Mon boulanger pâtissier, cédant à une mode idiote, fait maintenant ses mille-feuilles en mettant les couches verticalement.
Cela fait "original", à la mode, mais c'est imbécile, parce que l'on se fend le palais !
Je le savais, mais j'ai voulu m'en assurer : et je confirme !
(en plus, cet homme fait une chiboust fade, sans intérêt ; bref, il est médiocre, du point de vue du goût)
Moralité : réfléchissons, quand on cuisine !
PS. La question m'est posée : pourquoi se fend-on le palais ? La réponse figurera dans un billet à suivre, sur le "génie des feuilles"
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
mercredi 17 juillet 2013
Vive la technologie : le sel glace
Dans un précédent
billet, j'ai essayé de montrer comment les objectifs et les chemins,
les méthodes, de la science et la technologie étaient différents.
Je donne ici un autre
exemple en même temps qu'un ingrédient culinaire : le sel glace.
L'histoire -vraie- est la
suivante. Un jour, Pierre Gagnaire se plaignait à moi que le sel de
Maldon déposé sur les viandes captait l'eau de celles-ci, formant
une flaque, entre le moment ou le sel était déposé au passe, et
le moment où l'assiette arrivait sur la table.
Le sel de Maldon ? C'est
un sel assez remarquable, coûteux, qui se présente sous la forme de
petites plaquettes, avec un croustillant étonnant. Ce sel étant
utilisé pour ses particularités de consistances,il était
évidemment indispensable que le croquant initial soit préservé.
Comment en aider mon ami ?
Analysons : le sel, c'est du sel, c'est-à-dire un matériau qui se
dissout très bien dans l'eau, et qui peut même, par un phénomène
nommé « osmose » (il faudra que j'explique, une autre
fois), tirer l'eau des viandes. Pour éviter que ce sel tire l'eau et
s'y dissolve, il semble donc nécessaire de ne pas mettre le sel au
contact des viandes. Mais alors, comment déposer le sel ? Une
barrière s'imposait. Une barrière aussi mince que possible. De
quelle nature ? Les chimistes distinguent bien les matériaux
« hydrophiles », tels le sel, et les matériaux
hydrophobes... dont le prototype est l'huile.
L'huile ! Et si l'on
trempait le sel dans l'huile, avant de le déposer sur la viande ?
De la sorte, il se recouvrirait une couche d'huile qui préviendrait
la dissolution.
Le test prit quelques
instants seulement, et il fut évidemment positif. De sorte que,
aujourd'hui, Pierre Gagnaire a, dans ses restaurants du monde entier,
de petites coupes pleines de sel et d'huile.
Pour moi, ce travail n'est
rien, car j'ai mis en œuvre des idées d'un élève de Collège, et,
surtout, il n'a pas conduit à une découverte, le seul véritable
objectif des travaux scientifiques. Autrement dit, on n'aura pas le
prix Nobel avec une proposition du type de celle que j'avais faite.
Cela, c'était le versant
sciences quantitatives ; en revanche, du point de vue technique,
la proposition a été jugé extraordinaire, puisqu'elle résolvait
un problème véritablement ennuyeux.
Pierre Gagnaire a souvent
dit à la presse que cette proposition est ma plus belle découverte.
Je n'en suis pas sûr, mais ce que je veux conclure, c'est que la
science quantitative et la technologie ou la technique sont des
activités bien séparées, différentes.
Je ne mets pas l'une
d'elles plus haut que l'autre, car on ne peut guère comparer des
pommes avec des poires : il y a de bonnes pommes, et de
mauvaises, et il y a de bonne poires, et de mauvaises. Les critères
pour classer les pommes ne sont pas ceux pour classer des poires.
Or pour évaluer des
activités, scientifiques ou technologiques, ou encore techniques, ne
faut-il pas aussi faire usage de critères ?
Il faut des critères
particuliers pour la techniques, et d'autres pour les sciences
quantitatives.
Vive la technologie !
mardi 16 juillet 2013
Je m'associe
Bonjour
L’ Association Française des Biotechnologies végétales ( AFBV) regrette la décision de l’INRA de renoncer a son expérimentation sur les peupliers transgeniques, l’INRA ayant été contrainte de prendre cette décision par l’absence de réponse du Gouvernement. Vous trouverez ci-dessous la position de l’AFBV sur cet arrêt préjudiciable pour les progres de la recherche sur les biotechnologies végétales et pour notre agriculture.
