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mercredi 4 octobre 2023

Militons pour la Raison

 
Connaissez-vous la revue Science & pseudo-sciences ? Elle n'est pas, hélas, une revue au tirage aussi grand que Paris Match, mais c'est une revue sans doute bien plus d'utilité publique. Elle est éditée par des bénévoles de l'Association française pour l'information scientifique, l'AFIS, qui s'est donnée comme objet la promotion de la rationalité. 

Bien sûr, on peut déplorer la dispersion des efforts, avec l'AFIS d'un côté, l'Union rationaliste de l'autre, et ainsi de suite, la France sachant sécréter ses innombrables chapelles. 

Peu importe, en vérité : ce qui compte, c'est que les efforts soient nombreux pour lutter contre la pensée magique, les charlatans de tous poils, les marchands d'orviétan, et, plus positivement, pour promouvoir la Raison. 

L'AFIS publie donc la revue Science et pseudo-sciences, laquelle discute rationnellement de questions telles que : les effets éventuels des ondes sur la santé, les prétendus mécanismes de l'homéopathie, les charlataneries pseudo-médicales en tous genres, la prétendue mémoire de l'eau et les intérêts financiers qui motivent la promotion de cette théorie insensée, les innombrables prétendues réfutation de la théorie de la relativité... 

Il y a beaucoup à faire, car j'ai montré dans un livre (Cours de gastronomie moléculaire numéro 2 : les précisions culinaires) que ce tour de l'esprit humain qu'est la pensée magique est celui des enfants, et qu'il ne peut donc être combattu que par une éducation soutenue, ininterrompue, génération après génération. Toutefois, il y a toutes les raisons d'être optimiste : l'existence de l'AFIS en est une, et un encouragement à militer pour la Raison, à l'intérieur de l'AFIS ou dans d'autres cercles. La science quantitative figure évidemment à la base de ses actions !

lundi 2 octobre 2023

Scènes étonnantes

A la terrasse d'un café, devant une bière, deux personnes qui fument discutent des mérites “considérables” du bio (mes amis cancérologues savent, et disent, que si certains cancers se soignent, ceux du poumon, dus au tabac, sont rédhibitoires). 

Dans un dîner, un convive qui fume justifie sa pratique en argumentant que ses cigarettes sont “bio”, et qu'elles ne contiennent pas ces « dangereux additifs que l'industrie y met » (le tabac, c'est du goudron, et des benzopyrènes cancérogènes, puisqu'il y a flamme et fumée). 

Un individu en large sur-poids qui se bourre de chocolat déclare que c'est bon pour la santé, puisqu'il y a du magnésium (il y en a effectivement, mais des quantités infimes ; le chocolat, c'est d'abord du gras, et ensuite du sucre!). 

Des auditeurs de conférence à qui l'on explique que l'estragon, le basilic contiennent de l'estragole, composé cancérogène et tératogène (avec référence à des publications du comité d'experts européens) disent unanimement qu'ils continueront à utiliser dans leur cuisine de l'estragon et du basilic (ici, faut-il un commentaire?). 

Les mêmes, qui s'effraient de l'acrylamide, ne cessent pas de consommer du pain alors que les publications scientifiques voient ce composé, dans la croûte. 

L'industrie tout entière, mais surtout l'industrie alimentaire, qui transforme donc les ingrédients pour fabriquer des produits, les déclare “naturels”, et le public préfère des produits naturels à des produits artificiels (est naturel ce qui n'a pas fait l'objet de transformation par un être humain ; autrement dit, aucun mets n'est naturel). 

Le monde pousse des crie d'orfraie à l'idée de viande artificielle (pourquoi?). 

Lors de la crise de la vache folle, les mêmes qui refusaient absolument les alginates, agar-agar, carraghénanes, etc., ont abandonné la gélatine pour utiliser les composés gélifiants qu'ils refusaient auparavant ; il n'a fallu que 15 jours de crise... alors que la gélatine était d'ailleurs sans danger. 

