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samedi 20 janvier 2024

Faisons confiance aux experts


Croire naïvement et douter de tout sont deux positions également fautives.

 Effectivement il y a lieu de s'interroger sur les idées qui nous sont proposées, car on sait combien nos sociétés humaines mettent de rhétorique, voire de mensonges, dans les échanges. Inversement une méfiance excessive conduit à se priver des faits justes sur lesquels notre esprit d'analyse pourrait s'exercer justement. 

Pour pallier la première difficulté, il y a donc lieu de s'interroger sur les émetteurs des messages, leur fiabilité, en gardant dans un coin de la tête l'idée que même des messages émis par des sources fiables pourraient être erronés. Il y a lieu de faire toujours une sorte d'analyse de risques, d'assortir la confiance d'une sorte de degré de confiance. 

Pour pallier la deuxième difficulté, il y a sans doute lieu d'utiliser la même stratégie, c'est-à-dire identifier des sources plus dignes de confiance que les autres. 

 

Par les temps qui courent, à propos de matières compliquées, comme les questions de santé et d'alimentation (pensons, par exemple, à l'effet à long terme de très petites doses de composés toxiques sur la santé, ou des résidus de pesticides, ou de la possible qualité des aliments bio, ou encore de la possible toxicité des édulcorants), je crois qu'il est utile de reconnaître et de faire savoir que les experts de l'Etat sont la meilleure de nos sources. 

Ils sont la meilleure de nos sources, parce que ces personnes ont souvent choisi le métier qu'ils exercent par souci de rendre un service à la collectivité. Pour accepter d'être moins bien payé que dans l'industrie, de travailler dans des conditions matériellement plus rudimentaire, il faut en quelque sorte avoir l'âme chevillée au corps. 

Je sais qu'une partie de la population pense que les fonctionnaires sont des sortes de privilégiés, à l'abri du chômage, ou avec des avantages particuliers, mais cela n'est pas juste : je peux témoigner qu'un très grand nombre de mes collègues s'engagent, sans compter leurs heures, dans le métier qui est le leur, pour de véritables raisons politiques, au sens le plus nombre du mot politique, se préoccuper de la collectivité. 

Ajoutons également que ces personnes sont compétentes : elles sont payées pour avoir la compétence qui est la leur, inégalable parce qu'elles y passent tout leur temps, ce que toute personne engagée dans une autre activité professionnelle n'est pas à même de faire. 

Et, là encore, l'argument que le temps libre d'un citoyen pourrait être utilisé pour faire le travail de recueil des données ne vaut rien : je sais que mes collègues ne s'arrêtent pas de fonder leur compétence lorsque vient le week end ; ils poursuivent leurs travaux, leurs études, pendant ces deux jours, pendant leurs vacances. Pas tous, mais beaucoup ! 

Ajoutons également qu'il n'est pas vrai que les experts soient vendus. D'une part, cette idée générale est... générale, donc fausse ; d'autre part, c'est une calomnie qui mériterait d'être punie par la loi. En effet, c'est une calomnie, une diffamation. 

Ensuite, c'est une déclaration toxique pour le bon fonctionnement de notre collectivité tout entière, jetant le doute sur la source la plus fiable d'informations que notre collectivité se donne les moyens de constituer, qu'elle paye pour avoir. Il y a donc un dol financier, supporté par l'ensemble des contribuables. 

Un mot, en passant, sur cette prétendue "expertise citoyenne". En matière de toxicologie, il n'y a pas d'expertise citoyenne. Cela se démontre, car jamais l'observation des maladies individuelles, surtout quand elles sont personnelles, n'a permis d'identifier des phénomènes que seule l'épidémiologie permet de repérer. 

L'épidémiologie, ce n'est pas un vain mot, ce n'est pas une activité d'amateur. C'est un véritable travail, fondé sur la réunion de très nombreuses observations, et qui permet de voir ce que la vision individuelle ne voit pas. En matière de santé, la maladie individuelle peut survenir pour de multiples causes, car la santé est une condition propre à l'organisme, lequel est un système complexe. Quand nous buvons du café, mangeons de la choucroute, du fromage, du saucisson, quand nous vivons en ville, ou encore à la campagne, quand nous peignons un appartement, utilisons du savon pour nous laver, quand nous marchons ou que nous nous exposons à l'atmosphère d'une forêt, etc., notre organisme réagit à notre insu, et c'est l'ensemble de toutes les conditions, cumulées sur la succession des jours que nous vivons, qui conduit à notre état de santé. Attribuer une maladie, ou la santé, à une cause unique est d'une naïveté navrante, et seule l'épidémiologie permet d'y voir plus clair. 

L'épidémiologie n'est pas à la porté de l'individu, du citoyen isolé, de sorte qu'il ne peut pas exister d'expertise citoyenne, dans ce domaine. D'autre part, un citoyen qui s'informe ne pourra jamais réunir l'ensemble des informations qu'un véritable praticien, un expert, aura. 

C'est ainsi que je me suis toujours étonné de voir des journalistes (on comprend que je ne tombe pas dans la généralité: je ne dit pas "les journalistes") croire qu'une enquête de quelques semaines, voire quelques mois, pourra leur donner les capacités, les compétences d'un médecin dont l'enquête tombe dans le champ de spécialité. La pratique quotidienne, jour après jour et heure après heure, fondée sur des années d'étude, donne une compétence et une expertise qu'aucun journaliste n'aura jamais. 

Ce qui est vrai pour la médecine vaut pour la chimie, la nutrition (observez que je ne la confonds pas avec la diététique), la toxicologie, etc. Ce serait de la dernière présomption que de croire que l'information glanée puisse être de l'expertise. Le savoir naïf n'est rien, et notre seul recours raisonnable est le choix d'expert bien sélectionnés. Bien sûr, l'expert parfait n'existe pas, non pas que les experts soient malhonnêtes, non pas qu'ils soient soumis à des influences, mais simplement parce que même l'expert qui compulse des dossiers énormes n'est pas omniscient, et doit élaborer son expertise sur un ensemble de données limité (vita brevis, ars longa). Ne nous trompons pas de combat pour autant ! 

 

 Pour terminer, je veux revenir à la question de la sélection des experts... et réclamer du courage. Tout d'abord, je veux faire état d'une anecdote terrible : je connais un expert qui fut récusé par une agence de santé parce qu'il avait touché une somme de... 150 euros pour un article qui avait été publié dans une revue où l'industrie pharmaceutique avait placé des publicités. Cent cinquante euros ? 

C'est risible ! Et c'est scandaleux, idiot, de récuser un expert pour une telle somme, d'autant -je gardais le meilleur pour la fin- que cet expert est le seul de sa discipline et que l'agence de santé a recouru à des personnalités qui n'étaient pas expertes. Je récuse ces dernières ! 

