mardi 19 décembre 2023

Que faire d'un esprit universel ?



 Je retrouve un étudiant venu en stage il y a de nombre de nombreuses années et qui est encore étudiant. À l'analyse, il apparaît qu'il a étudié, enchaîné les formations.... Et, me consultant sur la suite (il envisage de prolonger ses études, évidemment), il me dit qu'il ne sait toujours pas ce qu'il veut faire et que surtout, ce qu'il aime, c'est apprendre.

Pourquoi pas mais à quoi bon ?

Ailleurs, j'ai bien dit - et je continue à le penser - que la connaissance est un rempart contre l'ignorance, les préjugés, les superstitions, les Tyrannie, en un mot. De sorte que je ne peux donc pas penser qu'apprendre soit inutile... mais quand les philosophes des Lumières parlaient de connaissance contre les tyrannies, ils mettaient la connaissance en projet politique, en arme efficace, en action.

À quoi bon la connaissance pour la connaissance ? Nous ne sommes pas des bibliothèques et, d'ailleurs, les bibliothèques ne sont pas faites pour être de simples dépôts inactifs : elle ont pour finalité d'être consultées !

Un esprit universel ? A la Renaissance, on voulait surtout promouvoir les sciences, les arts, les lettres, et le grand mouvement de connaissance, qui avait pour nom "humanisme", visait à sortir les peuples d'une médiévalité obscure, de retrouver des racines philosophiques.
À quoi bon connaître, connaître, et seulement connaître ? Il y a sans doute un plaisir à apprendre, pour certains, à découvrir des choses nouvelles mais pour ce qui me concerne, j'en voie mal l'intérêt, sauf si ces connaissances nouvelles me permettent d'être mieux humain.

Ailleurs, j'ai distingué l'opératif et le spéculatif, tout en sachant très bien que certains groupes prônaient le spéculatif... mais ces groupes ont cette vision par opposition à un opératif où leurs membres sont déjà très engagés, et ce spéculatif est une formation de l'esprit, en vue d'un retour à une vie citoyenne dans laquelle lesdits membres sont parfaitement actifs. Il y a donc pas de contradiction mais seulement un temps réservé pour que l'opératif devienne encore plus efficace en quelque sorte.

Cette discussion me fait également penser à ce très bon livre intitulé la Sagesse  du bibliothécaire, qui dit en substance que le lecteur qui entre dans une bibliothèque et qui a envie de tout lire est fou tandis que sage est le bibliothécaire qui sait qu'il y a là une impossibilité matérielle : il suffit d'un calcul d'ordre de grandeur qui prendra en compte le nombre de livres, le nombre de pages de chaque livre, et le temps disponible dans une vie toute entière pour se livrer à la lecture, pour comprendre qu'il y a impossibilité, folie.

En réalité, tout lire, tout découvrir, tout savoir, tout apprendre sont des fantasmes, enfantins, d'individus phobique. Nous avons besoin de citoyens engagés ; nous avons besoin de faire advenir les Lumières ; nous avons besoin de construire un monde meilleur... et si nous avons effectivement besoin d'individus ayant assez de connaissances pour prendre des décisions difficiles, il n'en reste pas moins que nous avons besoin de ces actions efficaces.

Un esprit qui sait beaucoup sera utile à des collectivités. Un esprit qui aura à sa disposition les prémisses suffisantes pour faire des raisonnements justes pourra éclairer les autres, mais il faudra bien qu'il ait cette volonté de les éclairer, de revenir vers ce monde où il s'est trop longtemps retiré de façon un peu inactive.

Quel est le bon dosage ? Cela doit être discuté, dans un soliloque intérieur qui permettra de sortir d'un isolement mortifère. Voilà ce que j'ai répondu à mon jeune ami. Vous en pensez quoi ?

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