Nous venons de perdre mon ami Emile Jung : une belle personne.
Quelle tristesse !
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
mardi 28 janvier 2020
Le baba au rhum
Il y a de nombreuses recette de baba au rhum, bien sûr, mais il s'agit toujours de baba et d'un sirop qui contient du rhum.
Mais parlons plutôt du baba même, dont les recettes indiquent les ingrédients : de la farine, de l'eau, de la levure, du sel, du sucre, du beurre, des oeufs. On observe sans attendre que ces ingrédients sont les mêmes que pour bien d'autres pâtisseries, telle la brioche, par exemple.
Mais commençons par la farine, l'eau et la levure : cela suffit pour faire une pâte levée.
Si on ajoute du beurre, alors la pâte et plus souple.
S'il y a du sel, alors il y a plus de goût.
S'il y a du sucre, la pâte devient sucrée... mais je sais que de nombreuses recettes ont l'intelligence de ne pas proposer trop de sucre dans la pâte à baba, car il y a déjà le sirop !
Les oeufs ? Du goût, de la consistance...
Au-delà, c'est tout simple, puisqu'il suffit de faire fermenter, de faire lever, de mettre en moule et de cuire. Ce qui est important, finalement, c'est que l'alvéolation de ce produit particulier diffère assez notablement de celle que l'on obtiendrait avec une poudre levante, ou avec des blancs d'oeufs battus en neige. Ajoutons d'ailleurs l n'est pas interdit d'utiliser des blancs battus en neige pour une pâte à baba, mais ce n'est pas l'usage
Et cela ne correspond pas à l'alvéolation particulière du baba, qui doit permettre une bonne imbibition par le sirop au rhum.
Pour ce sirop, c'est de l'eau, du sucre, ce qui suffit à faire un sirop, mais aussi des zestes de citron et d'orange, de la badiane, de la vanille... On aura intérêt à faire macérer les épices assez longtemps, afin que les composés odorants et sapides passent en solution.
Et rien ne vaut tout cela bien frais !
lundi 27 janvier 2020
Questions de croûte et de croustillant
À propos de pain, de gâteaux, de terrines, de soufflés...
Hier, lors de notre séminaire de gastronomie moléculaire (qui, je le répète est une rencontre expérimentale qui a lieu tous les troisièmes lundi du mois, public et gratuite), j'ai été amené à répondre à des questions concernant la croûte des frites.
Car il est vrai que les frites sont des objets qui doivent avoir un extérieur croustillant et un intérieur tendre. C'est la raison pour laquelle on les frit, ce qui signifie qu'on les met dans de l'huile très chaude.
Très chaude mais combien ? Voilà la question que pose la science : Combien ? En l'occurrence, la majorité des ingrédients alimentaires sont fait d'eau, et cette eau s'évapore à 100 degrés, de sorte que, très chaud, cela signifie par exemple 170 ou 180 degrés, ce qui est bien supérieur aux 100 degrés de l'évaporation de l'eau.
Et c'est la raison pour laquelle, quand on met un bâtonnet de pomme de terre dans de l'huile très chaude, l'eau de la pomme de terre s'évapore. Et c'est la raison pour laquelle on voit des jets de bulles de vapeur sortir des bâtonnets. D'ailleurs, il est intéressant de savoir que les bâtonnets de pomme de terre devenus des frites perdent jusqu'à presque un tiers de leur poids : c'est une quantité considérable d'eau, qui engendre une quantité considérable de vapeur, d'où les bulles, les jets de bulles qui sortent de la pomme de terre.
Quand la frite est dans le bain d'huile, la température à l'extérieur de la frite est la même que celle du bain l'huile : 170 ou 180 degrés par exemple.
Mais il y a une donnée importante, à savoir qu'un ingrédient qui contient de l'eau ne voit pas sa température monter à plus que 100 degrés. De fait, à l'intérieur des frites, il ne fait pas plus que 100 degrés, disons du cœur jusqu'à la limite interne de la côte. Car oui, la croûte est une partie de pommes de terre asséchée, où il fait 180 degrés à l'extérieur et exactement 100 degrés à l'intérieur. Cette limite des 100 degrés se propage progressivement vers l'intérieur au fur à mesure que la la frite cuit.