Un autre exemple: : dans le même type de configuration, un expert a été récusé parce que sa belle soeur travaillait dans l'industrie pharmaceutique. Et alors ? Pouvons nous être responsable de nos proches ? Et d'ailleurs, le fait de travailler dans l'industrie pharmaceutique est-il condamnable ? 

Je rappelle que l'industrie, c'est le "vrai monde", l'essentiel de la nation ; les services de l'Etat que sont que des appuis. Et, de surcroît, je condamne l'idée selon laquelle l'industrie (pharmaceutique, par exemple) serait un repère de brigand. Nous y avons des amis, des proches... L'industrie pharmaceutique est plein de personnes, honnêtes, remarquables, et, au fond, c'est une imbécilité coupable que de se priver de la compétence de ces personnes compétentes. Dans nos petits milieux, on sait bien qui est digne de confiance ou pas, et il vaudrait mieux, plutôt que d'appliquer des règles de sélection simpliste, y aller voir de plus près et faire un choix intelligent. 

A cette fin, il faudra avoir du courage : la sélection d'un expert industriel par une agence de santé impose d'être capable de résister ensuite à une certaine presse, à une certaine partie de la population, à un certain monde politique, qui critiqueront les choix. La stratégie de l'autruche et du parapluie ne vaut rien, et il faut avoir du courage. Je suis très confiant que les temps actuels ne sont qu'éphémères, et je suis optimiste : nous saurons dépasser la crise actuelle de l'expertise !

mercredi 17 janvier 2024

Une longue réponse, pour un long (et intéressant) commentaire


Les commentaires que suscitent mes billets dans ce blog m'incitent à poursuivre... et à répondre à chacun, surtout quand mes amis se donnent la peine de présenter un beau tissu rouge au taureau ! Ici, c'est Mathieu Weber qui m'écrit. Je profite de sa gentillesse (avec son accord) pour poursuivre la discussion. Je mets son texte en italiques, et je réponds paragraphe par paragraphe. D'abord, il répond à mon calcul rapide à propos de la quantité de beurre que l'on peut incorporer au maximum dans une purée de pomme de terre : 

Pour incorporer 1,5kg de beurre dans 100g de pommes de terre écrasées, il faudrait (à mon avis d'amateur éclairé) que toute l'eau des pommes de terre soit disponible, comme c'est le cas dans la mayonnaise, en particulier lorsqu'on rajoute du vinaigre. Or, je soupçonne que les cellules de la pomme de terre, grossièrement écrasée, retiennent une bonne partie de l'eau, et je doute donc qu'on puisse réellement incorporer tant de beurre dans la purée. Me trompe-je ?

 

La réponse est : oui, ce calcul est tout théorique, et c'est seulement l'ordre de grandeur qui compte. Mais rien n'empêche, en revanche, d'ajouter un liquide : du lait par exemple ! 

Puis : 

Dans un tout autre registre, auriez-vous des informations facilement accessibles sur le culottage des poêles en fonte ou en acier ? Quel est ce matériau noir et dur, apparemment antiadhésif que se forme au fond de ma poêle ? Il semblerait qu'il soit le produit de polymérisation des lipides qu'on y fait chauffer fortement. Mais une graisse chauffée fortement produit aussi nombre de composés, certains toxiques (par exemple l'acrylamide). Qu'en est-il de la toxicité du culottage au fil du temps ?

 

Là, j'ai plus de difficultés... parce que je ne connais pas l'usage que notre ami a fait de ses poêles ! Cela étant, je sais que ce sont surtout les polymères qui adhèrent : protéines, polysaccharides. De sorte que les résidus de pyrolyse de ces produits semblent plus probables que des produits de dégradation des lipides... mais je n'ai aucune certitudes. Le chauffage des graisses fait des composés toxiques ? Oui... mais je suppose que la poêle, même culottée, est lavée ? Auquel cas les composés toxiques seraient éliminés. Et puis, une adhérence telle que décrite doit être plutôt polymérisée, que faite de petites molécules. Finalement, pourquoi des poêles en fonte... alors qu'il existe de l'acier inoxydable ? Peut-être faut-il abandonner les ustensiles du Moyen Age, pour vivre avec notre temps, malgré notre nostalgie ! Poussons le raisonnement plus loin : et pourquoi des casseroles et des poêles ? Avec la cuisine note à note, cela pourrait être l'occasion d'apprendre à s'en passer. 

 

Puis vient le "gros morceau" : 

Un autre sujet me préoccupe, c'est celui que j'appelle « c'est jamais aussi simple qu'on croit ». Vous m'avez appris que l'estragole est cancérigène à toute dose et que le basilic en contient. Or les mangeurs de basilic n'ont (apparemment) pas plus de cancer que les autres, donc l'information « l'estragole est toxique » n'est pas une information utile en tant que telle au gourmand moyen car on ne peut pas en conclure qu'il vaut mieux pour la santé se priver de basilic: ce n'est pas si simple qu'on pourrait le croire. De la même manière, j'ai appris en vous lisant que lors de la digestion des lipides, les chaînes carbonées en position 1 et 3 sur le (résidu de) glycérol sont traitées différemment que celle en position 2 et que leur absorption est différente. On ne peut donc pas préjuger de l'apport en acides gras saturé (par exemple) d'un lipide qui en contient, puisqu'on ne connait que rarement la structure de ce dernier. Encore une fois, une personne qui n'est pas spécialiste du domaine ne peut pas tirer de conclusion utile de l'information reçue. Il en suit qu'éduquer les gens aux sciences afin qu'ils apprennent à raisonner et à tirer leurs propres conclusions est insuffisant. On ne peut cependant pas faire de chaque citoyen un spécialiste de tous les domaines. Comment alors trier la quantité d'information que nous transmettent les media et quels enseignements peut-on en tirer ? Peut-on seulement en tirer un enseignement utile pour la vie quotidienne ? Ou est-il plus sage de simplement ignorer toutes les informations scientifiques qui sont externes à nos domaines d'expertise, puisqu'on ne peut rien en conclure de substantiel ? À titre d'exemple, j'ai appris que la lumière bleue émise par les lampes à LED blanches (le blanc étant une illusion produite par une combinaison de lumière bleue et jaune) augmenterait le risque de dégénérescence maculaire liée à l'âge. Ce résultat a été obtenu à partir de modèles mathématiques des cellules de la rétine si j'ai bien compris. En appliquant le principe « c'est jamais aussi simple », je devrais ignorer ce résultat car il n'y a pas eu d'étude sur un être vivant (sans compter que Dominique Dupagne prétend que 90% des publications en médecine et biologie sont de mauvaise qualité et n'auraient jamais dû être publiées). Cependant, je passe ma journée face à un écran éclairé par des LED, et une partie de l'éclairage à la maison est à LED, donc ce résultat est inquiétant. Ni vous ni moi ne sommes biologistes et donc incapables de juger de la pertinence de cette information dans la vie quotidienne. Que doit-on donc faire de tels résultats selon vous ? L'éducation aux sciences et à la pensée critique est-elle suffisante ?

