Ce matin, les questions suivantes m'arrivent :
N'étant pas scientifique, j'aimerais avoir les réponses aux questions suivantes :
1. lorsque je réalise une pâte à choux , avec une farine de type 45 ou type 55 le résultat n'est pas le même pourquoi ?
2.
Le grain de blé et les molécules du blé qui ont pour rôle d'absorber le
liquide quel qu'il soit (lait ou eau et beurre fondu), lorsqu'on fait
de la pâte à choux est-elle différente, selon les farines et les blés ?
3.
Est-il vrai que nous pouvons réaliser avec de la maïzena une pâte à
choux ? Quelle est sa structure ? Quel est le résultat organoleptique ?
La cuisson se fait-elle comme pour une farine classique type 45 ?
Voici
des questions difficiles. Mon correspondant ayant précisé qu'il n'était
pas scientifique, et ayant donné d'autres indications, je prends les
choses en faisant l'hypothèse qu'il ne connaît aucune chimie.
Tout
d'abord, partons d'un grain de blé. Ce grain varie considérablement,
selon les variétés, et aussi selon les conditions de croissance.
Certaines années, les farines sont "mauvaises", en terme de composition,
mais aussi en termes de toxicité : une année humide, des champignons
peuvent se développer, et former des aflatoxines toxiques.
Bref, on a des grains de blé, et l'on moud.
Selon
la façon dont la mouture est conduite, on aura des farines qui
concerneront plus ou moins le centre du grain, ou bien des farines qui
intégreront du son.
Les plus blanches sont celles qui ont le plus d'amidon.
Ah,
"amidon" : il s'agit de petits grains très blancs, faits de deux types
de molécules, qui ont pour nom "amyloses" et "amylopectines". Les
amyloses sont comme des fils, et les amylopectines sont comme des
arbres. Les deux types sont présents en des milliards de milliards
d'exemplaires dans un grain, empilés en couches concentriques.
D'autre part, ces grains sont associés à des cires, des phospholipides,
des protéines, etc.
Dans de la farine, il y a donc de
l'amidon, essentiellement, et aussi des protéines. Ces protéines sont de
diverses sortes : il y a les gluténines, les gliadines, et plein
d'autres.
Supposons que l'on en reste, du point de vue chimique, aux observations
du 18e siècle : quand on malaxe de l'eau et de la farine, puis que l'on
presse doucement la boule de pâte dans l'eau, on en fait partir l'amidon
(poudre blanche qui sédimente dans le saladier), et il reste entre les
mains ce "chewing gum" qui est le gluten. Ce gluten est fait de
nombreuses protéines, et ces protéines font un grand filet, en se liant à
l'eau.
Là où la réglementation des types est peu utile,
c'est que, pour certains blés qui contiennent beaucoup de protéines, la
farine de type 45 que l'on obtient... contient plus de gluten que des
farines de type 55 que l'on aurait avec d'autres farines.
En réalité, le type ne dit rien du gluten ou de l'amidon, car il décrit
seulement le "taux de cendres", c'est-à-dire environ la masse de cendre
que l'on récupère quand on calcine de la farine.
Bien sûr, on
peut souvent faire l'hypothèse que la farine 45 contient moins de gluten
que la 55, mais ce n'est pas toujours vrai... et d'autre part, la
composition est bien plus complexe qu'on ne le pensait au 18e siècle.
Répondons maintenant à la question 1 : souvent, le résultat sera différent entre une farine 45 et 55... mais pas toujours.
On
peut aussi répondre à la question 2 : oui, quelque soit le liquide, si
c'est une "solution aqueuse", c'est toujours l'eau qui se lie aux
protéines du gluten.
Enfin, peut-on faire une pâte à choux avec de la maïzena.
Là,
évidemment, j'ai la réponse... mais pourquoi ne faites vous pas l'essai ?
Cela prend quelques minutes, et vous auriez une réponse bien plus
puissante qu'une simple réponse écrite, non ?
J'y pense, tant
que vous y êtes à faire des essais : pourquoi ne pas essayer de
remplacer l'eau par du café, du thé, du jus de framboise, du vin, du
bouillon ? Et pourquoi ne pas remplacer le beurre par du chocolat fondu,
du fromage fondu, du foie gras fondu ?
Et pourquoi ne pas
utiliser de la farine de châtaigne, du sarrasin ? Jusqu'à l'oeuf :
pourquoi ne pas le remplacer par de la viande ou du poison broyé très
finement ?
Amusez vous bien !
Vient de paraître aux Editions de la Nuée Bleue : Le terroir à toutes les sauces
(un traité de la jovialité sous forme de roman, agrémenté de recettes de
cuisine et de réflexions sur ce bonheur que nous construit la cuisine)