Au début, la croûte est très mince, et plus en cuit, plus l'épaisseur de la croûte augmente toujours avec 100 degrés à l'intérieur et 180 extérieur.
Il y a donc une règle facile pour les produits qui ont une croûte : cuire suffisamment longtemps pour que l'épaisseur de la croûte soit celle que l'on veut : faible quand on cuit peu de temps et plus épaisse quand on cuit plus longuement.
Par exemple, pour un pain de campagne, on a intérêt à cuire longtemps si l'on veut une croûte épaisse. on observera par exemple Pour un soufflé, une matière qui contient beaucoup d'eau, la croûte est assez mince même après 45 minutes de cuisson. Idem pour un gâteau, par exemple, où l'on ne cherche pas avoir une grosse épaisseur de croûte.
On a donc là la connaissance nécessaire pour obtenir le résultat que l'on souhaite pour avoir une croûte : il faut chauffer énergiquement pendant un temps qui correspond à l'épaisseur de croûte que l'on souhaite.
Hier, lors de notre séminaire de gastronomie moléculaire (qui, je le répète est une rencontre expérimentale qui a lieu tous les troisièmes lundi du mois, public et gratuite), j'ai été amené à répondre à des questions concernant la croûte des frites.
Car il est vrai que les frites sont des objets qui doivent avoir un extérieur croustillant et un intérieur tendre. C'est la raison pour laquelle on les frit, ce qui signifie qu'on les met dans de l'huile très chaude.
Très chaude mais combien ? Voilà la question que pose la science : Combien ? En l'occurrence, la majorité des ingrédients alimentaires sont fait d'eau, et cette eau s'évapore à 100 degrés, de sorte que, très chaud, cela signifie par exemple 170 ou 180 degrés, ce qui est bien supérieur aux 100 degrés de l'évaporation de l'eau.
Et c'est la raison pour laquelle, quand on met un bâtonnet de pomme de terre dans de l'huile très chaude, l'eau de la pomme de terre s'évapore. Et c'est la raison pour laquelle on voit des jets de bulles de vapeur sortir des bâtonnets. D'ailleurs, il est intéressant de savoir que les bâtonnets de pomme de terre devenus des frites perdent jusqu'à presque un tiers de leur poids : c'est une quantité considérable d'eau, qui engendre une quantité considérable de vapeur, d'où les bulles, les jets de bulles qui sortent de la pomme de terre.
Quand la frite est dans le bain d'huile, la température à l'extérieur de la frite est la même que celle du bain l'huile : 170 ou 180 degrés par exemple.
Mais il y a une donnée importante, à savoir qu'un ingrédient qui contient de l'eau ne voit pas sa température monter à plus que 100 degrés. De fait, à l'intérieur des frites, il ne fait pas plus que 100 degrés, disons du cœur jusqu'à la limite interne de la côte. Car oui, la croûte est une partie de pommes de terre asséchée, où il fait 180 degrés à l'extérieur et exactement 100 degrés à l'intérieur. Cette limite des 100 degrés se propage progressivement vers l'intérieur au fur à mesure que la la frite cuit.
Au début, la croûte est très mince, et plus en cuit, plus l'épaisseur de la croûte augmente toujours avec 100 degrés à l'intérieur et 180 extérieur.
Il y a donc une règle facile pour les produits qui ont une croûte : cuire suffisamment longtemps pour que l'épaisseur de la croûte soit celle que l'on veut : faible quand on cuit peu de temps et plus épaisse quand on cuit plus longuement.
Par exemple, pour un pain de campagne, on a intérêt à cuire longtemps si l'on veut une croûte épaisse. on observera par exemple Pour un soufflé, une matière qui contient beaucoup d'eau, la croûte est assez mince même après 45 minutes de cuisson. Idem pour un gâteau, par exemple, où l'on ne cherche pas avoir une grosse épaisseur de croûte.