 

Abordons l'écheveau par le fil de l'estragole, puisqu'il dépasse. Oui, j'ai dit, écrit que l'estragole est toxique même à des doses très petites (cancérogène, tératogène), et je l'ai dit parce que c'est vrai. Oui, j'ai dit à des amis d'éviter les infusions d'estragon (ou de basilic) dans l'alcool... parce que l'estragole est alors très efficacement extrait, et que l'eau-de-vie produite me semble d'une dangerosité excessive. Et, pendant un an, j'ai cessé d'utiliser basilic ou estragon pour ma famille, afin de ne pas les empoisonner. Cela dit, oui, aucune étude épidémiologique ne montre d'effet chez les mangeurs de basilic et d'estragon, et, surtout, un remarquable article montre que si l'estragole tue des hépatocytes in vitro, la même quantité dans de l'estragon n'a pas cet effet. Enfin, de l'estragole voit sa toxicité divisée par dix si de l'estragon (mais on suppose que du gazon ferait le même effet) est ajouté ! Il y a là un phénomène essentiel, incompris, que la science doit explorer. Dans le doute, nous avons besoin d'études. Surtout, pour répondre à notre ami, observons qu'il n'avait qu'une partie de la réponse, qu'une partie des informations, et je prépare un billet où j'explique que les experts sont notre meilleure chance de nous comporter raisonnablement. Un médecin spécialiste du cancer, par exemple, est quelqu'un qui sait la conduite à tenir, et s'il faut effectivement éviter le paternalisme, il faut bien lui faire confiance ! Le citoyen informé ne le sera jamais autant que le spécialiste, l'expert. Quant à l'éducation aux sciences, elle n'est pas à abandonner, parce que c'est surtout un entraînement à la rationalité, dont nos sociétés manquent parfois cruellement. Pour ce qui concerne la nutrition des lipides, les choses sont encore plus compliquées, parce que nous ne mangeons pas des aliments, mais une alimentation, raison pour laquelle l'Académie d'agriculture de France a pris parti contre les "codes couleurs" que l'on apposerait aux aliments. C'est de la stigmatisation qui donne mauvaise conscience, ce que je crois être une mauvaise méthode pédagogique. Cela étant, là encore, nous manquons cruellement de recherche scientifique de nutrition, avant de passer à l'application diététique ! Mon ami Gérard Pascal dit justement que, pour ce qui concerne la nutrition, la seule règle actuellement est : il faut manger de tout en petites quantités et faire de l'exercice. Mais nous voudrions bien du tout simple, n'est-ce pas ? Pas de chance, nous ne l'aurons pas, pas plus que nous ne pouvons savoir l'existence de Dieu avant de faire le grand saut. Enfin, il y a les LED... et ma réponse devient différente, puisque je n'ai aucune information à ce sujet... et que je ne savais même pas qu'il y avait un danger. Mais, là encore, je vous renvoie au billet à venir sur l'expertise, puisqu'il renvoie à cette question. Si je trouve une seconde pour le finir, je le mets sur ce blog avant la fin du week end. Merci de votre lecture attentive !

vendredi 5 janvier 2024

Une longue réponse, pour un long (et intéressant) commentaire


Les commentaires que suscitent mes billets dans ce blog m'incitent à poursuivre... et à répondre à chacun, surtout quand mes amis se donnent la peine de présenter un beau tissu rouge au taureau ! 

Ici, c'est Mathieu Weber qui m'écrit. Je profite de sa gentillesse (avec son accord) pour poursuivre la discussion. Je mets son texte en italiques, et je réponds paragraphe par paragraphe. 

D'abord, il répond à mon calcul rapide à propos de la quantité de beurre que l'on peut incorporer au maximum dans une purée de pomme de terre : <em>Pour incorporer 1,5kg de beurre dans 100g de pommes de terre écrasées, il faudrait (à mon avis d'amateur éclairé) que toute l'eau des pommes de terre soit disponible, comme c'est le cas dans la mayonnaise, en particulier lorsqu'on rajoute du vinaigre. Or, je soupçonne que les cellules de la pomme de terre, grossièrement écrasée, retiennent une bonne partie de l'eau, et je doute donc qu'on puisse réellement incorporer tant de beurre dans la purée. Me trompe-je ?</em> La réponse est : oui, ce calcul est tout théorique, et c'est seulement l'ordre de grandeur qui compte. Mais rien n'empêche, en revanche, d'ajouter un liquide : du lait par exemple ! 

 

Puis : <em>Dans un tout autre registre, auriez-vous des informations facilement accessibles sur le culottage des poêles en fonte ou en acier ? Quel est ce matériau noir et dur, apparemment antiadhésif que se forme au fond de ma poêle ? Il semblerait qu'il soit le produit de polymérisation des lipides qu'on y fait chauffer fortement. Mais une graisse chauffée fortement produit aussi nombre de composés, certains toxiques (par exemple l'acrylamide). Qu'en est-il de la toxicité du culottage au fil du temps ?</em> 

Là, j'ai plus de difficultés... parce que je ne connais pas l'usage que notre ami a fait de ses poêles ! Cela étant, je sais que ce sont surtout les polymères qui adhèrent : protéines, polysaccharides. De sorte que les résidus de pyrolyse de ces produits semblent plus probables que des produits de dégradation des lipides... mais je n'ai aucune certitudes. Le chauffage des graisses fait des composés toxiques ? Oui... mais je suppose que la poêle, même culottée, est lavée ? Auquel cas les composés toxiques seraient éliminés. Et puis, une adhérence telle que décrite doit être plutôt polymérisée, que faite de petites molécules. 

Finalement, pourquoi des poêles en fonte... alors qu'il existe de l'acier inoxydable ? Peut-être faut-il abandonner les ustensiles du Moyen Age, pour vivre avec notre temps, malgré notre nostalgie ! Poussons le raisonnement plus loin : et pourquoi des casseroles et des poêles ? Avec la cuisine note à note, cela pourrait être l'occasion d'apprendre à s'en passer. 

