Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
vendredi 15 août 2014
Procès
Il faudra que les journalistes commencent à se méfier : le "quatrième pouvoir" n'a pas la liberté d'écrire n'importe quoi :
‘Pink Slime’ Defamation Suit Subpoenas Hit Food JournalistsFive
food journalists have been subpoenaed by Beef Products in its
defamation lawsuit against ABC News over its reporting about the meat
product referred to as “lean, finely textured beef” by industry but
dubbed “pink slime” in the popular press.
Naturel ? Du commerce !
Dans le Washington Post, un artible de Roberto A. Ferdman (24 juin 2014) :
Je traduis : rien ne fait autant vendre aux Américains que le mot fabuleusement ambigu "naturel". Parmi les 35 propositions santé ou alimentation, il y a des mots tels que "naturel", "bio", "sans graisse", "écologiquement responsable"... Ces indications permettent de vendre pour plus 377 milliards de dollars d'articles aux Etats-Unis, pour la seule dernière année (source Nielsen).
L'industrie alimentaire américaine vend pour 41 milliards de dollars, chaque année, d'aliments dont l'étiquetage porte ce mot, et le mot n'a pas de définition par la Food and Drug Administration. Cette dernière indique sur son site : "D'un point de vue scientifique, il est difficile de définir un produit "naturel", parce que l'aliment a certainement été transformé, et qu'il n'est plus le produit de la terre.
Bref, tous les pays reconnaissent que l'industrie alimentaire ne fait pas bien, de ce point de vue.
Il faut le dire : aucun aliment n'est naturel !
The word “natural” helps sell $40 billion worth of food in the U.S. every year—and the label means nothing
Je traduis : rien ne fait autant vendre aux Américains que le mot fabuleusement ambigu "naturel". Parmi les 35 propositions santé ou alimentation, il y a des mots tels que "naturel", "bio", "sans graisse", "écologiquement responsable"... Ces indications permettent de vendre pour plus 377 milliards de dollars d'articles aux Etats-Unis, pour la seule dernière année (source Nielsen).
L'industrie alimentaire américaine vend pour 41 milliards de dollars, chaque année, d'aliments dont l'étiquetage porte ce mot, et le mot n'a pas de définition par la Food and Drug Administration. Cette dernière indique sur son site : "D'un point de vue scientifique, il est difficile de définir un produit "naturel", parce que l'aliment a certainement été transformé, et qu'il n'est plus le produit de la terre.
Bref, tous les pays reconnaissent que l'industrie alimentaire ne fait pas bien, de ce point de vue.
Il faut le dire : aucun aliment n'est naturel !
mercredi 13 août 2014
On n'a pas assez enseigné la micro-chimie.
Les
travaux pratiques de chimie ? Il y en a autant de sortes que
d'établissement... mais je m'étonne du résultat : sans
sourciller, les étudiants qui ont été formés par ces séances
utilisent des expériences qui utilisent des grammes ou des dizaines
de grammes de réactifs, et des centaines de grammes de solvants.
Tout cela est très fautif !
En
quoi ?
D’abord,
les réactifs coûtent parfois extraordinairement chers, de sorte
qu'il y a une indécence économique à procéder sur de telles
quantités. D'autre part, les solvant doivent être recyclés, ou
jetés, ce qui pose des problèmes de pollution, mais, aussi, ils
exposent les expérimentateurs à des vapeurs dangereuses, d'autant
plus dangereuses que les volumes de solvant ont été grands. Et puis
il y a le risque d'explosion et d'intoxication, toujours présent, et
qu'il faut réduire autant que possible : alors qu'un
milligramme de produit ferait une explosion anodine, un gramme suffit
à endommager un bâtiment, à mettre des vies en danger !
Il
est donc tout à fait anormal de faire des expériences qui utilisent
des quantités de produit du même ordre de grandeur que celle qui
sont utilisées lors de trop nombreux travaux pratiques. Des travaux
pratiques qui font manipuler des quantités de l'ordre du gramme
sont de la mauvaise formation, en plus des risques que l'on fait
courir aux étudiants. Bien sûr, on peut choisir des expériences
pour lesquelles le danger est limité, mais elles ne préparent alors
pas aux véritables travaux de chimie. Dans la vraie vie, dans la
vraie vie scientifique au quotidien, on ne manipule pas de telles
quantités, et si les étudiants n'ont pas appris à manipuler de
très petites quantités, alors ils ne sont pas préparés.
