Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
lundi 30 septembre 2024
À propos de ciel bleu et de poussière du monde
Question de typographie
Quels
usage pour les points de suspension ? Je lis un texte où les points de
suspension sont surabondants, et ce type de faute me renvoie à la
généralité de la pratique : que veut-on dire par des points de suspension ? Bien sûr, chacun
peut en faire l'usage qu'il veut mais on n'oubliera pas que l'écriture
est une communication et qu'il y a lieu de s'interroger sur la manière
dont nos mots sont reçus plutôt qu'émis.
Veut-on abréger une
énumération ? Alors il y a la possibilité d'être plus explicite avec un
"etc.". Veut-on indiquer, dans une citation, que l'on omet une
partie du texte ? Alors la convention veut que l'on mette les points de
suspension entre des crochets.
Bref, interrogeons-nous : pourquoi des points de suspension ?
A noter que Wikipedia répond :
Les points de suspension peuvent marquer la fin d’un énoncé alors que la phrase n’est pas complète ; cela indique au lecteur que la phrase précédente aurait pu être poursuivie. La phrase précédente peut même être grammaticalement incorrecte.
Ils peuvent aussi être utilisés :
- comme un procédé rhétorique laissant la fin de la phrase en sous-entendu ;
- comme une figure de style indiquant une rupture ou une suspension du discours appelée aposiopèse ;
- comme une figure de style marquant une omission volontaire à fins de raccourci appelée ellipse ;
- dans un discours rapporté :
- lorsqu’une phrase est interrompue, par exemple par l’intervention d’une autre personne,
- pour représenter l’hésitation,
- pour représenter des grossièretés que l’on ne souhaite pas écrire explicitement ;
- sollicitation de l’imagination du lecteur ;
- à la fin de listes non exhaustives : « … » a la même valeur que « , etc. » (« etc… » est une forme erronée, bien que répandue)9 ;
- pour signaler l’absence de réponse ou de commentaire ;
- pour représenter le silence.
Pour indiquer un passage coupé dans une citation, on emploie les points de suspension entre crochets, « […] », ou entre parenthèses10, « (…) » : le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale préconise l’usage des crochets en précisant qu’il n’y a pas d’espace entre les crochets et le signe de ponctuation « […] »11, mais plusieurs autres guides invitent à utiliser les parenthèses10,12,13.
De l'usage et de l'abus des majuscules.
Je sors de la lecture d'un texte où l'on me parle de Président avec un p majuscule, de Commission avec un c majuscule, et cetera.
Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de me souvenir que les majuscules doivent être utilisées pour des noms propres et non pas pour des noms communs.
Ainsi, un président, même si l'on a du respect pour lui, n'est pas un nom propre mais un nom commun. Les membres d'une société ? Même si cette dernière est particulièrement importante, même si le mot "membre" est consacré par un règlement intérieur, ce mot est un mot commun et non pas un nom propre : il ne mérite pas une majuscule.
dimanche 29 septembre 2024
Ecrire
"Les journalistes ne doivent pas oublier qu'une phrase se compose d'un sujet, d'un verbe et d'un complément. Ceux qui voudront user d'un adjectif passeront me voir dans mon bureau. Ceux qui emploieront un adverbe seront foutus à la porte."
Circulaire signée alors qu'il était rédacteur en chef de L'Aurore. Georges Clemenceau
samedi 28 septembre 2024
Des démonstrations pratiques
Pour notre prochain colloque de gastronomie moléculaire, nous aurons des démonstrations pratiques.
Je l'avais oublié avec le covid, mais je le revois régulièrement : mes interlocuteurs sont toujours friand s d'expérimentation, et il y a lieu d'en faire, puisqu'elles ont des vertus qui n'ont pas un simple discours.
Les discours, tout le monde peut les
faire, à commencer par les hommes politiques dont les promesses
n'engagent que ceux qui croient.
Mais une expérimentation, c'est du solide : le résultat qu'elle donne, c'est un résultat, un fait expérimental que nous pouvons tous partager, tous discuter, qui généralement dit bien plus que la simple description qu'on en ferait avec des mots.
Par exemple, dans une étude du brunissement des composés à la chaleur, on peut évidemment produire une photo que l'on décrit ensuite : c'est mieux que la simple description en mots... mais en réalité c'est moins bien que l'expérience, avec l'évolution temporelle du système, mais aussi des odeurs, des bruits de crépitement par exemple, etc.
Bref, une expérimentation est une expérience complète donc il ne faut pas en priver
ceux qui découvrent les sujets. Et au fond, j'en reviens à mes cours que
je faisais avec des expérimentations et je me dis que c'est ça qu'il
faut généraliser.
vendredi 27 septembre 2024
Fausses viandes, faux poissons
Alors que je prépare un article pour présenter l'impression 3D alimentaire, je suis à nouveau confronté à la difficulté de donner des noms aux copies de tissus animaux.
Commençons par l'impression 3D alimentaire : il s'agit d'utiliser des imprimantes, avec une tête mobile qui va déposer un matériau un peu pâteux couche après couche, pour former un objet en relief.
Cette technique est apparue d'abord dans l'industrie générale avant de gagner le secteur alimentaire, et si son principe est simple, sa réalisation l'est moins car que mettre dans les réservoirs ? Avec de l'encre, c'est simple car il s'agit d'un liquide qui s'écoule facilement mais quand on veut introduire les matériaux alimentaires habituels, pâteux, plus épais, qui ne doivent pas s'étaler une fois déposés, alors il faut des systèmes un peu différents avec des éjections plus énergique et des matériaux qui s'écoulent plus facilement.
Mais cela se règle et la question est alors de savoir pourquoi on le fait : comme toujours, il faut poser la question de l'objectif en tout premier.
