1. Enseigner à manger aux enfants ? Encore faudrait-il savoir nous-mêmes manger : savoir quoi manger, savoir comment manger (pas trop vite), savoir quand manger...
2. Oui, la science qu'est la nutrition progresse, mais il y a tant à faire, encore, pour qu'une diététique du bien portant dépasse le "Il faut manger de tout, en quantités modérées, et faire de l'exercice modérément" que les plus raisonnables de mes amis nutritionnistes m'ont tendu.
3. Enseigner aux enfants ? Si enseigner est impossible (voir d'innombrables billets à ce propos), ne devons-nous pas plutôt poser la question différemment : "Comment aider les enfants à apprendre à manger ?" Et la question conduira à leur faire découvrir ce qu'est manger, au delà du geste animal de bouger les mâchoires.
4. Alors, enseigner aux enfants ? Quel que soit l'état de la nutrition ou de la diététique, il y a lieu de les aider à dépasser cette animalité qui leur fait la même mimique, le jour de la naissance, que des singes à qui l'on met sur les lèvres des composés sucrés, acides, amers, salés ou autres.
5. Oui, manger, cela doit d'abord être manger en humain, manger avec l'esprit autant qu'avec le corps. Cela doit être d'éviter les déviances nutritionnelles qu'engendrent nos modes de vie citadins dans des systèmes d'abondance.
6. Oui, manger, cela doit être manger socialement, en oubliant sa petite personne, en se préoccupant du groupe, de l'humanité, de la Terre.
7. Aider les enfants à apprendre à manger ? Encore faudrait-il que les parents le sachent !
8. Aider les enfants à apprendre à manger ? Les enfants étant exposés à des parents et à des professeurs, cela peut venir des professeurs, si les parents sont incompétents. Mais les professeurs sont-ils plus compétents ? S'ils ne le sont pas, nous avons en France l'Education nationale pour les aider à le devenir.
9. Oui, ce sont les professeurs avec qui les spécialistes doivent dialoguer, ces mêmes professeurs qui, comme tous les citoyens, sont exposés aux discours des marchands de cauchemars... de sorte qu'une partie d'entre eux adhère aux fadaises.
10. Or je crois bien inutile de chercher à réfuter des idées fausses : il y a lieu de chercher une stratégie pour les combattre, et, le mieux, c'est quand même de poser les faits et de les assortir de questions, afin que chacun se fasse son idée.
11. Et les faits ne sont jamais si forts que portés par des expérimentations : ce sont des expérimentations qu'il faut proposer, assorties de questionnements. C'est cela qu'il faut faire : colliger un groupe d'expérimentations et d'observations à propos d'alimentation et les mettre largement à la disposition des professeurs... et des élèves.
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
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mardi 14 juillet 2020
mardi 19 février 2019
Dix doigts sans regarder le clavier : une question de recrutement
Le plus beau cadeau que nous puissions faire à nos enfants, c'est... Je ne sais pas, car la question est bien difficile. Et puis, pourquoi se limiter à un seul cadeau pour les mettre plus haut que nous ? Il vaudrait mieux commencer par "l'un des plus beaux cadeaux".
Et là, on continuerait par : c'est peut-être d'apprendre à taper sur un clavier avec dix doigts regarder le clavier !
Oui, car les statistiques sont là : faites donc l'expérience de compter le temps qu'il faut à une personne qui tape à dix doigts pour recopier une page de 1500 signes, et le temps qu'il faut à une personne qui écrit au stylo, et encore le temps qu'il faut à quelqu'un qui tape à deux, ou quatre, ou huit doigts, par exemple. On trouve des temps qui vont du simple au double !
Bien sûr, celui qui écrit au stylo est complètement disqualifié, d'autant que la recopie produit un document dont on ne peut rien faire, dans un environnement professionnel, illisible de surcroît. Ce cas est donc peu intéressant, et c'est la comparaison des deux premières personnes qui est intéressante... et là encore, on voit une différence considérable.
Imaginez que vous deviez embaucher un ingénieur, et que, à qualités égales, vous en avez un qui produit deux fois plus que l'autre : lequel prendriez vous ?
La conclusion est claire : puisque apprendre à taper à dix doigts sur un clavier ne nécessite que cinq minutes d'entraînement par jour pendant environ un mois, ne vaut-il pas la peine que nous donnions cette capacité à nos enfants ? A nos amis ? A nos parents ? Il en va de la réussite professionnelle de ceux-ci.
Ah, oui, j'oubliais : j'entends ceux qui me diront "Oui, mais [ça commence mal et ça sent son pisse-vinaigre] il vaut mieux penser qu'écrire vite".
Et je réponds sans hésiter : savoir écrire vite permet au contraire que la pensée ne soit pas empêtrée par les doigts. Souvent, l'idée doit être posée, afin que l'on passe rapidement à la suite. D'ailleurs, souvent, ce sont ceux qui tapent lentement qui font cette observation qui les disqualifie. J'entends aussi...
Non, je n'écoute pas : je vous assure que, dans la vie quotidienne, la capacité de taper à dix doigts rapidement sans regarder ses doigts, c'est une capacité essentielle pour un scientifique, un ingénieur... Et c'est donc une faute que d'en priver notre entourage sous prétexte que nous ne l'avons pas.
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