Hier j'ai discuté les manières de se comporter aimablement dans une discussion, et j'avais notamment stigmatisé l'ego, la prétention.
Mais je m'aperçois, ce matin, que jamais on ne m'a enseigné, autrement, que par l'exemple, qu'il fallait éviter de parler de soi dans une conversation.
Certes j'ai appris par hasard cette formule "Le moi est haïssable", dans les Pensées de Blaise Pascal, mais à propos de discussion, j'en étais réduit à deux idées explicites : d'une part, ne jamais parler de politique, de religion ou d'armée ; et, d'autre part, j'ai appris l'existence de ces manuels de conversation où figuraient des espèce de clichés pour être à l'aise en toutes circonstances.
Jamais on m'a dit explicitement comment contribuer à une discussion. Et je viens de vérifier auprès de jeunes amis qu'il en avait été de même pour eux.
Car il ne s'agit pas seulement éviter de parler de soi, mais aussi de savoir quoi dire.
Et c'est là où il y a une difficulté : le "quoi dire" se fonde sur tout le travail qu'on aura fait avant la discussion : dans les heures, jours, mois, années...
Et je retrouve ici mon concept des "belles personnes", celles que nous connaissons parfaitement mais qui nous surprennent, à chaque discussion, avec de nouvelles idées. Celles qui savent apporter sur la table du festin intellectuel les mets les plus délicats, les mieux choisis. Autre chose que des sandwichs vite faits. Non, des produits leur travail, de leur réflexion, de leurs soins, de leur intelligence. Ces personnes ne se laissent pas aller à délivrer des pensées immédiates, médiocres, qui montreraient leur médiocrité, mais elles veulent au contraire délivrer des objets bien finis, fignolés...
Oui, décidément, je crois que tous les parents et l'école devraient enseigner aux enfants comment participer à une discussion.
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
Affichage des articles dont le libellé est discussion. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est discussion. Afficher tous les articles
samedi 12 octobre 2019
lundi 23 septembre 2019
Apprenons à discuter !
Hier, j'ai discuté les manières de se comporter aimablement dans une discussion, et j'avais notamment stigmatisé l'ego, la prétention.
Mais je m'aperçois ce matin que jamais on ne m'a renseigné autrement que par l'exemple qu'il fallait éviter de parler de soi dans une conversation.
Certes, j'ai appris par hasard cette formule "Le moi est haïssable", dans les Pensées de Blaise Pascal, mais à propos de discussion, j'en étais réduit à deux idées explicites : d'une part, ne jamais parler de politique, de religion ou d'armée ; et, d'autre part, j'ai appris l'existence de ces manuels de conversation où figuraient des espèce de clichés pour être à l'aise en toutes circonstances.
Mais jamais on m'a dit explicitement comment contribuer à une discussion. Et je viens de vérifier auprès de jeunes amis qu'il en avait été de même pour eux.
Car il ne s'agit pas seulement éviter de parler de soi, mais aussi de savoir quoi dire. Et c'est là où il y a une difficulté : le "quoi dire" se fonde sur tout le travail qu'on aura fait avant la discussion, dans les heures, jours, mois, années... Et je retrouve ici mon concept des belles personnes, celles que nous connaissons parfaitement mais qui nous surprennent à chaque discussion, avec de nouvelles idées. Celles qui savent apporter sur la table du festin intellectuel les mets les plus délicats, les mieux choisis. Autre chose que des sandwichs vite faits. Non, des produits leur travail, de leur réflexion, de leurs soins, de leur intelligence. Ces personnes ne se laissent pas aller à délivrer des pensées immédiates, médiocres, qui montreraient leur médiocrité, mais elles veulent au contraire délivrer des objets bien finis, fignolés...
Oui, décidément, je crois que tous les parents et l'école devraient enseigner aux enfants comment participer à une discussion.
jeudi 4 octobre 2018
Un peu de précision de nuit pas, quand on se regarde dans la glace. Mais quand on parle à d'autres ?
Amusante interaction avec un interlocuteur qui confond un pâté et une terrine. Le même, d'ailleurs, confond gastronomie et haute cuisine, gourmet et gourmand, et je le vois mal parti : je suppose qu'il ne voit pas la différence entre la rémoulade et la mayonnaise, entre la saveur et le goût. Quant à la chimie, c'est pour lui une sorte de chose étrangère où l'on met tout ce qui contient des molécules.
Comment peut-il penser juste ?
Commençons par moi-même : je ne cesse de me demander si mon savoir est bien assuré, si je peux décemment apparaître en public, sans induire mes amis en erreur, et, au contraire, si je peux les aider à mieux voir. Je travaille pour cela, à coups de dictionnaires, de questionnements... et c'est ainsi que je vois pas l'ombre d'un doute : une terrine, c'est produit dans un récipient en terre, nommé terrine, alors qu'un pâté est produit dans de la pâte. Raison d'ailleurs pour laquelle je suis hésitant face à cette expression "pâté en croûte". A moins que l'on ne suppose ainsi une différence entre une pâte de type feuilletage ou pâte sablée, et l'épaisse couche que l'on trouve autour de ces préparations. Mais quand même, ce serait plus juste de parler de chair en croûte.
Bref, j'essaie d'avoir un peu de précision et de montrer autour de moi que la précision est utile pour bien penser. Mais comment s'y prendre quand, dans un débat, nos interlocuteurs disent n'importe quoi ? On ne peut pas facilement les rectifier, notamment parce qu'ils ne voient pas l'intérêt des précisions, et l'on passe pour un pinailleur, Depfalaschiesser dit-on de façon imagée en alsacien (chieur de rondelles).
