Le chimiste français Michel Eugène Chevreul, qui a établi la constitution moléculaire des triglycérides (les composés qui forment l'essentiel des "matières grasses"), a largement discuté la méthodologie scientifique, en proposant notamment sa "méthode a posteriori expérimentale ».
En réalité, le nom est incompréhensible sans le contexte : il fait
référence à la méthode "a priori", qui avait été établie par Antoine Laurent de Lavoisier, et qui consistait :
« à ne déduire aucune conséquence qui ne dérive immédiatement des expériences et des observations, à ne conserver que les faits qui ne sont que des données de la nature, à ne chercher la vérité que dans l'enchaînement naturel des expériences et des observations » (Lavoisier, 1789 : Disc, prélim.).
Chevreul reprend cela et introduit une discussion supplémentaire à propos de l'interprétation.
Mais ce qui m'intéresse aujourd'hui, ce sont ces
"faits", qu'il évoque sans cesse. Il est amusant d'observer que, dans mes discussions personnelles à
propos de méthode scientifique, je n'ai pas utilisé ce terme puisque
je ne le vois pas dans :
- l'identification d'un phénomène,
- la seconde étape de la méthode scientifique
qui consiste à caractériser quantitativement les phénomènes
- dans la troisième étape qui consiste à réunir les données
quantitatives en équations ;
- dans l'étape suivante
qui consiste à réunir les équations et introduire des concepts nouveaux
pour établir des théories ;
- dans la recherche de
conséquences théorique et les tests expérimentaux de ces dernières.
D'ailleurs, je ne vois pas non plus le mot de "vérité", que Chevreul utilise pourtant.
Mais rien ne vaut un exemple. Supposons que l'on étudie l'attaque du fer par l'acide
chlorhydrique : la théorie dont nous disposons aujourd'hui conduit à penser que cette attaque conduit à la mise en solution du fer sous une forme ionisé et à la libération de dihydrogène gazeux. Cela est une théorie, réfutable, perfectible.
La dissolution du fer est un
phénomène, et, n'ignorant pas que la notion de "fait" est bien problématique, je propose de ne pas oublier qu'un fait est d'abord quelque chose qui a été fait. Il est apparent que la réaction d'attaque du fer par l'acide chlorhydrique conduit à la "dissolution du fer", mais cela nous intéresse moins que le
phénomène dont nous cherchons les mécanismes ; or cette "explication", ces mécanismes sont bien réfutables, révisables, perfectibles, et je ne cesse de citer à ce propos la réfutation de la loi d'Ohm par la découverte de l'effet Hall quantique, un exemple parmi mille.
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