Bien cordialement
Gil Kressmann
Chargé de la communication de l’AFBV
06 83 46 55 33
L’ Association Française des Biotechnologies végétales (AFBV ) regrette que le gouvernement n’ ait pas autorisé l’INRA à poursuivre son expérimentation sur les peupliers génétiquement modifiés. Cette expérimentation avait en effet pour but d’améliorer des processus de valorisation de la lignocellulose pour en faire du biocarburant de deuxième génération ou pour d’autres applications possibles.
L’arrêt de cette expérimentation confirme une nouvelle fois le déclin de notre pays dans la recherche sur la transgénèse dont on découvre pourtant tous les jours des potentialités nouvelles pour améliorer la génétique des plantes.
Dans ces conditions la recherche publique française pourra t’elle même préserver sa capacité d’expertise qui était pourtant reconnue sur le plan international ?
L’AFBV craint que ce nouveau renoncement en annonce bien d’autres dans le domaine des biotechnologies végétales alors que celles-ci sont considérées par une majorité d’experts comme une des plus importantes révolutions technologiques du XXIème siècle.
Qui sommes-nous ?
L'AFBV est une ONG créée en juin 2009, strictement indépendante, réunissant des personnes de divers horizons dont le but est d'informer sur la réalité des biotechnologies végétales en s'appuyant sur des travaux reconnus par la communauté scientifique et sur l'expertise de ses membres. Elle est présidée par Marc Fellous, Professeur de génétique humaine, ancien Président de la Commission du Génie Biomoléculaire et s'appuie sur un Comité scientifique présidé par Georges Pelletier, Directeur de Recherche émérite INRA, membre de l'Académie des Sciences et membre de l’Académie d’Agriculture.
Elle est parrainée par des personnalités comme Axel Kahn (généticien, Président Université Paris Descartes), Jean-Marie Lehn (prix Nobel de chimie), Maurice Tubiana (Académie des Sciences et Président honoraire de l’Académie de Médecine), François Gros (Secrétaire perpétuel honoraire Académie des Sciences, ancien Directeur Institut Pasteur), Claude Allègre (ancien Directeur Institut physique du globe, ancien Ministre Education et Recherche, Académie des Sciences), Dominique Lecourt (professeur philosophie des Sciences Université D.Diderot), Pierre Joliot ( biologiste, professeur honoraire Collège de France, Académie des Sciences et National Academy of Sciences américaine), Etienne-Emile Baulieu (professeur honoraire au Collège de France, ancien Président de l’Académie des Sciences)
Elle est soutenue par des personnalités européennes comme Marc Van Montagu, créateur de la première plante transgénique en Europe et Ingo Potrykus,professeur émérite en sciences végétales au Swiss Federal Institute of Technology, Président de «Humanitarian Golden Rice Board»
Parmi ses adhérents, l'AFBV compte 44 chercheurs de la Recherche publique dont 21 Directeurs de Recherche (INRA, CNRS, CIRAD, IRD, INSERM), 20 Académiciens (Sciences, Médecine, Agriculture, Technologies, Pharmacie,Vétérinaire), d'anciens Directeurs d'Instituts (Institut Pasteur, INRA, CIRAD), des professeurs, des chercheurs et cadres de la Recherche privée et du secteur public, de nombreux agronomes, de nombreux agriculteurs souvent responsables d’organisations professionnelles agricoles mais aussi des personnes issues de la société civile.
Site Internet : www.biotechnologies-vegetales.com
L’ Association Française des Biotechnologies végétales ( AFBV) regrette la décision de l’INRA de renoncer a son expérimentation sur les peupliers transgeniques, l’INRA ayant été contrainte de prendre cette décision par l’absence de réponse du Gouvernement. Vous trouverez ci-dessous la position de l’AFBV sur cet arrêt préjudiciable pour les progres de la recherche sur les biotechnologies végétales et pour notre agriculture.
Bien cordialement
Gil Kressmann
Chargé de la communication de l’AFBV
06 83 46 55 33
Paris le 15 Juillet
COMMUNIQUE DE PRESSE
COMMUNIQUE DE PRESSE
L’ AFBV REGRETTE QUE LE GOUVERNEMENT N’AIT PAS DONNE A L’ INRA
SON AUTORISATION DE POURSUIVRE SON EXPERIMENTATION SUR LES PEUPLIERS
SON AUTORISATION DE POURSUIVRE SON EXPERIMENTATION SUR LES PEUPLIERS
L’ Association Française des Biotechnologies végétales (AFBV ) regrette que le gouvernement n’ ait pas autorisé l’INRA à poursuivre son expérimentation sur les peupliers génétiquement modifiés. Cette expérimentation avait en effet pour but d’améliorer des processus de valorisation de la lignocellulose pour en faire du biocarburant de deuxième génération ou pour d’autres applications possibles.
