Faire un projet ?
Planifier un travail ? Il y a lieu de bien le préparer, de façon structurée, et de corriger nos prévisions au fur et à mesure du déroulement des travaux. Ne nous empêtrons pas dans mille considérations accessoires, et restons-en d'abord au plus important.
Surtout, comme un travail est un cheminement abstrait, représentons-le graphiquement. Et simplement.
Commençons par observer que si nous voulons aller d'un point à l'autre, il faut partir du point de départ et nous diriger vers la destination, le point d'arrivée.
On représentera cela graphiquement en mettant à gauche un point, le départ, et à droite l'arrivée.
Le départ : nous savons bien où nous sommes, ici et maintenant, mais il ne s'agit pas d'un point "physique : bien plutôt d'un point "intellectuel". Et cela fait toujours du bien de nous situer dans le contexte particulier du travail. Par exemple, si nous étudions les mousses, alors nous pourrons déposer au point de départ les connaissances que nous avons à leur propos (on écrit cela sous le point, par exemple, ou bien plus bas que la représentation graphique, avec un renvoi par un numéro, si l'on ne veut pas surcharger le graphique du chemin).
Pour la destination, le point d'arrivée, c'est un "objectif". Et avant chaque mise en route, nous avons toujours intérêt à nous demander où nous voulons aller : quel est l'objectif ?
J'insiste un peu, parce que cette question de l'objectif est la source d'erreurs fréquentes : sans cesse, entre le moment où nous planifions un travail et le moment où nous le terminons, il y a lieu d'être bien clair, de bien garder l'objectif en tête, sans quoi nous nous égarerons.
Puis entre les deux points de départ et d'arrivée, il y a un grand nombre de chemins possibles, mais c'est évidemment la ligne droite qui est le plus rapide. Souvent, dans les travaux professionnels, c'est celui que nous devons chercher lors de la planification.
Comme pour un véritable chemin, physique, dans un pays, le "chemin du travail" se parcourt pas à pas, mais généralement par étapes.
Lors de la planification, il n'est pas inutile de représenter une structuration du chemin, divisé par des étapes, et sans rentrer dans le détail des pas individuels : on verra ainsi mieux les sous-objectifs successifs.
Bien sûr, il y a des cas où plusieurs chemins devront être parcourus en parallèle et cela correspondra à des bifurcation du chemin principal sur des lignes différentes. Pour chacune, il pourra y avoir des structurations, des étapes encore.
Lors du travail, nous aurons généralement des informations nouvelles, et elle conduiront peut-être à des modifications du chemin, ce qui pourra être représenté.
De la sorte, on obtiendra un grand arbre couché, que nous parcourons de la gauche vers la droite (soyons simple !), et l'on pourra utiliser des couleurs pour distinguer ce qui a été fait, et ce qui est à faire.
Bien évidemment, on fera apparaître dans la première ligne ce qui est le plus urgent, et dans les lignes suivantes par ordre descendant ce qui l'est de moins en moins.
Parfois, il y aura des rameaux, que l'on ne parcourra pas, sauf en cas de besoin : ce sont des questions peut-être passionnantes, mais qui risquent de nous détourner de notre objectif.
Et ainsi, avec différentes indications de date, de temps de parcours, des annotations, et cetera, on aura fait cet "arbre et rameaux" que je propose à tous ceux qui mènent un projet.
On observera que ce n'est pas exactement un diagramme de Gantt, lequel a d'autres intérêts.
Quel outil utiliser pour représenter tout cela ? Un certain monde professionnel recourt à Excel, ou Calc, mais les chemins n'apparaissent alors pas et pour cette raison, je dois conclure que ce n'est pas la meilleure des solutions.
Alors... soyons simple : pourquoi pas un simple logiciel de dessin ?
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
lundi 2 décembre 2024
Comment préparer et mener un travail ?
Assez de ces paresseux et bêtes "Merci pour attention " !
"Merci pour attention" : souvent dans les conférences, c'est par ces mots que les orateurs terminent leur présentation, et je trouve cela très "faible". Je le critique vivement, et voici pourquoi.
Je le critique d'abord parce qu'il est très conventionnel, et en quelque sorte paresseux : ce n'est pas un vrai merci, et c'est donc un faux merci, donc quelque chose qui n'est pas sincère, factice.
