Hier, nous avons donc tenu le séminaire de gastronomie moléculaire consacré à la pâte à choux. Nous voulions explorer l'étape du desséchage.
Pour une pâte à choux, c'est très simple : on commence par prendre de l'eau, on y met un peu de sel et du beurre et l'on porte à ébullition jusqu'à ce que le beurre soit fondu ; puis, hors du feu, on ajoute une quantité de farine environ égale la moitié de la quantité d'eau et l'on travaille pour obtenir une pâte nommée panade. Vient alors cette étape nommée desséchage qui consiste à chauffer la casserole en travaillant la pâte. On observera que dans de nombreuses recettes, la description du séchage est assez succincte. Puis on attendra que la panade refroidisse un peu et l'on ajoutera des œufs entiers successivement en travaillant pour bien les incorporer. Viendra alors l'étape finale qui consiste, à l'aide d'une poche à douille, à déposer des petits tas de pâte sur une plaque et à cuire vers 180 degrés pendant une vingtaine de minutes.
Tout cela est parfaitement simple mais il faut évidemment compter sur la prétention de certains pour vous le rendre compliqué ! Il y aurait l'impossibilité de rectifier les quantités, la nécessité d'un desséchage soigneux, etc.
Raison pour laquelle nous avons décidé de consacrer un séminaire à cette question.
La première question explorée a été de savoir
si le desséchage avait une influence. Nous avons donc divisé une
panade en deux, laissé une première moitié sans la dessécher, tandis
que la deuxième moitié était desséchée plus que de raison (selon les professionnels présents). Puis
nous avons alors ajouté les œufs dans les deux moitiés et nous avons cuit
les choux.
A chaque étape, nous avons pesé et nous avons ainsi
observé que le desséchage faisait effectivement disparaître beaucoup d'eau :
presque la moitié de l'eau initialement utilisée. Mais quand est venu l'étape finale,
de sortir les choux du four et de les évaluer par un test triangulaire,
en aveugle, nous avons été surpris de ne voir aucune différence gustative ! En revanche, les choux non desséchés étaient plus gonflés, et plus irréguliers.
Dans une deuxième expérience, nous avons voulu voir
l'influence de la quantité d'oeuf et cette fois, nous avons pris la même
panade, divisée en deux, et nous avons mis deux fois plus d'œufs dans une moitié que dans l'autre. La
préparation où il y avait beaucoup d'œufs était plus liquide, s'étalait davantage, mais finalement, après la cuisson, un test triangulaire n'a pas montré de
différence entre les choux des deux types. D'ailleurs, il faut observer que les différences de
cuisson selon les positions dans le four étaient plus fortes que les
différences dues à l'ajout de plus ou moins d'oeuf.
Pour la troisième expérience : nous avons voulu examiner l'importance du
travail de la pâte : cette fois-ci, nous avons divisé la panade en deux et nous avons ajouté la même quantité d'oeuf dans
les deux moitiés mais en travaillant le moins possible pour une moitié, et le plus possible pour l'autre.
Là encore, il n'y avait pas de différence
perceptible entre les deux moitiés.
Finalement je conclus que la pâte à
choux est une recette extraordinairement robuste.
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