Il va quand même falloir s'interroger sur les mots de l'enseignement et de ce que je nomme l'apprentissage pour désigner le travail de ceux qui apprennent.
Le mot "enseignant" est miné !
On a insuffisamment pris garde au fait que l'emploi du mot "enseignant" était idéologique : nous avions initialement les instituteurs, les professeurs des écoles, de collèges et de lycée, licenciés ou agrégés, les maîtres de conférences, les professeurs d’université, mais le mot « enseignant » vise à ne faire qu'un seul corps.
Quand on prend le mot avec un peu de fraîcheur, on s'aperçoit qu'il est bien lourd (un participe présent), ce qui n'est pas particulièrement grave, sauf si l'on considère comme Condillac et Lavoisier (une autre pointure que les petits marquis) que la pensée, c'est la langue. A langue lourde, pensée lourde ; à langue subtile, pensée intelligente.
D'autre part, c'est un fait que l'introduction du mot "enseignant" a mis dans un même sac des compétences différentes… alors qu'il y a de vraies différences, qui ne se gomment pas, même d'une loi : un instituteur n'est pas un professeur d'université, et sans prétendre que l'un vaut plus que l'autre, en termes d'"humanité", on doit observer que les différences portent à la fois sur les connaissances et sur les compétences, scientifiques et pédagogiques.
Regardons les choses en face, par exemple pour les professeurs de l'enseignement du second degré (mais le raisonnement vaut pour tous les types de professeurs) : à un moment de leur vie, certains ont décidé de passer des jours et des nuits à préparer l'agrégation, à obtenir des connaissances et des compétences (scientifiques et pédagogiques) spécifiques, qu'ils n'avaient pas et que leurs camarades n'avaient pas non plus (pour savoir quelque chose, il faut l'avoir appris), et cette "capacité" a été reconnue par la réussite à un concours. Les autres, ceux qui n'ont pas travaillé pour préparer l'agrégation, ont préféré utiliser leur temps à faire des activités qui ne leur donnaient pas ces compétences et connaissances. C'est leur choix, mais il y a finalement le résultat : les agrégés ont des connaissances et des compétences que les autres n'ont pas, et il n'y a pas d'égalité entre agrégés et non agrégés !
Certes les individus doivent avoir une seconde (et pourquoi pas une troisième, etc.) chance, d'une part, parce qu'il serait injuste que l'impossibilité (pour des raisons familiales, financières, etc.) d'avoir des connaissances et des compétences à un moment donné de l'existence soit une porte définitivement fermée, et, d'autre part, parce que le diplômé qui cesserait d'avancer irait sans doute moins loin que le non diplômé qui continuerait régulièrement son chemin. Il faut donc reconnaître le travail de chacun tout au long d'une carrière... Toutefois, entre un individu qui a passé l'agrégation et a continué à travailler avec la même énergie, et un individu qui n'a pas préparé l'agrégation et a continué sur sa lancée, il y a nécessairement des différences, à l'arrivée. Bref, il y a des différences de connaissances et de compétences entre les professeurs ; c'est un fait.
Le raisonnement vaut pour tous les « enseignants », et si l'on comprend que des démagogues veuillent flatter ceux qui n'ont pas travaillé autant que ceux qui ont travaillé (les démagogues cherchent à avoir l'approbation du plus grand nombre ; or ceux qui n'ont pas été sélectionnés par des examens difficiles sont plus nombreux que les autres), ce n'est pas un mot - "enseignant"- qui gommera les différences de connaissances ou de compétences.
Finalement, je conclus -c'est peu original- que les mots ont des sens qu'il importe de trouver, et que l'on gagnera en intelligence, en compréhension, à séparer les catégories générales (enseignants) en catégories particulières dont on reconnaîtra les caractéristiques.
Il faut dire la vérité aux étudiants
J'insiste un peu, parce que nous avons un devoir d'… enseignant à dire cela aux étudiants : entre un devoir bien fait et un devoir bâclé, il y a une différence que l'on perçoit immédiatement. Tout ne se vaut pas, et je ne me résoudrai pas à bien noter une copie mal faite. Enfin, il faut dire aux étudiants que le temps perdu par certains ne se rattrape que très difficilement, voire exceptionnellement : celui ou celle qui arrive en mastère sans des connaissances scientifiques de base (l'intégration, le calcul matriciel, la connaissance de la thermodynamique...) ne peut les obtenir en une année, avant son diplôme.
D'ailleurs, pour les « étudiants », la même question que pour les "enseignants" se pose. Quelle est la différence entre écoliers, élèves, collégiens, lycéens, étudiants, apprenants, disciples même ?
La vraie question : qui paye ? Qu'apprend-on ?
Plutôt qu'opposer ceux qui apprennent et ceux qui enseignent, je propose de penser aussi, dans cette discussion, à ceux qui payent les études, à savoir souvent les parents.
Et comment sera nommée l'activité qui réunit les deux premiers groupes, avec le troisième groupe en soutien des apprenants ? Enseignement ? Apprentissage ? Comment seront nommés les travaux ? Exercices ? Leçons ? Devoirs ? Stages ? Cours ?
La question s'impose, car le contrat qui réunit les trois parties est aujourd'hui bien trop implicite, et donc discutable. La simplicité voudrait que l'on mette d'un côté les apprenants et de l'autre les enseignants, ce qui réglerait la question, mais des billets précédents ont bien montré que tout n'est pas simple, et que si les enseignants veulent enseigner, ce désir peut être contrarié si les apprenants n'ont pas envie d'apprendre.
Apprendre ou étudier ? Et apprendre quoi ? Classiquement on distingue les connaissances et les compétences : une connaissance, c'est ce que l'on sait ; une compétence est ce que l'on sait faire. Toutefois ces deux catégories n'épuisent pas la question de l'enseignement, car les apprenants, face à un enseignant, obtiennent bien plus que connaissances et compétences. Ils découvrent une façon de vivre, une culture, de la méthode, des valeurs, des anecdotes… De sorte que la discussion doit tenir compte de l'ensemble de ces éléments « pédagogiques » (le mot est mal choisi, car il s'applique à des enfants, alors que l'on est adulte à 18 ans).
Bref, il y a lieu de s'interroger sur les mots, et le seul recours juste est l'étymologie. En effet, puisque chacun met son acception idiosyncratique dans les mots, nous ne pouvons nous fonder sur la démocratie pour décider de l'acception de ces derniers : il y en aura autant que de communautés, et la majorité n'a pas nécessairement raison.
Il nous faut donc plonger dans un dictionnaire… mais avant de le faire, une dernière question : ces discussions méthodologiques sont-elles une perte de temps ? Je ne crois pas : l'emploi des mots s'apparente pour l'esprit à l'emploi d'outils, et c'est un fait que, pour enfoncer des clous, un tournevis ne vaut pas un marteau. Souvent, ceux qui rejettent les discussions terminologiques sont des paresseux ou des négligents, qui soit n'ont pas la capacité de comprendre, soit n'ont pas l'envie de prendre du temps à chercher à perfectionner leur esprit, soit ont une volonté idéologique de gommer les différences, ou, au contraire, de les accentuer. Le bon usage des mots est essentiel pour l'exercice d'une pensée claire, pour penser par soi-même : Sapere aude, aies le courage de penser par toi-même, conseillaient les philosophes des Lumières, les Encyclopédistes qui, à l'époque, devaient lutter contre un clergé étouffant (l'Inquisition!) et une monarchie incompétente, qui passait son temps à des vétilles coûteuses à l'ensemble du corps social.
Recourons à l'étymologie !
Bref, cherchons le sens des mots :
- écolier : signifie d'abord "Étudiant d'une université", puis "Enfant qui fréquente l'école primaire (ou école du premier degré)." Le mot est dérivé du latin classique schola, « loisir studieux ; leçon; lieu où l'on enseigne » et au bas latin « corporation, compagnie », au grec σ χ ο λ η ́ (proprement « arrêt de travail ») « loisir consacré à l'étude; leçon ; groupe de personnes qui reçoivent cet enseignement ».
- étudiant : c'est celui ou celle qui fait des études dans un établissement d'enseignement supérieur. Le mot "étudiant" dérive du verbe "étudier" : "Appliquer son esprit à l'acquisition le plus souvent par la lecture de connaissances dans différents domaines". En 1155, le verbe "étudier" signifiait « chercher à acquérir une connaissance » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3341 : Mult sout e mult estudia). Il est dérivé du latin studere « s'appliquer à », de studium « application, zèle; application à l'étude, étude ».
- collégien : "Élève d'un collège". Le mot "collège", lui, signifie aujourd'hui "Établissement d'enseignement du second degré", mais il signifiait jadis "Corps de personnes revêtues d'une même dignité ou chargées d'une même fonction". Le mot "collège" vient du latin collegium « ensemble, corps (de magistrats, de prêtres) » qui au Moyen Âge désigne diverses communautés de laïcs ou de religieux.
- lycéen : "Élève d'un lycée. Anciennement, établissement d'enseignement secondaire créé par l'État en 1802, destiné à recevoir des élèvres masculins payants ou boursiers de l'État, pourvu le plus souvent d'un internat et quelquefois de classes du cycle élémentaire". En 1721, le lycée était le «lieu où s'assemblent les gens de lettres», puis à partir de 1790, le «lieu consacré à l'instruction». Le mot "lycée" vient du nom du Lycée, «gymnase situé au nord-est d'Athènes où enseignait Aristote».
- professeur : "Personne qui enseigne une discipline, une technique, un art". Etymologiquement, professer signifie «avouer publiquement» (GUEVARRE, Epistres dorées, IV, trad. J. de Barraud, 128b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t.32, p.136). Plus récemment, le professeur est "Celui, celle qui établit quelqu'un dans la connaissance, la science de quelque chose".
- instituteur : "Celui, celle qui institue quelque chose". Le mot vient d'institutor, « celui qui dispose, administre » attesté en bas latin au sens de « maître », formé sur institutum, « plan établi », « décision ».