Une
des raisons pour lesquelles la chimie physique s'est dotée
d'appareils d'analyse capables d'identifier les produits en très
petite quantités est précisément la nécessité de réduire les
quantités à utiliser lors des expériences. La conclusion
s'impose : les enseignants de chimie ou de chimie physique ne
doivent pas proposer aux étudiants en travaux pratiques d'utiliser
des quantités notables de produits ou de solvant.
Évidemment,
au lieu de dénoncer des fautes, nous ferions mieux d'encourager la
communauté tout entière à apprendre la microchimie aux étudiants.
Cela passe par une rénovation des matériels, car il est vrai que
les ballons où l'on manipule des milligrammes sont bien différents
de ceux où l'on manipule des grammes.
Dans
les laboratoire de chimie, chassons les verreries susceptibles de
contenir plus que quelques grammes au total !
dimanche 10 août 2014
Le moment où le vert des feuilles change presque de jour en jour...
Le
printemps est le moment où l'on s'aperçoit que le vert change, le
moment où nous prêtons attention à ces changement, parce que le
vert apparaît sur des branches jusque là dénudées. L'été est le
moment où l'on voit que le vert des feuilles change, parce que le
chaud alterne avec l'humide. L'automne est le moment où l'on
s'intéresse à la couleur des feuilles, parce que le vert cède la
place à d'autres teintes. En réalité, le vert des feuilles change
sans cesse, comme l'analyse suivante permet de le comprendre.
Le
vert des feuilles, c'est leur contenu en pigments que sont les
chlorophylles et les caroténoïdes, notamment. Pour certains
feuillages, il peut y avoir aussi des composés phénoliques, mais le
raisonnement serait le même que celui que nous allons faire.
Chlorophylles et caroténoïdes, donc. Dans les feuillages, les
chlorophylles sont les chlorophylles a, a', b, b', et les
caroténoïdes ont pour nom carotène, lutéine, violaxanthine...
Chacun de ces composés a un spectre d'absorption particulier, ce qui
signifie qu'il absorbe des rayonnements particuliers du spectre de la
lumière visible. La lumière du jour arrive donc sur la feuille ;
une partie est absorbée et le reste est réfléchi. Plus les
pigments sont nombreux, et plus leurs absorptions sont différentes,
plus la feuille paraît sombre.
Imaginons
que les feuilles ne contiennent que la chlorophylle a : on
aurait une certaine couleur. Puis imaginons que les feuilles
contiennent de la chlorophylle a et du carotène bêta : la
couleur serait différente.
Or
les feuilles qui croissent synthétisent les pigments, mais elles ne
les synthétisent pas tous à la même vitesse, parce que les voies
métaboliques sont différentes pour les divers pigments. La
proportion de chlorophylle a, par exemple, change avec le temps, de
sorte que la couleur change, puisque tout est affaire de proportion.
Et
voilà pourquoi il n'est pas étonnant que la couleur des feuilles
change avec les jours qui passent, du premier jour où elles
apparaissent, jusqu'au jour où telles tomberont.
J'ai
dit « il n'est pas étonnant », mais je me reprends, car
une telle expression banalise le phénomène, qui est bien mystérieux
et merveilleux pour qui n'est pas chimiste. Au contraire, ces
changements de couleur sont très étonnants ! La preuve :
il a fallu que les sciences viennent donner l'analyse précédente
pour que l'on y voie plus clair. Sans les éclaircissements des
sciences, les mystères tels que les verts changeants des feuillages
sont de ceux qui ont conduit l'humanité à imaginer des dieux, des
elfes, des lutins, des feux follets. Naguère, ce type de phénomène
appelait des puissances imaginaires, et chacun pouvait ajouter sa
voix à la grande cacophonie publique des mythes, des légendes.
Aujourd'hui
la chimie physique a-t-elle mis fin à cet « enchantement » ?
