J'ai longtemps hésité à propos d'enseignement et de professorat, notamment parce que j'avais cette phrase de Confucius qui se mettait au beau milieu de mes réflexions : enseigner ce n'est pas emplir des cruches, mais allumer des brasiers.
Encombré par cet argument d'autorité (toujours résister !), j'ai tourné autour du... pot j'ai commencé à penser que l'enseignement était une chose bien impossible, qu' il n'y avait que l'apprentissage qui était à la portée des étudiants.
D'ailleurs je n'aime guère le mot enseignant, qui est très connoté en plus d'être inélégant du point de vue de la langue française.
Mais il me semblait que
dans cette enseignement, il y avait une volonté d'emplir des cruches,
quoi qu'il arrive, et c'est la raison pour laquelle j'ai préféré le
mot professeur, qui a une étymologie qui me convient bien : parler
devant. Le professeur parle devant des étudiants et ces derniers peuvent ou non
faire leur miel de ce que l'on dit afin d'étudier à leur guise.
Puis j'ai mieux compris que l'étymologie d'enseigner était de montrer une direction. De sorte que l'enseignement que je croyais impossible l'est en réalité : il est possible de faire des signes, d'indiquer des directions.
Mais j'observe quand même qu'il y a une sorte d'impérativité à ce signe, une sorte d'impérétivité à pousser les étudiants
dans la direction qu'on montre, alors qu'il y a plus de convivialité,
d'égalité, moins de lutte des classes, à simplement professer.
Bien sûr, je ne méconnais pas
l'efficacité de la rhétorique mais quand même, il ne peut s'agir que de
conviction d'êtres intelligents qui jugent ce qu'on leur dit et qui en prennent
ce qu'ils veulent.
Régulièrement, des collègues à qui je présente,ces discussions, ces soliloques, me répondent en substance que les étudiants sont
bien jeunes pour prendre des décisions par eux-mêmes et qu'il y a lieu
de les diriger un peu, sans quoi il feraient n'importe quoi.
Je m'insurge
absolument contre cette idée et je crois toujours préférable de faire
confiance.
Au fond, ceux des étudiants qui veulent ne rien faire ne feront jamais rien, quelles que soient les organisations, les coercitions éventuelles, et c'est aux autres que je pense, ceux qui ont envie d'apprendre.
Pour cette bonne pâte, ils apprendront dans les deux cas, que l'on indique des directions ou que l'on professe. Mais alors, puisqu'on peut leur faire confiance, faisons leur vraiment confiance et professons. Dans nos déclarations face aux étudiants, bien sûr nous pourrons en quelque sorte indiquer les directions, mais il n'y aura pas d'impérativité et plutôt un choix.
D'ailleurs, il y aura lieu également de répondre à des questions : il me semble que c'est là toujours le mieux puisque cela signifie que les étudiants ont fait le travail qui les conduit à questionner.
Évidemment, à nous de répondre par le meilleur
pour les aider au mieux.