Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
mercredi 2 septembre 2020
De la méthode, de la méthode, de la méthode
science/études/cuisine/politique
1. Nous sortons d'une journée passionnante, merveilleuse: une journée de cours avec les étudiants d'un master qui me fait l'honneur de penser que je puisse rendre service, & je fais ici le bilan de cette journée, au-delà du détail de certaines questions du travail que nous avons entrepris en commun.
2. Parmi les points essentiels que nous avons abordés, je vois, par exemple, la discussion à propos d'un "journa"l, à savoir un cahier que l'on tient, comme un journal de bord d'un navire, où l'on consigne les mouvements de la journée. Aucun de mes jeunes amis n'en avaient, de sorte qu'ils vivaient un peu comme des feuilles mortes au gré du vent : à gauche, à droite... J'ai donc proposé de structurer, j'ai donné une méthode pour le faire.
3. Puis, à un moment, nous étions face à des listes interminables, et j'ai proposé de nous retrousser les manches & de structurer ; mieux, de structurer dans un tableau pour y voir plus clair, de répartir les informations, de les organiser et, par la structure même, de voir surgir du nouveau, de faire des rapprochements, de faire des commentaires, d'y mettre en quelque sorte de l'intelligence. Là encore il s'est agi de méthode, donc.
4. Puis il y a eu des questions de choix, à un moment, et d'évaluation à un autre moment: dans les deux cas, il nous faut des critères. Des critères de choix, des critères d'évaluation, mais en tous cas des critères analytiques sans quoi le choix est arbitraire et l'évaluation aussi d'ailleurs. La discussion est donc remontée à la méthode, avant de se lancer dans le choix et dans l'évaluation.
5. A propos d'un autre travail, il s'agissait de prendre des décisions. Là, nous avons dû être analytiques pour bien décortiquer la question posée, ce qui en soi est une méthode, mais il y avait lieu de faire plus : nous poser des questions sur la façon dont nous décomposition. Là encore, il s'agissait de se mettre un pas en arrière de soi-même afin de ne pas se lancer dans le travail sans l'avoir cadré, et rien que cela est une méthode, qui nécessite des sous méthodes
6. En réalité, si je regarde bien notre journée, à propos de tout, nous avons cherché une méthode. Toute la journée, nous avons cherché à interpréter, à comprendre, à organiser... À propos de tout, nous avons posé clairement la question de l'objectif, nous avons posé la question des raisons de l'objectif, avant de nous poser la question des valeurs qui sous-tendaient ces raisons. Cela, enfin, relève d'une saine méthodologie.
7. Oui, prendre du recul sur les questions que nous examinons, c'est d'abord faire oeuvre méthodologique.
mardi 1 septembre 2020
De quoi s'agit il ?
De quoi s'agit-il ?
(science/études/cuisine/politique)
1. Une amie de notre groupe de recherche quitte celui-ci pour repartir dans son université &, dans son bilan, elle signale que la chose la plus importante qu'elle retiendra de son séjour qu'il faut toujours chercher l'objectif avant de se lancer dans un travail.
2. Oui cela est important &; j'ai de nombreux exemples de personnalités du passé qui ont insisté pour ne pas se lancer à l'aveuglette. Le maréchal Foch, demandait toujours " de quoi s'agit-il ?". Cette expression a été reprise par le photographe Henri Cartier-Bresson qui, avant de prendre une photo, disait tant "de quoi s'agit-il ?" qu'il en a fait le titre d'un de ses livres.
3. Moi qui aime bien les métaphores spatiales, qui aime bien représenter les choses par des paysages (la Carte de Tendre... & je vous renvoie notamment sur mes carte des études) je dis souvent : "Où voulons nous aller ?", tant qu'il est vrai que si nous n'avons pas de destination prévue, alors un chemin où nous nous lancerions nous amènerait n'importe où.
4. Oui, il faut savoir où nous voulons aller avant de nous mettre en chemin à moins évidemment que l'objectif ne soit de flâner, de nous promener... mais alors, l'objectif est clair : il s'agit de se promener. La métaphore se double d'une autre métaphore.
5. D'ailleurs, se promener, pourquoi ? Derrière l'objectif, il doit y avoir des raisons de celui-ci, &, peut-être aussi, des valeurs qui sous-tendent ces raisons.
6. Bref, cela ne fait pas de mal de réfléchir un peu à ce que nous faisons, pourquoi nous voulons le faire, comment nous le faisons, etc. Plus généralement, on pourrait dire que cela ne fait pas de mal de réfléchir un peu, n'est-ce pas ?