- maître de conférences : "maître" vient du latin magister «chef, directeur, celui qui enseigne», qui a supplanté comme nom commun le latin classique dominus. D'autre part, "conférence" est emprunté au latin médiéval conferentia « confrontation; réunion », du latin conferre « rapprocher », en particulier « mettre en commun des propos », « comparer ».
- préparateur : emprunté au latin praeparare «ménager d'avance, apprêter d'avance».
- tuteur : le mot vient du latin tutor, « défenseur, protecteur, gardien".
- enseignement : vient du latin vulgaire insignare, ou du latin classique insignire « signaler, désigner ».
- apprentissage : vient du latin apprehendere, « prendre, saisir », d'où en bas latin le sens « saisir par l'esprit, apprendre, étudier ».
- leçon : vient du latin lectionem, accusatif de lectio « cueillette ; lecture, texte; choix ».
- devoir : "Tâche écrite, de dimension limitée, variant suivant les matières, imposée à des élèves ou à des étudiants en cours de scolarité". Vient de debere, "être redevable"
- exercice : Action ou moyen d'exercer ou de s'exercer. Vient du latin classique exercere « mettre en mouvement; tourmenter, former par des exercices; exercer (une profession) ».
- cours : Écoulement continu d'une eau courante. Enseignement suivi dans une discipline précise ; l'une des leçons de cet enseignement. Vient de cursus, "chemin".
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
dimanche 27 septembre 2015
A propos des mots de l'enseignement et de l'apprentissage
Il va quand même falloir s'interroger sur les mots de l'enseignement et de ce que je nomme l'apprentissage pour désigner le travail de ceux qui apprennent.
Le mot "enseignant" est miné !
On a insuffisamment pris garde au fait que l'emploi du mot "enseignant" était idéologique : nous avions initialement les instituteurs, les professeurs des écoles, de collèges et de lycée, licenciés ou agrégés, les maîtres de conférences, les professeurs d’université, mais le mot « enseignant » vise à ne faire qu'un seul corps.
Quand on prend le mot avec un peu de fraîcheur, on s'aperçoit qu'il est bien lourd (un participe présent), ce qui n'est pas particulièrement grave, sauf si l'on considère comme Condillac et Lavoisier (une autre pointure que les petits marquis) que la pensée, c'est la langue. A langue lourde, pensée lourde ; à langue subtile, pensée intelligente.
D'autre part, c'est un fait que l'introduction du mot "enseignant" a mis dans un même sac des compétences différentes… alors qu'il y a de vraies différences, qui ne se gomment pas, même d'une loi : un instituteur n'est pas un professeur d'université, et sans prétendre que l'un vaut plus que l'autre, en termes d'"humanité", on doit observer que les différences portent à la fois sur les connaissances et sur les compétences, scientifiques et pédagogiques.
Regardons les choses en face, par exemple pour les professeurs de l'enseignement du second degré (mais le raisonnement vaut pour tous les types de professeurs) : à un moment de leur vie, certains ont décidé de passer des jours et des nuits à préparer l'agrégation, à obtenir des connaissances et des compétences (scientifiques et pédagogiques) spécifiques, qu'ils n'avaient pas et que leurs camarades n'avaient pas non plus (pour savoir quelque chose, il faut l'avoir appris), et cette "capacité" a été reconnue par la réussite à un concours. Les autres, ceux qui n'ont pas travaillé pour préparer l'agrégation, ont préféré utiliser leur temps à faire des activités qui ne leur donnaient pas ces compétences et connaissances. C'est leur choix, mais il y a finalement le résultat : les agrégés ont des connaissances et des compétences que les autres n'ont pas, et il n'y a pas d'égalité entre agrégés et non agrégés !
Certes les individus doivent avoir une seconde (et pourquoi pas une troisième, etc.) chance, d'une part, parce qu'il serait injuste que l'impossibilité (pour des raisons familiales, financières, etc.) d'avoir des connaissances et des compétences à un moment donné de l'existence soit une porte définitivement fermée, et, d'autre part, parce que le diplômé qui cesserait d'avancer irait sans doute moins loin que le non diplômé qui continuerait régulièrement son chemin. Il faut donc reconnaître le travail de chacun tout au long d'une carrière... Toutefois, entre un individu qui a passé l'agrégation et a continué à travailler avec la même énergie, et un individu qui n'a pas préparé l'agrégation et a continué sur sa lancée, il y a nécessairement des différences, à l'arrivée. Bref, il y a des différences de connaissances et de compétences entre les professeurs ; c'est un fait.
Le raisonnement vaut pour tous les « enseignants », et si l'on comprend que des démagogues veuillent flatter ceux qui n'ont pas travaillé autant que ceux qui ont travaillé (les démagogues cherchent à avoir l'approbation du plus grand nombre ; or ceux qui n'ont pas été sélectionnés par des examens difficiles sont plus nombreux que les autres), ce n'est pas un mot - "enseignant"- qui gommera les différences de connaissances ou de compétences.
Finalement, je conclus -c'est peu original- que les mots ont des sens qu'il importe de trouver, et que l'on gagnera en intelligence, en compréhension, à séparer les catégories générales (enseignants) en catégories particulières dont on reconnaîtra les caractéristiques.
Il faut dire la vérité aux étudiants
J'insiste un peu, parce que nous avons un devoir d'… enseignant à dire cela aux étudiants : entre un devoir bien fait et un devoir bâclé, il y a une différence que l'on perçoit immédiatement. Tout ne se vaut pas, et je ne me résoudrai pas à bien noter une copie mal faite. Enfin, il faut dire aux étudiants que le temps perdu par certains ne se rattrape que très difficilement, voire exceptionnellement : celui ou celle qui arrive en mastère sans des connaissances scientifiques de base (l'intégration, le calcul matriciel, la connaissance de la thermodynamique...) ne peut les obtenir en une année, avant son diplôme.
D'ailleurs, pour les « étudiants », la même question que pour les "enseignants" se pose. Quelle est la différence entre écoliers, élèves, collégiens, lycéens, étudiants, apprenants, disciples même ?
La vraie question : qui paye ? Qu'apprend-on ?
Plutôt qu'opposer ceux qui apprennent et ceux qui enseignent, je propose de penser aussi, dans cette discussion, à ceux qui payent les études, à savoir souvent les parents.
Et comment sera nommée l'activité qui réunit les deux premiers groupes, avec le troisième groupe en soutien des apprenants ? Enseignement ? Apprentissage ? Comment seront nommés les travaux ? Exercices ? Leçons ? Devoirs ? Stages ? Cours ?
La question s'impose, car le contrat qui réunit les trois parties est aujourd'hui bien trop implicite, et donc discutable. La simplicité voudrait que l'on mette d'un côté les apprenants et de l'autre les enseignants, ce qui réglerait la question, mais des billets précédents ont bien montré que tout n'est pas simple, et que si les enseignants veulent enseigner, ce désir peut être contrarié si les apprenants n'ont pas envie d'apprendre.
Apprendre ou étudier ? Et apprendre quoi ? Classiquement on distingue les connaissances et les compétences : une connaissance, c'est ce que l'on sait ; une compétence est ce que l'on sait faire. Toutefois ces deux catégories n'épuisent pas la question de l'enseignement, car les apprenants, face à un enseignant, obtiennent bien plus que connaissances et compétences. Ils découvrent une façon de vivre, une culture, de la méthode, des valeurs, des anecdotes… De sorte que la discussion doit tenir compte de l'ensemble de ces éléments « pédagogiques » (le mot est mal choisi, car il s'applique à des enfants, alors que l'on est adulte à 18 ans).
Bref, il y a lieu de s'interroger sur les mots, et le seul recours juste est l'étymologie. En effet, puisque chacun met son acception idiosyncratique dans les mots, nous ne pouvons nous fonder sur la démocratie pour décider de l'acception de ces derniers : il y en aura autant que de communautés, et la majorité n'a pas nécessairement raison.
Il nous faut donc plonger dans un dictionnaire… mais avant de le faire, une dernière question : ces discussions méthodologiques sont-elles une perte de temps ? Je ne crois pas : l'emploi des mots s'apparente pour l'esprit à l'emploi d'outils, et c'est un fait que, pour enfoncer des clous, un tournevis ne vaut pas un marteau. Souvent, ceux qui rejettent les discussions terminologiques sont des paresseux ou des négligents, qui soit n'ont pas la capacité de comprendre, soit n'ont pas l'envie de prendre du temps à chercher à perfectionner leur esprit, soit ont une volonté idéologique de gommer les différences, ou, au contraire, de les accentuer. Le bon usage des mots est essentiel pour l'exercice d'une pensée claire, pour penser par soi-même : Sapere aude, aies le courage de penser par toi-même, conseillaient les philosophes des Lumières, les Encyclopédistes qui, à l'époque, devaient lutter contre un clergé étouffant (l'Inquisition!) et une monarchie incompétente, qui passait son temps à des vétilles coûteuses à l'ensemble du corps social.
Recourons à l'étymologie !
Bref, cherchons le sens des mots :
- écolier : signifie d'abord "Étudiant d'une université", puis "Enfant qui fréquente l'école primaire (ou école du premier degré)." Le mot est dérivé du latin classique schola, « loisir studieux ; leçon; lieu où l'on enseigne » et au bas latin « corporation, compagnie », au grec σ χ ο λ η ́ (proprement « arrêt de travail ») « loisir consacré à l'étude; leçon ; groupe de personnes qui reçoivent cet enseignement ».
- étudiant : c'est celui ou celle qui fait des études dans un établissement d'enseignement supérieur. Le mot "étudiant" dérive du verbe "étudier" : "Appliquer son esprit à l'acquisition le plus souvent par la lecture de connaissances dans différents domaines". En 1155, le verbe "étudier" signifiait « chercher à acquérir une connaissance » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3341 : Mult sout e mult estudia). Il est dérivé du latin studere « s'appliquer à », de studium « application, zèle; application à l'étude, étude ».