On a donc là la connaissance nécessaire pour obtenir le résultat que l'on souhaite pour avoir une croûte : il faut chauffer énergiquement pendant un temps qui correspond à l'épaisseur de croûte que l'on souhaite.
dimanche 26 janvier 2020
Une nouvelle vague de billets
Une nouvelle vague de billets
On m'interroge ce matin sur cette initiative que j'ai prise depuis quelques jours ou semaines et qui consiste à discuter la préparation de plats classiques : les lasagnes, l'osso bucco, le koulibiac...
Oui, je suis chimiste, et pas cuisinier, et je cherche à ne parler que de ce que je connais. De fait, il ne s'agit certainement pas de donner des recettes, même si elles se déduisent de ce que j'explique, car je ne suis pas cuisinier. D'ailleurs, d'une certaine façon, je ne donne pas des recettes, à savoir que je ne me mêle pas de goût, sauf quand la technique a une relation au goût.
Je m'intéresse à la question technique, et je m'y intéresse dans la mesure où les connaissances de gastronomie moléculaire peuvent apporter quelque chose à mes amis. Par exemple, la cuisson de la viande à basse température fait les viandes plus tendres. Par exemple, la consistance d'une sauce est différente quand elle est émulsionnée ou foisonnée. Par exemple, la présence de ce composé odorant qu'est le sotolon donne du goût au Kugelhopf quand il est bien fermenté...
C'est bien cela que je discute ici : des questions techniques, fondamentales sans être rébarbatives ou effrayantes, qui permettent de passer le cap technique avec facilité pour avoir le loisir de régler en artiste la question du goût.
Car je répète que la cuisine, c'est de l'amour, de l'art, de la technique. Évidemment, aucun artiste ne peut faire de belles peintures si sa peinture coule, et aucun musicien ne peut faire de belle musique s'il ne sait pas éviter les fausses notes. De ce point de vue, la question technique est essentielle. Voilà l'apport que je propose.
Mais après, l'expression, l'émotion, le sentiment... Tout cela est du domaine artistique et je n'en parle pas, avec l'exception analytique que j'avais mise en œuvre dans mon livre La cuisine, c'est de l'art de l'amour, de l'art, de la technique, et qui avait pour vocation d'identifier les courants artistiques dans d'autres arts que la cuisine et d'en proposer des transpositions en art culinaire. Dans ce livre dont je parle, il était très peu question de technique, car c'était un traité l'esthétique au sens que je discutais la question du beau, en l'occurrence du bon, puisque le bon c'est le bon à manger.
Mais dans les billets que je publie ces temps-ci, c'est une autre perspective : je répète que je donne des explications sur les phénomènes culinaires, en vue d'améliorer l'aspect technique des recettes.
On m'interroge ce matin sur cette initiative que j'ai prise depuis quelques jours ou semaines et qui consiste à discuter la préparation de plats classiques : les lasagnes, l'osso bucco, le koulibiac...
Oui, je suis chimiste, et pas cuisinier, et je cherche à ne parler que de ce que je connais. De fait, il ne s'agit certainement pas de donner des recettes, même si elles se déduisent de ce que j'explique, car je ne suis pas cuisinier. D'ailleurs, d'une certaine façon, je ne donne pas des recettes, à savoir que je ne me mêle pas de goût, sauf quand la technique a une relation au goût.
Je m'intéresse à la question technique, et je m'y intéresse dans la mesure où les connaissances de gastronomie moléculaire peuvent apporter quelque chose à mes amis. Par exemple, la cuisson de la viande à basse température fait les viandes plus tendres. Par exemple, la consistance d'une sauce est différente quand elle est émulsionnée ou foisonnée. Par exemple, la présence de ce composé odorant qu'est le sotolon donne du goût au Kugelhopf quand il est bien fermenté...
C'est bien cela que je discute ici : des questions techniques, fondamentales sans être rébarbatives ou effrayantes, qui permettent de passer le cap technique avec facilité pour avoir le loisir de régler en artiste la question du goût.
