Qui suis-je pour parler de musique ? Seulement un "enfant" qui entend ce qui se dit. Et j'ai entendu que la phrase, c'est tout... mais j'ai aussi entendu qu'il faut danser. La phrase, avec sa respiration, c'est... la phrase. Mais la danse a un rythme que la phrase n'a pas... et je comprends que l'un n'est pas l'autre.
De même, j'entends parfois que la musique est "communication", avec une rhétorique, de la grammaire (Couperin), mais j'entends aussi qu'il y a d'abord le mouvement "allant" : c'est ce que dit notamment Pedro de Alcantavar, qui propage la "méthode Alexander", à l'aide, d'ailleurs, de termes dont je récuse l'aspect métaphorique qui ratisse trop large.
Mais... Et s'il y avait des musiciens qui chantent, et d'autres qui dansent ? Et d'autres qui, évidemment, font tout autre chose. Vouloir dire au compositeur ce qu'il fait, c'est d'une "critique" assez minable, qui oublie que l'artiste échappe aux règles, en musique comme en cuisine !
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
jeudi 30 novembre 2017
mercredi 29 novembre 2017
Dire des qualités pour les faire exister davantage
Nous sommes bien d'accord : nous ne sommes pas autre chose que ce que nous faisons. Assez des prétentions, et vive les réalisations !
De ce fait, dire à enfant "Tu n'es pas musicien", ou dire de soi "Je ne suis pas bon en mathématiques", c'est imbécile, dans le premier cas, et paresseux dans le second. Nous sommes ce que nous faisons, et nous devenons musicien si nous travaillons la musique, nous devenons bon en mathématiques si nous apprenons les mathématiques.
Mais nous sommes du côté sombre de la vie, et il nous faut vite aller du côté lumineux, celui qui reconnaît justement que quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a appris. De ce côté-là, j'ai des tendresses, et, alors que c'est criticable en vertu du principe exposé en introduction de ce billet, j'aime assez que l'on souligne des qualités. "Tu es merveilleux", "Tu es sensible", "Tu es rigoureux", "Tu es travailleur"... Oui, j'aime assez ces observations, parce qu'il y a alors la possibilité de les faire exister. Autant je n'aime pas enfoncer mes amis dans la boue, autant j'aime contribuer à les tirer vers la lumière.
De ce fait, dire à enfant "Tu n'es pas musicien", ou dire de soi "Je ne suis pas bon en mathématiques", c'est imbécile, dans le premier cas, et paresseux dans le second. Nous sommes ce que nous faisons, et nous devenons musicien si nous travaillons la musique, nous devenons bon en mathématiques si nous apprenons les mathématiques.
Mais nous sommes du côté sombre de la vie, et il nous faut vite aller du côté lumineux, celui qui reconnaît justement que quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a appris. De ce côté-là, j'ai des tendresses, et, alors que c'est criticable en vertu du principe exposé en introduction de ce billet, j'aime assez que l'on souligne des qualités. "Tu es merveilleux", "Tu es sensible", "Tu es rigoureux", "Tu es travailleur"... Oui, j'aime assez ces observations, parce qu'il y a alors la possibilité de les faire exister. Autant je n'aime pas enfoncer mes amis dans la boue, autant j'aime contribuer à les tirer vers la lumière.
mardi 28 novembre 2017
Des traces ? N'ayons pas peur !
"Des traces"... Par ces temps de peur alimentaire entretenue par des individus à la moralité déplorable, on ne cesse d'entre parler de "traces", voire de "traces de composés potentiellement toxiques". De quoi s'agit-il ?
Il faut d'abord dire et redire que, avec les instruments d'analyse moderne, on peut trouver "des traces" de n'importe quoi quasiment n'importe où sur la Terre.
Soyons clairs : l'eau est faite de molécules d'eau, et, dans un verre d'eau, il y a dix millions de milliards de milliards de molécules. C'est évidemment un nombre qui défie l'entendement, mais il faut nous y faire. L'eau s'évapore ? Oui, à toute température (la preuve, les flaques d'eau qui disparaissent, même sur un sol étanche). A quelle vitesse ? J'ai fait le calcul (simple) : environ un milliard de milliard de molécules par seconde. Ce qui signifie que les molécules d'eau se répartissent partout, et il n'est donc pas étonnant que l'on en trouve partout sur la Terre.