 

Puis vient le "gros morceau" : <em>Un autre sujet me préoccupe, c'est celui que j'appelle « c'est jamais aussi simple qu'on croit ». Vous m'avez appris que l'estragole est cancérigène à toute dose et que le basilic en contient. Or les mangeurs de basilic n'ont (apparemment) pas plus de cancer que les autres, donc l'information « l'estragole est toxique » n'est pas une information utile en tant que telle au gourmand moyen car on ne peut pas en conclure qu'il vaut mieux pour la santé se priver de basilic: ce n'est pas si simple qu'on pourrait le croire. De la même manière, j'ai appris en vous lisant que lors de la digestion des lipides, les chaînes carbonées en position 1 et 3 sur le (résidu de) glycérol sont traitées différemment que celle en position 2 et que leur absorption est différente. On ne peut donc pas préjuger de l'apport en acides gras saturé (par exemple) d'un lipide qui en contient, puisqu'on ne connait que rarement la structure de ce dernier. Encore une fois, une personne qui n'est pas spécialiste du domaine ne peut pas tirer de conclusion utile de l'information reçue. Il en suit qu'éduquer les gens aux sciences afin qu'ils apprennent à raisonner et à tirer leurs propres conclusions est insuffisant. On ne peut cependant pas faire de chaque citoyen un spécialiste de tous les domaines. Comment alors trier la quantité d'information que nous transmettent les media et quels enseignements peut-on en tirer ? Peut-on seulement en tirer un enseignement utile pour la vie quotidienne ? Ou est-il plus sage de simplement ignorer toutes les informations scientifiques qui sont externes à nos domaines d'expertise, puisqu'on ne peut rien en conclure de substantiel ? À titre d'exemple, j'ai appris que la lumière bleue émise par les lampes à LED blanches (le blanc étant une illusion produite par une combinaison de lumière bleue et jaune) augmenterait le risque de dégénérescence maculaire liée à l'âge. Ce résultat a été obtenu à partir de modèles mathématiques des cellules de la rétine si j'ai bien compris. En appliquant le principe « c'est jamais aussi simple », je devrais ignorer ce résultat car il n'y a pas eu d'étude sur un être vivant (sans compter que Dominique Dupagne prétend que 90% des publications en médecine et biologie sont de mauvaise qualité et n'auraient jamais dû être publiées). Cependant, je passe ma journée face à un écran éclairé par des LED, et une partie de l'éclairage à la maison est à LED, donc ce résultat est inquiétant. Ni vous ni moi ne sommes biologistes et donc incapables de juger de la pertinence de cette information dans la vie quotidienne. Que doit-on donc faire de tels résultats selon vous ? L'éducation aux sciences et à la pensée critique est-elle suffisante ?</em> 

Abordons l'écheveau par le fil de l'estragole, puisqu'il dépasse. Oui, j'ai dit, écrit que l'estragole est toxique même à des doses très petites (cancérogène, tératogène), et je l'ai dit parce que c'est vrai. Oui, j'ai dit à des amis d'éviter les infusions d'estragon (ou de basilic) dans l'alcool... parce que l'estragole est alors très efficacement extrait, et que l'eau-de-vie produite me semble d'une dangerosité excessive. Et, pendant un an, j'ai cessé d'utiliser basilic ou estragon pour ma famille, afin de ne pas les empoisonner. Cela dit, oui, aucune étude épidémiologique ne montre d'effet chez les mangeurs de basilic et d'estragon, et, surtout, un remarquable article montre que si l'estragole tue des hépatocytes in vitro, la même quantité dans de l'estragon n'a pas cet effet. Enfin, de l'estragole voit sa toxicité divisée par dix si de l'estragon (mais on suppose que du gazon ferait le même effet) est ajouté ! Il y a là un phénomène essentiel, incompris, que la science doit explorer. Dans le doute, nous avons besoin d'études. Surtout, pour répondre à notre ami, observons qu'il n'avait qu'une partie de la réponse, qu'une partie des informations, et je prépare un billet où j'explique que les experts sont notre meilleure chance de nous comporter raisonnablement. Un médecin spécialiste du cancer, par exemple, est quelqu'un qui sait la conduite à tenir, et s'il faut effectivement éviter le paternalisme, il faut bien lui faire confiance ! Le citoyen informé ne le sera jamais autant que le spécialiste, l'expert. Quant à l'éducation aux sciences, elle n'est pas à abandonner, parce que c'est surtout un entraînement à la rationalité, dont nos sociétés manquent parfois cruellement. Pour ce qui concerne la nutrition des lipides, les choses sont encore plus compliquées, parce que nous ne mangeons pas des aliments, mais une alimentation, raison pour laquelle l'Académie d'agriculture de France a pris parti contre les "codes couleurs" que l'on apposerait aux aliments. C'est de la stigmatisation qui donne mauvaise conscience, ce que je crois être une mauvaise méthode pédagogique. Cela étant, là encore, nous manquons cruellement de recherche scientifique de nutrition, avant de passer à l'application diététique ! Mon ami Gérard Pascal dit justement que, pour ce qui concerne la nutrition, la seule règle actuellement est : il faut manger de tout en petites quantités et faire de l'exercice. Mais nous voudrions bien du tout simple, n'est-ce pas ? Pas de chance, nous ne l'aurons pas, pas plus que nous ne pouvons savoir l'existence de Dieu avant de faire le grand saut. Enfin, il y a les LED... et ma réponse devient différente, puisque je n'ai aucune information à ce sujet... et que je ne savais même pas qu'il y avait un danger. Mais, là encore, je vous renvoie au billet à venir sur l'expertise, puisqu'il renvoie à cette question. Si je trouve une seconde pour le finir, je le mets sur ce blog avant la fin du week end. Merci de votre lecture attentive !

dimanche 26 novembre 2023

Je suis un mauvais compagnon : les savoirs anciens sont souvent périmés !

Relisant les Etoiles de Compostelle, de Henri Vincenot, j'ai été émerveillé, comme chacun peut l'être, de tout ce savoir des compagnons, lesquels auraient eu un savoir merveilleux, caché, à l'origine de ces extraordinaires cathédrales que nous admirons tous (pourquoi ? parce qu'elles donnent à voir des intentions que notre cerveau, machine à reconnaître des formes, a pour fonction de chercher à décoder ?). 

Et Vincenot de nous dire - rappelons-nous toutefois  que son livre est un roman, c'est-à-dire une invention, une fiction - qu'aucun savoir moderne ne surpasse les savoirs anciens transmis depuis des générations par des initiés. 

Transmission, initiation, savoir ancien... Tous les ingrédients sont là pour nous faire imaginer quelque chose de merveilleux. 

 

Toutefois, ayant compris récemment (voir un billet sur les médecines traditionnelles) que ce qui est ancien est le plus souvent périmé, j'ai repris le livre, et j'ai considéré en détail les pages où il est question de géométrie, sujet que j'aime. 