Je ne crois pas, car la théorie scientifique, bien plus fiable que
l'imagination, est toujours « insuffisante » par principe
(faut-il dire « incomplète » ?), de sorte que, jour
après jour, notre compréhension du monde s'embellit. Ce serait une
erreur de croire que la chimie physique de la couleur des feuilles a
dit son dernier mot, au contraire. La science n'a pas de fin parce
qu'elle perfectionne à l'infini ses théories, ses explications,
qu'elle améliore ses mécanismes, en vue de produire un discours
toujours plus approprié. Il est là, l'enchantement du monde.
Et
puis, il faut quand même s'étonner de ces synthèses
différentielles des chlorophylles et des caroténoïdes. Il y a de
quoi s'émerveiller de la constitution moléculaire des molécules de
ces composés qui absorbent la lumière visible.
Les
chlorophylles ? Des molécules qui sont construites autour d'un
noyau « tétrapyrrolique », avec des atomes qui forment
une sorte de « plaquette », et un atome de magnésium au
centre, des électrons étant répartis (on dit « délocalisés »)
sur tout le plan du noyau. Les caroténoïdes ? Des molécules
également remarquables, mais différemment : elles ont un long
squelette fait d'atomes de carbone, avec des liaisons simples et
des liaisons doubles qui alternent, ce qui permet, à nouveau, la
délocalisation des électrons, laquelle permet l'absorption de la
lumière visible.
Dans
les deux cas, il y a un mécanisme analogue, et très remarquable.
Ordinairement, quand il n'y a pas de délocalisation des électrons,
les molécules n'absorbent que des rayonnements très énergétiques,
ultraviolets par exemple. En revanche, quand les électrons de
doubles liaisons sont ainsi délocalisés, ils sont moins « tenus »
par le squelette moléculaire, et interagissent plus facilement avec
les rayonnements, de sorte qu'ils peuvent absorber ces derniers,
avant de revenir à l'état initial, souvent par réémission de
rayonnement invisible, infrarouge par exemple.
Je
m'arrête là : j'avais juste esquissé la suite du récit afin
de montrer qu'il y a lieu de s'étonner chaque seconde... de la
couleur changeante du vert des feuilles.
vendredi 8 août 2014
Il doit me manquer des gènes
Le monde s'enflamme
pour la coupe du monde (je suppose que c'est la coupe du monde) de
football... mais ce serait pour moi l'enfer que d'être obligé de
regarder un match à la télévision. Il doit me manquer le gène du
football.
De même pour les
voitures : je ne vois que de la mauvaise foi (je n'ai pas dit de
la malhonnêteté : seulement des justifications très
personnelles qu'ils donnent) dans le discours de mes amis qui en sont
amateurs. Là encore, un gène doit me manquer.
Mais il y a pire :
au jardin du Luxembourg, des groupes assis dans l'herbe au soleil.
Que peuvent-ils donc bien faire, pendant tout ce temps ? Il doit
encore me manquer le gène du groupe au soleil.
J'en vois qui sont
étudiants, et qui ont un polycopié à la main, de sorte qu'ils
pourraient être en train d'apprendre des cours, mais, quand je
m'approche, je les entends parler d'une soirée qui s'est tenue la
veille. Est ce vraiment une méthode efficace pour apprendre ?
Là, quel est le gène ?
Sur un banc, au
soleil, je vois une jeune femme très bronzée, allongée, qui ne
fait rien. Elle n'a pas l'air fatiguée, de sorte qu'il est douteux
qu'elle ait besoin de se reposer, et elle n'a sans doute pas pu
éviter les messages des dermatologues signalant que le soleil est
mauvais pour la peau. Pourquoi son comportement ?
Je passe maintenant
devant la terrasse d'un bistrot, sans soleil cette fois, mais en
plein air, juste devant la rue. Il y a à peine de quoi s'asseoir,
les clients se gênent et les voitures sont bruyantes. Quel plaisir
ont-ils ?
Un autre jardin
public, un homme qui semble en parfaite santé est assis, sans lire,
sans écrire, sans rien faire, à l'ombre. Que fait-il ?
