Relisant un texte de Henri Poincaré, sur l'intérêt des mathématiques, je m'aperçois que, bien que souvent ébloui par la "beauté" de résultats mathématiques ou scientifiques, je n'ai pas cherché à faire partager cet éblouissement.
Dans l'enseignement des sciences, il y a mille exemples, de sorte que cela ne devrait pas être compliqué de trouver des exemples d'émerveillements à partager. En revanche, montrer cette beauté à ceux qui ne maîtrisent ni les mathématiques, ni les sciences, c'est là la vraie difficulté, et il serait bienvenu de s'y atteler.
J'ai écrit ailleurs que la vulgarisation avait pour tâche de montrer comment les résultats nouveaux s'imposent, en relation avec les équations qui soutiennent les théories, mais je crois qu'une deuxième tâche pourrait être de montrer la beauté des résultats mathématiques ou scientifiques.
Réfléchissons collectivement aux manières d'y parvenir !
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
samedi 19 juillet 2014
lundi 14 juillet 2014
Clarifions
Dans
ce « clarifions », il y a à la fois l'idée de la
clarification, et aussi celle de l'entreprise faite en commun. Deux
raisons d'aimer tout particulièrement ce mot.
La
clarification, tout d'abord : on disait naguère « Ce qui
se conçoit bien s'énonce clairement ». Est-ce vrai ?
Dans un billet précédent, j'ai discuté la foi excessive que
j'avais eu en Condillac et Lavoisier, à ce propos, et mes doutes
actuels, nés de la relecture de Henri Poincaré, lequel pensait sans
les mots, et avait ensuite bien des difficultés à mettre les mots
sur les idées.
Cela
étant, énoncer n'est pas une mauvaise idée, d'abord parce qu'une
idée dans un tiroir n'est pas une idée : il faut communiquer
nos résultats à la communauté humaine. Ensuite, parce que les mots
exprimés sont ensuite la possibilité de discussions, de réfutations
éventuelles. Bref, les mots posés sont une possibilité de les
discuter.
Clarifions :
le mot est évidemment un écho de la recherche scientifique, la
recherche des mécanismes : d'une sorte de brouillard, on veut faire
émerger des idées claires ; dans une eau trouble, on veut
identifier un poisson brillant. Surtout dans l'écheveau
tourbillonnant de nos pensées, nous voudrions être capables d'en
saisir qui soient non pas isolées, sans quoi la perte du contexte
risquerait de les tuer, mais plutôt qui soient identifiées, bien
délimitées, avec une structure et des relations avec leur
entourage.
La
science, la technologie, la cuisine, l'art, la gastronomie
moléculaire, la cuisine moléculaire, la cuisine note à note, la
chimie, la physique... Tout cela ne mérite-t-il pas une
clarification ?
En
commun, ce serait encore mieux, puisque nous sommes humains, donc
membres de la grande communauté des humains.
dimanche 13 juillet 2014
Vu dans Proust
Vx ou littér. Qqn persuade à qqn qqc./que + ind. ou subj. Olivier lui persuada facilement qu'il devoit rester auprès de la duchesse (GENLIS, Chev. Cygne, t.3, 1795, p.355). Il ne suffit pas qu'une chose soit dite, il faut qu'elle soit publiée, prouvée, persuadée à tous, universellement reconnue (SENANCOUR, Obermann, t.2, 1840, p.171):
2. Je ne sais quelle amie intrigante était parvenue à persuader à cette âme naïve et si timide qu'il était de son devoir de partir pour Saint-Cloud, et d'aller se jeter aux genoux du roi Charles X.
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.505.
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.505.
dimanche 6 juillet 2014
6 juillet 2014 : Molécules, composés, composés chimiques, produits chimiques...
Souvent
nos concitoyens (et nous mêmes) ne savent pas exactement la
différence entre une molécule, un composé, un composé chimique,
un produit chimique, un produit de synthèse...
J'ai
donc expliqué la chose : Podcast :
http://www.agroparistech.fr/podcast/Qu-est-ce-qu-un-compose.html
Dailymotion
:
http://www.dailymotion.com/video/x1r1o5y_qu-est-ce-qu-un-compose_school
Cela
dit, pour ceux qui n'auraient pas le temps d'aller sur ces sites, une
explication, à nouveau.
Un
objet matériel, tel l'eau dans un verre, est fait de molécules.
Pour l'eau du verre, ce sont des objets tous identiques, que l'on
nomme des molécules d'eau. Et l'eau est liquide parce que ces
molécules d'eau bougent en tous, un peu comme des boules de billard
sur un billard qui serait secoué. Dans un cristal de sucre, il y a
des objets tous identiques, empilés régulièrement : ce sont
des molécules de « saccharose », et, cette fois, les
mouvements se limitent à des vibrations.