 

Notamment quand on considère les triangles pythagoriciens, tel celui dont les côtés de l'angle droit font respectivement 3 et 4, de sorte que l'hypoténuse a une longueur de 5, il est dit anciennement que l'angle au centre est une fraction simple de pi. L'arc tangente de ¾ est égal à 0.6435011088... ce qui n'est pas un sous-multiple entier de pi, ni de 2 fois pi. 

Et, quand on creuse un peu la question, on découvre que les bâtisseurs ajustaient toujours un peu l'angle. Il est vrai que l'on peut faire un angle de presque pi sur 7 à la règle et au compas... mais pas pi sur sept exactement, car cet angle n'est pas ce que l'on nomme aujourd'hui "un angle de Fermat". 


De sorte qu'un bon rapporteur vaux mieux qu'un savoir ancien, rudimentaire. 

En pratique, il sera difficile de voir la différence entre l'angle des bâtisseurs de cathédrale et l'angle réel, mais quand même, la manière des bâtisseurs n'est pas juste... et une erreur minime qui est répétée beaucoup de fois peut conduire à une erreur considérable : ne l'oublions pas. 

 

Cette question de la péremption des savoirs est essentielle. 

 

Oui, la péremption des savoirs ancien se retrouve dans de nombreux champs techniques. On la retrouve par exemple en médecine, où nous n'avons aucune raison de nous émerveiller des savoir anciens : acupuncture ou autre. Et je plains ceux qui croient aux "panacées", car elles n'existent pas.

La question est également  cruciale en nutrition, diététique, toxicologie : il n'est pas certain que les aliments traditionnels, fumés par exemple, soient très sains (je parle par antiphrase : en réalité, ces produits sont mauvais pour la santé !). 

La question est cruciale dans l'enseignement  : il n'est pas certain que nos méthodes pédagogiques traditionnelles soient très efficaces (taper sur les doigts avec une règle ? moi élève, je n'achète pas cette méthode). Et ainsi de suite. 


Pourtant, cette espèce de nostalgie de l'enfance qui nous afflige, nostalgie qui se transforme sans doute en la croyance en un âge d'or passé, nous empêtre à tout instant.

Bien sûr, la pensée magique y est pour beaucoup : cela serait si merveilleux que les médecines nous guérissent à tout coup, que des méthodes pédagogiques soient efficaces, et que l'on puisse quarrer le cercle. 

Quarrer le cercle ? Il s'agit de savoir si l'on peut construire un carré de même aire qu'un cercle donné à l'aide d'une règle et d'un compas. Il a été démontré, prouvé formellement, que ce problème n'a pas de solution, et, il y a plus de deux siècles déjà, l'Académie des sciences a décrété, en conséquence, qu'elle ne répondrait plus aux courriers qui lui sont adressés quand l'auteur prétend trouver une démonstration. Cela est impossible, et par conséquent, c'est une grande misère intellectuelle que d'être à la recherche de cette quadrature. 


Bien sûr, la quête est parfois plus intéressante que le résultat, mais faut-il vraiment lancer nos jeunes amis  sur des pistes dont nous savons de façon absolue, certaine, qu'elles sont des culs de sac ? Je propose, au contraire, de leur réserve  nos plus belles questions : celles dont il y a la possibilité d'une réponse utile au terme d'un travail intelligent, celles qui nous semblent fructueuses.

jeudi 20 juillet 2023

Why cooking is not a science of nature, and why Pomiane was wrong (he confused sciences, technologies, techniques and art)

 


The microbiologist Edouard de Pomiane (1875-1964) worked at the Pasteur Institute and taught at the Scientific Institute of Food Hygiene (part of the SSHA: Société Scientifique d'Hygiène Alimentaire). He was one of those, along with Benjamin Thompson, Friedrich Accum and Justus Liebig, who proposed using science to revamp culinary practices.




In his Traité élémentaire de chimie [Elementary Treatise on Chemistry], Antoine-Laurent Lavoisier wrote that all acids contain oxygen, which is not true (Lavoisier, 1793). But this error does not diminish the admiration that chemists should have for the father of their discipline, because he pushed back the limits of the unknown much more than any of his contemporaries, transforming an experimental knowledge activity (‘chemistry’) into a modern science (Halleux, ). On another level, at the beginning of the 20th century, the Polish-born French biologist Edouard de Pomiane confused art, science, technique and technology in his various publications on 'gastrotechnie' [gastrotechnics], but it would be unfair if he did not go down in the history of food science as an energetic educator who strove energetically to rationalise culinary


practices, in the tradition of many scientists such as Jean d’Arcet, Etienne-François Geoffroy, Antoine Augustin Parmentier, Benjamin Thompson, count Rumford, Friedrich Accum, Louis Jacques Thenard, Henri Braconnot and others.



From Poland to the Scientific Institute of Food Hygiene


Edouard Pozerski de Pomian, known as Edouard de Pomiane, was born in Paris on 20 April 1875, at 28 rue des Abbesses, at the home of his parents, Polish noblemen who had fled to France because they had taken part in the Polish revolution of 1863. He studied at the Polish School in Paris, then at the Lycée Condorcet, and passed his baccalauréat ès sciences in 1894. He failed the entrance examination for the Ecole Polytechnique and studied science at the Faculty of Paris from 1894 to 1896. After obtaining his bachelor's degree in natural sciences, he worked as a volunteer researcher, then as an assistant preparator in Albert Dastre's physiology laboratory at the Sorbonne (Girard, 2004; Froger, 2004). During this period, he gave lectures at the newly-created Universités Populaires, which organised free evening classes open to all.

This was the start of his research into digestive enzymes and the development of his taste for cooking: "My master Dastre often came to keep me company, discussing culinary techniques with me. We made sauces, we made pastry doughs and we decreed that cooking was a science. These were the beginnings of all my experiments in gastrotechnics, the basic science of the art of cooking" (Pomiane, 1954).

 

Figure 1. Edouard Pozerksi de Pomian, said Edouard de Pomiane (1875-1964).



From 1897 to 1902, he studied medicine at the Faculty of Medicine in Paris, joining the Institut Pasteur in 1901 on his return from an internship in the marine biology laboratory at Roscoff, as a preparator in the physiology department, directed by C. Delezenne. In 1902, he defended his doctoral thesis in medicine: L'action favorante du suc intestinal sur le pouvoir amylolytique du suc pancréatique et de la salive [The favourable action of intestinal juice on the amylolytic power of pancreatic juice and saliva]. Then, in 1908, he wrote his doctoral thesis in natural sciences: Contribution à l'étude physiologique de la papaïne [Contribution to the physiological study of papain]. In 1910, he became an assistant in the laboratory where he worked. His work focused on pancreatic and intestinal juices, blood ferments, immunity and proteolytic ferments. He was also involved in the work of other laboratories at the Institut Pasteur: studies of the intestinal flora of vertebrates with Elie Metchnikoff; research into new theoretical bases for a general concept of antibodies and their action, with M. Nicolle. In 1913, he and his wife wrote two memoirs on immunity to the anticoagulant action of peptone.