L’arrêt de cette expérimentation confirme une nouvelle fois le déclin de notre pays dans la recherche sur la transgénèse dont on découvre pourtant tous les jours des potentialités nouvelles pour améliorer la génétique des plantes.
Dans ces conditions la recherche publique française pourra t’elle même préserver sa capacité d’expertise qui était pourtant reconnue sur le plan international ?
L’AFBV craint que ce nouveau renoncement en annonce bien d’autres dans le domaine des biotechnologies végétales alors que celles-ci sont considérées par une majorité d’experts comme une des plus importantes révolutions technologiques du XXIème siècle.
Qui sommes-nous ?
L'AFBV est une ONG créée en juin 2009, strictement indépendante, réunissant des personnes de divers horizons dont le but est d'informer sur la réalité des biotechnologies végétales en s'appuyant sur des travaux reconnus par la communauté scientifique et sur l'expertise de ses membres. Elle est présidée par Marc Fellous, Professeur de génétique humaine, ancien Président de la Commission du Génie Biomoléculaire et s'appuie sur un Comité scientifique présidé par Georges Pelletier, Directeur de Recherche émérite INRA, membre de l'Académie des Sciences et membre de l’Académie d’Agriculture.
Elle est parrainée par des personnalités comme Axel Kahn (généticien, Président Université Paris Descartes), Jean-Marie Lehn (prix Nobel de chimie), Maurice Tubiana (Académie des Sciences et Président honoraire de l’Académie de Médecine), François Gros (Secrétaire perpétuel honoraire Académie des Sciences, ancien Directeur Institut Pasteur), Claude Allègre (ancien Directeur Institut physique du globe, ancien Ministre Education et Recherche, Académie des Sciences), Dominique Lecourt (professeur philosophie des Sciences Université D.Diderot), Pierre Joliot ( biologiste, professeur honoraire Collège de France, Académie des Sciences et National Academy of Sciences américaine), Etienne-Emile Baulieu (professeur honoraire au Collège de France, ancien Président de l’Académie des Sciences)
Elle est soutenue par des personnalités européennes comme Marc Van Montagu, créateur de la première plante transgénique en Europe et Ingo Potrykus,professeur émérite en sciences végétales au Swiss Federal Institute of Technology, Président de «Humanitarian Golden Rice Board»
Parmi ses adhérents, l'AFBV compte 44 chercheurs de la Recherche publique dont 21 Directeurs de Recherche (INRA, CNRS, CIRAD, IRD, INSERM), 20 Académiciens (Sciences, Médecine, Agriculture, Technologies, Pharmacie,Vétérinaire), d'anciens Directeurs d'Instituts (Institut Pasteur, INRA, CIRAD), des professeurs, des chercheurs et cadres de la Recherche privée et du secteur public, de nombreux agronomes, de nombreux agriculteurs souvent responsables d’organisations professionnelles agricoles mais aussi des personnes issues de la société civile.
Site Internet : www.biotechnologies-vegetales.com
Vive les sciences quantitatives, puisqu'elles cherchent sans cesse à « valider
--> Lors d'un précédent billet, j'ai vanté l'intelligence remarquable de la méthode mise en oeuvre par les sciences quantitatives. Ici, je voudrais faire part d'une caractéristique merveilleuse et hélas trop méconnue des sciences quantitative : la validation.
C'est quelque chose qui
n'est guère enseigné au collège, au lycée, ou même à
l'université. Au mieux, on nous dit qu'il faut « vérifier »
les calculs, en les refaisant, en faisant une estimation du résultat,
un ordre de grandeur, afin de voir que le résultat obtenu n'est pas
exorbitant. C'est bien insuffisant, toutefois.
Or la validation est
quelque chose de vraiment essentiel, et il faut répéter qu'il n'y a
pas de travail scientifique sans beaucoup de validation.
De quoi s'agit-il ? Il
s'agit de considérer, d'une certaine façon, que le diable est caché
derrière tout résultat expérimental, derrière tout calcul. De ce
fait, nous devons considérer a priori que nos résultats
scientifiques, sont faux.
