Les
travaux pratiques de chimie ? Il y en a autant de sortes que
d'établissement... mais je m'étonne du résultat : sans
sourciller, les étudiants qui ont été formés par ces séances
utilisent des expériences qui utilisent des grammes ou des dizaines
de grammes de réactifs, et des centaines de grammes de solvants.
Tout cela est très fautif !
En
quoi ?
D’abord,
les réactifs coûtent parfois extraordinairement chers, de sorte
qu'il y a une indécence économique à procéder sur de telles
quantités. D'autre part, les solvant doivent être recyclés, ou
jetés, ce qui pose des problèmes de pollution, mais, aussi, ils
exposent les expérimentateurs à des vapeurs dangereuses, d'autant
plus dangereuses que les volumes de solvant ont été grands. Et puis
il y a le risque d'explosion et d'intoxication, toujours présent, et
qu'il faut réduire autant que possible : alors qu'un
milligramme de produit ferait une explosion anodine, un gramme suffit
à endommager un bâtiment, à mettre des vies en danger !
Il
est donc tout à fait anormal de faire des expériences qui utilisent
des quantités de produit du même ordre de grandeur que celle qui
sont utilisées lors de trop nombreux travaux pratiques. Des travaux
pratiques qui font manipuler des quantités de l'ordre du gramme
sont de la mauvaise formation, en plus des risques que l'on fait
courir aux étudiants. Bien sûr, on peut choisir des expériences
pour lesquelles le danger est limité, mais elles ne préparent alors
pas aux véritables travaux de chimie. Dans la vraie vie, dans la
vraie vie scientifique au quotidien, on ne manipule pas de telles
quantités, et si les étudiants n'ont pas appris à manipuler de
très petites quantités, alors ils ne sont pas préparés.
Une
des raisons pour lesquelles la chimie physique s'est dotée
d'appareils d'analyse capables d'identifier les produits en très
petite quantités est précisément la nécessité de réduire les
quantités à utiliser lors des expériences. La conclusion
s'impose : les enseignants de chimie ou de chimie physique ne
doivent pas proposer aux étudiants en travaux pratiques d'utiliser
des quantités notables de produits ou de solvant.
Évidemment,
au lieu de dénoncer des fautes, nous ferions mieux d'encourager la
communauté tout entière à apprendre la microchimie aux étudiants.
Cela passe par une rénovation des matériels, car il est vrai que
les ballons où l'on manipule des milligrammes sont bien différents
de ceux où l'on manipule des grammes.
Dans
les laboratoire de chimie, chassons les verreries susceptibles de
contenir plus que quelques grammes au total !
Et pour un amateur, s'intéresser à la chimie est devenu quasi impossible. Sans parler des boîtes de petit chimiste qui faisaient mon bonheur d'enfant et qui maintenant ne contiennent plus rien ou presque.
RépondreSupprimerVous avez mille fois raisons sur l'appauvrissement des boites de chimie... mais vous me donnez l'idée d'un livre qui permettra de faire quand même des expériences de chimie à la maison. merci
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