Cela n'est qu'un exemple, mais ce qui est dit des molécules d'eau vaut pour à peu près n'importe quel composé. Par exemple, les hydrocarbures que nous utilisons pour faire rouler nos voitures. Ou les pesticides naturels produits par les fruits (et qui font 99,99 pour cent de tous les pesticides que nous absorbons quand nous mangeons), ou encore les atomes de fer qui font de nombreux métaux, et ainsi de suite.
Bref, il y a des traces de tout partout... et voilà pourquoi il est risible, ou critiquable, d'entendre des personnes s'exprimer en public et dire qu'il y a des "traces" de quelque chose quelque part : dans un shampooing, dans un baume à lèvres, dans les aliments...
Est-ce de la naïveté ? Certains, qui ne savent rien de chimie, sont seulement des "passagers" de leur temps, qui avancent au gré des autres : leur attitude est seulement paresseuse, et assez peu civique : au lieu de mêler leur voix au concert des effrayés, comme des volailles effrayées par le renard. Puis il y a les couards, ceux qui ont peur de tout, et leur attitude est déplorable. Mais il y a aussi les malhonnêtes, qui vendent de la peur pour récupérer du pouvoir ou de l'argent. Signalons que certains journaux ont cela dans leur fond de commerce, et c'est ignoble. Mais il y a aussi certains hommes et femmes politiques qui utilisent la peur pour récupérer du pouvoir, et c'est tout aussi minable, honteux.
Mais ne déplorons pas que le monde soit le monde, car cela ne sert à rien. Combattons vigoureusement, par la connaissance que nous chercherons sans cesse à avoir. Ecrivons aux institutions qui vendent de la peur pour dénoncer leurs agissements, mais, surtout, enseignons dès l'école que parler de "traces" ne rime à rien. Expliquons aux enfants, avec un militantisme forcené, que le monde est fait de molécules.
Aidons-les à grandir en connaissance et en sagesse, afin de construire un monde où l'on n'aura plus peur de "traces" !
Il faut d'abord dire et redire que, avec les instruments d'analyse moderne, on peut trouver "des traces" de n'importe quoi quasiment n'importe où sur la Terre.
Soyons clairs : l'eau est faite de molécules d'eau, et, dans un verre d'eau, il y a dix millions de milliards de milliards de molécules. C'est évidemment un nombre qui défie l'entendement, mais il faut nous y faire. L'eau s'évapore ? Oui, à toute température (la preuve, les flaques d'eau qui disparaissent, même sur un sol étanche). A quelle vitesse ? J'ai fait le calcul (simple) : environ un milliard de milliard de molécules par seconde. Ce qui signifie que les molécules d'eau se répartissent partout, et il n'est donc pas étonnant que l'on en trouve partout sur la Terre.
Cela n'est qu'un exemple, mais ce qui est dit des molécules d'eau vaut pour à peu près n'importe quel composé. Par exemple, les hydrocarbures que nous utilisons pour faire rouler nos voitures. Ou les pesticides naturels produits par les fruits (et qui font 99,99 pour cent de tous les pesticides que nous absorbons quand nous mangeons), ou encore les atomes de fer qui font de nombreux métaux, et ainsi de suite.
Bref, il y a des traces de tout partout... et voilà pourquoi il est risible, ou critiquable, d'entendre des personnes s'exprimer en public et dire qu'il y a des "traces" de quelque chose quelque part : dans un shampooing, dans un baume à lèvres, dans les aliments...
Est-ce de la naïveté ? Certains, qui ne savent rien de chimie, sont seulement des "passagers" de leur temps, qui avancent au gré des autres : leur attitude est seulement paresseuse, et assez peu civique : au lieu de mêler leur voix au concert des effrayés, comme des volailles effrayées par le renard. Puis il y a les couards, ceux qui ont peur de tout, et leur attitude est déplorable. Mais il y a aussi les malhonnêtes, qui vendent de la peur pour récupérer du pouvoir ou de l'argent. Signalons que certains journaux ont cela dans leur fond de commerce, et c'est ignoble. Mais il y a aussi certains hommes et femmes politiques qui utilisent la peur pour récupérer du pouvoir, et c'est tout aussi minable, honteux.
Mais ne déplorons pas que le monde soit le monde, car cela ne sert à rien. Combattons vigoureusement, par la connaissance que nous chercherons sans cesse à avoir. Ecrivons aux institutions qui vendent de la peur pour dénoncer leurs agissements, mais, surtout, enseignons dès l'école que parler de "traces" ne rime à rien. Expliquons aux enfants, avec un militantisme forcené, que le monde est fait de molécules.
Aidons-les à grandir en connaissance et en sagesse, afin de construire un monde où l'on n'aura plus peur de "traces" !
lundi 27 novembre 2017
Je déteste le "côté citron"... Non, j'adore la Lumière !