(science/études/cuisine/politique)
1. Une amie de notre groupe de recherche quitte celui-ci pour repartir dans son université &, dans son bilan, elle signale que la chose la plus importante qu'elle retiendra de son séjour qu'il faut toujours chercher l'objectif avant de se lancer dans un travail.
2. Oui cela est important &; j'ai de nombreux exemples de personnalités du passé qui ont insisté pour ne pas se lancer à l'aveuglette. Le maréchal Foch, demandait toujours " de quoi s'agit-il ?". Cette expression a été reprise par le photographe Henri Cartier-Bresson qui, avant de prendre une photo, disait tant "de quoi s'agit-il ?" qu'il en a fait le titre d'un de ses livres.
3. Moi qui aime bien les métaphores spatiales, qui aime bien représenter les choses par des paysages (la Carte de Tendre... & je vous renvoie notamment sur mes carte des études) je dis souvent : "Où voulons nous aller ?", tant qu'il est vrai que si nous n'avons pas de destination prévue, alors un chemin où nous nous lancerions nous amènerait n'importe où.
4. Oui, il faut savoir où nous voulons aller avant de nous mettre en chemin à moins évidemment que l'objectif ne soit de flâner, de nous promener... mais alors, l'objectif est clair : il s'agit de se promener. La métaphore se double d'une autre métaphore.
5. D'ailleurs, se promener, pourquoi ? Derrière l'objectif, il doit y avoir des raisons de celui-ci, &, peut-être aussi, des valeurs qui sous-tendent ces raisons.
6. Bref, cela ne fait pas de mal de réfléchir un peu à ce que nous faisons, pourquoi nous voulons le faire, comment nous le faisons, etc. Plus généralement, on pourrait dire que cela ne fait pas de mal de réfléchir un peu, n'est-ce pas ?
vendredi 28 août 2020
De merveilleux collègues
Rubrique : science/politique/études/cuisine
Ici, j'utilise le mot "collègue" sans ironie. Et j'essaie de faire aussi bien qu'avec le billet précédent où j'identifiais les caractéristiques de merveilleux étudiants qui m'avaient fait l'honneur et la confiance de penser que je pouvais contribuer à leur formation : ce billet ayant été largement salué, je me suis dit qu'il y avait peut-être lieu de poursuivre la réflexion à propos de mes autres amis. Parmi ces derniers, il y a des collègues, Voici quelques caractéristiques remarquables.
A noter que, dans ce qui suit, j'utilise le masculin pour désigner aussi bien des hommes et des femmes, et je groupe aussi bien des scientifiques que des technologues, des techniciens, des administrateurs... Il y a des vivants et des morts, dont je déplore évidemment la disparition. Il n'y a pas que des Français, bien évidemment. Aucun nom n'est donné, et l'on aurait tort de chercher à qui s'applique la description que je donne, car j'ai volontairement brouillé les portraits, qui sont pourtant bien réels.
Un de mes collègues est entièrement focalisé sur sa recherche, ne s'arrête pas d'y penser, de chercher à la faire du mieux qu'il peut, à faire tout proprement, dans les détails, et c'est évidemment un exemple.
Quel bonheur !
Un de mes collègues décédé considérait l'activité de ses collègues avec beaucoup de gentillesse. Lui-même n'avait pas de prétention, bien qu'il ait été un expert quasiment unique dans sa discipline. Il n'avait pas le sentiment que cette dernière puisse bouleverser l'histoire des idées, et il n'aurait en tout cas jamais pensé qu'on puisse lui attribuer le prix Nobel pour ses travaux (qui ne le méritaient pas, d'ailleurs). Mais, surtout, il avait une capacité d'émerveillement très importante pour son entourage : il était "encourageant", et cela était merveilleux.
Un de mes extraordinaires collègues n'était pas humainement tel que je l'aurais voulu, mais il était concentré sur son champ, ce qui explique que l'humain y ait eu peu de place. Cela n'est pas une excuse, certes, mais plutôt que de regarder les imperfections, je préfère admirer cette focalisation toujours surprenante. Comme il avait des champs d'étude très spécifique (il en a eu plusieurs successivement), son immense culture scientifique lui permettait de faire des rapprochements que les autres ne faisaient pas, et progressivement, de se bâtir une compétence unique.
Quel extraordinaire personnage c'était !
Un autre de mes collègues décédé était peut-être une brute, mais une brute si joviale, si sympathique, si puissante qu'il y avait de quoi l'admirer beaucoup. D'ailleurs cet homme avait à son actif nombre de découverte remarquables, c'est à son propos que je me suis initialement demandé, il y a plusieurs années, si nous avions nécessairement les défauts de nos qualités et les qualités de nos défauts.
Merveilleux personnage !