Et puis, ce même type de personnes dit en réalité n'importe quoi : faut-il même leur répondre ? Peut-il y avoir un dialogue si l'on ne parle pas la même langue ? Merci de vos conseils.
Comment peut-il penser juste ?
Commençons par moi-même : je ne cesse de me demander si mon savoir est bien assuré, si je peux décemment apparaître en public, sans induire mes amis en erreur, et, au contraire, si je peux les aider à mieux voir. Je travaille pour cela, à coups de dictionnaires, de questionnements... et c'est ainsi que je vois pas l'ombre d'un doute : une terrine, c'est produit dans un récipient en terre, nommé terrine, alors qu'un pâté est produit dans de la pâte. Raison d'ailleurs pour laquelle je suis hésitant face à cette expression "pâté en croûte". A moins que l'on ne suppose ainsi une différence entre une pâte de type feuilletage ou pâte sablée, et l'épaisse couche que l'on trouve autour de ces préparations. Mais quand même, ce serait plus juste de parler de chair en croûte.
Bref, j'essaie d'avoir un peu de précision et de montrer autour de moi que la précision est utile pour bien penser. Mais comment s'y prendre quand, dans un débat, nos interlocuteurs disent n'importe quoi ? On ne peut pas facilement les rectifier, notamment parce qu'ils ne voient pas l'intérêt des précisions, et l'on passe pour un pinailleur, Depfalaschiesser dit-on de façon imagée en alsacien (chieur de rondelles).
Et puis, ce même type de personnes dit en réalité n'importe quoi : faut-il même leur répondre ? Peut-il y avoir un dialogue si l'on ne parle pas la même langue ? Merci de vos conseils.
lundi 20 novembre 2017
Comment participer à une discussion
Comment comment participer à une discussion ? Je ne sais pas très bien, et je serais heureux d'avoir des conseils de mes amis. Je leur tends une analyse.
Soit deux personnes qui se rencontrent. Les êtres humains sont « sociaux », ce qui signifie que le but ultime de la rencontre doit être de faire mieux sentir la « réunion », c'est-à-dire la satisfaction de ce besoin animal de socialité.
Evidemment, on n'est pas des bêtes, de sorte que tout doit
passer par la parole, d'abord. Il y a donc lieu de considérer le
discours.
Pour les discours,
il me vient immédiatement à l'idée ce type de discours que l'on
voit partout : le « bistrot du commerce ». Là, le
contenu n'est rien, et seule compte l'interaction. Par exemple, la
dernière fois que je suis entré dans un café, au zinc ils
parlaient du match de foot, et l'un se déclarait pour une équipe,
un autre pour une autre. Je ne crois pas (disons, je n'espère pas)
que leur sentiment pour ces équipes ait été très réel, mais je
le décode comme une façon de se parler dans un lieu public quand on
ne se connaît pas. Evidemment, discuter de mécanique quantique
aurait été déplacé, parce que j'aurais mis une barrière au lieu
de la supprimer.
Mais faut-il
vraiment passer sa vie dans les bistrots ? Alphonse Allais
répondait : « Je hais la vie de brasserie car elle nuit à
la prière et à l'étude ».
Soit donc deux
personnes (ou plus) qui se rencontrent et qui ont en commun cette
volonté de s'améliorer l'esprit, de devenir demain mieux
qu'aujourd'hui. Que doivent-ils faire ? Ouvrir son coeur sur des
idées personnelles est certainement un bon moyen de témoigner de la
confiance à son interlocuteur : on n'est intime qu'avec des
amis, et je me réserve un autre billet pour discuter cette question
« Peut-on tout dire à des amis ? ».
Mais ici, je me
souviens immédiatement de ma définition des « belles
personnes » : quelqu'un qui me dit des choses toujours
nouvelles, toujours surprenantes… fondées sur du travail de
recherche de ces données ou idées qu'il me communique. D'ailleurs,
données ou idées ? Cela me fait penser que, dans mes cours,
dans le temps, je proposais de distinguer valeurs, méthodes,
informations, concepts, notions anecdotes. De ce fait, si je
rencontre un ami, je dois sans doute puiser dans ce stock-là. Avec
des tas de discussions subsidiaires dans lesquelles je ne peux pas
rentrer aujourd'hui, telle : « Peut-on vraiment
« discuter » de valeurs ? ».
Cette discussion…
générale des discussions me fait aussi penser à un ami que j'ai
rencontré dans la rue récemment, et qui apprenait par coeur des
poêmes en vue d'une randonnée qu'il allait faire avec des certains
de ses amis : ces poèmes seraient des cadeaux. Interrogé, il
m'a avoué que, plus jeune, ses parents étaient très pauvres, et
que, en conséquence, c'est cela qu'il leur offrait pour Noël ou
pour des anniversaires : un chant appris, une scène de théâtre,
un morceau de musique qu'il avait travaillé, un poème, un texte…
Mais j'y reviens :
je comprends que la discussion sera belle si :
- mes amis préparent
cette discussion en prévoyant d'y apporter des « fleurs »
- mes amis m'ouvrent
leur coeur, de sorte qu'ils me témoignent leur confiance la plus
parfaite
- mes amis cherchent
des valeurs, méthodes, notions, concepts, anecdotes, informations
qui me feront grandir.
Evidemment, tout
tient dans cette hypothèse : je veux devenir demain plus
« intelligent » qu'aujourd'hui, et je suis prêt à
donner à mes amis du temps pour les aider à faire de même.
Inscription à :
Articles (Atom)