mercredi 20 février 2013

Lisons Emile Meyerson

Dans son livre La déduction relativiste (1925), Meyerson fustige ainsi le règne des lois instauré par le positivisme :
 « Ce que rêvait Comte, c'était en effet une véritable organisation, comme la comprennent les partisans de l'autorité ; les croyances du public en matière de science et, plus encore, le travail de recherche des savants eux-mêmes, devaient être strictement réglés et surveillés par un corps constitué, composé d'hommes jugés compétents et armés de toutes les rigueurs du bras séculier. Cette réglementation devait, bien entendu, comme c'est le cas, partout et toujours, de toute réglementation, consister principalement en interdictions, et Comte a tracé d'avance le programme de quelques-unes d'entre ces dernières. Défense de se livrer à des investigations autres que « positives », c'est-à-dire ayant pour objet la recherche d'une loi ; défense de toute tentative visant à pénétrer des problèmes que l'homme, manifestement, n'avait aucun intérêt à connaître et qui, d'ailleurs, pour cette raison même, devaient rester entièrement impénétrables à son esprit, tels que, par exemple, la constitution chimique des astres […]. »
Vive Emile Meyerson (façon de parler, puisqu'il est mort en 1933) !

vendredi 15 février 2013

Quelques idées pour se supporter dans la glace le matin

Dans mon bureau sont affichées des maximes.
Régulièrement, il y en a qui disparaissent, apparaissent, se transforment.

Voici l'état, à ce jour. On me pardonnera évidemment de me mettre au milieu de grands esprits, dont je ne suis évidemment pas !


IL FAUT S’AMUSER A FAIRE DES CHOSES PASSIONNANTES
H. This
Nous sommes ce que nous faisons : quel est ton agenda ?
H. This
Une colonne vertébrale !
H. This
Toujours considérer les résultats particuliers que l’on obtient comme la
« projection » de cas généraux que nous devons inventer (abstraire et
généraliser)
H. This
Quels sont les mécanismes ?
La science en général
Les mathématiques nous sauvent toujours : « que nul ne séjourne ici s’il n’est
géomètre »
Platon
Ne pas oublier de donner du bonheur.
H. This
Tu fais quelque chose ? Quelle est ta méthode ? Fais le, et, en plus, fais-en la théorisation.
H. This
Surtout ne pas manquer le moindre symptôme
H. This
Je ne sais pas, mais je cherche !
H. This
De quoi s’agit-il ?
Henri Cartier-Bresson

Puisque tout est toujours perfectible, que vais-je améliorer aujourd’hui ?
H. This
« Dois-je croire au probable ? ».
H. This ?
A rapprocher de :
: « En doutant, nous nous mettons en recherche, et en cherchant nous
trouvons la vérité ».
Abélard
Et de :
"Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également
commodes, qui l'une et l'autre nous dispensent de réfléchir".
Poincaré
Combien ?
La science en général
D’r Schaffe het sussi Wurzel un Frucht
Proverbe alsacien
Ni dieu ni maître
La devise des anarchistes
Tout ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait
?
La vie est trop courte pour mettre les brouillons au net : faisons des brouillons
nets !
Jean Claude Risset
Se mettre un pas en arrière de soi même
?
Le summum de l’intelligence, c’est la bonté
(et la droiture)
Jorge Borgès
Regarder avec les yeux de l’esprit
H. This
Vérifier ce que l’on nous dit
Ne pas généraliser hâtivement
Ayez des collaborations
Y penser toujours
Entretenez des correspondances
Avoir toujours sur vous un calepin pour noter les idées
Ne pas participer à des controverses
Michael Faraday et Isaac Watts
Penser avec humour des sujets sérieux (un sourire de la pensée)
H. This
« Comme chimiste, je passai cette oeuvre à la cornue ; il n'en resta que ceci : »
; se dissoudre dans, infuser, macérer, décoction, cristalliser, distiller,
sublimer, purifier, alambiquer
Jean-Anthelme Brillat-Savarin
« Et c’est ainsi que la chimie est belle »
H. This d’après Alexandre Vialatte
Morgen Stund het Gold a Mund
Proverbe alsacien
Y penser toujours
Louis Pasteur
Ne pas confondre les faits et les interprétations
Elémentaire
Quand les lois sont mauvaises, il faut les changer
H. This
Ne pas faire de lois qui punissent les bons élèves, et ne pas faire des lois pour punir les mauvais si on ne les applique pas.
Un conseil de H. This aux prétentieux qui font des lois
Un homme qui ne connaît que sa génération est un enfant
Cicéron
Dieu vomit les tièdes
La Bible
Il n’est pas vrai que « La tête guide la main », ce qui est prétendu par une
poutre du Musée du compagnonnage, à Tours : la tête et la main sont
indissociables
H. This
Les calculs !!!!
Tous les scientifiques dignes de ce nom
Tout changer à chaque instant (vers du mieux !)
H. This
Chercher des cercles vertueux
H. This
Comme le poète, le chimiste et le physicien doivent maîtriser les métaphores
H. This
Le moi est haïssable
Blaise Pascal
Quels mécanismes ?
La science en général
N’oublions pas que nos études (scientifiques) doivent être JOVIALES
Hervé This
L’enthousiasme est une maladie qui se gagne
Voltaire
Clarifions (Mehr Licht)
Goethe