- collégien : "Élève d'un collège". Le mot "collège", lui, signifie aujourd'hui "Établissement d'enseignement du second degré", mais il signifiait jadis "Corps de personnes revêtues d'une même dignité ou chargées d'une même fonction". Le mot "collège" vient du latin collegium « ensemble, corps (de magistrats, de prêtres) » qui au Moyen Âge désigne diverses communautés de laïcs ou de religieux.
- lycéen : "Élève d'un lycée. Anciennement, établissement d'enseignement secondaire créé par l'État en 1802, destiné à recevoir des élèvres masculins payants ou boursiers de l'État, pourvu le plus souvent d'un internat et quelquefois de classes du cycle élémentaire". En 1721, le lycée était le «lieu où s'assemblent les gens de lettres», puis à partir de 1790, le «lieu consacré à l'instruction». Le mot "lycée" vient du nom du Lycée, «gymnase situé au nord-est d'Athènes où enseignait Aristote».
- professeur : "Personne qui enseigne une discipline, une technique, un art". Etymologiquement, professer signifie «avouer publiquement» (GUEVARRE, Epistres dorées, IV, trad. J. de Barraud, 128b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t.32, p.136). Plus récemment, le professeur est "Celui, celle qui établit quelqu'un dans la connaissance, la science de quelque chose".
- instituteur : "Celui, celle qui institue quelque chose". Le mot vient d'institutor, « celui qui dispose, administre » attesté en bas latin au sens de « maître », formé sur institutum, « plan établi », « décision ».
- maître de conférences : "maître" vient du latin magister «chef, directeur, celui qui enseigne», qui a supplanté comme nom commun le latin classique dominus. D'autre part, "conférence" est emprunté au latin médiéval conferentia « confrontation; réunion », du latin conferre « rapprocher », en particulier « mettre en commun des propos », « comparer ».
- préparateur : emprunté au latin praeparare «ménager d'avance, apprêter d'avance».
- tuteur : le mot vient du latin tutor, « défenseur, protecteur, gardien".
- enseignement : vient du latin vulgaire insignare, ou du latin classique insignire « signaler, désigner ».
- apprentissage : vient du latin apprehendere, « prendre, saisir », d'où en bas latin le sens « saisir par l'esprit, apprendre, étudier ».
- leçon : vient du latin lectionem, accusatif de lectio « cueillette ; lecture, texte; choix ».
- devoir : "Tâche écrite, de dimension limitée, variant suivant les matières, imposée à des élèves ou à des étudiants en cours de scolarité". Vient de debere, "être redevable"
- exercice : Action ou moyen d'exercer ou de s'exercer. Vient du latin classique exercere « mettre en mouvement; tourmenter, former par des exercices; exercer (une profession) ».
- cours : Écoulement continu d'une eau courante. Enseignement suivi dans une discipline précise ; l'une des leçons de cet enseignement. Vient de cursus, "chemin".
Le mot "enseignant" est miné !
On a insuffisamment pris garde au fait que l'emploi du mot "enseignant" était idéologique : nous avions initialement les instituteurs, les professeurs des écoles, de collèges et de lycée, licenciés ou agrégés, les maîtres de conférences, les professeurs d’université, mais le mot « enseignant » vise à ne faire qu'un seul corps.
Quand on prend le mot avec un peu de fraîcheur, on s'aperçoit qu'il est bien lourd (un participe présent), ce qui n'est pas particulièrement grave, sauf si l'on considère comme Condillac et Lavoisier (une autre pointure que les petits marquis) que la pensée, c'est la langue. A langue lourde, pensée lourde ; à langue subtile, pensée intelligente.
D'autre part, c'est un fait que l'introduction du mot "enseignant" a mis dans un même sac des compétences différentes… alors qu'il y a de vraies différences, qui ne se gomment pas, même d'une loi : un instituteur n'est pas un professeur d'université, et sans prétendre que l'un vaut plus que l'autre, en termes d'"humanité", on doit observer que les différences portent à la fois sur les connaissances et sur les compétences, scientifiques et pédagogiques.
Regardons les choses en face, par exemple pour les professeurs de l'enseignement du second degré (mais le raisonnement vaut pour tous les types de professeurs) : à un moment de leur vie, certains ont décidé de passer des jours et des nuits à préparer l'agrégation, à obtenir des connaissances et des compétences (scientifiques et pédagogiques) spécifiques, qu'ils n'avaient pas et que leurs camarades n'avaient pas non plus (pour savoir quelque chose, il faut l'avoir appris), et cette "capacité" a été reconnue par la réussite à un concours. Les autres, ceux qui n'ont pas travaillé pour préparer l'agrégation, ont préféré utiliser leur temps à faire des activités qui ne leur donnaient pas ces compétences et connaissances. C'est leur choix, mais il y a finalement le résultat : les agrégés ont des connaissances et des compétences que les autres n'ont pas, et il n'y a pas d'égalité entre agrégés et non agrégés !
Certes les individus doivent avoir une seconde (et pourquoi pas une troisième, etc.) chance, d'une part, parce qu'il serait injuste que l'impossibilité (pour des raisons familiales, financières, etc.) d'avoir des connaissances et des compétences à un moment donné de l'existence soit une porte définitivement fermée, et, d'autre part, parce que le diplômé qui cesserait d'avancer irait sans doute moins loin que le non diplômé qui continuerait régulièrement son chemin. Il faut donc reconnaître le travail de chacun tout au long d'une carrière... Toutefois, entre un individu qui a passé l'agrégation et a continué à travailler avec la même énergie, et un individu qui n'a pas préparé l'agrégation et a continué sur sa lancée, il y a nécessairement des différences, à l'arrivée. Bref, il y a des différences de connaissances et de compétences entre les professeurs ; c'est un fait.
Le raisonnement vaut pour tous les « enseignants », et si l'on comprend que des démagogues veuillent flatter ceux qui n'ont pas travaillé autant que ceux qui ont travaillé (les démagogues cherchent à avoir l'approbation du plus grand nombre ; or ceux qui n'ont pas été sélectionnés par des examens difficiles sont plus nombreux que les autres), ce n'est pas un mot - "enseignant"- qui gommera les différences de connaissances ou de compétences.
Finalement, je conclus -c'est peu original- que les mots ont des sens qu'il importe de trouver, et que l'on gagnera en intelligence, en compréhension, à séparer les catégories générales (enseignants) en catégories particulières dont on reconnaîtra les caractéristiques.
Il faut dire la vérité aux étudiants
J'insiste un peu, parce que nous avons un devoir d'… enseignant à dire cela aux étudiants : entre un devoir bien fait et un devoir bâclé, il y a une différence que l'on perçoit immédiatement. Tout ne se vaut pas, et je ne me résoudrai pas à bien noter une copie mal faite. Enfin, il faut dire aux étudiants que le temps perdu par certains ne se rattrape que très difficilement, voire exceptionnellement : celui ou celle qui arrive en mastère sans des connaissances scientifiques de base (l'intégration, le calcul matriciel, la connaissance de la thermodynamique...) ne peut les obtenir en une année, avant son diplôme.
D'ailleurs, pour les « étudiants », la même question que pour les "enseignants" se pose. Quelle est la différence entre écoliers, élèves, collégiens, lycéens, étudiants, apprenants, disciples même ?
La vraie question : qui paye ? Qu'apprend-on ?
Plutôt qu'opposer ceux qui apprennent et ceux qui enseignent, je propose de penser aussi, dans cette discussion, à ceux qui payent les études, à savoir souvent les parents.
Et comment sera nommée l'activité qui réunit les deux premiers groupes, avec le troisième groupe en soutien des apprenants ? Enseignement ? Apprentissage ? Comment seront nommés les travaux ? Exercices ? Leçons ? Devoirs ? Stages ? Cours ?
La question s'impose, car le contrat qui réunit les trois parties est aujourd'hui bien trop implicite, et donc discutable. La simplicité voudrait que l'on mette d'un côté les apprenants et de l'autre les enseignants, ce qui réglerait la question, mais des billets précédents ont bien montré que tout n'est pas simple, et que si les enseignants veulent enseigner, ce désir peut être contrarié si les apprenants n'ont pas envie d'apprendre.
Apprendre ou étudier ? Et apprendre quoi ? Classiquement on distingue les connaissances et les compétences : une connaissance, c'est ce que l'on sait ; une compétence est ce que l'on sait faire. Toutefois ces deux catégories n'épuisent pas la question de l'enseignement, car les apprenants, face à un enseignant, obtiennent bien plus que connaissances et compétences. Ils découvrent une façon de vivre, une culture, de la méthode, des valeurs, des anecdotes… De sorte que la discussion doit tenir compte de l'ensemble de ces éléments « pédagogiques » (le mot est mal choisi, car il s'applique à des enfants, alors que l'on est adulte à 18 ans).
Bref, il y a lieu de s'interroger sur les mots, et le seul recours juste est l'étymologie. En effet, puisque chacun met son acception idiosyncratique dans les mots, nous ne pouvons nous fonder sur la démocratie pour décider de l'acception de ces derniers : il y en aura autant que de communautés, et la majorité n'a pas nécessairement raison.
Il nous faut donc plonger dans un dictionnaire… mais avant de le faire, une dernière question : ces discussions méthodologiques sont-elles une perte de temps ? Je ne crois pas : l'emploi des mots s'apparente pour l'esprit à l'emploi d'outils, et c'est un fait que, pour enfoncer des clous, un tournevis ne vaut pas un marteau. Souvent, ceux qui rejettent les discussions terminologiques sont des paresseux ou des négligents, qui soit n'ont pas la capacité de comprendre, soit n'ont pas l'envie de prendre du temps à chercher à perfectionner leur esprit, soit ont une volonté idéologique de gommer les différences, ou, au contraire, de les accentuer. Le bon usage des mots est essentiel pour l'exercice d'une pensée claire, pour penser par soi-même : Sapere aude, aies le courage de penser par toi-même, conseillaient les philosophes des Lumières, les Encyclopédistes qui, à l'époque, devaient lutter contre un clergé étouffant (l'Inquisition!) et une monarchie incompétente, qui passait son temps à des vétilles coûteuses à l'ensemble du corps social.