Soyons bien clair : j'aime beaucoup le citron, son élégante et fraîche acidité, qui relève les plats. J'en mets partout... parce qu'il ne se résume pas à l'acide citrique ou à l'acide malique, que j'utilise également beaucoup dans ma cuisine, mais ces derniers n'apportent pas le citral, le limonène et d'autres composés très frais qui donnent ce goût d'agrume.
Mais ce n'est pas de cela dont je veux parler : c'est plutôt cette façon de voir les choses qui a volé son nom à l'agrume pour attaquer, dénoncer, détester... En réalité, la mort de mon père m'avait durablement assombri, et j'avais été emporté par ce sombres pensées, je voyais la face noire du monde, la poussière du monde, les "méchants", les "malhonnêtes"... Je nageais dans la fange, mon esprit était atteint...
Il y a eu un sursaut, toutefois, et j'ai pris la bonne résolution de ne plus être que positif, ce qui était en réalité le meilleur hommage que je puisse faire à mon défunt père, qui, sur son lit d'hôpital, chantait encore "Quoi qu'il arrive, j'ai toujours le sourire...". Chansons naïves, mais profonde : c'est une politesse que l'on fait à ses amis de ne pas les entraîner avec eux du côté sombre du monde, mais, au contraire, de les tirer du côté clair.
Oui, décidément, je veux de l'enthousiasme et de la gentillesse, sans craindre d'être taxé de ce "bisounours" avec lesquels les gens mauvais critiquent (encore !) les gens gentils. Je veux de l'enthousiasme, de la fraîcheur. Mehr Licht !
Mais ce n'est pas de cela dont je veux parler : c'est plutôt cette façon de voir les choses qui a volé son nom à l'agrume pour attaquer, dénoncer, détester... En réalité, la mort de mon père m'avait durablement assombri, et j'avais été emporté par ce sombres pensées, je voyais la face noire du monde, la poussière du monde, les "méchants", les "malhonnêtes"... Je nageais dans la fange, mon esprit était atteint...
Il y a eu un sursaut, toutefois, et j'ai pris la bonne résolution de ne plus être que positif, ce qui était en réalité le meilleur hommage que je puisse faire à mon défunt père, qui, sur son lit d'hôpital, chantait encore "Quoi qu'il arrive, j'ai toujours le sourire...". Chansons naïves, mais profonde : c'est une politesse que l'on fait à ses amis de ne pas les entraîner avec eux du côté sombre du monde, mais, au contraire, de les tirer du côté clair.
Oui, décidément, je veux de l'enthousiasme et de la gentillesse, sans craindre d'être taxé de ce "bisounours" avec lesquels les gens mauvais critiquent (encore !) les gens gentils. Je veux de l'enthousiasme, de la fraîcheur. Mehr Licht !
samedi 25 novembre 2017
La sensibilité
La sensibilité :
« Faculté de ressentir profondément des impressions,
d'éprouver des sentiments, de vivre une vie affective intense ».
On a dit de l'un de
mes amis qu'il avait beaucoup de sensibilité. Dont acte… mais de
quoi s'agit-il ?
J'ai un peu peur que
ceux qui évoquaient cette sensibilité ne l'aient confondu avec la
sensiblerie. Ce sentiment un peu vague, confus, idiot : « elle
a du sentiment ma vache, elle a du sentiment ».
Au fond, quelles
sont les qualités que l'on pourrait observer chez mon ami ? Il
y a certainement cette délicatesse de sentiments qui correspond à
de l'attention aux autres. Oui, mon ami est prévenant, attentif :
à l'affût de nos moindres faits, gestes et dires, il cherche à
nous donner du bonheur. C'est sa façon de dire « je t'aime »,
mais plus délicatement que par ces mots explicites, et un peu
brutaux.
A ce propos, on lira
ou on relira ce passage de Marcel Proust, où les tantes du narrateur
remercient Swann pour l'envoi d'une caisse de vin, mais en des termes
si allusifs que l'on est bien certain que le remerciement ne peut
être entendu. La sensibilité navigue entre les gros sabots et les
touches de couleur les plus légères, et le choix du curseur est une
question de… sensibilité.
Mais le Trésor
de la langue française informatisé dit aussi : « Propriété
des êtres vivants supérieurs d'éprouver des sensations, d'être
informés, par l'intermédiaire d'un système nerveux et de
récepteurs différenciés et spécialisés, des modifications du
milieu extérieur ou de leur milieu intérieur et d'y réagir de
façon spécifique et opportune. »
vendredi 24 novembre 2017
L'exigence
Lors d'une remise de
décoration récente, le discours d'éloge a signalé qu'une des
qualités d'un de mes amis était l'exigence.