Tu viens avec une question, mais quelle est la réponse (utilise la méthode du
soliloque)
H. This
Pardon, je suis insuffisant, mais je me soigne
H. This
Comment faire d’un petit mal un grand bien ?
H. This
Le diable est caché derrière chaque geste expérimental, et derrière chaque
calcul
H. This

Les questions sont des promesses de réponse (faut-il tenir ces promesses). Vive
les questions étincelles
H. This
La méditation est si douce et l’expérience si fatigante que je ne suis point
étonné que celui qui pense soit rarement celui qui expérimente
Diderot
Comment pourrais-je gouverner autruy, moi qui ne me gouverne pas moi-
même
François Rabelais
Prouvons le mouvement en marchant !
Hervé This
Comment passer du bon au très bon ? Comment donner à nos travaux un
supplément d’esprit ?
Hervé This

Il faut des TABLEAUX :
les cases vides sont une invitation à les remplir, donc à travailler!
Hervé This
Si le résultat d'une expérience est ce que l'on attendait, on a fait une mesure ; sinon, on a fait une découverte!
Franck Westheimer
Quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a appris.
Marcel Fétyzon
Il n'est pas nécessaire d'être lugubre pour être sérieux (le paraître n'est pas l'être).
H. This
Si le résultat d'une expérience est ce que l'on attendait, on a fait une mesure. Sinon on a fait une découverte.
Franck Westheimer
Il faut tendre avec efforts vers la perfection sans y prétendre.
Michel-Eugène Chevreul






http://sites.google.com/site/travauxdehervethis/

Comment lire ?

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Apprenons à lire
Hervé This


Bien sûr, nous savons lire, sans quoi nous ne serions pas avec ce texte devant nous. Toutefois la question n'est pas là : elle est de savoir si nous savons assez planter les dents dans l'os, comme un pitbull, si nous savons comprendre ce que nous lisons, si nous savons transformer une connaissance (une idée lue, intégrée) en une compétence (une idée utilisable).

D'ailleurs, par « lire », je n'entends pas seulement « lire des phrases », mais lire un document, lequel, au XXIe siècle, peut comporter des images, des sons, des films, bientôt des odeurs, des saveurs peut-être...

En outre, si l'idée du pitbull est terrible, il n'en faut retenir que la capacité de ne pas « lâcher le morceau », car c'est ainsi seulement que nous parvenons à l'avaler, en toutes circonstances, sans sauter un mot, une phrase ou une idée quand ils nous échappent. Il existe en effet des mots, comme « gastronomie », dont nous ne faisons que supposer, parce que nous avons la paresse d'y voir plus loin. D'où la conséquence : lire, c'est aussi aller y voir de près, chercher au delà du texte. Lire, c'est un travail, une activité « active ».

Passons à l'intégration. Il semble dérisoire de recommander de lire tous les mots d'un texte, mais l'expérience de l'enseignement universitaire montre que là est l'une des principales difficultés : on lit trop vite... parce qu'on lit.
Expliquons : la lecture, généralement, pour un manuel comme pour un journal, se fait de façon quasi constante, à savoir que la lectrice ou le lecteur est devant le texte, et que ses yeux parcourent les lignes. Le cas idéal serait que chaque mot soit lu, mais l'expérience prouve que les lecteurs vont trop vite. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on dit qu'il faut apprendre sept fois pour savoir : puisqu'on a sauté un mot sur sept, il faudra sept lectures pour avoir tous les mots !
Bref, un bon conseil : lire tous les mots !

