre, toxicité du plomb et du cuivre, toxicité de certains métabolites secondaires des végétaux. Il fume, il mange des viandes cuites au barbecue... et il paye plus chers des aliments bio, fait des révolutions contre des résidus de pesticides. Quelle inconséquence !
Vos macarons sont irréguliers ?
Pourquoi un macaron peut-il être
creux, au centre, au lieu d'être une mousse solide homogène ?
Il y a mille raisons, comme on le
verra.
Partons d'un blanc d'oeuf battu et
sucré ; la poudre d'amandes ne changerait rien à l'affaire.
Ce qu'il faut savoir, tout d'abord,
c'est que cette mousse est un excellent isolant thermique : j'ai
souvent montré que si l'on met un thermocouple sous une mousse de
blanc d'oeuf, et si l'on chauffe la mousse au chalumeau, la
température sous la mousse n'augmente quasiment pas ! En effet,
une mousse, c'est comme un super double vitrage, un très bon isolant
thermique.
Bref, quand la meringue (ou le macaron,
c'est la même chose) cuira, alors la température à coeur
n'évoluera que très peu. Donc pas de quoi faire un coeur creux.
Toutefois les meringues et les macarons
se font de mille manières différentes : on peut les poser sur
une plaque métallique, ou sur un support moins conducteur de la
chaleur ; on peut les cuire à four très chaud, ou à four
moins chaud...
Supposons, ainsi, que l'on chauffe très
fortement un petit tas de blanc sucré sur une plaque métallique
placée dans un four pas suffisamment chaud pour faire croûter la
surface : alors l'eau de la préparation s'évaporera au contact
du métal chauffé... et l'on se souvient qu'un gramme d'eau fait
environ un litre de vapeur ; autrement dit, une grande quantité
de vapeur apparaîtra, et elle se développera plutôt au centre,
quitte à fissurer les macarons, pour s'échapper, si la croûte
superficielle n'est pas assez rigide.
Autre cas de figure, à savoir celui
des meringues : on fait croûter en chauffant peu (140 °C),
mais longtemps. Pourquoi les 140°C indiqués ? Parce que, au
delà, la surface se colore, ce qui est à éviter pour une meringue.
On chauffe pendant environ 20 minutes, pour avoir une croûte
épaisse, et donc résistante. Si, ensuite, on cuit longuement à 100
°C, on videra la mousse liquide de son eau, la transformant en
mousse solide qu'est la meringue.
Une cuisson sur un support peu
conducteur ? Alors la croûte sera plus chauffée que la partie
interne. Une cuisson à four très chaud ? On colorera.
Et ainsi de suite : les
possibilités sont innombrables, selon le résultat que l'on veut
obtenir !
dimanche 21 juillet 2013
Réclamons de la lumière !
Lu ce matin dans le tome 4 des Correspondances d'Einstein (CNRS/Le Seuil), une lettre à Solovine où je trouve :
"Parmi les lectures que j'ai faites à ma soeur le soir, il y a eu celle d'écrits philosophiques d'Aristote. A vrai dire, cela a été une vraie déception ; si ce genre de philosophie n'était pas si obscur et si confus, il ne se serait pas maintenu aussi longtemps. Mais la plupart des gens ont justement un respect sacré des mots qu'ils sont incapables de comprendre ; quand ils peuvent comprendre un auteur, ils y voient un signe qu'il est superficiel."
"Parmi les lectures que j'ai faites à ma soeur le soir, il y a eu celle d'écrits philosophiques d'Aristote. A vrai dire, cela a été une vraie déception ; si ce genre de philosophie n'était pas si obscur et si confus, il ne se serait pas maintenu aussi longtemps. Mais la plupart des gens ont justement un respect sacré des mots qu'ils sont incapables de comprendre ; quand ils peuvent comprendre un auteur, ils y voient un signe qu'il est superficiel."
samedi 20 juillet 2013
Vive la loyauté !