This work, which was the subject of some sixty publications, was rewarded with the Monthion prize from the Académie des Sciences in 1909, and the Laborde prize from the Société de biologie in 1912. His career came to an end with the outbreak of the First World War: from 1914 to 1918, he was initially a medical officer, then attached to various medical units at the front. In particular, he was assigned to Auto-Chir N°22 (vans equipped by the Institut Pasteur and the Institut Curie with radiographic and microbiological equipment). Returning to the Institut Pasteur in 1919, he studied with F. d'Hérelle the behaviour of a bacteriophage under the influence of temperature changes, and continued his research into ferments and the stages of digestion. He taught bacteriology on a voluntary basis at the Hôpital-Ecole Edith Clavet. From 1921, he was Professor at the Institut Scientifique d'Hygiène Alimentaire.

He published a number of works, gave many lectures and wrote many articles, with or without Docteur de Pomiane's signature, and finally authored a medical manual on food hygiene, which he published under his real name. The term "gastrotechnie" (which will even appeared in the Larousse dictionary, where the word "gastronomie" was absent at the same time) appears in his book Bien manger pour bien vivre. Le code de la bonne chère (Pomiane, 1922).

From 1922 onwards, he taught at the Enseignement supérieur de la cuisine course run by the sous-secrétariat de l'Enseignement technique. From 1923 to 1929, he gave weekly radio talks on Radio-Paris (the first French radio), as well as lectures, in particular popularising the work of Louis Pasteur.

These years saw the publication of many books : La cuisine en six leçons (Pomiane, 1926), Travaux pratiques de cuisine raisonnée (Pomiane, 1928), Cuisine juive (Pomiane, 1929), La cuisine et le raisonnement (Pomiane, 1930), La cuisine pour la femme du monde (Pomiane, 1932), Vingt plats qui donnent la goutte (Pomiane, 1935), 365 menus, 365 recettes (Pomiane, 1938), Le carnet d'Anna (Pomiane, 1938).

In his books, he denounced one of the most common ailments: poorly prepared food. "As a physiologist, I studied cooking as a science: I did gastrotechnics", he wrote in Vingt plats qui donnent la goutte. This latest work is full of humour... like all the others. Was Pomiane influenced by the artists he rubbed shoulders with when he lived with his parents in Montmartre? His home adjoined the Lapin Agile cabaret. He was himself a painter and musician, and married a musician.

Having retired as head of department at the Pasteur Institute in 1940, during the German Occupation he organised guided tours of the Pasteur Institute, as well as lectures at the Scientific Institute of Food Hygiene, with cooking demonstrations, on how to eat despite severe restrictions, making the best use of the rations allocated and the substitute products that could be purchased without a ticket. Because of the gas shortage, he encouraged housewives to cook with as little energy as possible, using economical utensils and appliances such as the "Norwegian pot". His book Cuisine et restrictions (Pomiane, 1940) dates from this period, but he also published numerous works on food hygiene. For example, his Vingt plats qui donnent la goutte [Twenty dishes that give you the gout], written for Laboratoires Midy, was followed during this period by La cuisine au compte goutte [Drip-fed cooking] (Pomiane, 1939), Réflexes et réflexions devant la nappe (Pomiane, 1940), Manger quand même (Pomiane, 1941), Conserves familiales et microbie alimentaire (Pomiane, 1943).

Although he stopped teaching at the Institut scientifique d'hygiène alimentaire in 1943, he continued to publish: La cuisine pour les estomacs délicats (Pomiane, 1949), Radio Cuisine (2 volumes) (Pomiane, 1949), La physique de la cuisine et son art (Pomiane, 1950), La cuisine polonaise vue des bords de la Seine (Pomiane, 1952), La microbie alimentaire (Pomiane, 1957), La cuisine en dix minutes (Pomiane, 1961). He died in Paris on 26 January 1964 in a traffic accident, having published some thirty culinary works, translated into eight languages (Ginsburg, 2002; Girard, 1964; Girard, 1989; Girard, 1989; Barneoud, 1910).



Pomiane's legacy


One of Pomiane's Polish friends, Tadeusz Przypkowski, had an astronomy museum in his castle at Jedrzejow. He doubled it with a gastronomy museum to honour Edouard de Pomiane, and the estate and castle are now nationalised and open to the public. In the same spirit, Pzypkowski created the Pomiane Order of Poland (a very closed gastronomic order, since the founder only inducted 16 members). In France, the Prix Edouard de Pomiane was founded in 1969 by the Guide du Médecin, in memory of the man whom his colleagues had nicknamed the "prince of gastronome doctors" and whom his friends simply called "Poger". In 1990, the prize was renamed the Prix Edouard de Pomiane-Edouard Longue, to associate the uncle and nephew, who upheld the same values.

Although the "de Pomiane" spirit was perpetuated, the gastro-technical idea under the name ‘gastrotechnie’ did not survive its founder. Why did this happen? I propose to examine this disappearance by analysing an article entitled Gastrotechnie. La cuisine est un laboratoire [Gastrotechnics. The kitchen is a laboratory], which Pomiane published in 1948 in the magazine Atomes (Pomiane, 1949). This article begins with:

"The study of the phenomena of digestion constitutes a special chapter in a treatise on human physiology. It sets out successively :

1. the chemical composition of foods ;

2. the nature of the digestive ferments and the secretion of the juices that contain them

3. the digestion of food by the various secretions from the saliva, stomach, pancreas, liver and intestine

4. absorption of digested food by the intestinal mucosa

5. assimilation by the organism.

Presented in this way, the study appears to be completely comprehensive. In reality, it is not. Food is considered to be a substance, passing directly from the market where it was bought to the table where it is to be eaten. However, before being eaten, food remains in a laboratory, sometimes for a very long time, where it undergoes numerous manipulations and sometimes profound transformations. This laboratory is the kitchen.

In the kitchen, foods are transformed to such an extent that some of them, which are indigestible, become digestible after cooking, while others, which are perfect foods, become almost toxic substances.

However, in books on physiology, there is no mention of the transformations undergone by foods in the kitchen. These transformations are profound: physical, chemical and biological. Studying them is essential to understanding human nutrition.