Recourons à l'étymologie !
Bref, cherchons le sens des mots :
- écolier : signifie d'abord "Étudiant d'une université", puis "Enfant qui fréquente l'école primaire (ou école du premier degré)." Le mot est dérivé du latin classique schola, « loisir studieux ; leçon; lieu où l'on enseigne » et au bas latin « corporation, compagnie », au grec σ χ ο λ η ́ (proprement « arrêt de travail ») « loisir consacré à l'étude; leçon ; groupe de personnes qui reçoivent cet enseignement ».
- étudiant : c'est celui ou celle qui fait des études dans un établissement d'enseignement supérieur. Le mot "étudiant" dérive du verbe "étudier" : "Appliquer son esprit à l'acquisition le plus souvent par la lecture de connaissances dans différents domaines". En 1155, le verbe "étudier" signifiait « chercher à acquérir une connaissance » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3341 : Mult sout e mult estudia). Il est dérivé du latin studere « s'appliquer à », de studium « application, zèle; application à l'étude, étude ».
- collégien : "Élève d'un collège". Le mot "collège", lui, signifie aujourd'hui "Établissement d'enseignement du second degré", mais il signifiait jadis "Corps de personnes revêtues d'une même dignité ou chargées d'une même fonction". Le mot "collège" vient du latin collegium « ensemble, corps (de magistrats, de prêtres) » qui au Moyen Âge désigne diverses communautés de laïcs ou de religieux.
- lycéen : "Élève d'un lycée. Anciennement, établissement d'enseignement secondaire créé par l'État en 1802, destiné à recevoir des élèvres masculins payants ou boursiers de l'État, pourvu le plus souvent d'un internat et quelquefois de classes du cycle élémentaire". En 1721, le lycée était le «lieu où s'assemblent les gens de lettres», puis à partir de 1790, le «lieu consacré à l'instruction». Le mot "lycée" vient du nom du Lycée, «gymnase situé au nord-est d'Athènes où enseignait Aristote».
- professeur : "Personne qui enseigne une discipline, une technique, un art". Etymologiquement, professer signifie «avouer publiquement» (GUEVARRE, Epistres dorées, IV, trad. J. de Barraud, 128b d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t.32, p.136). Plus récemment, le professeur est "Celui, celle qui établit quelqu'un dans la connaissance, la science de quelque chose".
- instituteur : "Celui, celle qui institue quelque chose". Le mot vient d'institutor, « celui qui dispose, administre » attesté en bas latin au sens de « maître », formé sur institutum, « plan établi », « décision ».
- maître de conférences : "maître" vient du latin magister «chef, directeur, celui qui enseigne», qui a supplanté comme nom commun le latin classique dominus. D'autre part, "conférence" est emprunté au latin médiéval conferentia « confrontation; réunion », du latin conferre « rapprocher », en particulier « mettre en commun des propos », « comparer ».
- préparateur : emprunté au latin praeparare «ménager d'avance, apprêter d'avance».
- tuteur : le mot vient du latin tutor, « défenseur, protecteur, gardien".
- enseignement : vient du latin vulgaire insignare, ou du latin classique insignire « signaler, désigner ».
- apprentissage : vient du latin apprehendere, « prendre, saisir », d'où en bas latin le sens « saisir par l'esprit, apprendre, étudier ».
- leçon : vient du latin lectionem, accusatif de lectio « cueillette ; lecture, texte; choix ».
- devoir : "Tâche écrite, de dimension limitée, variant suivant les matières, imposée à des élèves ou à des étudiants en cours de scolarité". Vient de debere, "être redevable"
- exercice : Action ou moyen d'exercer ou de s'exercer. Vient du latin classique exercere « mettre en mouvement; tourmenter, former par des exercices; exercer (une profession) ».
- cours : Écoulement continu d'une eau courante. Enseignement suivi dans une discipline précise ; l'une des leçons de cet enseignement. Vient de cursus, "chemin".
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mercredi 23 septembre 2015
Nuit rêvée !!!!!!!! (le 26 septembre)
Chers Amis
Un message amical m'arrive :
Cher Hervé This,
Petit rappel ! Votre belle
Nuit rêvée sera diffusée dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 septembre 2015, entre minuit et 6 h 30.
Merci encore pour votre participation à nos programmes.
Cordialement,
Philippe Garbit
C'est évidemment moi qui suis reconnaissant à Philippe Garbit d'avoir pensé que je pouvais raconter des choses pas trop inintéressantes !
Nuit rêvée !!!!!!!! (le 26 septembre)
Chers Amis
Un message amical m'arrive :
Cher Hervé This,
Petit rappel ! Votre belle
Nuit rêvée sera diffusée dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 septembre 2015, entre minuit et 6 h 30.
Merci encore pour votre participation à nos programmes.
Cordialement,
Philippe Garbit
C'est évidemment moi qui suis reconnaissant à Philippe Garbit d'avoir pensé que je pouvais raconter des choses pas trop inintéressantes !
lundi 21 septembre 2015
Boisson spiritueuses
Des réponses à des questions relatives à l'odeur des boissons sur http://www.agroparistech.fr/Des-questions-a-propos-de-boissons.html
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Boisson spiritueuses
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vendredi 18 septembre 2015
Pauvres élèves de Terminale !
Dans un livre de terminale, à propos de résonance magnétique nucléaire, je lis :
"Certains noyaux, comme le noyau 1H de l'atome d'hydrogène, sont sensibles à la présence d'un champ magnétique" : sensibles ? "Le phénomène est similaire avec les noyaux" : mais le texte vient de mentionner qu'on bouge l'aiguille à la main. Bougerait-on les spins à la main ? Non, bien sûr.
"Leur [pour les noyaux] propriété magnétique, analogue à celle d'une aiguille aimantée, est orientée dans le même sans que le champ magnétique" : une propriété qui serait orientée ???
"Dans un spectromètre, l'échantillon est soumis à un champ magnétique intense et est traversé par des ondes électromagnétiques" : comme description précise, on fait mieux !
Bref, j'invite nos auteurs à faire attention à ce qu'ils écrivent, car je comprends, maintenant, pourquoi moi étudiant, et les autres, ont parfois des difficultés de compréhension. Je passe sur le reste du chapitre, mais tout est du même tabac, à commencer par le fait que les "courbes d'intégration" arrivent dans les spectres comme de simples "marches". Ne serait-il pas plus clair de dire que l'aire sous les signaux est proportionnelle au nombre de proton, et que cette fameuse courbe d'intégration est le nombre de protons depuis la partie gauche du spectre ? De toute façon, ce n'est pas cette courbe qui est importante, mais l'intégrale de chaque signal, soit encore l'aire sous chaque signal.
J'y pense : un pic est le sommet d'un signal, et non pas le signal. Si les mots étaient justes, nos amis auteurs penseraient mieux et enseigneraient donc mieux.
Pauvres élèves !
"Certains noyaux, comme le noyau 1H de l'atome d'hydrogène, sont sensibles à la présence d'un champ magnétique" : sensibles ? "Le phénomène est similaire avec les noyaux" : mais le texte vient de mentionner qu'on bouge l'aiguille à la main. Bougerait-on les spins à la main ? Non, bien sûr.
"Leur [pour les noyaux] propriété magnétique, analogue à celle d'une aiguille aimantée, est orientée dans le même sans que le champ magnétique" : une propriété qui serait orientée ???
"Dans un spectromètre, l'échantillon est soumis à un champ magnétique intense et est traversé par des ondes électromagnétiques" : comme description précise, on fait mieux !
Bref, j'invite nos auteurs à faire attention à ce qu'ils écrivent, car je comprends, maintenant, pourquoi moi étudiant, et les autres, ont parfois des difficultés de compréhension. Je passe sur le reste du chapitre, mais tout est du même tabac, à commencer par le fait que les "courbes d'intégration" arrivent dans les spectres comme de simples "marches". Ne serait-il pas plus clair de dire que l'aire sous les signaux est proportionnelle au nombre de proton, et que cette fameuse courbe d'intégration est le nombre de protons depuis la partie gauche du spectre ? De toute façon, ce n'est pas cette courbe qui est importante, mais l'intégrale de chaque signal, soit encore l'aire sous chaque signal.
J'y pense : un pic est le sommet d'un signal, et non pas le signal. Si les mots étaient justes, nos amis auteurs penseraient mieux et enseigneraient donc mieux.
Pauvres élèves !
jeudi 17 septembre 2015
Dans le New York TImes
Aujourd'hui, le New York Times parle de cuisine note à note :
http://www.nytimes.com/2015/09/17/t-magazine/herve-this-nbn-future-food.html?_r=0
http://www.nytimes.com/2015/09/17/t-magazine/herve-this-nbn-future-food.html?_r=0
Dans le New York TImes
Aujourd'hui, le New York Times parle de cuisine note à note :
http://www.nytimes.com/2015/09/17/t-magazine/herve-this-nbn-future-food.html?_r=0
http://www.nytimes.com/2015/09/17/t-magazine/herve-this-nbn-future-food.html?_r=0
dimanche 13 septembre 2015
Sur d'autres de mes blogs
Quels travaux sont-ils de la gastronomie moléculaire, et lesquels n'en sont-ils pas ?
Maisavant toute chose, je veux prendre la précaution -avec insistance- de dire que...
La suite sur :
http://www.agroparistech.fr/Quels-travaux-sont-ils-de-la.html
Sur d'autres de mes blogs
Quels travaux sont-ils de la gastronomie moléculaire, et lesquels n'en sont-ils pas ?
Maisavant toute chose, je veux prendre la précaution -avec insistance- de dire que...