L'exigence ?
Etre exigeant, c'est demander beaucoup aux autres, mais, en
l'occurrence, mon ami n'est pas exigeant, sauf pour lui-même. C'est
un ami précisément parce qu'il n'est pas de ceux qui fabriquent de
la poussière du monde, mais que, au contraire, il fait partie du
groupe de ceux qui empêchent cette poussière d'exister.
Car on se souvient
que la poussière du monde est cette notionn qui était discutée par
le moine peintre Shitao, dans son traité de peinture et de
calligraphie. Shitao déclarait en substance que, pour bien peindre,
il fallait méditer, s'améliorer personnellement, lutter contre la
poussière du monde… comme si cette dernière existait. Je
maintiens que la poussière du monde n'existe que si nous la faisons
exister : c'est notre comportement qui la crée, comme par
exemple dans ces discussions idiotes où l'on demande « Avez-vous
le dernier film ? », « Avez-vous lu le dernier
livre ? ».
Dans nos emails que
nous échangeons chaque soir dans le Groupe de gastronomie
moléculaire, il y a des « cases » (puisque c'est un
tableau) pour énoncer le snouvelles connaissances ou compétences…
mais il y a, juste à côté, des cases pour évaluer ce que nous
avons appris, et aussi des cases de commentaires qui permettent
précisément de faire autre chose que des énumérations. L'énoncé
de faits a peu d'intérêt, et c'est le traitement analytique et
synthétique qui s'ensuit qui constitue le véritable travail. Voir
un film, admirer le soleil couchant, aimer un plat, c'est à la
portée d'un animal. En revanche, s'interroger sur les raisons pour
lesquelles on peut admirer le soleil couchant ou aimer un plat, c'est
le début d'une démarche positive et active, qui peut conduire à
des changements profonds.
L'exigence vis à
vis de soi même, c'est la rigueur, la volonté constante
d'amélioration, mais c'est peut-être aussi cela : ne pas être
de ceux que l'on gave comme des oies, mais, au contraire, avoir pour
règle de ne jamais créer la poussière du monde, de construire sans
cesse. Je ne suis pas certain qu'il y avait tout cela dans le
discours que j'ai entendu, mais, après tout ce que j'ai dit, ne
dois-je pas être de ceux qui construisent ?
jeudi 23 novembre 2017
Est-il "narcissique" que de fêter une rencontre entre deux personnes qui s'aiment ?
Hier un ancien
ministre qui discourait disait que les anniversaires de mariage
étaient des « célébrations narcissiques ».
J'ai bien peur que
notre ancien « responsable » n'ait pas tout compris à la
vie, et je m'effraie surtout des conséquences sur notre société,
car quand les conceptions intellectuelles sont mauvaises, les
décisions qui sont prises sur ce socle intellectuel fissuré le sont
aussi.
Narcissique :
cela signifie que l'on se donne un peu de bonheur, que l'on se dit à
soi-même que l'on s'aime. Mais n'est-ce pas le contraire, en
l'occurrence ? Je propose cette vision opposée, selon laquelle
célébrer un anniversaire de mariage, c'est plutôt l'occasion de
remercier notre conjoint de son soutien pendant toutes ces années.
C'est renouveler l'engagement d'une fidélité, témoigner un
attachement.
En un mot, c'est
dire à l'autre « Je t'aime », c'est-à-dire « J'ai
pour toi une immense admiration, je t'encourage dans tes qualités,
je me sens prêt à t'épauler dans tous les gestes de la vie, quelle
que soit les circonstances ».
Rien de narcissique,
là dedans, mais au contraire une exposition au monde, à autrui.
Et puis, une telle
occasion ne doit pas être manquée : on peut inviter des amis,
souder des groupes humains, et, puisque je vois l'amitié comme une
sorte de grand banquet philosophique, une occasion de s'améliorer
l'esprit, collectivement.
Décidément, je
n'étais pas convaincu par l'action de notre ancien ministre, je ne
suis pas convaincu par son engagement particulier, je ne suis pas
convaincu par sa manière de vivre, et je suis heureux que ce
ministre là ne soit plus en activité. Non, les anniversaires de
mariage ne sont pas des occasions narcissiques, sauf pour des
cordonniers qui ne voient pas plus haut que la chaussure, comme le
dit l'adage latin.
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