Dans
de la vodka, maintenant, c'est un peu (à peine) plus compliqué,
parce qu'il y a des objets de deux sortes : d'une part, des
molécules d'eau, et, d'autre part, des molécules d'une autre
sorte : l'éthanol. Les molécules des deux sortes sont
dispersées au hasard, comme des boules jaunes et des boules rouges
sur un billard agité. Et, mieux, le fait que la vodka soit à 40
pour cent d'éthanol revient à dire qu'il y a environ six molécules
d'eau pour quatre molécules d'éthanol. Les molécules sont des
molécules... mais les catégories de molécules sont les composés.
L'eau est un composé, et l'éthanol est un autre composé ; le
saccharose est un troisième composé. Et les composés ont ce nom,
parce que toutes leurs molécules des objets d'un même type, tous
« composées » d'atomes organisés de la même façon.
Par exemple, les molécules d'eau sont toutes composées d'un atome
d'une sorte (l'oxygène) et de deux atomes d'une autre sorte
(l'hydrogène). Pour les molécules de saccharose, il y a 12 atomes
de carbone, 12 atomes d'oxygène et 24 atomes d'hydrogène.
Lorsque
a été mis en ligne le podcast qui explique cela en images, sur le
site d'AgroParisTech, je n'étais pas bien fier : que
penseraient mes collègues ? Etait-ce bien raisonnable de donner
des explications si simples sur le site de la plus grande école
d'agronomie du monde ?
La
réponse a été donnée par mes « amis » qui ont visité
le site et visionné le podcast : il n'y a finalement eu que des
remerciements.
C'est-à-dire,
en définitive, une invitation à poursuivre dans cette direction, et
je me dis que cela serait merveilleux si chaque profession faisait de
même : sans « supériorité », simplement, avec la
seule volonté de permettre à nos amis qui ont d'autres
connaissances de mieux connaître notre propre champ. D'ailleurs, le
physico-chimiste qui sait la physico-chimie n'est-il pas le plus
souvent parfaitement ignorant de la découpe de la viande (par
exemple) ou du travail du bois, que nos amis bouchers ou ébénistes
savent parfaitement. C'est l'explication amicale de nos métiers qui
nous réunira amicalement, tout en nous élevant un peu l'esprit,
n'est-ce pas ?
jeudi 3 juillet 2014
Conférence à Montréal
Vous avez manqué la conférence d'@Herve_This et de @PierreGagnaire lors de leur visite à l'ITHQ? Voici l'intégrale : youtu.be/3ZqFd85bWF4
mardi 24 juin 2014
Des nouvelles du centre international de gastronomie moléculaire
Voici le lien du jour : http://www.english.rfi.fr/france/20140624-new-gastronomy-centre-paris-works-food-tomorrow
bonne lecture, bonne audition
dimanche 22 juin 2014
Les gonflements en cuisine
Naguère
les livres de cuisine indiquaient que c'était l'oeuf qui faisait
« souffler ». Il aurait fait souffler les soufflés, les
choux, les petits choux, les cannelés, les quiches, etc. Toutefois
le physico-cchimiste a de quoi s'étonner : pourquoi donc les
œufs auraient-ils eu cette vertu soufflante ? Le blanc d'oeuf,
c'est 90 pour cent d'eau et 10 pour cent de protéines. Si le blanc
fait souffler, c'est soit en vertu de son eau, soit en vertu de ses
protéines, soit en vertu d'une combinaison des deux. Pourtant
l'expérience est simple : si l'ajout de protéines à une
préparation culinaire, on n'observe pas de gonflement. En revanche,
avec de l'eau, la préparation gonfle si elle est chauffée par le
bas. En effet, l'eau qui s'évapore fait bien plus de volume de
vapeur que le liquide initial.
Et
c'est ainsi que l'on ne voit pas les soufflés gonfler si on les
chauffe par le grill du four, par le dessus, alors qu'ils se
développent considérablement si on pose le ramequin sur la
« sole » du four, en bas. La vapeur formée au fond du
ramequin pousse le soufflé ra le socuhefs vers le haut, et l'on voit
le soufflé gonfler.
Il
y avait donc bien lieu de rénover l'enseignement culinaire, en
balayant toutes les scories de son développement, dans les décennies
précédentes. Ce fut la réforme du CAP, réforme qu'il faut
poursuivre aujourd’hui, tant il est vrai que les idées fausses ne
meurent jamais, mais que ceux qui les soutiennent finissent pas
disparaître (partir en retraite, mourir, se désintéresser de le
question). Progressivement, en nous fondant sur des expérience
répétables, que les professeurs produiront devant leur élèves, on
arrivera à des théories plus justes de la technique culinaire.
La
conclusion est qu'il semble bien essentiel de poursuivre les
expériences, et d'encourager les enseignants à en faire avec leurs
élèves, dans les établissements d'enseignements de la cuisine.
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