La suite sur :
http://www.agroparistech.fr/Quels-travaux-sont-ils-de-la.html
lundi 7 septembre 2015
Non, le citral n'a pas une odeur d'herbe coupée !
Dans la revue Que choisir de septembre 2015, un article à charge contre les "arômes", que je propose de nommer des compositions ou extraits.
Il y est dit que la chimie est un "nouvel envahisseur", que les arômes sont "très rarement issus de la plante ou du fruit dont ils revendiquent la flaveur".
La flaveur ? Connais pas ! Moi, je connais le goût, comme indiqué dans plusieurs de mes textes. Et puis, l'arôme qui donnerait de la flaveur ou vice versa ? On n'y comprend plus rien.
Plus loin, on nous indique que 2800 molécules ont été isolées : je suppose, pour commencer, qu'il s'agit de composés, plutôt que de molécules, et, ensuite, je suis heureux de dire que le nombre est faux d'au moins la moitié (8000 en 2013, je tiens la référence à la disposition de qui me la demande). Evidemment, la cuisine moléculaire en prend un coup : tiens donc, tant qu'à faire dans le démagogique, pourquoi pas ?
Inversement, nos journalistes signalent que ces produits ne présentent pas de risque : c'est honnête. Hélas, dans le paragraphe suivant, ils parlent de "falsification généralisée du goût des aliments". Tiens, une question : la cuisine, qui donne du goût de poulet rôti au poulet, est-elle une méthode de falsification du goût ?
Un peu plus loin : la question des "doses homéopathiques". Surtout dans un dossier de ce type, ce serait bon de ne pas confondre des doses très petites, et des doses homéopathiques, où les préparations ne contiennent aucune des molécules actives (et on se demande bien, alors, comment elles pourraient agir, mais c'est une autre affaire).
Enfin, et c'est surtout le point qui me touche : non, il n'est pas exact que j'ai dit que du citral dans l'huile d'olive donne un arôme d'herbe coupée. Le citral a une odeur d'agrume. En revanche, le 3-cis-hexen-1-ol est merveilleux.
PS. Pour ceux qui le souhaitent, voici ma position quant à l'usage des termes, pour décrire le goût :
Il y est dit que la chimie est un "nouvel envahisseur", que les arômes sont "très rarement issus de la plante ou du fruit dont ils revendiquent la flaveur".
La flaveur ? Connais pas ! Moi, je connais le goût, comme indiqué dans plusieurs de mes textes. Et puis, l'arôme qui donnerait de la flaveur ou vice versa ? On n'y comprend plus rien.
Plus loin, on nous indique que 2800 molécules ont été isolées : je suppose, pour commencer, qu'il s'agit de composés, plutôt que de molécules, et, ensuite, je suis heureux de dire que le nombre est faux d'au moins la moitié (8000 en 2013, je tiens la référence à la disposition de qui me la demande). Evidemment, la cuisine moléculaire en prend un coup : tiens donc, tant qu'à faire dans le démagogique, pourquoi pas ?
Inversement, nos journalistes signalent que ces produits ne présentent pas de risque : c'est honnête. Hélas, dans le paragraphe suivant, ils parlent de "falsification généralisée du goût des aliments". Tiens, une question : la cuisine, qui donne du goût de poulet rôti au poulet, est-elle une méthode de falsification du goût ?
Un peu plus loin : la question des "doses homéopathiques". Surtout dans un dossier de ce type, ce serait bon de ne pas confondre des doses très petites, et des doses homéopathiques, où les préparations ne contiennent aucune des molécules actives (et on se demande bien, alors, comment elles pourraient agir, mais c'est une autre affaire).
Enfin, et c'est surtout le point qui me touche : non, il n'est pas exact que j'ai dit que du citral dans l'huile d'olive donne un arôme d'herbe coupée. Le citral a une odeur d'agrume. En revanche, le 3-cis-hexen-1-ol est merveilleux.
PS. Pour ceux qui le souhaitent, voici ma position quant à l'usage des termes, pour décrire le goût :
Goût,
saveur, odeur, arôme ?
Hervé
This
Le
29 avril 2009 s’est tenue à l’Académie d’agriculture de
France une séance publique où les mots du goût ont été discutés.
A l’origine de cette rencontre, deux observations et une idée.
La
première observation : lors de journées plénières du club ECRIN
« Arômes et formulation », des collègues pourtant
spécialistes des « arômes » ou de l’analyse
sensorielle ont désigné par le même mot « arôme » des
objets différents. Pour certains, il s’agissait de l’odeur
perçue par la voie rétronasale, qui relie le nez à l’arrière de
la bouche ; pour d’autres, il s’agissait de la sensation
donnée par les molécules odorantes ; pour d’autres encore,
le terme désignait un mélange de sensations données par les
récepteurs olfactifs et par les récepteurs des papilles, sur la
langue et dans la bouche ; pour d’autres encore… Quelle
confusion !
La
seconde observation : nombre d’articles, notamment dans le
Journal of Agricultural and Food Chemistry, une des revues
importantes dans le champ de la « chimie des aliments et du
goût », étudient les saveurs en conservant le point de vue de
la théorie des quatre saveursi…
alors que l’on sait cette théorie fausse depuis des décennies :
l’acide glycirrhiziqueii,
l’éthanol, le bicarbonate de sodium, l’acide glutamiqueiii…
ne sont ni salés, ni sucrés, ni acides, ni amers ; l’aspartame
n’a pas la même saveur que le saccharoseiv,
et les cellules qui réagissent au benzoate de dénatorium (un
composé « amer ») ne réagissent pas à d’autres
composés pourtant également considérés comme amersv.
Au
total, il y a donc beaucoup de confusion, notamment parce que les
termes sont insuffisants. Or le père de la chimie moderne,
Antoine-Laurent de Lavoisier, a bien mis en avant une idée
importante dans l’introduction de son Traité élémentaire de
chimievi :
«L'impossibilité
d'isoler la nomenclature de la science, et la science de la
nomenclature, tient à ce que toute science physique est
nécessairement fondée sur trois choses : la série des faits qui
constituent la science, les idées qui les rappellent, les mots qui
les expriment (...) Comme ce sont les mots qui conservent les idées,
et qui les transmettent, il en résulte qu'on ne peut perfectionner
les langues sans perfectionner la science, ni la science sans le
langage. »
La « chimie des aliments et du goût » doit donc assainir
sa terminologie pour progresser.
Les
molécules odorantes
Évidemment,
en matière sensorielle, ce sont les récepteurs qui doivent imposer
les motsvii,
et c’est la raison pour laquelle beaucoup de science est à faire.
Depuis longtemps, on sait que le nez comporte des récepteurs
olfactifsviii,
qui peuvent se lier, directement ou indirectement, à des molécules
présentes dans l’air. Directement, par un mécanisme clé-serrure,
ou indirectement, puisque l’on a découvert des olfactory binding
proteins, auxquelles des molécules se lient avant de se lier aux
récepteursix.
Quel
que soit le détail de la stimulation des récepteurs, on perçoit
une « odeur », et cela justifie que les molécules qui
suscitent une odeur soient dites « odorantes ». Pas
« aromatiques », toutefois, puisque l’arôme est
l’odeur d’une plante aromatique, dite encore aromate ! De
ce fait, il faut sans doute corriger nos pratiques… et nos
législations, puisqu’elles nomment très abusivement arômes des
choses qui n’en sont pas, que l’on parle des odeurs ou bien des
produits obtenus soit par assemblage de composés (synthétisés ou
extraits de matières végétales ou animales). Insistons,
d’ailleurs, pour refuser à tous ces produits, qu’ils contiennent
ou non des composés de synthèse, le qualificatif de « naturel » :
n’est naturel que ce qui n’a pas fait l’objet de transformation
par l’être humain. Ces « compositions odoriférantes »,
ou ces « extraits odoriférants » ne sont pas naturels,
et c’est tromper le consommateur que de le lui laisser croire.
Experts, n’oublions pas que la base d’un commerce sain, ce sont
des produits « loyaux, marchands et francs » !
La
saveur, les sensations trigéminales
La
question de la saveur semble plus simple, à cela près que l’on
vient de découvrir, en plus des récepteurs des papilles, auxquelles
se lient des molécules qui peuvent se dissoudre dans la salive, des
récepteurs qui captent les acides gras insaturés à longue chaînex.
La découverte est tout à fait remarquable, parce qu’elle
s’accompagne de la mise en évidence de toute une chaîne
physiologique qui pourrait faire conclure qu’il existe une saveur
particulière des acides gras insaturés à longue chaîne. Cette
découverte impose-t-elle l’introduction d’un terme nouveau,
sachant que, contrairement aux autres molécules sapides que nous
reconnaissons plus classiquement, il n’y a pas de saveur
reconnaissable comme les autres ?
D’autre
part, comment nommer le sens correspondant à la perception des
saveurs ? On parle encore parfois de « gustation »,
mais la gustation devrait être la perception du goût… or nous
parlons ici de saveurs. Doit-on plutôt parler de « sapiction »,
par exemplexi ?
Et de papilles sapictives ?
D’autres
molécules ont des récepteurs qui ne sont ni olfactifs, ni
sapictives, mais associés à une voie nerveuse spécifique, le nerf
trijumeau. C’est ainsi que nous percevons le piquantxii,
le fraisxiii…
D’ailleurs, il faut indiquer que les molécules peuvent stimuler
les récepteurs de plusieurs façons. Par exemple, le menthol sent la
menthe, certes, mais il suscite aussi la sensation de fraîcheur.
L’éthanol a une odeur, mais pas seulement, etc.
D’ailleurs,
nous avons omis d’évoquer l’astringence, qui a fautivement été
considérée comme une saveur, pendant longtemps, et qui correspond à
une sensation d’assèchement de la bouche, notamment quand des
protéines salivaires se lient à des composés phénoliques, tels
ceux qui sont présents dans certains vins et qui sont souvent,
abusivement, nommés taninsxiv.