Oui, nos propres
résultats, ces résultats que nous avons obtenus à la sueur de
notre front, sont biaisés, gauchis, erronés, fautifs... Malgré
tous le soin avec lequel nous avons préparé nos expériences,
malgré tout le temps que nous avons consacré à nos études, nous
devons craindre d'avoir laissé passer des erreurs, tels des poissons
dans un filet percé. De même pour les calculs : même s'ils
nous ont fait transpiré, même si nous avons séché pendant des
jours, nous devons craindre qu'ils soient faux.
En conséquence de quoi
nous devons trouver des moyens de tester les résultats
expérimentaux, les calculs.
Au minimum, au tout petit
minimum, une expérience doit être refaite plusieurs fois de suite.
Pour les calculs, c'est une autre affaire, bien plus intéressante,
et je propose de discuter cela une autre fois.
Revenons donc aux
expériences et à leurs résultat. Il s'agit donc de refaire les
expériences, mais pas de les refaire « automatiquement »,
telles des machines, pas les refaire à l'identique, sans quoi,
évidemment, les mêmes erreurs se produiront à nouveau. Il s'agit
de les refaire en exerçant un esprit critique, en remettant en
question tous les gestes qui ont été faits pour pour la production
du résultat. Non seulement nous devons pouvoir justifier toutes les
caractéristiques des expériences, mais nous devons douter de la
façon dont elles sont conduites, dont nous les avons nous-mêmes
conduites, et des résultats qui sont donnés
Un
exemple : la simple mesure d'une température. Ordinairement,
dans la vie quotidienne, on prend un thermomètre et on lit
l'indication qu'il donne. En science, le strict minimum consiste à
douter de la fiabilité de cet instrument de mesure, à le plonger
par exemple dans un récipient contenant de l'eau et de la glace (ce
que l'on nomme de la glace fondante), afin de vérifier que
l'indication est bien 0 °C, puis à plonger le même thermomètre
dans l'eau bouillante, afin de vérifier que l'on obtient bien cette
fois une indication de 100 °C.
Deux mesures, c'est une
indication, pas plus... alors que l'on s'intéresse à des valeurs
qui ne sont ni 0 ni 100, mais à toutes les valeurs dans cette gamme.
Avoir foi que que l'instrument donnera les bonnes mesures entre 0 et
100 alors qu'il donne seulement des mesures correctes pour 0 et pour
100 ? C'est la porte ouverte au diable.
Bref lors d'une
expérience, il y a lieu de douter de tout, toujours, tout le temps,
à tout moment, et l'on comprend que la répétition n'est qu'une
indication de plus, guère mieux. Le bon scientifique a des raisons
de mal dormir, car il ne doit compter que sur lui-même, se
surveiller, s'évaluer, se corriger, craindre le diable... Chaque
résultat doit être reproduit, discuté prudemment, obtenu par
d'autres moyens... validé en un mot.
Est-ce une prudence
excessive ? La question des « extractions » trouve que
non. Par exemple, récemment, dans notre groupe, nous avons mis au
point une nouvelle méthode d'analyse des sucres dans les tissus
végétaux, et, après un long travail, nous avons montré que la
meilleure méthode d'extraction de ces sucres, afin de les doser,
était fautive de près de 50 % !
D'autre part, toujours
dans notre laboratoire, des collègues qui s'intéressent aux
éléments métalliques dans les végétaux ont montré que même
avec l'utilisation d'eau régale bouillante (un mélange d'acide
nitrique et d'acide sulfurique concentrés) ne ne permettait pas de
séparer la totalité des métaux présents, en vue de leur analyse.
Les erreurs, dans ce cas atteignent environ 10 %.
Dix pour cent, alors que
nos méthode d'analyse sont juste à la partie par millième de
milliardième ! On voit bien qu'il il y a là de quoi travailler
beaucoup, et surtout, de quoi douter beaucoup, toujours, de nos
résultats.
Il y a lieu de valider, et
ce mot de validation doit absolument être prononcé très
répétitivement devant les élèves, les étudiants, qu'ils soient
en formation initiale ou en plein exercice de la science.
lundi 15 juillet 2013
La question de l'enseignement des sciences quantitatives
La
question de l'enseignement des sciences quantitatives (pour les autres formes de savoir éventuellement nommées sciences, je suis incompétent) me taraude, parce que,
élève, j'étais incapable d'écouter un professeur, en raison d'un
tour d'esprit personnel un peu bizarre, sans doute pas entièrement
recommandable. Du coup, ne pouvant écouter des professeurs,
j'utilisais des livres (dans ma case, pendant le cours, et rarement
des livres de la matière qui était exposée dans la salle).
