Et voici le texte que j'avais envoyé à Pierre Gagnaire pour l'inviter à mettre mon invention en cuisine :
Mi cuit !
Mon cher Pierre,
La cuisine a des mots qui invitent à l'invention. Par exemple, par ces temps de généralisation de mes œufs à basse température, sous la terminologie fautive (c'est ma faute!) d' « œuf parfait », il y a cette appellation que j'ai entendue : « mi cuit ».
En réalité, le « mi » fait penser à la moitié, mais la commande précise des températures permet d'obtenir des œufs « quart cuits », ou « tiers cuits », et ainsi de suite. De sorte que le mi-cuit n'est qu'une façon imprécise de parler. Or tu sais combien l'imprécision me gêne : autant j'aime la poésie, qui ne cherche pas la précision, et veut le sentiment, autant, quand il s'agit de faits, je réclame de la justesse.
Mi cuit, donc : de quoi s'agit-il ? Tu sais combien je m'amuse de ces propositions enfantines qui veulent nous cantonner dans les alternatives inévitables : « Papa, tu préfères les bananes ou les poires ? » (et je réponds : « les cassis »). Surtout, je cherche à ne jamais me laisser enfermer dans ces choix qui n'ont pas lieu d'être, ou, du moins, que je ne veux pas faire.
Mi cuit ? Puisque ce n'est pas cuit à moitié, pourquoi cela ne pourrait-il pas le devenir ?
C'est l'idée que je te propose. Prends un œuf, et mets-le dans une casserole, coincé par des fourchettes, de sorte qu'il ne puisse pas rouler. Puis met de l'eau dans la casserole, jusqu'à atteindre la mi hauteur. Et chauffe le tout pendant une bonne dizaine de minutes.
Laisse refroidir, puis, en conservant l'oeuf dans sa position, écalle-le : tu obtiens un œuf véritablement mi cuit, à savoir que la partie inférieure est celle d'un œuf dur, tandis que la partie supérieure est encore quasi crue, parfois cuite à basse température. Un bel objet.
T'inspirera-t-il ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Un commentaire? N'hésitez pas!
Et si vous souhaitez une réponse, n'oubliez pas d'indiquer votre adresse de courriel !