Car je répète que la cuisine, c'est de l'amour, de l'art, de la technique. Évidemment, aucun artiste ne peut faire de belles peintures si sa peinture coule, et aucun musicien ne peut faire de belle musique s'il ne sait pas éviter les fausses notes. De ce point de vue, la question technique est essentielle. Voilà l'apport que je propose.
Mais après, l'expression, l'émotion, le sentiment... Tout cela est du domaine artistique et je n'en parle pas, avec l'exception analytique que j'avais mise en œuvre dans mon livre La cuisine, c'est de l'art de l'amour, de l'art, de la technique, et qui avait pour vocation d'identifier les courants artistiques dans d'autres arts que la cuisine et d'en proposer des transpositions en art culinaire. Dans ce livre dont je parle, il était très peu question de technique, car c'était un traité l'esthétique au sens que je discutais la question du beau, en l'occurrence du bon, puisque le bon c'est le bon à manger.
Mais dans les billets que je publie ces temps-ci, c'est une autre perspective : je répète que je donne des explications sur les phénomènes culinaires, en vue d'améliorer l'aspect technique des recettes.
samedi 25 janvier 2020
Here are some recipes that I invented and whose practical demonstration was shown during a masterclass (it was filmed and it will be podcasted) at the Cordon bleu Paris:
"Geoffroys"
Savory :
1. Put an egg white in a vessel
2. Whip oil that you add slowly, as for making a mayonnaise
3. Add (for example) mushrooms cooked with parsley, garlic, ground.
4. Season
Sweet :
1. For example, macerate (some days) vanilla with a good olive oil.
2. Then put an egg white in a vessel, a pinch of salt
3. Add slowly the vanilled oil while whipping, as for a mayonnaise
4. Dissolve sugar while whipping
This sweet emulsion can be served with slices of pineapple that were cooked in butter with sugar, and with financiers.
Liebigs
For the liebigs, the idea is to make a physically gelled emulsion:
1. Start from 100 g of a flavourful liquid (beetroot juice, orange juice, etc.)
2. Add 10 g of soaked gelatine
3. Put to the boil, in order to dissolve the gelatine
4. Add a flavourflul oil while whipping, as for making a sauce mayonnaise
5. Pour in a flat vessel on an oiled film, and let it set in the cold.
Gibbs
For a vanilla gibbs (dessert)
1. In a vessel, put an egg white
2. Add olive oil slowly while whipping
3. When a creamy preparation is obtained, add sugar and vanilla extract, some salt and chili.
4. Pour in cups, half of them, and cook in the microwave oven, full power, until a 1/4 expansion is obtained.
For a brown butter gibbs :
1. In a pan, put 200 g butter.
2. Heat slowly: the butter melts before it crepitates
3. Before it becomes black, stop heating, and let it cook.
4. In a vessel, pour two spoons of egg white powder.
5. Add 3 spoons of water, one fourht of cup of citric acid, salt, pepper.
6. Add the brown butter while whipping, as for a mayonnaise.
7. Pour in cups, and cook in the microwave as for the previous gibbs.
Debyes
1. Give some flavour to 100 g oil by macerating a ground product (carrots, basil, coffee, leeks...)
3. Put to the boil a liquid (the one you want) with agar-agar (24 g of agar-agar per litre).
4. Cool until gelled.
5. Mix the gel into oil.
Chaptals and vauquelins
For the chaptals :
1. Put an egg white in a large vessel
2. Whip
3. When the foam is firm, add a spoon sugar
4. Whip until no sugar crystal can be see.
5. Add a spoon of a liquid (for example, apple juice)
6. Whip until the foam is firm.
7. Repeat the 3, 4, 5, 6 until you get a very large quantity of foam.
Vauquelins are obtained from chaptals as follows:
1. Take some of chaptal and put it in cups
2. Cook in the microwave oven (full energy) until expansion ; serve.
Würtz
1. In a pan, put 200 g orange juice with 50 g sugar
2. Dissolve 5 g previously soaked gelatine.
3.Whip for a long time until a large quantity of foam is obtained
4. Put the foal in the fridge.
"Geoffroys"
Savory :
1. Put an egg white in a vessel
2. Whip oil that you add slowly, as for making a mayonnaise
3. Add (for example) mushrooms cooked with parsley, garlic, ground.
4. Season
Sweet :
1. For example, macerate (some days) vanilla with a good olive oil.
2. Then put an egg white in a vessel, a pinch of salt
3. Add slowly the vanilled oil while whipping, as for a mayonnaise
4. Dissolve sugar while whipping
This sweet emulsion can be served with slices of pineapple that were cooked in butter with sugar, and with financiers.