For all these data developed in an experimental physiology laboratory, we have proposed the name of gastrotechnics".

In La physique de la cuisine et son art, Pomiane completes this description, explaining that cooking can be simplified and rationalised, so that it can be "considered a scientific technique", that "gastrotechnics is a science" and, further on, that it is an "applied science "1.

These quotations, and that from one of his first books ("cooking is a science") show that Pomiane confuses sciences of nature, technology, technique, and art. In passing, let’s add that the word laboratory is used for sausage makers or pastry chefs, not being restricted to science.
But let us show why cooking has nothing to do with science, why cooking is not a science of nature. Indeed sciences of nature have been defined as the exploration of the mechanisms of phenomena. Galileo Galilei wrote: "Science brings to light, through the relationships of empirical causality, a constant proportionality, the law, and this insofar as it gives these empirical relationships a quantitative and geometric expression") (Galilei, 1623). Now, technology is something different, as the word is defined (etymology and dictionaries) as the exploration of techniques in view of improvemnt them. And finally technique (cooking, in this case) aims at producing dishes.

This explains why "scientific technique" is a misnomer. So is the idea that cooking is a science, since cooking is a production of food, not a search for knowledge. The idea put forward by Pomiane that gastrotechnics (today we would say "culinary technology") is an "applied science" is also wrong: throughout his life, Louis Pasteur made it clear that the expression "applied science" is an oxymoron. For example, "Remember that there are no applied sciences but only applications of science" (Pasteur, 1872). Or: "An essentially false idea has been mixed up in the many discussions raised by the creation of a vocational secondary education; it is that there are applied sciences. There are no applied sciences. The very union of these words is shocking. But there are applications of science, which is quite different. Then, alongside the applications of science, there is the trade, represented by the more or less skilled worker. Teaching a trade has a name in every language. In ours, it is called apprenticeship, which nothing in the world can replace" (Pasteur, 1863). Or even: "No, a thousand times no, there is no category of sciences to which we can give the name of applied sciences. There is science and the applications of science, linked together like fruit to the tree that bore it" (Pasteur, 1871).

In the same book, Pomiane defines gastronomy as the art of preparing food ("Gastronomy is the art of eating well. Gastrotechnics is the scientific basis of this art"), but this is a very personal definition with no legitimity, since the word "gastronomie", introduced in 1800 by Joseph Berchoux (1765-1833), was given its general meaning by the lawyer Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826) in the following form: "the reasoned knowledge of everything related to man as he eats" (Brillat-Savarin, 1825).

All in all, the word "gastrotechnics" was "badly constructed", said even Pomiane. One wonders whether this defect was the cause of its extinction? For sure, when the scientific discipline today called "molecular and physical gastronomy" was introduced, by This and Kurti, they had in mind to avoid the mistakes made by Pomiane and others : it was defined as a science of nature, not as a technology nor a technique. And since that time, it is clear that expressions such as ‘scientific cooking’ have no meaning.



Science in the kitchen?


In his publications, Pomiane cites few predecessors, which is partly justified because he was the first to use the word "gastrotechnics". But was the activity he led his own creation?

The science of food was not born with him, since as early as the 2nd century AD, the anonymous author of the London Papyrus used a balance to determine whether fermented meat was lighter than fresh meat, due to an "emanation".

Much later, in France, Denis Papin developed his ‘digester’ for extracting gelatin from bones (Darcet, 1830 ; Dere, 1990), and many doctors, pharmacists and chemists became concerned with food. Antoine Augustin Parmentier (1737-1813) was interested in flour, potatoes and wine; Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794) sought to determine the quantity of meat that should be used to produce "suitable" stock (he wrote himself that this work was of technological nature) (Lavoisier, 1783).

Alongside this work on food science, a number of scientists took a particular interest in culinary processes. In 1794, Benjamin Thompson (1753-1814), Count Rumford, published a 400-page essay entitled On the Constuction of Kitchen Fireplaces and Kitchen Ustensils together with Remarks and Observations relating to the various Processes of Cookery and Proposals for improving that most useful Art. Born in America, an English soldier, statesman, physicist, inventor and social reformer, Rumford was accused of espionage in 1788, fled America and arrived in London, where he took British nationality, and later became advisor to the Elector of Bavaria and head of his military services. Sent to London as Minister Plenipotentiary in 1798, King George III refused to consider one of his subjects as a foreign minister. Rumford then drew up plans for the Royal Institution of Great Britain, which he founded in 1799 with Sir Joseph Bank, who was then president of the Royal Society.

A little later, Fredrick Accum published Culinary Chemistry, Exhibiting The Scientific Principles of Cookery, With Concise Instructions for Preparing Good and Wholesome Pickles, Vinegar, Preserves, Fruit Jellies, Marmalades, And Various Other Alimentary Substances Employed In Domestic Economy, With Observations On the Chemical Constitution And Nutritive Qualities of Different Kinds of Food, With Copper Plates (Accum, 1821). Friedrich Christian Accum was born in Buckeburg, Westphalia, in 1769. He arrived in London in 1793, and soon joined forces with the publisher Ackermann to introduce the idea of gas for lighting English cities. In 1810, when the London Chartered Gaslight and Coke Company was founded, Accum was one of its engineers. He was a member of the Royal Irish Academy, the Linnaean Society and the Royal Academy of Sciences in Berlin.

In his work published in 1821, Accum wrote: "The art of preparing good, healthy food is certainly a branch of chemistry; the kitchen is a chemical laboratory, all the processes used to make food substances fit for consumption are chemical processes, and much material and labour would be saved if those who practise this art knew certain simple chemical facts, which always give certain results".

We should not fail to compare this quotation with that of Brillat-Savarin: "This misfortune befell you because you neglected the theory, the importance of which you did not fully appreciate. You are a little obstinate, and I find it difficult to make you understand that the phenomena that occur in your laboratory are nothing other than the execution of the eternal laws of nature; and that certain things that you do without paying attention, and only because you have seen others do them, are no less derived from the highest abstractions of science".

Accum gave out recipes. For example: "How do you make ketchup? Crush a gallon of ripe tomatoes; add a pound of salt, squeeze out the juice and add a quarter of a pound of anchovies to each quarter of juice, together with two ounces of shallots and an ounce of crushed black pepper ; Bring the mixture to a simmer for a quarter of an hour, then strain it and add a quarter of a pound of mace, the same amount of all spices, ginger and nutmeg, and half a drachma of cochineal; leave to simmer for twenty minutes, then pour it through a cloth and bottle it."

Such a recipe would not have been disowned by Pomiane, who gave, among a thousand others, this one: "Sauce meurette. Casserole. Red wine with herbs and spices: onions, shallots, thyme, bay leaves, pepper, nutmeg, etc. Boil for 45 minutes. Add several knobs of butter mixed with its volume of flour (beurre manié). Leave all the butter to melt over a very low heat. The flour turns into starch and binds the sauce. Cognac or not".