Une fois les mots « avalés », il y a le sens à faire. Là encore, il y a du travail, et c'est évidemment le lecteur qui fait le sens... dans l'hypothèse minimaliste où il ne décode pas :
  • les intentions de celui qui a écrit : pourquoi l'a-t-il fait ? Pourquoi l'a-t-il fait ainsi ? Pourquoi l'a-t-il fait à ce moment précis ? Qu'a-t-il voulu que je pense ? Qu'a-t-il écrit ? Pourquoi a-t-il voulu que je pense ce que je pense...
  • les intentions des vecteurs du document
  • etc.
Bref, une phrase n'est pas une phrase qu'on lit, mais une phrase que l'on comprend.

Pour autant, une phrase que l'on comprend n'est pas encore une phrase que l'on est capable de restituer : une connaissance n'est pas une compétence !
Ici, il faut à nouveau s'arrêter une seconde sur le mot « phrase » : à la lumière de ce qui précède, on a compris que je parle moins d'une phrase faite de mots que d'une phrase du XXIe siècle, avec des mots, des sons, des images, fixes ou animées, etc.
Même ainsi, il y a la question de la compétence. Comment s'assurer que nous l'avons ?

Tout cela est bien difficile, et l'on voit que lire prend du temps. Je me demande, d'ailleurs, si lire ne consiste pas à écrire, afin de poser devant nous des objets plus « matériels ». Certes, il y a dans le peuple des génies qui ont la capacité extraordinaire de manier les idées sans les voir, mais... quels génies !
Pour les autres, il y a la nécessité de poser tout cela, de le matérialiser, de faire retomber le soufflé de l'abstraction, afin de le déguster plus sûrement. Lire, c'est écrire, pour ceux-là, c'est dessiner, c'est modeler de la pâte, c'est sentir...

Au fait, comment pourrais-je diriger autrui moi qui ne me gouverne pas moi-même ? Je me vois sur une mauvaise pente, à dire positivement comment lire, à répondre à la question « Comment lire ? ».
Non, plutôt, je propose que nous nous posions la question : comment lire ?




http://sites.google.com/site/travauxdehervethis/

Un devoir d'optimisme

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Un devoir d'optimisme

Le pessimisme est une étrange maladie, et je la crains contagieuse. Luttons !


Tout fout le camp, ma bonne dame ! Le niveau baisse ! La vie chère ! On nous en veut ! Les nantis sont des salauds ! C'est un scandale !

Un tel enchaînement est nommé litanie, et une certaine presse voudrait nous faire croire que la bouteille est à moitié vide. Tiens, livrons-nous à un petit exercice : je vais prendre les actualités Google du jour :

Viande de cheval : l'inquiétude de 360 salariés de Spanghero
De nombreux blessés après la pluie de météorites en Russie
Affaire Pistorius
L'astéroïde va frôler la Terre
La vente de logements neufs en chute
Meutre de Chokri Belaïd
Etats Unis : les Républicains bloquent la nomination de Chuck Hagel
Islamisme. Manuel Valls et les « dizaines de Merah »
Le PS et l'UMP vont aux municipales à reculons
Valenciennes : un bébé dans un état critique, le père écroué
Mouvements sociaux
Croissance zéro

Déprimant, non ? Ne devrions-nous pas faire des procès aux journalistes qui se répandent ainsi en jérémiades (j'utilise le mot « répandent » volontairement) ?
Nous connaissons tous leurs « raisons » : il faudrait que la presse soit un contre-pouvoir (ah, ce goût terrible du pouvoir, qu'ont les imbéciles), et le journalisme rendrait service à la collectivité ; il aurait une « mission »... en remuant la vase (y penser un peu avant d'accepter l'idée).

Cela étant, réfléchissons. On dit de la presse qu'elle a une fonction d'information. Information ? Ce n'est pas nécessairement le plus nauséeux du monde, et l'on est en droit de se demander si faire le bonheur de son entourage n'est pas une nécessité plus impérieuse ?
Oui, le journaliste qui dénonce un scandale (un de plus, un chien écrasé...) n'est-il pas coupable d'entretenir la morosité ? Ne pourrions pas proposer un code déontologique inspiré de l'écrivain français Boris Vian, dont un personnage, le professeur Mangemanche, n'est poursuivi par la police que lorsque le nombre de gens qu'il tue devient supérieur au nombre de gens qu'il sauve ? De même, les journalistes ne devraient-ils pas avoir une sorte de table à deux colonnes, avec l'obligation (légale, j'insiste, avec des pénalités si la loi est enfreinte) d'avoir au moins autant de bon que de mauvais ?
Je me console :
  • en évitant soigneusement de lire ces torchons de mauvais augure
  • en pensant que les responsables de ces agissements s'aigrissent eux-mêmes, et qu'ils se confisent dans le vinaigre qu'ils pissent ensuite (merveilleuse notion de « pisse vinaigre », que nous devons à notre bon Rabelais).


