Ce matin, un message :
Nous sommes un groupe de TPE qui travail sur un mythe urbain : "Le sel
élève le point d’ébullition de l’eau".
Ce qui implique que lorsqu'on
fait chauffer de l'eau pour une cuisson il faut mettre le sel lorsque
l'eau est chaude.
Nous avons fait des expériences en laboratoire pour tester plusieurs sels, plusieurs eaux et 2 quantités de sels.
Nous
avons aussi pu voir que les eaux sans sel atteignaient le point
d'ébullition de l'eau plus rapidement que les eaux avec du sel de table.
Donc cela confirme le mythe, sauf lorsque nous mettons une importante
quantité de sel (8% contre 0,2%), Auriez vous une idée pour expliquer
cela ?
L'eau de source, l'eau du robinet, l'eau déminéralisée et
l'eau minérale sont les quatre eaux que nous avons étudiées. Pourquoi
l'eau déminéralisée est-elle l'eau la moins efficace que les autres ? Et
pourquoi l'eau de source est-elle la plus efficace ? Est-ce que les
substances chimiques contenu dans l'eau du robinet ont des impacts sur
le temps d'ébullition de l'eau ?
Le sel de table, le sel de Gérande
et le sel noir d'Hawaï, le sel rose d'Himalaya et le sel bleu de Perse
sont les sels que nous avons étudiés. Sont-ils tous des sels de mer ? Et y a t-il une différence entre le sel de mer
et le sel gemme ? Nous avons pu constater que le sel noir d'Hawaï était
le plus efficace lorsque l'eau contenait 0,2% de sel mais nous nous
demandons pourquoi. Savez vous si le charbon a un impact sur
l'ébullition ?
J'ai répondu à nos jeunes amis que leur résultat m'étonne... d'autant plus qu'ils donnent des
valeurs sans indiquer d'incertitudes, de sorte que, sans doute, les répétitions n'ont pas été faites.
D'autre part, j'avais moi-même fait les comparaisons expérimentales de façon TRES contrôlée, et je n'ai pas vu
de différence significative : parfois, l'eau salée avant d'être
chauffée mettait plus de temps à bouillir que l'eau chauffée pure, puis
additionnée de sel ; parfois, c'était l'inverse.
Surtout, ces expériences méritent d'être faites de façon très contrôlée. Dans le message de nos jeunes amis, de nombreuses précisions manquent, car les biais sont possibles partout.
Par exemple, ils ne signalent pas que l'ajout de sel diminue la température de l'eau, et que l'ajout de
sel augmente la température d'ébullition.
D'autre
part, il faut comparer des choses comparables, et s'il est logique que
de l'eau salée mette plus de temps à bouillir que de l'eau pure (il y a,
dedans, la masse du sel, qu'il faut chauffer aussi), il vaut mieux
comparer les deux cas suivants :
- on prend une
casserole, on y met une masse d'eau pesée (précision de la balance ?),
puis on pose la casserole sur un dispositif de chauffage et l'on attend
l'ébullition ; on ajoute le sel (ce qui fait tomber l'ébullition), puis
on mesure le temps à partir duquel on a formé de l'eau salée bouillante
-
on prend une casserole, on y met la même masse d'eau que précédemment,
la même masse de sel que précédemment, on pose la casserole exactement
au même endroit du système de chauffage (ou mieux, on ne bouge jamais la
casserole, afin que le contact soit le même), puis on attend
l'ébullition.
Bref, le résultat de nos
jeunes amis est douteux, d'autant que, pour comparer des expériences
répétées, il faudra avoir donné une moyenne et un écart-type, et avoir
comparé les résultats par un test statistique (ANOVA, Student...).
Plus
généralement, on voit bien, ici, la nécessité d'une description très
détailles des matériels et des méthodes. Une "expérience de
laboratoire", ce n'est pas le fait qu'elle soit faite dans un
laboratoire : il faut surtout qu'elle soit faite sans biais !
Enfin,
pour le sel noir de
Hawai, je ne suis certain qu'ilest noirci par du charbon. Les sites qui
décrivent ce sel évoquent aussi des laves, ce qui me semble plus
plausible.
Vient de paraître aux Editions de la Nuée Bleue : Le terroir à toutes les sauces
(un traité de la jovialité sous forme de roman, agrémenté de recettes
de cuisine et de réflexions sur ce bonheur que nous construit la
cuisine)