Viennent me voir des professionnels du sel que je ne dois ni surestimer ni sous-estimer.
Je ne dois pas les
sous-estimer parce que je suis bien certain que ces artisans ont une
belle connaissance de leur métier, qu'ils savent voir le temps qu'il
fait et l'influence sur la formation des cristaux dans les marais
salants, qu'ils savent jauger l'influence des marées,
et cetera.
En revanche, je sais -parce qu'ils me l'ont dit d'avance-
qu'ils n'ont pas de connaissance du monde microscopique qui préside à
l'organisation de leur cristaux et c'est cela qu'il sera nécessaire de
présenter.
J'ai bien sûr le sentiment que c'est tout simple, puisque
je le fais depuis ma plus petite enfance. Mais, au fond, leur dossier de chimie
est vide et c'est plus généralement cela qu'il faudra combler.
Par
exemple faire la différence entre la cristallisation du sucre et la
cristallisation du sel, essayer de comprendre pourquoi on peut dissoudre
plus de sucre que de sel dans l'eau, et ainsi de suite.
Bien sûr, sa question de la saturation est importante, mais après tout il y a aussi celle de la sursaturation, et la question de la germination, qui nécessite donc des germes...
Bref il y a beaucoup à dire, et un peu lentement, pour arriver à leur faire bien comprendre les bases de leur métier.
Pour autant, je sais qu'il faudra un peu de spectacle sans quoi un exposé lent, didactique, même bien fait, ennuiera. Il faudra recourir à des expériences parce que c'est là la clé de la bonne compréhension, l'expérience focalisant l'attention de tous, mobilisant les sens...
Bref, ce n'est pas parce qu'il y a lieu d'expliquer quelque chose de simple qu'il y ait lieu de faire ennuyeux et il s'agit de retrouver tout l'enthousiasme que j'avais quand j'étais enfant à propos de ces phénomènes que je connais maintenant si bie.