Cela étant, soyons positifs... puisque la belle énergie que nous rayonnerons éclairera nos proches. Comment vivre, dans ce monde maussade ? En apprenant à voir la bouteille à moitié pleine. Oui, je sais qu'elle n'est ni pleine ni vide, mais je crois que c'est une affaire de politesse que de la voir publiquement pleine. Et puis, si nous l'avouons pleine, nous la verrons ainsi.

Nous avons un devoir d'apprendre l'optimisme ! Contrairement à une idée répandue, il ne s'agit pas d'être bon en mathématiques ou mauvais : il s'agit d'apprendre. Il ne s'agit pas de faire ou non des fautes d'orthographe, mais il s'agit d'apprendre à les éviter (si l'on a envie). Il ne s'agit pas...
Non, il ne s'agit pas d'être optimiste ou pessimiste, car cette attitude est paresseuse, coupablement fainéante. On est optimiste ? Tant mieux : on vit plus heureux. On est pessimiste ? Alors il faut faire l'effort d'apprendre, lentement, patiemment, laborieusement (étymologie : le travail).

Oui, nous ne « sommes » pas : à nous de travailler pour « devenir ».

Devenis optimiste ? Pour nos amis, pour nos proches, pour nos familles, pour nos collègues, il me semble que c'est à la fois un devoir (politesse) et un avantage : nos relations viendront-elles plus à nous si nous sourions ou si nous faisons la grimace ? La réponse est connue, et c'est donc notre avantage « matériel » d'être souriant, de faire bonne figure, d'être heureux. A nouveau, il ne s'agit pas d'être heureux, mais d'apprendre à l'être.

Ici, je m'arrête, car je risque de tomber dans la morale... qui ennuie. Une conclusion, lancinante comme vous voyez : nous avons un devoir d'optimisme ! 




 

jeudi 14 février 2013

Des nouvelles du front !

Voici ce que je reçois à l'instant (jeudi 14 février 2013, 16.50) :


Cher Hervé,
Je vous écris du Cordon Bleu, où il est proposé cet après-midi une démonstration de cuisine Note à Note aux étudiants en Pâtisserie Supérieure, avec les Chefs Clergue et Déguignet. 
J'assiste moi-même avec plaisir à ce cours, afin d'introduire en compagnie des Chefs le Note à Note aux étudiants et répondre aux questions. 
Cette démonstration sera réitérée demain midi pour un autre groupe d'étudiants.
Amicalement
Vive la cuisine note à note ! 

mardi 12 février 2013

Stratégie de communication

Lewis Carroll l'avait bien compris : "Ce que je dis trois fois est vrai".

Aujourd'hui, dans notre monde de la toile et de la communication, ceux qui ont une parcelle de vérité à opposer à des malhonnêtes (je nomme ainsi ceux dont le discours n'est pas conforme aux actes) doivent éviter d'être naïfs : il ne s'agit pas de dire une fois les faits, mais, au contraire, de les répéter, afin que le public n'entende pas seulement les incantations malhonnêtes, mais reçoive un discours qui, pour être juste, n'en doit pas moins être répété.

Bref, soyons largement présent et actif !

dimanche 10 février 2013

Prestige

En ces temps où l'argent et la prétention tiennent lieu de valeur morale, il est urgent de rappeler l'étymologie du mot "prestige" :

Étymol. et Hist.1. a) 1372 «illusion attribuée à des sortilèges» (Denis Foulechat, Trad. du Policraticus de J. de Salisbury, éd. Ch. Brucker, I, 8, 44); b) 1688 «illusion produite par des moyens naturels» (La Bruyère, Caractères, De l'image d'un coquin, éd. G. Servois, t.1, p.46); 2. a) ca 1650 «impression faite sur l'âme, sur l'esprit, sur l'imagination par les productions de la littérature» (M. Arnauld ds Fur. 1701); b) ca 1750 «séduction, attrait qui frappe l'imagination et qui inspire la considération, l'admiration» (J.-J. Rousseau ds Lar. 19e). Empr. au lat. praestigium «artifice, illusion».