Dans ce qui précède, on voit que la focalisation est une caractéristique importante des collègues que j'admire, mais la culture aussi est essentielle, et l'un de mes collègues est extraordinaire, de ce point de vue, d'autant qu'il ne se contente pas d'être une sorte d'encyclopédie, mais qu'il fait son miel de tout ce qu'il apprend. Oui, il ramène tout à un petit champ d'étude très idiosyncratique, mais avec une perspective si large que le champ en est transformé. Et je n'oublie pas que quelqu'un qui sait est quelqu'un qui a appris : j'admire la quantité colossale de travail, de temps dépensé pour se faire cette culture unique.
Extraordinaire ! Et si puissant scientifiquement !
J'ai un collègue d'une immense modestie : sans tambour ni trompette, il avance, tranquillement, obtient des résultats que les meilleurs n'ont pas, ce qui lui vaut l'admiration un peu étonnée de tous. Ses « compétences en communication » sont très faible, et je doute qu'il puisse « arriver », sauf si quelques bonnes fées savent reconnaître ses immenses capacités, et finissent par le promouvoir. Lui, en tout cas, ne cherche jamais à se mettre en avant.
Admirable, n'est-ce pas ?
J'ai un collègue une gentillesse incroyable, qui se soucie de tous, qui cherche à les aider, qui prend sans cesse sur son temps pour les aider à résoudre leurs problèmes, et je ne saurai jamais assez le remercier.
Merci !
J'ai un collègue, excellent scientifique, qui ne montre jamais sa supériorité, pourtant réelle, mais qui est toujours là pour faire des propositions intelligentes que nous pouvons apprendre à saisir pour grandir.
J'ai un collègue qui est un grand administrateur, à une position de pouvoir élevée mais qui ne cherche pas à exercer une autorité dont il pourrait faire usage. Au contraire, il se préoccupe que chacun puisse s'activer de façon utile à la communauté, comme un chef d'orchestre sans ego, qui aurait pour unique fierté -ou plutôt bonheur- que de contribuer à faire naître une musique remarquable.
J'ai un collègue qui dit oui
J'ai un collègue pour qui le monde n'existe pas , puisqu'il est entièrement consacré à sa recherche, mais qui est toujours prêt éclairer les autres, à leur expliquer ce qu'il sait, le mieux qu'il peut, en appropriant finement son discours à ce que ses interlocuteurs peuvent entendre.
J'ai un collègue d'une immense intelligence, dont les résultats sont à la hauteur de cette dernière, puisque l'on est ce qu'on fait, et qui brille tel un phare dans notre communauté. Sa seule existence suffit, parce que son faisceau éclaire le monde, nous permet de nous repérer.
On comprend évidemment que je n'ai aucune des qualités précédentes et cela me désole, bien évidemment. Mais au moins, j'ai quelques exemples qui me montrent des voies que je pourrais suivre, que je peux suivre, et que j'essaie de suivre, au moins pour certaines.
Ici, j'utilise le mot "collègue" sans ironie. Et j'essaie de faire aussi bien qu'avec le billet précédent où j'identifiais les caractéristiques de merveilleux étudiants qui m'avaient fait l'honneur et la confiance de penser que je pouvais contribuer à leur formation : ce billet ayant été largement salué, je me suis dit qu'il y avait peut-être lieu de poursuivre la réflexion à propos de mes autres amis. Parmi ces derniers, il y a des collègues, Voici quelques caractéristiques remarquables.
A noter que, dans ce qui suit, j'utilise le masculin pour désigner aussi bien des hommes et des femmes, et je groupe aussi bien des scientifiques que des technologues, des techniciens, des administrateurs... Il y a des vivants et des morts, dont je déplore évidemment la disparition. Il n'y a pas que des Français, bien évidemment. Aucun nom n'est donné, et l'on aurait tort de chercher à qui s'applique la description que je donne, car j'ai volontairement brouillé les portraits, qui sont pourtant bien réels.
Un de mes collègues est entièrement focalisé sur sa recherche, ne s'arrête pas d'y penser, de chercher à la faire du mieux qu'il peut, à faire tout proprement, dans les détails, et c'est évidemment un exemple.
Quel bonheur !
Un de mes collègues décédé considérait l'activité de ses collègues avec beaucoup de gentillesse. Lui-même n'avait pas de prétention, bien qu'il ait été un expert quasiment unique dans sa discipline. Il n'avait pas le sentiment que cette dernière puisse bouleverser l'histoire des idées, et il n'aurait en tout cas jamais pensé qu'on puisse lui attribuer le prix Nobel pour ses travaux (qui ne le méritaient pas, d'ailleurs). Mais, surtout, il avait une capacité d'émerveillement très importante pour son entourage : il était "encourageant", et cela était merveilleux.
