samedi 9 septembre 2023

Analysons nos bonheurs collectif, sociaux.

 Cela fait plusieurs années que je m'étonne que, si l'on pose un disque rouge dans le ciel, mes congénères et moi-même nous exclamons : « Oh, c'est beau ! ». 

Manifestement, puisqu'un disque rouge n'est qu'un disque rouge (pourquoi n'en afficherais-je pas sur l'écran de mon ordinateur ?), nous devons interpréter  ce phénomène - social ou biologique- et nous demander pourquoi nous avons tous cette réaction. 

Je propose de ne pas oublier que  nous sommes codés par la longue évolution qui a forgé l'espèce humaine. Si « c'est beau », c'est sans doute qu'il y a là un indice important, en relation avec les proies, les prédateurs, le développement de l'organisme, la reproduction, la socialité... 

Il y a quelques décennies, la sociobiologie, qui voulait interpréter les faits sociaux en termes biologiques, a été largement attaquée par des individus qui récusaient que l'humain soit réduit à des instincts animaux. Oui, nous n'aimons pas être de simples animaux... mais n'avons-nous pas comme eux, bestialement donc, faim, soif, envie d'uriner, ne respirons-nous pas de façon automatique, et notre marche n'est-elle pas automatique, sans compter notre cœur qui bat parce qu'une synchronisation électrique se fait bien ? Pour notre fonctionnement physique, pas de miracle nécessaire, mais la question se pose surtout pour notre fonctionnement intellectuel, moral... 

La biologie de l'évolution s'oppose ainsi puissamment aux idées religieuses quand elles sont trop littérales, et il n'est pas étonnant que les religions combattent la théorie de l'évolution. 

 

Quittons donc ce terrain terrible, et réfugions-nous très vite dans l'examen du monde : quels autres phénomènes relèvent-ils du même type de mécanismes que notre jugement de la beauté d'un simple disque rouge ? 

Tout d'abord, nos congénères se regroupent dans des villes. Ce fait est étonnant, puisque tous déclarent aimer la nature. Il y a donc dans cette attirance des villes un puissant aimant, qui ne peut être que biologique ! La sociabilité est un comportement, sélectionné, qui conduit notre organisme à nous faire sentir que nous sommes bien en société. Aucun argument de mauvaise foi n'est nécessaire. En réalité, l'instinct grégaire est fondé sur hormones, neuromédiateurs, tout aussi biologiques que la faim, la soif... 

On l'a trop peu dit : nous sommes une espèce sociale, et cette socialité, qui a été sélectionnée par l'évolution,  qui a fait le succès évolutif de notre espèce, ne cesse de nous influencer par des mécanismes biologiques. Pas d''étincelle venue du ciel, là encore. 

Le goût pour  la nature ? Il est fréquent chez nos congénères (les Japonais ont même le concept de « bain de forêt », qui fait le pendant des bains de soleil), et il est amusant de voir qu'il s'oppose à cet attrait pour les villes qui ne laisse quel quelques pour cent de notre société à la campagne. Mettre les villes à la campagne : voilà une merveilleuse  contradiction de l’espèce humaine, qui est équipée de mécanismes favorisant la sociabilité, mais, en même temps, est équipée d'un goût pour la nature, ce qui s'interprète sans doute en termes de proies, prédateurs, reproduction, etc. 

Dans  notre alimentation, aussi, nous sommes tiraillés entre le désir biologiquement inconscient de ne manger que ce que nous connaissons, et donc de manger toujours la même chose, et cette omnivorité, qui a sans doute contribué au succès de notre espèce, parce qu'elle nous permet de manger de tout, et donc d'éviter de  mourir en cas de pénurie de l'aliment unique dont nous nourririons. Là encore, l'évolution a fait la biologie qui nous tiraille. 

 

Quels autres mécanismes observez-vous, de ce type ?

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