Pourquoi
faire ainsi ? Parce que je ne supportais pas de ne pas
comprendre. Or je suis lent. Un livre (ou un site internet,
aujourd'hui), c'est la possibilité d'aller à son rythme, et,
notamment, de se donner le temps de s'apercevoir qu'on n'a pas
compris un point, de s'arrêter pour bien comprendre.
Est-ce
un bon conseil à donner aux étudiants que de leur recommander de ne
jamais supporter de ne pas comprendre ? Oui, mille fois oui,
s'ils sont conduits à travailler davantage, à aller chercher des
compléments d'information, ou des explications meilleures que celles
dont ils disposaient initialement.
Surtout,
cela enseigne à apprendre, ce qui est bien mieux que se contenter
d'apprendre.
Evidemment,
il y a des difficultés, car savons-nous vraiment ce qu'est la
température ? L'énergie ? Le désordre ? Toutes ces
notions sont très imparfaitement comprises, même des
« professionnels », et l'on n'irait pas loin si l'on
s'arrêtait à chaque mot. Toutefois, il reste vrai qu'il y a des
phrases vraiment incompréhensibles qu'il n'est pas possible de
supporter. Ou, du moins, qu'il n'est pas possible de supporter sans
poser la question : je ne comprends pas, pouvez-vous m'expliquer ?
Manifestement,
une rénovation des systèmes d'enseignement s'impose !
dimanche 14 juillet 2013
Dimanche 14 juillet 2013 . Il faut que j'apprenne à expliquer ce qu'est un composé
« Une carotte est un
assemblage de molécules : surtout de l'eau, puis de la
cellulose, des pectines, des sucres, des acides aminés... »
Cette phrase est à la
fois juste... et incompréhensible pour tous mes amis qui ne
connaissent pas la chimie. Elle n'est donc pas une explication
correcte, et c'est pourquoi, aujourd'hui, j'ai décidé de donner
des explications claires, parce que je sais que l'enjeu est de taille
: il en va du développement de la cuisine, car, avec la cuisine note
à note qui commence à apparaître, le succès dépendra de la bonne
compréhension de l'idée de composé. Il en va aussi du débat
démocratique sur les pesticides, le bio, les OMG, le risque
chimique... : comment juger si l'on ne comprend pas ce dont on
parle ?
Pour commencer, commençons
par le sens du mot « molécule », et, pour le comprendre,
commençons par une comparaison. Les molécules sont comme de très
petites briques. Très, très petites, invisibles à l'oeil nu, ou
même à la loupe, ou même au microscope optique classique. Elles
sont environ mille fois plus petites que les plus petites structures
que l'on peut apercevoir avec un bon microscope. Et de la même
façon qu'il peut y avoir des briques les différentes formes, il est
facile de comprendre qu'il peut exister des briques de différentes
formes.
Ces briques constituent la
matière : dans un morceau de matière, solide ou liquide, ou
gazeux, il n'y a que des molécules, avec rien (du « vide »)
entre. De l'eau, par exemple ? Elle est entièrement faite de
« briques » toutes identiques, les « molécules
d'eau » : dans un verre d'eau, il y a plein de molécules
d'eau, toutes identiques.
Une carotte, maintenant ?
Elle est composée majoritairement d'eau : cette eau ne coule
pas, ce qui signifie qu'elle est tenue, mais par quoi ? La
encore, une comparaison s'impose : pensons à un aquarium empli
d'eau ; cette fois, l'eau ne coule pas parce qu'elle est retenue par
les parois de l'aquarium. De même dans une carotte il y a des
espèces de parois, mais, dans ce cas particulier, il vaut mieux
imaginer les parois qui forment les alvéoles dans un rayon
d'abeilles. Le miel liquide est tenu dans les alvéoles, et les
parois sont en cire. Pour une carotte, les alvéoles sont
considérablement plus petites que les alvéoles des rayons
d'abeille, et elles ne sont pas en cire, mais faites majoritairement
de celluloses (encore des molécules, analogues à des piliers, cette
fois) et de pectines (des câbles qui solidariseraient les piliers).
