Un ami historien qui me disait récemment que, pour l'écriture des livres, la forme permettait de guider le fond. Et pourquoi pas dans certains cas ?
En tout cas, c'est bien le fond qui m'intéresse. L'intrinsèque avant l'extrinsèque, la personne avant ses habits, avant son déguisement.
J'évoque ces questions parce que les étudiants qui me font l'honneur et la confiance de participer à des cours que je fais ont pour objectif de préparer une mini synthèse à propos d'une "précision culinaire" de leur choix. Se pose la question de la longueur du document.
Les synthèses sont des textes très longs à préparer, produits souvent par les scientifiques quand ils commencent un travail : on fait une recherche bibliographique, on recueille les informations et on produit finalement un document qui synthétise le tout, mais avec une visée scientifique sans doute supplémentaires que j'expose dans le cours que j'ai publié l'an dernier dans les Notes académiques.
Mais ces synthèses prennent un temps considérable, de sorte que ce sont souvent les premiers articles que publient les doctorants, après une année de belles recherches bibliographiques qui les met au niveau à partir duquel ils pourront eux-mêmes produire de la nouveauté scientifique.
Bref les synthèses bibliographiques sont des articles longs, difficiles à faire, passionnants certes mais qui nécessitent beaucoup de temps et d'énergie.
Est apparu depuis quelques décennies une nouvelle forme d'articles de synthèses, à savoir les mini-synthèses, plus focalisées sur une question plus délimitée, ce qui correspond à des textes plus court, avec moins de références.
Quelle "doit" être leur longueur ?
Une recherche bibliographique sur cette question montre que, le selon les revues, on varie entre 2000 et 8000 mots, avec, d'ailleurs, un recouvrement entre les mini synthèses et les synthèses.
Mais je crois que cette donnée quantitative est sans intérêt, car ce qui compte, c'est surtout le contenu, et j'aurais tendance à répondre à mes amis qui m'interrogent sur la longueur qu'ils doivent donner à leur production que c'est la question posée qui impose la longueur de la réponse
Pas seulement, d'ailleurs, car il y a aussi ce que l'on y met soi-même et pas seulement ce que l'on trouve dans les bases de données. Si quelqu'un qui est lancé initialement dans une mini synthèse trouve le sujet passionnant et recueille des informations pertinentes qui permettent de faire quelque chose de très long, pourquoi pas ?
Car, finalement, ce qui compte, dans toute cette affaire, c'est l'intelligence qu'on y met, l'intérêt que l'on y trouve et que l'on peut partager. Imaginons que, passionné par le sujet, on arrive à la production d'un livre : pourquoi pas ?
La question est toujours celle de l'intelligence et aucune mesure quantitative, cela relève de l'intendance qui doit toujours suivre, et qui ne doit pas être mise en a priori.
D'où la question, comment faire quelque chose d'intelligent ?