Un de mes extraordinaires collègues n'était pas humainement tel que je l'aurais voulu, mais il était concentré sur son champ, ce qui explique que l'humain y ait eu peu de place. Cela n'est pas une excuse, certes, mais plutôt que de regarder les imperfections, je préfère admirer cette focalisation toujours surprenante. Comme il avait des champs d'étude très spécifique (il en a eu plusieurs successivement), son immense culture scientifique lui permettait de faire des rapprochements que les autres ne faisaient pas, et progressivement, de se bâtir une compétence unique.
Quel extraordinaire personnage c'était !
Un autre de mes collègues décédé était peut-être une brute, mais une brute si joviale, si sympathique, si puissante qu'il y avait de quoi l'admirer beaucoup. D'ailleurs cet homme avait à son actif nombre de découverte remarquables, c'est à son propos que je me suis initialement demandé, il y a plusieurs années, si nous avions nécessairement les défauts de nos qualités et les qualités de nos défauts.
Merveilleux personnage !
Dans ce qui précède, on voit que la focalisation est une caractéristique importante des collègues que j'admire, mais la culture aussi est essentielle, et l'un de mes collègues est extraordinaire, de ce point de vue, d'autant qu'il ne se contente pas d'être une sorte d'encyclopédie, mais qu'il fait son miel de tout ce qu'il apprend. Oui, il ramène tout à un petit champ d'étude très idiosyncratique, mais avec une perspective si large que le champ en est transformé. Et je n'oublie pas que quelqu'un qui sait est quelqu'un qui a appris : j'admire la quantité colossale de travail, de temps dépensé pour se faire cette culture unique.
Extraordinaire ! Et si puissant scientifiquement !
J'ai un collègue d'une immense modestie : sans tambour ni trompette, il avance, tranquillement, obtient des résultats que les meilleurs n'ont pas, ce qui lui vaut l'admiration un peu étonnée de tous. Ses « compétences en communication » sont très faible, et je doute qu'il puisse « arriver », sauf si quelques bonnes fées savent reconnaître ses immenses capacités, et finissent par le promouvoir. Lui, en tout cas, ne cherche jamais à se mettre en avant.
Admirable, n'est-ce pas ?
J'ai un collègue une gentillesse incroyable, qui se soucie de tous, qui cherche à les aider, qui prend sans cesse sur son temps pour les aider à résoudre leurs problèmes, et je ne saurai jamais assez le remercier.
Merci !
J'ai un collègue, excellent scientifique, qui ne montre jamais sa supériorité, pourtant réelle, mais qui est toujours là pour faire des propositions intelligentes que nous pouvons apprendre à saisir pour grandir.
J'ai un collègue qui est un grand administrateur, à une position de pouvoir élevée mais qui ne cherche pas à exercer une autorité dont il pourrait faire usage. Au contraire, il se préoccupe que chacun puisse s'activer de façon utile à la communauté, comme un chef d'orchestre sans ego, qui aurait pour unique fierté -ou plutôt bonheur- que de contribuer à faire naître une musique remarquable.
J'ai un collègue qui dit oui
J'ai un collègue pour qui le monde n'existe pas , puisqu'il est entièrement consacré à sa recherche, mais qui est toujours prêt éclairer les autres, à leur expliquer ce qu'il sait, le mieux qu'il peut, en appropriant finement son discours à ce que ses interlocuteurs peuvent entendre.
J'ai un collègue d'une immense intelligence, dont les résultats sont à la hauteur de cette dernière, puisque l'on est ce qu'on fait, et qui brille tel un phare dans notre communauté. Sa seule existence suffit, parce que son faisceau éclaire le monde, nous permet de nous repérer.
On comprend évidemment que je n'ai aucune des qualités précédentes et cela me désole, bien évidemment. Mais au moins, j'ai quelques exemples qui me montrent des voies que je pourrais suivre, que je peux suivre, et que j'essaie de suivre, au moins pour certaines.
mardi 25 août 2020
A propos de régression
Rubrique : science/politique/études/cuisine
Je vais prendre du temps plus tard, mais quand même : vite, vous donner la référence :
Graphs in Statistical Analysis
F. J. Anscombe
The American Statistician, Vol. 27, No. 1. (Feb., 1973), pp. 17-21.
A lire sans modération.
Je vais prendre du temps plus tard, mais quand même : vite, vous donner la référence :
Graphs in Statistical Analysis
F. J. Anscombe
The American Statistician, Vol. 27, No. 1. (Feb., 1973), pp. 17-21.
A lire sans modération.
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