Je le critique aussi, parce que c'est le monde à l'envers : c'est au public de remercier l'orateur... à condition évidemment qu'il ou elle se soit donné du mal pour bien présenter, pour bien expliquer. Et si il ou elle ne s'est pas donné du mal, alors ce merci est encore pire.
Je le critique enfin parce que c'est paresseux, et bête : paresseux, parce que l'on termine ainsi sans se demander comment terminer, bête parce que l'on ne cherche pas à être intelligent, ce qui est donc l'inverse d'une politesse que l'on doit faire à nos interlocuteurs.
Que faudra-t-il dire à la place de cette formule à rejeter, me demande-t-on ?
Je propose d'abord que nous réfléchissons, que nous analysions la situation : nous avons donc présenté un sujet, des résultats, et vient le moment de... conclure : c'est donc la fonction d'une conclusion.
Conclure, contrairement à ce qui est indiqué dans certains documents éditoriaux à propos des articles scientifiques, cela ne veut pas dire répéter ce qui a été dit (ce qui revient à prendre les interlocuteurs pour des idiots), mais plutôt prendre du recul sur ce que l'on a dit, et c'est à ce titre que des conclusions et des perspectives à son préférable à des conclusions.
Dans la conclusion, on évalue ce qui a été présenté, on prend du recul, un peu de hauteur, et dans les perspectives, on envisage ce qui reste à faire, on fait briller les yeux, on rend mémorable des points particuliers.
Mais j'entends mes amis me dire qu'il va falloir s'arrêter de parler, et indiquer à l'auditoire que l'on s'arrête de parler. Il y aurait une finale, en fin de conclusion, et certains justifient ainsi le "merci pour votre attention" qui montre bien que c'est la fin du discours.
C'est vrai... mais c'est un manque terrible d'imagination.
Pour ce qui me concerne, j'ai imaginé une foule de finales possibles. Une de celles que je préfère est un grand "Vive la chimie", dont chacun comprend bien qu'il s'agit d'une conclusion et une conclusion ouverte au lieu d'être une conclusion fermée comme le "merci pour votre attention".
J'ai fait des variantes : vive la gourmandise éclairée, vive la connaissance, vive la gastronomie moléculaire, et cetera, mais je peux en imaginer bien d'autres. Par exemple on pourrait dire "Et voilà ce que je voulais vous raconter", ou bien encore "Et voilà où nous en sommes". Et ainsi de suite. D'ailleurs, Alsacien, je me demande si je ne vais pas m'amuser avec un grand "Hopla", la prochaine fois
Je crois aussi qu'il y a des publics différents, et qu'il y a lieu ce comporter chaque fois en fonction de ces derniers : on ne parle pas à un public académique comme au grand public, et la clarté est la politesse de ceux qui s'expriment en public, disait justement l'astronome François Arago.
En tout cas, il y a lieu de montrer que l'on est très intéressé, très amusé, par le sujet que l'on montre. Bien sûr on peut faire comme le chien Droopy de Tex Avery, qui, d'un air lugubre, disait "You know what, I am very happy". Mais l'humour est un jeu difficile, surtout pour ceux qui ne sont pas à l'aise ; on aura intérêt à être plus simple, car l'humour et le second degré n'est pas toujours bien compris
Finalement, je le répète : c'est une faiblesse ou une paresse que ce merci pour votre attention scientifique, et il y a lieu de faire un petit effort pour contenter notre auditoire, nos amis.
Faut-il vraiment utiliser de l'iode pour voir que l'eau de lavage du riz contient de l'amidon ?
Le "test à l'iode" est merveilleux : on dépose une goutte d'une solution d'iode sur de l'amidon, qu'il soit présent dans du riz, des pâtes, des pommes de terre, et cetera, et l'on voit cette solution jaune brun virer immédiatement au bleu gris.
Il a été montré que cette réaction résulte de ce que les atomes d'iode viennent par groupe de 3 à l'intérieur des molécules d'amylose, comme des fils qui s'enroulent hélice autour des atomes d'iode : ce de fait, une partie de la lumière est absorbée, ce qui produit le changement de couleur.
Cela étant, je reviens à ma question : faut-il vraiment un testa à l'iode pour explorer le lavage du riz ? L'expérience est simple : on met du riz dans de l'eau, et l'on agite un peu. On observe alors immédiatement que l'eau se trouble, indication que de petites particules sont dispersées dans l'eau. Il s'agit manifestement des grains d'amidon qui ont été libérés des cellules de riz lors de la préparation des grains.