Le
goût, dans tout cela ? C’est un fait de langage classique de
dire que, quand on mange un aliment, on sent son goût. Le goût est
donc la sensation synthétique que nous avons quand nous mangonsxv,
et ce goût résulte donc de la stimulation de tous les récepteurs à
la fois : olfactifs, sapictifs, trigéminaux… mais aussi des
récepteurs mécaniques, qui nous donnent la sensation de la
consistance, des récepteurs thermiques, etc.
Perçoit-on
un « goût de banane » quand on boit un vin ? Ce
goût résulte à la fois des sensations olfactives, sapictives,
trigéminales, etc.
A
bas la flaveur
Faut-il
parler de « flaveur », comme cela a été proposéxvi ?
Une norme ISO la définit comme « l’ensemble complexe des
sensations olfactives, gustatives et trigéminales perçues au cours
de la dégustation »… mais nous devons critiquer la norme
ISO. Ne définit-elle pas la couleur comme « la sensation
produite par la stimulation de la rétine par des ondes lumineuses de
longueur d’onde variables » ? Quoi, des longueurs d’onde
variables ? Ce serait une belle découverte, si la lumière, en
se propageant, pouvait changer de longueur d’onde !
D’ailleurs, les incohérences abondent, dans cette norme, puisque,
par exemple, les « saveurs élémentaires » seraient des
saveurs « reconnues », ou que l’on nommerait
« renforçateur de flaveur (ou de goût) les substances
intensifiant la flaveur de certains produits sans posséder cette
flaveur ». Ici, les deux mots « flaveur » et
« goût » sont confondus ! Achevons avec la
définition de « transparent », qui évoque, comme il y a
plusieurs siècles, des « rayons lumineux » !
Faut-il
vraiment supporter ces définitions idiotes ? Et devons-nous
admettre le terme de « flaveur » ? Je crois que non,
et voici les raisons. D’une part, il faut savoir que le mot
« flavour » existe en langue anglaise, où il désigne…
la sensation synthétique… qu’est donc le goûtxvii.
Pas besoin d’invoquer la flaveur, par conséquent, pour désigner
ce qui a déjà un nom en langue française. Faut-il réserver le nom
de « flaveur » à l’ensemble des « sensations
olfactives, gustatives et trigéminales » ? Il faut savoir
que cet ensemble de sensations n’est d’abord pas perceptible,
puisque l’on ne saurait les séparer des sensations de consistance
ou de chaleur, d’une part. D’autre part, cette « flaveur »
ne serait pas mesurable, puisqu’elle serait la résultante de
stimulations de récepteurs différents.
Je
propose de penser que quelque chose qui n’est ni mesurable ni
perceptible n’existe pas ! Il faut donc abattre le mot
« flaveur », le bannir de notre vocabulaire technique ou
courant.
Un
débat à organiser
Au
total, puisque je sais que les collègues sont des personnes
intelligentes auxquelles il est tout à fait maladroit de vouloir
imposer une solution, je crois qu’il n’est pas inutile de poser
la question des avantages et des inconvénients, afin que nous
décidions collectivement.
La
position qui consiste à penser que la flaveur existe, tout d’abord,
et que c’est la somme de la saveur, de l’odeur, des sensations
trigéminales, conduit à admettre que le goût serait la sensation
donnée par les papilles. Le mot « saveur » est alors
éliminé, alors que c’est un mot de la langue française.
L’avantage est que le mot « goût » est alors cohérent
avec « récepteurs gustatifs », pour parler des papilles
(mais ceux-ci sont encore mal connus : pensons aux acides gras
insaturés à longue chaîne). En revanche, l’inconvénient de
cette position, c’est que l’on élimine un mot classique, qui a
sa place, pour introduire un mot inconnu, sauf de spécialistes.
D’autre part, la flaveur désignerait alors quelque chose qui n’est
ni mesurable, ni perceptible, dans toute sa pureté.
Évidemment,
si l’on adopte maintenant la position qui stipule que le goût est
la sensation synthétique, il y a l’inconvénient que les
récepteurs des papilles doivent être nommés « sapictifs »,
ce qui est un mot nouveau, mais on retrouve alors dans « sapictif »
le mot « saveur », qui est bien attesté pour désigner
la sensation donnée par les papilles. De surcroît, on reste proche
de la langue classique et de la langue populaire.
D’autre
part, faut-il utiliser le mot « arôme » pour désigner
les odeurs, et utiliser l’expression « composé d’arôme »
pour désigner les molécules odorantes ? Il n’y a pas
d’avantage à cette solution, mais il y a beaucoup d’inconvénient,
comme on l’a vu déjà. Ajoutons seulement que, dans la discussion
précédente à ce propos, d’autre part, on a omis de signaler le
qualificatif « aromatique » qui serait alors donné aux
molécules odorantes viendrait heurter le qualificatif « aromatique »
donné par les chimistes au benzène et à ses cousins. Ajoutons
aussi que l’emploi du mot « arôme » pour le vin est…
faible, puisque le nom de l’odeur du vin est le « bouquet ».
Et signalons enfin qu’il n’existe pas d’inconvénient à
utiliser le mot « odorant », et non « aromatique »,
pour désigner les molécules qui stimulent les récepteurs
olfactifs… avec en outre une cohérence avec le monde anglo-saxon,
qui utilisent aujourd’hui, dans les publications scientifiques, le
terme « odorant », parlant de odorant molecules ,
ou simplement d’odorants.
Reste
la question des « arômes » des sociétés qui font des
extraits ou des compositions de molécules susceptibles de donner du
goût aux produits alimentaires. Je ne crois pas utile de revenir sur
l’emploi du terme « naturel », qui me semble tout à
fait condamnable, notamment parce que l’on nomme « artificiel »
(définition du dictionnaire) ce qui a fait l’objet d’une
préparation par l’être humain. Or ces produits sont des
préparations, et, de ce fait, ils ne sont certainement pas naturels,
qu’ils contiennent exclusivement des composés extraits, ou bien
qu’ils incluent des composés de synthèse.
Certes,
le mot « arôme » correspond à une réglementation…
mais je propose de changer les réglementations qui doivent l’être !
De surcroît, il y a la confusion de noms entre le produit, d’une
part, et la sensation, d’autre part. Confusion, donc possibilité
de tromperie… et le public ne s’y trompe pas, à critiquer
l’emploi de ces « arômes », supportant à peine ceux
qui sont dits « naturels ».
Quelle
terminologie employer ? L’anglais distingue la flavour, qui
est le goût, et les flavourings, qui sont ces compositions et
extraits. Au fait, pourquoi ne pas faire aussi la distinction ?
Introduire un nom nouveau et le proposer aux législateurs ? Ce
n’est pas bien difficile, si la volonté est présente, de ne pas
tromper. Je propose « compositions gustatives », et
« extraits gustatifs ». Pourquoi pas « compositions
odoriférantes » et « extraits odoriférants » ?
Parce que, on le sait, nombre de molécules ne stimulent pas
seulement les récepteurs olfactifs. Évidemment, au passage, on
bannirait le mot « naturel »… et je crois que notre
pays y gagnerait.
i
Naissance et obscolescence du concept de quatre qualities en
gestation, Annick Faurion, Journ. D’Agric. Et de Bota. Appl., vol
XXXV, 1988, 1-19
ii
Belitz and Grosch, Food Chemistry, Springer
Verlag, Heidelberg, p. 412.
iii
An amino-acid taste
receptor, Greg Nelson, Jayaram Chandrashekar, Mark A. Hoon, Luxin
Feng, Grace Zhao, Nicholas J. P. Ryba, Charles Zuker, Nature, vol
416, 14 mars 2002, pp 199-202.
iv
Faurion
A. et Mac Leod P., Sweet
taste receptor mechanisms, Progress
in Sensory Physiology, vol 8.
v
Alejandro
Caicedo and Stephen D. Roper, Taste receptor cells that discriminate
between bitter stimuli, Science, vol 291, 23 february 2001,
1557-1560.
vi
A. L. de Lavoisier, Traité élémentaire de chimie, Cuchet, Paris,
1793.
vii
A. Uziel, J. G.
Smadja, A. Faurion, Physiologie
du goût, Encycl.
Med. Chir. (Paris, France), Otorhino-laryngologie, 2-1987, 20490
C10.
viii
K. Raming, J. Krieger, J. Strotmann, I. Boekhoff,
S. Kubick, C. Baumstark, H. Breer, Cloning
and expression of odorant receptors,
Nature, 28 janvier 1993, 361, 353-356.
ix
.
Briand, Loiec; Eloit, Corinne;
Nespoulous, Claude; Bezirard, Valerie; Huet, Jean-Claude; Henry,
Celine; Blon, Florence; Trotier, Didier; Pernollet, Jean-Claude ,
Evidence of an odorant binding protein in the human olfactory
mucus : location, structural characterization, and
odorant-binding properties, Biochimie et Structure des Proteines
Unite de Recherches INRA 477, Jouy-en-Josas, Fr. Biochemistry
(2002), 41(23), 7241-7252. CODEN: BICHAW
ISSN: 0006-2960. Journal written in English. CAN 137:105377
AN 2002:360381 CAPLUS
Isabelle
Niot, Jean-Pierre Montmayeur, Philippe Besnard, CD36,
un sérieux jalon
sur la piste du goût du gras, M/S n°
4, vol. 22, avril 2006.
xi
Hervé This, Casseroles et éprouvettes, Pour la Science, Paris,
2003.
xii
Pourquoi le piment brûle, Bernard Calvino, Marie Conrat. Pour la
Science, N0366, avril 2008, pp. 54-61
xiv
Binding
of selected phenolic compound to proteins, Harshadari M Rawel,
Karina Meidtner, Jürgen Kroll, J. Agric. Food Chem., 14 april 2005,
DOI 10.1021/jf0480290 5021-8561 (04)08029-X
xv
A brief history of electronic nose, Julian W.