-->
Je
viens de finir la lecture des inscriptions qui figuraient sur un
conditionnement de produit alimentaire et je suis bien désolé de
vous dire que c'était un immense baratin, encore pire que ce que
j'aurais pu attendre. Un énorme mensonge : on y parle de
nature, de produits naturels, alors que ce produit a été fabriqué,
et que le naturel est ce qui n'a pas fait l'objet d'intervention par
l'être humain... Bien peu d'ingrédients alimentaires sont naturels,
et aucun aliment n'est naturel.
Oui,
aucun aliment n'est naturel, parce que tous les aliments ont été
fabriqués. Tous ont fait l'objet de transformations par l'être
humain, dans les cuisines domestiques, dans les «laboratoires »
des artisans, dans les usines des industriels !
Allons
plus loin : j'invite tous mes amis honnêtes à militer très
activement contre l'utilisation abusive, déloyale du mot
« naturel » par les industriels ou les artisans de
l'alimentaire.
Certes,
bien souvent, l'emploi est simplement négligent ou ignorant, mais
qui me fera croire que les cabinets de publicité ou de marketing de
l'industrie alimentaire ignorent l'usage du mot « naturel » ?
D'ailleurs, s'ils utilisaient le mot « naturel »
fautivement par ignorance, ce serait encore plus grave !
Nous ne
devons pas tolérer le mercantilisme déloyal. Luttons, luttons en
écrivant aux services consommateurs des sociétés qui produisent ou vendent des aliments, luttons en écrivant aux
services de l'État, afin qu'ils sanctionnent les fautifs. Luttons
contre la déloyauté, la malhonnêteté !
Sur
ce conditionnement, il y avait également une confusion entre goût,
saveur, arômes. Cette confusion résultait à vrai dire d'un usage
très métaphorique des mots, que leurs auteurs auraient justifié,
sans doute, en invoquant le droit à un langage « poétique »...
Et il est vrai qu'un marchand disant « Ah mes belles oranges »
a le droit pour lui, car le « beau » est personnel. De
même, il justifierait son discours « mon produit donne de
l'énergie », car tout aliment ou ingrédient alimentaire,
stricto sensu, apporte de l'énergie.
Mais
on aura compris que, au delà des chicaneries, au delà de la mauvaise
foi, je revendique de la loyauté, plus de loyauté qu'il n'est
supporté de déloyauté aujourd'hui.
J'invite tous mes amis honnêtes
et loyaux à écrire au législateur pour réclamer plus de sévérité.
J'invite tous mes amis des associations de consommateur, tous mes
amis des ministères, en charge des produits alimentaires, tous mes
amis engagés dans l'action politique, tous mes amis engagés dans
l'éducation, à revendiquer, sinon pour nous-mêmes au moins pour
nos enfants, à réclamer qu'un grand ménage soit fait.
Même
pour les mots qui désignent le goût ? Oui, même pour ces
mots ! Il n'est pas nécessaire d'avoir fait de longues études
pour être en mesure de dire que le goût est ce que l'on ressent
quand on mange un aliment. Par exemple, quand on mange une banane, on
a un goût de banane : on ne me fera pas croire que les
publicitaires qui travaillent pour l'industrie alimentaire et qui,
souvent, sortent des grandes écoles de formation des ingénieurs de
commerce, ne sont pas capables de comprendre cela ?
Bref,
le goût est une sensation synthétique, qui englobe la perception de
la consistance, la perception des saveurs, des odeurs, du piquant et
du frais.
Les
saveurs ? Elles nous sont données par les cellules réceptrices des
papilles, réparties sur la langue.
C'est un autre combat de lutter
contre la théorie fausse des quatre saveurs ; passons aux
arômes. Là encore, il y a déloyauté à nommer arôme tout autre
chose que ce qu'est un arôme : l'odeur d'une plante
aromatique ! Une viande n'a donc pas d'arôme, pas plus qu'un
fromage, un vin... Tout simplement, il y a l'odeur de la viande, il
y a l'odeur des fromages, mais il y a l'arôme de la ciboulette ou du
thym citron...
Là encore, j'invite le législateur à refuser
absolument l'emploi du mot arôme pour toute autre utilisation que
l'utilisation juste.
Il faut faire un grand ménage. Amis, luttons !
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