Liebigs
For the liebigs, the idea is to make a physically gelled emulsion:
1. Start from 100 g of a flavourful liquid (beetroot juice, orange juice, etc.)
2. Add 10 g of soaked gelatine
3. Put to the boil, in order to dissolve the gelatine
4. Add a flavourflul oil while whipping, as for making a sauce mayonnaise
5. Pour in a flat vessel on an oiled film, and let it set in the cold.
Gibbs
For a vanilla gibbs (dessert)
1. In a vessel, put an egg white
2. Add olive oil slowly while whipping
3. When a creamy preparation is obtained, add sugar and vanilla extract, some salt and chili.
4. Pour in cups, half of them, and cook in the microwave oven, full power, until a 1/4 expansion is obtained.
For a brown butter gibbs :
1. In a pan, put 200 g butter.
2. Heat slowly: the butter melts before it crepitates
3. Before it becomes black, stop heating, and let it cook.
4. In a vessel, pour two spoons of egg white powder.
5. Add 3 spoons of water, one fourht of cup of citric acid, salt, pepper.
6. Add the brown butter while whipping, as for a mayonnaise.
7. Pour in cups, and cook in the microwave as for the previous gibbs.
Debyes
1. Give some flavour to 100 g oil by macerating a ground product (carrots, basil, coffee, leeks...)
3. Put to the boil a liquid (the one you want) with agar-agar (24 g of agar-agar per litre).
4. Cool until gelled.
5. Mix the gel into oil.
Chaptals and vauquelins
For the chaptals :
1. Put an egg white in a large vessel
2. Whip
3. When the foam is firm, add a spoon sugar
4. Whip until no sugar crystal can be see.
5. Add a spoon of a liquid (for example, apple juice)
6. Whip until the foam is firm.
7. Repeat the 3, 4, 5, 6 until you get a very large quantity of foam.
Vauquelins are obtained from chaptals as follows:
1. Take some of chaptal and put it in cups
2. Cook in the microwave oven (full energy) until expansion ; serve.
Würtz
1. In a pan, put 200 g orange juice with 50 g sugar
2. Dissolve 5 g previously soaked gelatine.
3.Whip for a long time until a large quantity of foam is obtained
4. Put the foal in the fridge.
A propos de précisions indues
Dans un précédent billet, j'ai critiqué des indications culinaires telles que "0,222 gramme de sel".
Oui, cette indication est idiote, parce qu'elle est à la fois sans intérêt pratique, prétentieuse ou ignorante, et inutile.
Les explications
Sans intérêt pratique : personne, en cuisine, n'a de balance capable de peser cela, ce qui ne signifie pas seulement d'avoir l'outil, mais aussi avoir l'outil bien étalonné, bien utilisé, validé, etc. (ce n'est pas la peine d'avoir une voiture qui roule à 200 km/h si l'on est à 10 km/h sur une route de campagne défoncée).
Prétentieuse ou ignorante : afficher tant de chiffres, c'est -je le sais- une façon pour certains de prétendre qu'ils sont précis, "scientifiques", ce qui est d'ailleurs faux, et c'est "ignorant" (là, ce n'est pas une critique mais un fait), pour d'autres, parce que cela démontre une ignorance des règles de la pesée et de l'affichage : en substance, il existe une règle internationale de l'industrie, de la réglementation, de la science, qui est que l'on ne doit pas afficher plus de chiffres qu'on est capable d'en mesurer, et je suis bien sûr que les personnes qui ont communiqué ce nombre ne pouvaient pas le mesurer.