 

Merci de m'aider à allonger cette liste

mercredi 8 mai 2019

La chair est faible


J'avais pourtant promis  ici que je ne parlerais plus ni de nutrition ni de toxicologie... mais voici que, en l'espace de quelques jours, une revue m'interroge sur les "bienfaits santé", comme ils disent, des différents modes de cuisson, et que je me vois en train de discuter de toxicité de la peau des pommes de terre ou de l'acide citrique.
A la revue, j'ai quand même dit que leurs questions étaient idiotes, et, aux questions sur les pommes de terre, je ne me suis pas exprimé, me limitant à donner des abstracts de publications scientifiques... mais quand même, j'ai vacillé !
Je me refais donc à moi-même cette promesse de ne plus parler de toxicologie ou de nutrition, d'autant qu'il est complètement inutile de parler de ces sujets en public, en s'adressant à des personnes qui ne veulent pas être convaincues.
La seule excuse que je puisse me donner est tirée d'un échange avec des étudiants, qui me signalaient combien certains de mes billets à ces sujets pouvaient leur être utiles : ils avaient besoin d'informations venant de sources un peu sûres, disons rationnelles. Ah, là, s'il s'agit d'affermir l'esprit de ceux qui sont bien engagés, il y a quelque utilité à dire des faits justes, même dans des domaines où je ne suis pas parfaitement légitime (je fais quand même ma bibliographie, et certains de mes amis sont d'excellents experts).

Mais quand même, il vaut mieux que je me consacre à mon coeur de travail : il y a largement de quoi faire. Et notamment  :
- à expliquer, à répéter, que nous mettons en oeuvre, quand nous cuisinons, des transformations moléculaires qui ne sont que... des transformations moléculaires
- à expliquer, à répéter, qu'une molécule est une molécule, qu'elle soit produite par synthèse moléculaire ou par fermentation, ou par extraction d'un produit agricole
- à expliquer, à répéter, que les cuisiniers appliquent des températures qui feraient frémir d'effroi n'importe quel chimiste organicien bien constitué
-  à expliquer, à répéter, que le monde est fait de molécules, d'atomes, qu'il n'y a pas de "force vitale" ou d'"énergies inconnues", que les sorciers, magiciens, rebouteux, et autres sont des naïfs ou d es escrocs
- à expliquer, à répéter, que la science (de la nature) se distingue de la technologie, et a fortiori de la technique
- que oui, il y a encore beaucoup à découvrir, mais que cela ne justifie pas toutes les prétentions hurluberlues, surtout quand les études ont été faites et qu'elles ont réfuté les prétentions depuis des années, voire des siècles (Faraday avait réfuté les tables tournantes, Chevreul a réfuté les baguettes divinatoires ou autres pendules, il n'y a pas de "mémoire de l'eau", etc.
- que nous avons besoin de beaucoup de Rationalité !

mardi 12 février 2019

Que fait la science ? De la connaissance ? De la rationalité ?


Pendant longtemps, j'ai clamé un vigoureux "Vive la connaissance", tandis que j'écrivais souvent que "la science étend le royaume du connu".
Mais une nouvelle occasion de dire cela me donne la possibilité de m'arrêter, et de réfléchir à mon enthousiasme... que je trouve naïf et déplacé.

Non pas que l'enthousiasme messied, mais c'est sa lettre qui m'arrête. En effet, dans la mesure où la science propose des théories insuffisantes qu'elle précise, le royaume de la connaissance ne s'étant pas : notre ancêtre qui a la théorie d'une ondine qui fait déborder une rivière n'a pas moins de connaissance que nous qui pensons que le débit augmente parce qu'il a plu en amont, par exemple ; c'est seulement une interprétation différente, et il y a lieu de penser que la nôtre est plus opérative, puisqu'elle est prédictive. De même, notre ancêtre qui qui croit qu'un dieux du ciel envoie la foudre n'a pas moins de connaissance, en termes de quantité, que nous qui pensons à des charges électriques et à des arcs entre des zones chargées de l'atmosphère.
Oui, ce n'est pas plus de connaissance, mais des connaissances différentes, plus assurées.



Plus fondamentalement, et puisque nos connaissances sont révisables, c'est moins la nature de la connaissance qu'il faut donc considérer. La science, elle, contrairement à la croyance, est testable. Ce que disait Galilée quand il prônait l'expérience contre l'autorité ! Et l'expérience s'articule avec la connaissance produite par la logique, la rationalité.
Oui, ce n'est pas la connaissance, que je cherche à promouvoir, mais bien cette rationalité, fondée sur de la rigueur. D'ailleurs, dans la vie courante on gagne à parler d'approche rigoureuse, plus que d'approche scientifique. L'approche scientifique, elle, est réservée aux scientifiques, et je l'ai déjà tellement souvent exposé que je renvoie aux billets correspondants.
Oui, il ne faut pas galvauder la science si on veut la promouvoir efficacement.

Mais, j'y reviens : que clamer, avec beaucoup d'énergie  ? Je propose un "Vive la raison, vive la rationalité !"