Mais enfin, voici l'image
que je propose : à l'aide de piliers -molécules de cellulose et de
câbles-molécules de pectines, construisons un volume alvéolé ;
dans les alvéoles, ajoutons des briques-molécules d'eau. Nous avons
là presque la structure d'une carotte ! Que manque-t-il ? Bien des
détails, mais je propose que nous nous cessions de considérer
l'architecture, la structure physique, pour nous concentrer sur la
« composition chimique », les types de briques présents.
Parmi les briques-molécules d'eau, il faut imaginer qu'il y a des
briques-sucres, et des briques-acides aminés. Les sucres ? Il y
en a trois sortes : les briques glucose, les briques fructose,
et les briques saccharose. Les acides aminés ? Pensons à une
vingtaine de sortes de briques que nous nommons glycine, alanine,
tyrosine, tryptophane... Prenons de ces briques, et ajoutons-les
dans les alvéoles, parmi les briques molécules d'eau. Cette fois,
l'assemblage que nous avons construit est solide, mais il est composé
essentiellement de liquide ; l'eau dissout les
sucres et les acides aminés.
Évidemment, il manque
encore beaucoup de choses pour faire une racine de carottes : des
protéines, des pigments... Et des composés qui font marcher tout
l'ensemble, une sorte de plan qui est exécuté automatiquement :
les molécules d'acide désoxyribonucléique, ou ADN.
Arrêtons-nous là, toutefois, pour passer à la notion de « composé ». Jusqu'ici, nous avons parlé de molécules. Par exemple, les molécules d'eau. Ce que nous n'avons pas encore vu, c'est que l'eau est un composé. Non pas qu'elle soit « composée » de molécules d'eau, mais parce que ce que l'on nomme eau est une sorte de molécules. Il y a là la différence entre un objet d'une sorte, et la catégorie d'objet. Un chêne particulier est un chêne, mais les chênes forment une catégorie.
Arrêtons-nous là, toutefois, pour passer à la notion de « composé ». Jusqu'ici, nous avons parlé de molécules. Par exemple, les molécules d'eau. Ce que nous n'avons pas encore vu, c'est que l'eau est un composé. Non pas qu'elle soit « composée » de molécules d'eau, mais parce que ce que l'on nomme eau est une sorte de molécules. Il y a là la différence entre un objet d'une sorte, et la catégorie d'objet. Un chêne particulier est un chêne, mais les chênes forment une catégorie.
samedi 13 juillet 2013
Samedi 13 juillet 2013. Les sciences de l'homme et de la société
« Sciences humaines
et sociales » ? C'est soit une périssologie (un pléonasme
mal maîtrisé, donc une erreur), soit une impossibilité !
Il s'agit ici de bien
comprendre que la faute du partitif est partout, et que cette faute
de langue conduit à des erreurs de pensée.
Qu'entend-on avec
« sciences humaines » ? Que, a contrario, il
existerait des sciences inhumaines ? Qu'entend-on avec
« sciences sociales » ? Que les autres sciences
seraient asociales ?
En réalité, les deux
expressions sont erronnées, car les sciences, faites par les êtres
humains sont toutes humaines, mais les sciences elles-mêmes ne sont
pas des êtres humains ; les sciences, d'autres part, ne sont
pas sociales, car elles ne le seraient que si elles étaient une
émanation du groupe, ce qui n'est pas ce que l'on signifie.
Derrière tout cela, il y
a l'erreur, hélas répandue, du « partitif », à savoir
que le « cortège présidentiel » n'est vraiment une
expression juste que si le cortège est le président ;
autrement, on doit parler du cortège du président, ce qui n'est pas
la même chose.
Même difficulté, souvent
incomprise, derrière l'expression « sciences appliquées » :
Louis Pasteur a combattu toute sa vie cette expression, parce qu'elle
est une impossibilité, dans la mesure où les sciences, précisément,
ne sont pas appliquées, sans quoi elles deviendraient de la
technologie, de la technique. Il y a une différence entre « sciences
appliquées » et « applications des sciences » :
la première expression est une erreur grave, alors que la seconde est
parfaitement juste. Pasteur prenait l'exemple de l'arbre et du fruit,
sans le pousser beaucoup, mais on pourrait ainsi parler d' « arbre
fruité » et de « fruit de l'arbre » : là, on
voit mieux l'erreur du partitif !
Pour en revenir aux
sciences « humaines et sociales », cela n'existe pas :
il y a des sciences de l'homme et de la société.
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