Les
faits sont les faits, et la mauvaise foi qui nous fait humain ne peut
les abattre ; elle peut seulement nous aider à « vivre
mieux », en nous empêchant de les voir. Les viandes cuites au
barbecue sont chargées de benzopyrènes cancérogènes ? C'est
un premier fait. La consommation de tels produits conduit à des
cancers digestifs ? C'est un autre fait, qui découle des études
épidémiologiques effectuées en Europe : les peuples qui
mangent le plus de produits fumés souffrent plus que les autres de
tels cancers. La conclusion devrait s'imposer : limitons les
viandes grillées au feu de bois, les produits fumés. Pourtant,
chacun de nous conclut plutôt : « Après tout, je ne
mange pas tant de ces produits, et je ne risque donc rien ».
Les
pommes de terre ont sous les trois premiers millimètres sous la
surface des alcaloïdes toxiques ? « Oui, mais la peau
croustillante, c'est si bon. Et puis, cela se saurait s'il y a avait
un risque. Et puis je mange ainsi toujours et je ne suis pas mort ».
J'ai
déjà considéré de telles questions, et je n'y reviens pas :
la preuve;-)
Non,
je veux plutôt examiner ici la question de l'estragole, également
nommé méthyl chavicol, ou, mieux : 1-allyl-4méthoxybenzène.
C'est le composé odorant principal de l'estragon, que l'on trouve
aussi en abondance dans le basilic, par exemple. Déposé en petite
quantité sur des cellules de foie de rat, le composé conduit à la
cancérisation de ces cellules. Et les experts ont conclu que
l'estragole est tératogène et génotoxique, même en petites
quantités. Il a été conclu que la consommation de produits
contenant l'estragon ne présentait pas de risque significatif de
cancer, mais les experts ont préconisé de réduire au maximum
l'exposition des populations sensibles (enfants, femes enceintes ou
allaitant). [http://ec.europa.eu/food/fs/sc/scf/out104_en.pdf]
Voici
donc le fait. Notre mauvaise foi nous conduira à accepter volontiers
la décision... si nous ne sommes pas une femme enceinte... et si
l'estragole ne provient pas de l' « industrie », cette
activité qui nous fait vivre et que nous désignons comme le diable.
Enfin, je dis « nous »... mais on a compris que j'hésite
à me mettre dans cette collectivité.
J'y
pense : quelle sera votre décision, à propos de la
consommation future d'estragole ?