Plus loin, une dame
plus âgée fait des mots croisés. A quoi bon ? Ce type de
questions me vaudra évidemment la rancune de mes amis
cruciverbistes, mais je répète : à quoi bon ? Il s'agit
d'une occupation, au sens d'occuper un vide, et la question n'est pas
de savoir si elle élève l'esprit ou non, mais de se demander à
quoi bon ? L'être humain revendique à chaque seconde de
changer de condition, mais le fait est que beaucoup se contentent
d'occuper leur temps, et leurs revendications ne sont donc guère que
des gesticulations.
Une étudiante qui
ne réussit pas particulièrement ses études me dit que, en réalité,
elle est moins intéressée par la chimie physique que par
« écrire ». A-t-elle déjà écrit ? Non. A-t-elle
déjà pris du temps pour apprendre à écrire ? Non : ses
compétences se limitent à celles qu'elle a eues lors de ses cours
de français du collège ou du lycée... Cours où, m'avoue-t-elle,
ses notes étaient médiocres. Comment peut-elle croire qu'elle
gagnera sa vie alors que lui manquent, au minimum, des compétences,
lesquelles ne s'obtiennent pas par des claquements de doigts ?
Mon incompréhension d'une telle... naïveté (inconséquence ?
Inconscience ?).
Un étudiant me dit
avoir deux heures de transport en commun, touts les jours, pendant
lesquelles il écoute de la musique ? Pourquoi ne fait-il rien ?
Ses réponses sont toutes de mauvaise foi (et, à nouveau, j'ai
beaucoup de sollicitude). Ce qui est avéré, c'est que son seul
profit est du « plaisir ».
Je passe devant un
petit jardin, et je vois une personne que je connais, directeur de
société, qui cultive des tomates, carottes, choux... Je l'interroge
sur son activité, et il me répond qu'il produit ainsi assez pour
produire sa famille. Dont acte, mais l'efficacité de cette culture ?
Au temps passé, elle est nulle, et la qualité de ses produits reste
inférieure à celle des plus beaux fruits et légumes de la place.
Financièrement, c'est nul. De sorte qu'il faut conclure que seul son
« plaisir », son « envie », sa
compulsion le guident. Pourquoi ce plaisir ? Cette envie ?
Pourquoi rester cassé en deux au soleil, dans le froid, sous la
pluie ?
Dans la rue, une femme marche difficilement perchée sur des talons aiguilles immense. A quoi bon ?
Dans la rue, une femme marche difficilement perchée sur des talons aiguilles immense. A quoi bon ?
On aura compris que
la liste de mes incompréhension est longue. Souvent, quand
j'interroge ceux et celles dont je ne comprends pas le comportement,
je ne reçois que la réponse « j'aime ». Je n'ai
évidemment aucun droit à discuter leur goût, mais quelle étrange
chose que ce « plaisir », qui conduit à des
comportements extraordinaires, souvent irrationnels !
mardi 29 juillet 2014
Taxation et obésité
Cela nous vient de collègues de l'INRA :
L’impact global de cette taxe sur la consommation de sucre restera assez faible en raison des substitutions entre les boissons sucrées et les jus de fruit dont la teneur en sucre est équivalente à la moyenne en sucres ajoutés des boissons visées par la taxe. La taxation aurait été plus efficace en termes de changement de comportement alimentaire si elle n’avait ciblé que les produits sucrés et pas les boissons allégées car les consommateurs se seraient reportés sur les produits allégés. Cette taxe visait donc davantage à collecter des fonds plutôt qu’à limiter la consommation de sucres.
Ces travaux mettent en évidence la nécessité d’intégrer la réponse stratégique des acteurs lors de la mise en place de politiques de taxation. L’efficacité d’une taxe nutritionnelle dépend du design de la taxe. Une taxe sur la TVA sera moins répercutée par les acteurs du marché qu’une taxe d’accise (taxe perçue sur la quantité et non sur la valeur).