Gardner, Philip N. Bartlett, Sensors and Actuators B, 18-19 (1994,
211-20.
xvi
A. Pierson and J. Le Magnen, Etude quantitative du
processus de régulation des réponses alimentaires chez l'homme,
Physiology & Behavior, Volume 4, Issue 1, January 1969, Pages
61-67.
xvii
Julie A Mennella, Gary K Beauchamp, Early flavor
experiences : when do they start ? Nutrition Today, vol
29, N°5, Sept/oct 1994, 25-31.
Non, le citral n'a pas une odeur d'herbe coupée !
Dans la revue Que choisir de septembre 2015, un article à charge contre les "arômes", que je propose de nommer des compositions ou extraits.
Il y est dit que la chimie est un "nouvel envahisseur", que les arômes sont "très rarement issus de la plante ou du fruit dont ils revendiquent la flaveur".
La flaveur ? Connais pas ! Moi, je connais le goût, comme indiqué dans plusieurs de mes textes. Et puis, l'arôme qui donnerait de la flaveur ou vice versa ? On n'y comprend plus rien.
Plus loin, on nous indique que 2800 molécules ont été isolées : je suppose, pour commencer, qu'il s'agit de composés, plutôt que de molécules, et, ensuite, je suis heureux de dire que le nombre est faux d'au moins la moitié (8000 en 2013, je tiens la référence à la disposition de qui me la demande). Evidemment, la cuisine moléculaire en prend un coup : tiens donc, tant qu'à faire dans le démagogique, pourquoi pas ?
Inversement, nos journalistes signalent que ces produits ne présentent pas de risque : c'est honnête. Hélas, dans le paragraphe suivant, ils parlent de "falsification généralisée du goût des aliments". Tiens, une question : la cuisine, qui donne du goût de poulet rôti au poulet, est-elle une méthode de falsification du goût ?
Un peu plus loin : la question des "doses homéopathiques". Surtout dans un dossier de ce type, ce serait bon de ne pas confondre des doses très petites, et des doses homéopathiques, où les préparations ne contiennent aucune des molécules actives (et on se demande bien, alors, comment elles pourraient agir, mais c'est une autre affaire).
Enfin, et c'est surtout le point qui me touche : non, il n'est pas exact que j'ai dit que du citral dans l'huile d'olive donne un arôme d'herbe coupée. Le citral a une odeur d'agrume. En revanche, le 3-cis-hexen-1-ol est merveilleux.
PS. Pour ceux qui le souhaitent, voici ma position quant à l'usage des termes, pour décrire le goût :
Il y est dit que la chimie est un "nouvel envahisseur", que les arômes sont "très rarement issus de la plante ou du fruit dont ils revendiquent la flaveur".
La flaveur ? Connais pas ! Moi, je connais le goût, comme indiqué dans plusieurs de mes textes. Et puis, l'arôme qui donnerait de la flaveur ou vice versa ? On n'y comprend plus rien.
Plus loin, on nous indique que 2800 molécules ont été isolées : je suppose, pour commencer, qu'il s'agit de composés, plutôt que de molécules, et, ensuite, je suis heureux de dire que le nombre est faux d'au moins la moitié (8000 en 2013, je tiens la référence à la disposition de qui me la demande). Evidemment, la cuisine moléculaire en prend un coup : tiens donc, tant qu'à faire dans le démagogique, pourquoi pas ?
Inversement, nos journalistes signalent que ces produits ne présentent pas de risque : c'est honnête. Hélas, dans le paragraphe suivant, ils parlent de "falsification généralisée du goût des aliments". Tiens, une question : la cuisine, qui donne du goût de poulet rôti au poulet, est-elle une méthode de falsification du goût ?
Un peu plus loin : la question des "doses homéopathiques". Surtout dans un dossier de ce type, ce serait bon de ne pas confondre des doses très petites, et des doses homéopathiques, où les préparations ne contiennent aucune des molécules actives (et on se demande bien, alors, comment elles pourraient agir, mais c'est une autre affaire).
Enfin, et c'est surtout le point qui me touche : non, il n'est pas exact que j'ai dit que du citral dans l'huile d'olive donne un arôme d'herbe coupée. Le citral a une odeur d'agrume. En revanche, le 3-cis-hexen-1-ol est merveilleux.
PS. Pour ceux qui le souhaitent, voici ma position quant à l'usage des termes, pour décrire le goût :
Goût,
saveur, odeur, arôme ?
Hervé
This
Le
29 avril 2009 s’est tenue à l’Académie d’agriculture de
France une séance publique où les mots du goût ont été discutés.
A l’origine de cette rencontre, deux observations et une idée.
La
première observation : lors de journées plénières du club ECRIN
« Arômes et formulation », des collègues pourtant
spécialistes des « arômes » ou de l’analyse
sensorielle ont désigné par le même mot « arôme » des
objets différents. Pour certains, il s’agissait de l’odeur
perçue par la voie rétronasale, qui relie le nez à l’arrière de
la bouche ; pour d’autres, il s’agissait de la sensation
donnée par les molécules odorantes ; pour d’autres encore,
le terme désignait un mélange de sensations données par les
récepteurs olfactifs et par les récepteurs des papilles, sur la
langue et dans la bouche ; pour d’autres encore… Quelle
confusion !
La
seconde observation : nombre d’articles, notamment dans le
Journal of Agricultural and Food Chemistry, une des revues
importantes dans le champ de la « chimie des aliments et du
goût », étudient les saveurs en conservant le point de vue de
la théorie des quatre saveursi…
alors que l’on sait cette théorie fausse depuis des décennies :
l’acide glycirrhiziqueii,
l’éthanol, le bicarbonate de sodium, l’acide glutamiqueiii…
ne sont ni salés, ni sucrés, ni acides, ni amers ; l’aspartame
n’a pas la même saveur que le saccharoseiv,
et les cellules qui réagissent au benzoate de dénatorium (un
composé « amer ») ne réagissent pas à d’autres
composés pourtant également considérés comme amersv.
Au
total, il y a donc beaucoup de confusion, notamment parce que les
termes sont insuffisants. Or le père de la chimie moderne,
Antoine-Laurent de Lavoisier, a bien mis en avant une idée
importante dans l’introduction de son Traité élémentaire de
chimievi :
«L'impossibilité
d'isoler la nomenclature de la science, et la science de la
nomenclature, tient à ce que toute science physique est
nécessairement fondée sur trois choses : la série des faits qui
constituent la science, les idées qui les rappellent, les mots qui
les expriment (...) Comme ce sont les mots qui conservent les idées,
et qui les transmettent, il en résulte qu'on ne peut perfectionner
les langues sans perfectionner la science, ni la science sans le
langage. »
La « chimie des aliments et du goût » doit donc assainir
sa terminologie pour progresser.
Les
molécules odorantes
Évidemment,
en matière sensorielle, ce sont les récepteurs qui doivent imposer
les motsvii,
et c’est la raison pour laquelle beaucoup de science est à faire.
Depuis longtemps, on sait que le nez comporte des récepteurs
olfactifsviii,
qui peuvent se lier, directement ou indirectement, à des molécules
présentes dans l’air. Directement, par un mécanisme clé-serrure,
ou indirectement, puisque l’on a découvert des olfactory binding
proteins, auxquelles des molécules se lient avant de se lier aux
récepteursix.
Quel
que soit le détail de la stimulation des récepteurs, on perçoit
une « odeur », et cela justifie que les molécules qui
suscitent une odeur soient dites « odorantes ». Pas
« aromatiques », toutefois, puisque l’arôme est
l’odeur d’une plante aromatique, dite encore aromate ! De
ce fait, il faut sans doute corriger nos pratiques… et nos
législations, puisqu’elles nomment très abusivement arômes des
choses qui n’en sont pas, que l’on parle des odeurs ou bien des
produits obtenus soit par assemblage de composés (synthétisés ou
extraits de matières végétales ou animales). Insistons,
d’ailleurs, pour refuser à tous ces produits, qu’ils contiennent
ou non des composés de synthèse, le qualificatif de « naturel » :
n’est naturel que ce qui n’a pas fait l’objet de transformation
par l’être humain. Ces « compositions odoriférantes »,
ou ces « extraits odoriférants » ne sont pas naturels,
et c’est tromper le consommateur que de le lui laisser croire.
Experts, n’oublions pas que la base d’un commerce sain, ce sont
des produits « loyaux, marchands et francs » !
La
saveur, les sensations trigéminales
La
question de la saveur semble plus simple, à cela près que l’on
vient de découvrir, en plus des récepteurs des papilles, auxquelles
se lient des molécules qui peuvent se dissoudre dans la salive, des
récepteurs qui captent les acides gras insaturés à longue chaînex.
La découverte est tout à fait remarquable, parce qu’elle
s’accompagne de la mise en évidence de toute une chaîne
physiologique qui pourrait faire conclure qu’il existe une saveur
particulière des acides gras insaturés à longue chaîne. Cette
découverte impose-t-elle l’introduction d’un terme nouveau,
sachant que, contrairement aux autres molécules sapides que nous
reconnaissons plus classiquement, il n’y a pas de saveur
reconnaissable comme les autres ?
D’autre
part, comment nommer le sens correspondant à la perception des
saveurs ? On parle encore parfois de « gustation »,
mais la gustation devrait être la perception du goût… or nous
parlons ici de saveurs. Doit-on plutôt parler de « sapiction »,
par exemplexi ?
Et de papilles sapictives ?
D’autres
molécules ont des récepteurs qui ne sont ni olfactifs, ni
sapictives, mais associés à une voie nerveuse spécifique, le nerf
trijumeau. C’est ainsi que nous percevons le piquantxii,
le fraisxiii…
D’ailleurs, il faut indiquer que les molécules peuvent stimuler
les récepteurs de plusieurs façons. Par exemple, le menthol sent la
menthe, certes, mais il suscite aussi la sensation de fraîcheur.
L’éthanol a une odeur, mais pas seulement, etc.