Enfin, la quantité de sel à utiliser dans une recette, c'est une question de goût, et que, de ce fait, c'est inutile de donner une valeur qui doit, en réalité, être déterminée par ceux qui font la recette.
On m'argumente que ce nombre est le produit d'une division, et il est vrai que si l'on avait, par exemple, 10 gramme de sel pour 3 kilogrammes de préparation finale, on obtient 10/3, soit 3,33333333.... grammes pour 1 kilogramme. Ou, de façon plus réaliste, 0,33333.... grammes pour 100 grammes. Et oui, si l'on arrondit à 0,3 grammes pour 100 grammes, alors on mettra moins de sel que prescrit si l'on fait la recette pour 700 grammes.
Mais :
- d'une part, c'est contre les règles internationales, un peu comme si l'on décidait de nommer chat un animal à quatre pattes qui aboie
- de toute façon, on se moque de la quantité exacte de sel d'autrui, comme indiqué
- surtout, la règle veut que, si on fait du 10 grammes pour 3 kilogrammes, on affiche 10 grammes pour 3 kilogrammes, quitte à dire que cela fait environ 0,3 grammes pour 100 grammes.
Et je ne saurais terminer ce billet sans rappeler que la cuisine, c'est de l'amour, de l'art, de la technique.
Et pas de la technique en premier ! D'ailleurs, citons ici mon ami Pierre Gagnaire qui explique bien que le sel n'est pas un "curseur" que l'on varie en plus ou en moins : il faut le voir comme un des instruments de l'orchestre, qui joue sa partie, originale, mais en accord avec les autres. Et on ne demande pas à Mozart d'ajouter ou de retrancher un violon de son oeuvre.
Ce qui conduit à observer que le livre où j'ai trouvé l'indication est encore plus bête et malfaisant que je ne pensais initialement. Il met les praticiens sur une mauvaise piste, les abaisse au lieu de les éclairer.
Allons, ne restons pas sur cette note négative, et levons les yeux pour voir le ciel bleu : oui, avec des explications, nous y arriverons, surtout si nous n'oublions pas que, la cuisine, c'est d'abord de l'amour !
Quelques unes de mes inventions
Quelques recettes que j'ai inventées, et dont la démonstration pratique est démontrée lors de la masterclass filmée au Cordon bleu :
Les geoffroys
En salé :
1. Un blanc d'oeuf
2. On fouette de l'huile comme pour une mayonnaise
3. on ajoute des champignons cuits avec persil et ail, broyés
4. rectifier l'assaisonnement
En sucré :
1. Commençons par faire macérer des gousses de vanille fendue en deux dans la longueur dans une belle huile d'olive.
2. Puis mettons un blanc d'oeuf dans un cul de poule, une pincée de sel, et trois cuillerées de sucre.
3. Ajoutons l'huile vanillée en fouettant, comme pour une mayonnaise.
L'émulsion obtenue pourra être servie avec des tranches d'ananas rôties au beurre et des financiers (ces gâteaux qui, comme les meringues, permettent d'utiliser les blancs d'oeufs dont le jaune a été employé pour lier des sauces).
Les liebigs
Pour les liebigs, l'idée est d'obtenir une émulsion gélifiée.
Dans la mayonnaise, c'est le jaune d'oeuf qui apporte des protéines et des phospholipides qui permettent l'émulsion (ce sont les protéines qui sont le plus actives, pour enrober les gouttes d'huile). Avec les liebig, c'est la gélatine.
1. partir de 100 g d'un liquide qui a du goût
2. ajouter 10 g de gélatine préalablement trempée
3. chauffer pour dissoudre la gélatine
4. ajouter une huile parfumée en fouettant comme pour une sauce mayonnaise
5. couler dans une plaque couverte d'un film huilé sur 5 à 10 mm d'épaisseur, et laisser prendre au froid
On peut aussi faire une émulsion (celle que vous voulez, de la mayonnaise par exemple) et y dissoudre de l'agar-agar : en chauffant, l'émulsion sera emprisonnée dans un gel physique, et l'on obtiendra un liebig.