Cela étant expliqué, arrivons à cette question de la reproduction de tissus animaux, à savoir les viandes ou les poissons. Il y a toute une série de travaux par des industriels relatifs à cette question et en général, ils ont recours à de la culture de cellules musculaires in vitro : on obtient alors des tissus qui reproduisent, ou cherchent à reproduire les muscles des animaux terrestres ou aquatiques.
Mais avec l'imprimante 3D alimentaire, certains ont voulu utiliser des protéines végétales pour obtenir de telles reproductions et cette fois, la terminologie « culture in vitro de cellules musculaires ne parvient pas à décrire les objets.
Dans un article que j'ai préparé, j'écrivais "reproduction de tissu musculaire à partir de protéines végétales" mais je crois que je ne dois pas me laisser gagner par le mercantilisme de certains industriels et qu'il serait mieux de dire qu'il s'agit de fausses viandes, de faux poissons !
Avec ce mot faux, nos amis ne seront guère content mais en réalité je m'en moque et je préfère me concentrer sur les citoyens qui doivent être éclairés sur ce qu'ils achètent et sur ce qu'ils mangent.
Bien sûr, l'expression "reproduction de viande ou de poisson" convient mais il y a lieu de s'interroger encore sur l'objectif : de quoi s'agit-il ? Manifestement il s'agit d'utiliser une mode pour vendre des produits moins coûteux que les produits animaux. Bien sûr on nous objectera le climat, le bien-être animal et cetera, mais en réalité, il est surtout question d'argent et de vendre au prix de la viande des produits qui sont bien moins coûteux et c'est à ce titre que je ne je n'hésiterai plus à parler de faux.
jeudi 26 septembre 2024
La définition des probabilités est quelque chose de merveilleux.
D'un point de vue élémentaire, la probabilité d'un événement est égale, quand il y a une répétition d'expériences, telles que des lancers de dés, au rapport du nombre de cas favorables par le nombre de cas possibles.
Par exemple, un dé lancé peut tomber sur la face marquée 1, ou 2, ou 3, ou 4, ou 5, ou 6. La probabilité que le dé tombe sur une des faces particulières, si le dé n'est pas pipé, s'obtient après de nombreux lancés du dé : puis on compte le nombre de fois où le dé tombe sur une face donnée, par exemple 3, et on divise ce nombre par le nombre de fois où l'on a lancé le dé. Avec un dé normal, on arrive progressivement à un rapport, une probabilité, qui serait égale à un sixième pour chacune des faces.
Pour une pièce de monnaie qui ne tomberait jamais sur la tranche, la probabilité sera égale à un demi, et l'on dit qu'il y a une chance sur deux que la pièce tombe sur pile, et une chance sur deux que la pièce tombe sur face.
Cela étant dit, je connais des cas amusants ou ce concept de probabilité permet de mieux appréhender la vie.
Le premier, c'est l'enseignement : si, dans un modèle simpliste, on représente la vitesse d'exposition du professeur par un nombre compris entre 0 et 1, 0 étant une élocution complètement arrêtée et 1 étant la vitesse maximale à laquelle on puisse parler, alors cette vitesse d'élocution est en général comprise entre les bornes, disons par exemple à 0,73.
Mais de l'autre côté, il y a l'étudiant qui lui a une vitesse de compréhension qui est également représentable par un nombre (dans un modèle simplifié bien sûr).
Quelle est la probabilité que les deux valeurs, élocution du professeur et compréhension de l'étudiant, soient égales ? Le nombre de cas favorable est de 1, et le nombre de possibilités est infini. Evidemment on peut pas diviser par l'infini, et on ne fera pas l'injure et croire que je ne le sais pas, mais il y a la volonté d'expliquer, et l'on voit que la probabilité cherchée est donc nulle.
Cette observation ne doit-elle pas conduire à réfléchir à nos enseignements ?
Un autre exemple concerne la dissolution du sucre de table dans l'eau. Dans un autre billet, j'ai raconté que des amis n'avaient aucune idée de la structure interne d'un cristal de sucre et encore moins, par conséquent, de ce qui pouvait se passer quand on met un tel cristal dans l'eau. Quand je les avais interrogés, j'avais envie qu'il puissent me dire qu'un cristal de sucre, de sucre de table, est un empilement de molécule toute identiques, de saccharose ; un empilement régulier dans les trois directions de l'espace.
Et j'aurais voulu qu'ils me disent a minima que quand on met un tel cristal dans l'eau, le mouvement désordonné et très rapide, très énergique, des molécules d'eau conduit à séparer les molécules de saccharose du cristal et à les disperser dans la solution sucrée, dans ce léger sirop.
En réalité, cette description est fautive comme l'ont montré des collègues il y a plusieurs années car il existe des forces d'un type particulier, des liaisons hydrogène, ntre les molécules d'eau, entre les molécules de saccharose dans cristal et entre les molécules d'eau et saccharose
Or la probabilité que les forces soient les plus fortes entre l'eau et le saccharose, ce qui conduirait à une hydratation des molécules d'eau, est faible : les trois types de liaisons hydrogène, entre molécule de saccharose et molécule de saccharose, ou bien entre molécule d'eau et molécule d'eau, ou bien entre molécule d'eau et molécule de saccharose, sont différentes et elles se disposeraient en différents points d'un axe qui représenterait l'énergie.
De ce fait, il n'est pas étonnant que en réalité, les molécules de saccharose dans en solution diluée dans l'eau puissent se grouper pour former des agrégats temporaires, très fragile bien sûr puisqu'ils sont assurés par des laisons d'hydrogène et que les molécules d'eau ont des vitesses qui permettent de briser cette liaison.
Mais bref, c'est une approximation qu'il est bon d'enseigner à des commençants et qui doit être discuté ensuite... grâce à la définition des probabilités