D’ailleurs,
nous avons omis d’évoquer l’astringence, qui a fautivement été
considérée comme une saveur, pendant longtemps, et qui correspond à
une sensation d’assèchement de la bouche, notamment quand des
protéines salivaires se lient à des composés phénoliques, tels
ceux qui sont présents dans certains vins et qui sont souvent,
abusivement, nommés taninsxiv.
Le
goût, dans tout cela ? C’est un fait de langage classique de
dire que, quand on mange un aliment, on sent son goût. Le goût est
donc la sensation synthétique que nous avons quand nous mangonsxv,
et ce goût résulte donc de la stimulation de tous les récepteurs à
la fois : olfactifs, sapictifs, trigéminaux… mais aussi des
récepteurs mécaniques, qui nous donnent la sensation de la
consistance, des récepteurs thermiques, etc.
Perçoit-on
un « goût de banane » quand on boit un vin ? Ce
goût résulte à la fois des sensations olfactives, sapictives,
trigéminales, etc.
A
bas la flaveur
Faut-il
parler de « flaveur », comme cela a été proposéxvi ?
Une norme ISO la définit comme « l’ensemble complexe des
sensations olfactives, gustatives et trigéminales perçues au cours
de la dégustation »… mais nous devons critiquer la norme
ISO. Ne définit-elle pas la couleur comme « la sensation
produite par la stimulation de la rétine par des ondes lumineuses de
longueur d’onde variables » ? Quoi, des longueurs d’onde
variables ? Ce serait une belle découverte, si la lumière, en
se propageant, pouvait changer de longueur d’onde !
D’ailleurs, les incohérences abondent, dans cette norme, puisque,
par exemple, les « saveurs élémentaires » seraient des
saveurs « reconnues », ou que l’on nommerait
« renforçateur de flaveur (ou de goût) les substances
intensifiant la flaveur de certains produits sans posséder cette
flaveur ». Ici, les deux mots « flaveur » et
« goût » sont confondus ! Achevons avec la
définition de « transparent », qui évoque, comme il y a
plusieurs siècles, des « rayons lumineux » !
Faut-il
vraiment supporter ces définitions idiotes ? Et devons-nous
admettre le terme de « flaveur » ? Je crois que non,
et voici les raisons. D’une part, il faut savoir que le mot
« flavour » existe en langue anglaise, où il désigne…
la sensation synthétique… qu’est donc le goûtxvii.
Pas besoin d’invoquer la flaveur, par conséquent, pour désigner
ce qui a déjà un nom en langue française. Faut-il réserver le nom
de « flaveur » à l’ensemble des « sensations
olfactives, gustatives et trigéminales » ? Il faut savoir
que cet ensemble de sensations n’est d’abord pas perceptible,
puisque l’on ne saurait les séparer des sensations de consistance
ou de chaleur, d’une part. D’autre part, cette « flaveur »
ne serait pas mesurable, puisqu’elle serait la résultante de
stimulations de récepteurs différents.
Je
propose de penser que quelque chose qui n’est ni mesurable ni
perceptible n’existe pas ! Il faut donc abattre le mot
« flaveur », le bannir de notre vocabulaire technique ou
courant.
Un
débat à organiser
Au
total, puisque je sais que les collègues sont des personnes
intelligentes auxquelles il est tout à fait maladroit de vouloir
imposer une solution, je crois qu’il n’est pas inutile de poser
la question des avantages et des inconvénients, afin que nous
décidions collectivement.
La
position qui consiste à penser que la flaveur existe, tout d’abord,
et que c’est la somme de la saveur, de l’odeur, des sensations
trigéminales, conduit à admettre que le goût serait la sensation
donnée par les papilles. Le mot « saveur » est alors
éliminé, alors que c’est un mot de la langue française.
L’avantage est que le mot « goût » est alors cohérent
avec « récepteurs gustatifs », pour parler des papilles
(mais ceux-ci sont encore mal connus : pensons aux acides gras
insaturés à longue chaîne). En revanche, l’inconvénient de
cette position, c’est que l’on élimine un mot classique, qui a
sa place, pour introduire un mot inconnu, sauf de spécialistes.
D’autre part, la flaveur désignerait alors quelque chose qui n’est
ni mesurable, ni perceptible, dans toute sa pureté.
Évidemment,
si l’on adopte maintenant la position qui stipule que le goût est
la sensation synthétique, il y a l’inconvénient que les
récepteurs des papilles doivent être nommés « sapictifs »,
ce qui est un mot nouveau, mais on retrouve alors dans « sapictif »
le mot « saveur », qui est bien attesté pour désigner
la sensation donnée par les papilles. De surcroît, on reste proche
de la langue classique et de la langue populaire.
D’autre
part, faut-il utiliser le mot « arôme » pour désigner
les odeurs, et utiliser l’expression « composé d’arôme »
pour désigner les molécules odorantes ? Il n’y a pas
d’avantage à cette solution, mais il y a beaucoup d’inconvénient,
comme on l’a vu déjà. Ajoutons seulement que, dans la discussion
précédente à ce propos, d’autre part, on a omis de signaler le
qualificatif « aromatique » qui serait alors donné aux
molécules odorantes viendrait heurter le qualificatif « aromatique »
donné par les chimistes au benzène et à ses cousins. Ajoutons
aussi que l’emploi du mot « arôme » pour le vin est…
faible, puisque le nom de l’odeur du vin est le « bouquet ».
Et signalons enfin qu’il n’existe pas d’inconvénient à
utiliser le mot « odorant », et non « aromatique »,
pour désigner les molécules qui stimulent les récepteurs
olfactifs… avec en outre une cohérence avec le monde anglo-saxon,
qui utilisent aujourd’hui, dans les publications scientifiques, le
terme « odorant », parlant de odorant molecules ,
ou simplement d’odorants.
Reste
la question des « arômes » des sociétés qui font des
extraits ou des compositions de molécules susceptibles de donner du
goût aux produits alimentaires. Je ne crois pas utile de revenir sur
l’emploi du terme « naturel », qui me semble tout à
fait condamnable, notamment parce que l’on nomme « artificiel »
(définition du dictionnaire) ce qui a fait l’objet d’une
préparation par l’être humain. Or ces produits sont des
préparations, et, de ce fait, ils ne sont certainement pas naturels,
qu’ils contiennent exclusivement des composés extraits, ou bien
qu’ils incluent des composés de synthèse.
Certes,
le mot « arôme » correspond à une réglementation…
mais je propose de changer les réglementations qui doivent l’être !
De surcroît, il y a la confusion de noms entre le produit, d’une
part, et la sensation, d’autre part. Confusion, donc possibilité
de tromperie… et le public ne s’y trompe pas, à critiquer
l’emploi de ces « arômes », supportant à peine ceux
qui sont dits « naturels ».
Quelle
terminologie employer ? L’anglais distingue la flavour, qui
est le goût, et les flavourings, qui sont ces compositions et
extraits. Au fait, pourquoi ne pas faire aussi la distinction ?
Introduire un nom nouveau et le proposer aux législateurs ? Ce
n’est pas bien difficile, si la volonté est présente, de ne pas
tromper. Je propose « compositions gustatives », et
« extraits gustatifs ». Pourquoi pas « compositions
odoriférantes » et « extraits odoriférants » ?
Parce que, on le sait, nombre de molécules ne stimulent pas
seulement les récepteurs olfactifs. Évidemment, au passage, on
bannirait le mot « naturel »… et je crois que notre
pays y gagnerait.
i
Naissance et obscolescence du concept de quatre qualities en
gestation, Annick Faurion, Journ. D’Agric. Et de Bota. Appl., vol
XXXV, 1988, 1-19
ii
Belitz and Grosch, Food Chemistry, Springer
Verlag, Heidelberg, p. 412.
iii
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receptor, Greg Nelson, Jayaram Chandrashekar, Mark A. Hoon, Luxin
Feng, Grace Zhao, Nicholas J. P. Ryba, Charles Zuker, Nature, vol
416, 14 mars 2002, pp 199-202.
iv
Faurion
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taste receptor mechanisms, Progress
in Sensory Physiology, vol 8.
v
Alejandro
Caicedo and Stephen D. Roper, Taste receptor cells that discriminate
between bitter stimuli, Science, vol 291, 23 february 2001,
1557-1560.
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1793.
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A. Uziel, J. G.
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du goût, Encycl.
Med. Chir. (Paris, France), Otorhino-laryngologie, 2-1987, 20490
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S. Kubick, C. Baumstark, H. Breer, Cloning
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Briand, Loiec; Eloit, Corinne;
Nespoulous, Claude; Bezirard, Valerie; Huet, Jean-Claude; Henry,
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Evidence of an odorant binding protein in the human olfactory
mucus : location, structural characterization, and
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Unite de Recherches INRA 477, Jouy-en-Josas, Fr. Biochemistry
(2002), 41(23), 7241-7252. CODEN: BICHAW
ISSN: 0006-2960. Journal written in English. CAN 137:105377
AN 2002:360381 CAPLUS
Isabelle
Niot, Jean-Pierre Montmayeur, Philippe Besnard, CD36,
un sérieux jalon
sur la piste du goût du gras, M/S n°
4, vol. 22, avril 2006.
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Pourquoi le piment brûle, Bernard Calvino, Marie Conrat. Pour la
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of selected phenolic compound to proteins, Harshadari M Rawel,
Karina Meidtner, Jürgen Kroll, J. Agric. Food Chem., 14 april 2005,
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A brief history of electronic nose, Julian W.
Gardner, Philip N. Bartlett, Sensors and Actuators B, 18-19 (1994,
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xvi
A. Pierson and J. Le Magnen, Etude quantitative du
processus de régulation des réponses alimentaires chez l'homme,
Physiology & Behavior, Volume 4, Issue 1, January 1969, Pages
61-67.
xvii
Julie A Mennella, Gary K Beauchamp, Early flavor
experiences : when do they start ? Nutrition Today, vol
29, N°5, Sept/oct 1994, 25-31.
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