While Rumford and Accum did not claim to be the first to introduce science into cooking, Justus von Liebig (1803-1873) was more pretentious (and wrong) (Brock, 1997). Liebig himself said that he had learnt French from the wife of one of the Duke of Hesse-Darmstadt's cooks, and that he had then become fascinated by culinary operations: "From there, I retained a taste for cooking, and, in my spare time, I occupied myself with culinary mysteries" (Liebig, 1865).

Having begun his remarkable career in chemistry by analysing the elemental composition of various animal and plant fractions (mass of carbon, oxygen, hydrogen, nitrogen in these fractions, identification of mineral salts, etc.), Liebig then sought to apply these results to understanding plant growth, respiration and, more generally, animal and plant physiology (Brock, 1993). For example, his analyses of meat led him to assume that the essential nutrients in meat were not in the muscle fibres, but in the fluids, which were lost during roasting or broth-making (which is wrong). Having studied mineral salts and found them in large numbers in meat broth, which was prized for its nutritional virtues, he concluded that gelatine was not used to form flesh, and that meat should be eaten with its juices, because inorganic compounds were essential nutrients for the formation of flesh. His theory became known as the "mineral theory".

An article published in 1847 (Liebig, 1847; This and Bram, 2003) was very influential: the Lancet presented the Chemische Briefe as giving "the true principles of cookery". However, there were sceptics. Half a century before Liebig, Rumford had demonstrated that meats cooked at a lower temperature were juicier than those roasted directly. This did not prevent Pomiane from writing incorrectly (Dujon, 1961): "He [Liebig] was the first to apply science to the phenomena of organic life".



Minor errors, corrected by scientific progress


In his 1948 article, Pomiane developed his idea of cooking: culinary technique would be based on "four types of cooking" and "three ways of combining" sauces. Unfortunately, this classification is too restrictive.

First, let's look at the question of types of cooking. Pomiane writes:

"Gastrotechnology has grouped all the methods of cooking food into four cooking techniques: 1° Cooking in water; 2° Cooking in fat or frying; 3° Cooking either over an open fire or in an atmosphere of dry heat: grilling and roasting; 4° Steaming or steaming".

It is strange that Pomiane, being a student of Metchnikoff, who introduced the technique, he did not consider high-pressure cooking (Galazka and Ledward, 1995), which was, admittedly, developed for sterilisation purposes, not cooking. He also failed to include in his list chemical processes such as the use of ethanol, salt and sugar, and the use of radiation sources other than infrared, which are included in the third type. To Pomiane's credit, radar had just been developed and its culinary applications had remained a secret.

How can Pomiane's classification be corrected? In 1997, a better classification of cooking methods based on the type of heat transmission was proposed (This, 1997): by conduction (contact with a solid, liquid or gas, by heating the food to a temperature above or below 100°C), by radiation (whatever the wavelength), by physical means (pressure, etc.) or chemical means (ethanol, etc.). The composition of the 12 or so types of single cooking leads to a total of 12x12 'double' cooking methods, i.e. 144, many of which have never been tested and deserve to be.

On the other hand, the "three modes of sauce binding" mentioned by Pomiane are binding by flour, by emulsion and by egg yolk. We now know that sauce bindings are more complex: using the formalism for describing complex dispersed systems introduced in 2003 (This, 2003), a classification of classic French sauces has been carried out. This formalism is based on the use of four letters (G for gas, O for oil, W for water, S for solid) and connectors (/ for "dispersed in", + for "mixed with", @ for "included in", and σ for "superimposed on"). Using these symbols, formulae are constructed to describe the physical structure of food preparations. For example, the formula O/W refers to oil-in-water emulsions, S1/S2 to solid suspensions, etc. The 451 sauces described in the Répertoire général de cuisine (Gringoire and Saulnier, 1901) can be broken down into 14 physico-chemical types, but the addition of three important cookery works (Guide culinaire (Escoffier et al., 1921), L'art des sauces (Académie des gastronomes et Académie culinaire de France, 1991) and L'Art de la grande cuisine française au XIXe siècle, by Antonin Carême (Carême, 1847)) brings the number of physico-chemical types of classic French sauces to 23: W, O, W/S, O/W, S/W, (O+S)/W, (W/S)/W, O + (W/S), (G+O)/W, (G+O+S)/W, (O+(W/S))/W, (S+(W/S))/W, ((W+S)/O)/S, (O+S+(W/S))/W, ((W/S)+(W@S))/W, (O + (W/S)/W)/S, ((O+(W/S))/W)/S, (O / W) + ((G + O) / W), (O + (W / S) + (W @ S)) / W, (S + (W / S + (W @ S)) / W, (((W / S) + (W @ S)) / W) / S, (O + S + (W / S) + (W @ S)) / W, (O + S + ((G + O) / W)) / W.1 Here again, tradition does not close the list of possibilities, because sauces as simple as "foamed veloutés" (formula (G+O+W1/S)/W2) are absent, for reasons that have nothing to do with their physical stability; it is simply that the empirical development of cooking did not find them.

Finally, we will pass over a series of errors of detail contained in the 1948 article ("Most proteins undergo hardening and coagulation during cooking. This starts at around 56°C. It is complete at 65°C". Or "Cellulose softens during cooking. It does not undergo any chemical transformation." Or also "Solid fats melt at around 50°C. Liquid or melted fats subjected to heat undergo a considerable rise in temperature"); like the many errors that appear in Pomiane's books (the theory that egg whites should be beaten in copper pans with an iron whisk, so that a pile effect occurs), they reveal not the weakness of Pomiane's thinking, but rather the remarkable progress made in food science over the last fifty years.

A remarkable gastronome, an unclassifiable biologist, an outspoken writer and lecturer, a captivating teacher (according to many of those who attended his courses), Pomiane was a driving force in French food education for half a century. Above all, he was an extraordinary populariser, whose books were bestsellers.

If we don't forget that "Man is only as good as his ability to admire" (Renan, 1859) and that "We all scale each other" (Montaigne, 1988), we have celebrated the centenary of the Société scientifique d'hygiène alimentaire by giving Pomiane a very special place.


 













Figure 2. A book by Edouard de Pomiane.



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1 « The starting point of this applied science is knowledge of the chemical composition of the very many foods we use. In fact, their number is limited if we adopt the classification used by chemists. »

1 The letters W, G, O and S stand for water, gas, oil and solid phases respectively, and the symbols /, +, @ and σ stand for dispersion, mixing, inclusion and superposition.