Les gibbs
Pour un gibbs vanille (dessert) :
1. Dans un saladier, mettre un blanc d'oeuf
2. Ajouter de l'huile d'olive goutte à goutte, en fouettant.
3. Quand on a obtenu une préparation crémeuse, un peu ferme, ajouter du sucre et de l'extrait de vanille, une pincée de sel, un peu de piment.
4. Répartir dans des tasse, et cuire au four à micro-ondes à pleine puissance, jusqu'à ce que l'on obtienne un gonflement de 1/4 environ.
5. Servir chaud.
Pour un gibbs au beurre noisette :
1. Dans une casserole, mettre 200 g de beurre.
2. Chauffer doucement : le beurre fond, puis se met à crépiter.
3. Avant qu'il soit noir, quand une belle odeur apparaît, en même temps qu'un léger brunissement, cesser de chauffer, et laisser refroidir dans la casserole. C'est ce que l'on nomme un beurre noisette.
4. Quand le beurre noisette obtenu est chaud mais pas solidifié, l'utiliser ainsi :
5. Dans un saladier, mettre deux cuillerées à soupe de poudre de blanc d'oeuf.
6. Ajouter 3 cuillerées d'eau, un quart de cuillerée à café d'acide citrique, sel, poivre.
7. Ajouter le beurre noisette en fouettant comme pour une mayonnaise.
8. Quand tout le beurre noisette a été ajouté, bien battre afin d'obtenir une préparation ferme.
9. Mettre dans des bols, et cuire au four à micro-ondes comme pour le gibbs vanille.
Les debyes
1. donner du goût à 100 g d'huile en macérant un produit broyé (carottes, basilic, café, poireaux...)
2. coller un liquide à raison de 24 g d'agar-agar au litre ; faire durcir au froid
3. broyer le gel au mixer dans l'huile
Les chaptals et vauquelins
Pour les chaptals :
1. Partir d'un blanc d'oeuf, dans un saladier.
2. Le fouetter
3. Quand il est en neige ferme, ajouter une cuiller à soupe de sucre
4. Battre
5. Quand la préparation est bien lisse, ajouter une cuillerée à café de jus de pomme verte
6. Battre jusqu'à ce que la mousse soit de nouveau bien ferme.
7. Ajouter alors une cuillerée à soupe de sucre.
8. Battre
9. Ajouter une cuillerée à café de jus de pomme verte.
10. Battre
11. Continuer ainsi à alterner sucre, battage, liquide, battage.
Quand le saladier est plein, répartir son contenu entre deux saladiers que l'on travaille en parallèle, puis entre quatre saladiers, et ainsi de suite.
Les vauquelins s'obtiennent de la façon suivante :
1. prendre du chaptal précédent, et le mettre dans un bol
2. passer au fours à micro-ondes (pleine puissance) jusqu'à ce que l'on observe un net gonflement (1/4 environ) ; servir.
Les würtz
1. Dans une casserole, mettre 200 g de jus d'orange avec 50 g de sucre
2. Incorporer 5 g de gélatine préalablement ramollie à l'eau froide.
3. Foisonner
4. Mettre la mousse formée au réfrigérateur.
Les geoffroys
En salé :
1. Un blanc d'oeuf
2. On fouette de l'huile comme pour une mayonnaise
3. on ajoute des champignons cuits avec persil et ail, broyés
4. rectifier l'assaisonnement
En sucré :
1. Commençons par faire macérer des gousses de vanille fendue en deux dans la longueur dans une belle huile d'olive.
2. Puis mettons un blanc d'oeuf dans un cul de poule, une pincée de sel, et trois cuillerées de sucre.
3. Ajoutons l'huile vanillée en fouettant, comme pour une mayonnaise.
L'émulsion obtenue pourra être servie avec des tranches d'ananas rôties au beurre et des financiers (ces gâteaux qui, comme les meringues, permettent d'utiliser les blancs d'oeufs dont le jaune a été employé pour lier des sauces).
Les liebigs
Pour les liebigs, l'idée est d'obtenir une émulsion gélifiée.