En effet, quand on prépare du riz blanc, on part des grains avec leurs enveloppes, le germe, etc., ce qui permet d'isoler le coeur, l'amande.
A la surface de cette dernière, il y a des cellules endommagées, et les grains d'amidon qui s'y trouvaient : ceux-ci partent dans l'eau.
dimanche 1 décembre 2024
L'INRAE se préoccupe précisément du monde viticole
Alors même que certains agriculteurs manifestaient devant l'INRAe en prétendant que l'institut de recherche ne faisait rien pour eux, nous organisions précisément un Colloque "Vigne et vin demain" pour présenter tous les travaux INRAe qui visent à aider les viticulteurs et les vignerons à passer le cap du changement climatique :
- les questions de sel
- les questions d'eau
- les questions de terroir
- les questions de résistances aux maladies
- les questions de marketing et de commerce
Et plus encore.
Ce qui était dit par les manifestants était donc très mal venu, surtout quand on sait que le secteur viticole est le premier poste exportateur français.
Nos travaux sont publiquement disponibles sur :
Matinée :
https://www.youtube.com/watch?v=lH84EUpRe7c&t=6301s
https://www.youtube.com/watch?v=Z-No5MgpS9c&t=2652s
Après-midi : https://www.youtube.com/watch?v=uxx_bt69wkA&t=6151s
Souffler du riz ?
Comment faire du riz soufflé ? Il y a plusieurs possibilités.
Certains se limitent à chauffer très fortement du riz dans de l'huile : l'eau de l'intérieur des cellules s'évapore rapidement et contribue à dégrader le riz et à le faire souffler.
Autre manière : cuire d'abord du riz dans l'eau avant de le faire souffler soit dans de l'huile très chaude, soit dans un four très chaud, soit dans une poêle par exemple.
Dans tous les cas, le phénomène essentiel est l'évaporation rapide de l'eau avec cette valeur à retenir : 1 g d'eau permet d'obtenir un litre et demi de vapeur. De quoi faire souffler non ?
samedi 30 novembre 2024
La cuisson du riz
La cuisson du riz ? Comme les grains de blé, les grains de riz sont entourées d'une enveloppe et le riz blanc est débarrassé de l'enveloppe et du germe, par exemple (le riz complet, lui, conserve le germe, mais il est débarrassé de ses enveloppes.
Dans le grain de riz comme dans le grain de blé, par exemple, il y a des cellules avec, dedans, de petits grains durs et secs : des grains d'amidon.
Et les grains d'amidon sont composés de couches concentriques de deux sortes de molécules : des molécules d'amylose et des molécules d'amylopectine. Les premières sont linéaires, et les secondes sont comme des arbres.
Lors de la cuisson, les grains gonflent parce que l'eau s'infiltre par capillarité, notamment dans la partie qui contenait le germe, et elle peut ensuite provoquer l'empesage des grains d'amidon : cela signifie que des molécules d'amylose sortent des grains tandis que les molécules d'eau y entrent, favorisant la séparation des molécules d'amylopectine. Finalement, chaque cellule du grain de riz finit emplie d'une sorte de purée.
vendredi 29 novembre 2024
Quelle différence entre une brioche et un kugelhopf ?
Quelle différence entre une brioche et un kugelhopf ?
Pour un esprit superficiel, c'est la même chose, aux raisins et à la forme près.
Mais, en réalité, ces deux pâtes sont très différentes. Bien sûr, il y a de la farine, de la levure, des oeufs, du beurre, du sel et du sucre dans les deux cas. Bien sûr, les deux recettes varient : il y a mille brioches différentes, et un Kugelhopf par famille, mais quand même, l'examen de beaucoup d'entre elles fait conclure que, en moyenne, une recette de Kugelhopf se ferait avec 500 grammes de farine, 2 oeufs, 100 grammes de beurre, 100 grammes de sucre, et une cuisson de 45 minutes à four chaud, tandis qu'une brioche s'obtient plutôt à partir de 500 grammes de farine, 4 oeufs, 100 grammes de beurre, 100 grammes de sucre, et cuisson de 25 minutes seulement.
La cuisson, d'ailleurs, diffère notablement, parce qu'elle se fait dans un moule épais pour le Kugelhopf, un moule plus mince pour la brioche.