La taxe des boissons sucrées n’a pas réduit l’obésité
Dans le but de réduire la prévalence de l’obésité, les pouvoirs publics ont appliqué en 2012 une taxe de 7,16 centimes d’euros à tous les produits du secteur des boissons sucrées, quelle que soit l’origine de la matière sucrante : sucre ou édulcorant, à l’exception des sirops et des purs jus de fruit. Cette taxe est communément appelée taxe « soda ».L’impact global de cette taxe sur la consommation de sucre restera assez faible en raison des substitutions entre les boissons sucrées et les jus de fruit dont la teneur en sucre est équivalente à la moyenne en sucres ajoutés des boissons visées par la taxe. La taxation aurait été plus efficace en termes de changement de comportement alimentaire si elle n’avait ciblé que les produits sucrés et pas les boissons allégées car les consommateurs se seraient reportés sur les produits allégés. Cette taxe visait donc davantage à collecter des fonds plutôt qu’à limiter la consommation de sucres.
La taxation s’est traduite par une augmentation réelle des prix
Contrairement à l’idée souvent admise que les acteurs de la filière (industriels, distributeurs) absorbent une partie de ces taxes pour limiter l’impact sur le volume des ventes, les travaux de l’UMR GREMAQ montrent que ces acteurs ont intérêt à répercuter au consommateur plus que la taxe. L’augmentation des prix serait de l’ordre de 10 centimes d’euros par litre.Ces travaux mettent en évidence la nécessité d’intégrer la réponse stratégique des acteurs lors de la mise en place de politiques de taxation. L’efficacité d’une taxe nutritionnelle dépend du design de la taxe. Une taxe sur la TVA sera moins répercutée par les acteurs du marché qu’une taxe d’accise (taxe perçue sur la quantité et non sur la valeur).
Des méthodes d’évaluation ex ante en progression constante
Les méthodes développées par les chercheurs en économie structurelle permettent de réaliser des évaluations ex-ante de politiques publiques nutritionnelles en tenant compte des réactions des entreprises, industriels et distributeurs. Ces méthodes font l’objet de constantes améliorations tant du côté méthodologique – réaction en qualité des industriels par exemple – que par le couplage de ces analyses avec des modèles de santé pour évaluer les impacts globaux sur la santé.dimanche 27 juillet 2014
L'auto-organisation
En
1987, le prix Nobel de chimie à été attribué au chimiste français
Jean Marie Lehn et à deux de ses collègues pour leurs travaux sur
la chimie supramoléculaire. De quoi s'agit-t-il ?
Normalement,
en chimie, on forme des molécules nouvelles en coupant et en
établissant des liaisons dites « covalentes », qui
résultent de la mise en commun d'une paire d'électrons, entre deux
atomes.
Toutefois,
dans les années 1980, les chimistes ont étudié la possibilité
de former des assemblages de plusieurs molécules à l'aide de
liaisons plus faibles que les liaisons covalentes : des ponts
disulfures, des liaisons hydrogène … Ces assemblages ont été
nommé supermolécules, et la chimie qui les forme et les étudie a
été nommée chimie supramoléculaire.
Il
est tout à fait remarquable d'observer que, avant cette chimie
supramoléculaire, les bibliothèques étaient pleines de livre sur
les « complexes » de diverses sortes. Tout cela a été
balayé par la chimie supramoléculaire, qui donné un cadre général
à la description de ces divers objets.
Ce
qui est le plus merveilleux, c'est que cette chimie permet
d'envisager la création d'objets nouveaux, et, notamment, d'objets
capables de s'assembler spontanément, de se dissocier et de se
réassembler selon les circonstances chimiques. Notamment, Jean-Marie
Lehn et ses collègues ont conçu et réalisé des molécules en
formes de parts de tartes, avec des bords « collants ». Si l'on
met de telles molécules dans une solution, elles diffusent, puis
s'assemblent par les bords. Si l'angle au centre de ces molécules
n'est pas un sous-multiple de 360°, alors les parts de tarte
forment une structure hélicoïdale, identique à la capside de
certains virus !
Voilà
pourquoi la chimie supramoléculaire me semble si importante, et
voilà pourquoi l'étude de chimie mérite que l'on réserve un
chapitre particulier à cette chimie des forces faibles, qui conduit
à l'étude de l'auto-organisation, un chapitre de la chimie qui se
développera considérablement au XXIe.
Militons
pour que Jean-Marie Lehn reçoive un deuxième prix Nobel !
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