Dans la mayonnaise, c'est le jaune d'oeuf qui apporte des protéines et des phospholipides qui permettent l'émulsion (ce sont les protéines qui sont le plus actives, pour enrober les gouttes d'huile). Avec les liebig, c'est la gélatine.
1. partir de 100 g d'un liquide qui a du goût
2. ajouter 10 g de gélatine préalablement trempée
3. chauffer pour dissoudre la gélatine
4. ajouter une huile parfumée en fouettant comme pour une sauce mayonnaise
5. couler dans une plaque couverte d'un film huilé sur 5 à 10 mm d'épaisseur, et laisser prendre au froid
On peut aussi faire une émulsion (celle que vous voulez, de la mayonnaise par exemple) et y dissoudre de l'agar-agar : en chauffant, l'émulsion sera emprisonnée dans un gel physique, et l'on obtiendra un liebig.
Les gibbs
Pour un gibbs vanille (dessert) :
1. Dans un saladier, mettre un blanc d'oeuf
2. Ajouter de l'huile d'olive goutte à goutte, en fouettant.
3. Quand on a obtenu une préparation crémeuse, un peu ferme, ajouter du sucre et de l'extrait de vanille, une pincée de sel, un peu de piment.
4. Répartir dans des tasse, et cuire au four à micro-ondes à pleine puissance, jusqu'à ce que l'on obtienne un gonflement de 1/4 environ.
5. Servir chaud.
Pour un gibbs au beurre noisette :
1. Dans une casserole, mettre 200 g de beurre.
2. Chauffer doucement : le beurre fond, puis se met à crépiter.
3. Avant qu'il soit noir, quand une belle odeur apparaît, en même temps qu'un léger brunissement, cesser de chauffer, et laisser refroidir dans la casserole. C'est ce que l'on nomme un beurre noisette.
4. Quand le beurre noisette obtenu est chaud mais pas solidifié, l'utiliser ainsi :
5. Dans un saladier, mettre deux cuillerées à soupe de poudre de blanc d'oeuf.
6. Ajouter 3 cuillerées d'eau, un quart de cuillerée à café d'acide citrique, sel, poivre.
7. Ajouter le beurre noisette en fouettant comme pour une mayonnaise.
8. Quand tout le beurre noisette a été ajouté, bien battre afin d'obtenir une préparation ferme.
9. Mettre dans des bols, et cuire au four à micro-ondes comme pour le gibbs vanille.
Les debyes
1. donner du goût à 100 g d'huile en macérant un produit broyé (carottes, basilic, café, poireaux...)
2. coller un liquide à raison de 24 g d'agar-agar au litre ; faire durcir au froid
3. broyer le gel au mixer dans l'huile
Les chaptals et vauquelins
Pour les chaptals :
1. Partir d'un blanc d'oeuf, dans un saladier.
2. Le fouetter
3. Quand il est en neige ferme, ajouter une cuiller à soupe de sucre
4. Battre
5. Quand la préparation est bien lisse, ajouter une cuillerée à café de jus de pomme verte
6. Battre jusqu'à ce que la mousse soit de nouveau bien ferme.
7. Ajouter alors une cuillerée à soupe de sucre.
8. Battre
9. Ajouter une cuillerée à café de jus de pomme verte.
10. Battre
11. Continuer ainsi à alterner sucre, battage, liquide, battage.
Quand le saladier est plein, répartir son contenu entre deux saladiers que l'on travaille en parallèle, puis entre quatre saladiers, et ainsi de suite.
Les vauquelins s'obtiennent de la façon suivante :
1. prendre du chaptal précédent, et le mettre dans un bol
2. passer au fours à micro-ondes (pleine puissance) jusqu'à ce que l'on observe un net gonflement (1/4 environ) ; servir.
Les würtz
1. Dans une casserole, mettre 200 g de jus d'orange avec 50 g de sucre
2. Incorporer 5 g de gélatine préalablement ramollie à l'eau froide.
3. Foisonner
4. Mettre la mousse formée au réfrigérateur.
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