Dans une grande université du monde, on m'a invité à visiter le département de chimie... et l'on m'a alors fait entrer dans un bâtiment qui portait le titre de "Biochimie". Quand je m'étonnais, on m'a expliqué que, ainsi, les étudiants n'hésitaient pas à se diriger vers des carrières où ils auraient du travail et que, de surcroît, beaucoup de la chimie moderne était de la biochimie.
Ces raisons suffisent-elles à justifier le changement ?
Je retrouve le cas, ici, avec des enseignements de "Chimie physique, structuration des aliments et gastronomie moléculaire", où nous avons éliminé le "chimie physique". Avons-nous eu raison ? En l'occurrence, nos enseignements sont de la physique chimique appliquée à l'aliment, sa construction et son analyse. Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais volontiers nommé cela "gastronomie moléculaire", simplement, mais il y a les collègues. Nous sommes donc arrivés à un titre qui ne ment pas, mais qui devient inutilement compliqué.
On me fera observer qu'il suffit que les étudiants apprennent beaucoup. Certes, ils apprennent beaucoup, mais notre droiture ?
Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
mercredi 28 juin 2017
Au-dela des définitions idiosyncratiques
Notre monde est plein de fantasmes, de projections, de fausses acceptions.
Technologie ? Le mot est pourtant clair, puisqu'il est construit à partir de telchne, faire, et logos, savoir ou étudier : la technologie, c'est l'étude des questions techniques, sous-entendu afin d'améliorer les techniques.
D'autre part, alors que je fais observer que la technologie n'est pas la science, et que la science n'est pas la technologie, on m'oppose l'ingénierie ? De quoi s'agit-il ?
L'ingénierie, c'est le métier de l'ingénieur, quoi qu'en disent certains qui voudraient y voir une activité spécifique, où ils mettent quelque chose qui serait plus "élevé" que la technologie. En réalité, ils font une double faute, car la technologie ne sera jamais la science, et, d'autre part, ils ont tort de mettre la technologie plus haut ou moins haut que la science ou la teschnique : on ne compare pas des bananes et des oranges. Je maintiens que le plus grand des prix Nobel ne sera pas capable de faire des festons de glace royale sur une pièce montée, pas plus d'ailleurs que le pâtissier ne sera capable de résoudre des équations différentielles.
Alors ingéniérie ? Au-delà des idiosyncrasies, c'est le métier de l'ingénieur, qui n'est ni un technicien, ni un scientifique. Il peut avoir à résoudre des questions techniques qui dépassent les techniciens, et qu'il sera capable de résoudre parce qu'il aura un savoir plus grand, qui embrassera un champ lui permettant de sortir du cadre technique. Et cela sera bien si c'est bien fait, à savoir avec humanité, droiture, bonté.
Technologie ? Le mot est pourtant clair, puisqu'il est construit à partir de telchne, faire, et logos, savoir ou étudier : la technologie, c'est l'étude des questions techniques, sous-entendu afin d'améliorer les techniques.
D'autre part, alors que je fais observer que la technologie n'est pas la science, et que la science n'est pas la technologie, on m'oppose l'ingénierie ? De quoi s'agit-il ?
L'ingénierie, c'est le métier de l'ingénieur, quoi qu'en disent certains qui voudraient y voir une activité spécifique, où ils mettent quelque chose qui serait plus "élevé" que la technologie. En réalité, ils font une double faute, car la technologie ne sera jamais la science, et, d'autre part, ils ont tort de mettre la technologie plus haut ou moins haut que la science ou la teschnique : on ne compare pas des bananes et des oranges. Je maintiens que le plus grand des prix Nobel ne sera pas capable de faire des festons de glace royale sur une pièce montée, pas plus d'ailleurs que le pâtissier ne sera capable de résoudre des équations différentielles.
Alors ingéniérie ? Au-delà des idiosyncrasies, c'est le métier de l'ingénieur, qui n'est ni un technicien, ni un scientifique. Il peut avoir à résoudre des questions techniques qui dépassent les techniciens, et qu'il sera capable de résoudre parce qu'il aura un savoir plus grand, qui embrassera un champ lui permettant de sortir du cadre technique. Et cela sera bien si c'est bien fait, à savoir avec humanité, droiture, bonté.
Assez de rumeurs !
Nutriments : ils n'ont pas diminué !
Le "c'était mieux avant" est une sorte de faute bizarre de l'esprit qu'une certaine presse exploite parfois. Et c'est ainsi que l'on voit, parfois, des documentaires dire -et donc vouloir faire croire, à moins que les auteurs de ces documentaires ne soient inconséquents- que "au cours des 50 dernières années, les aliments ont perdu jusqu'à 75 % de leur valeur nutritive".
Quoi, 75 % alors que le vivant met des millions d'années à évoluer un peu ? L'agriculture "intensive" (rien que le mot devient connoté, mais cherchons d'abord l'idée politique qui préside à la connotation) privilégierait la productivité aux dépens des teneurs en éléments minéraux, oligoéléments et vitamines.
Mon confrère Léon Guéguen de l'Académie d'agriculture de France a comparé les teneur de ces composés dans les récentes tables de composition des aliments et dans les anciennes tables, d'avant 1960, notamment pour blé, riz, pomme de terre, poireau, laitue, chou, brocoli, haricot vert, tomate, carotte, pomme, orange, raisin, abricot, lait, oeuf). Résultat : les différences sont faibles pour les constituants majeurs, et pas toutes dans le même sens. Le blé actuel est toujours plus riche en protéines. Il y a des différences en ions minéraux, mais pas toujours dans le même sens, et les teneurs en magnésium et potassium sont remarquablement constantes. Pour le fer et le zinc, l'effet est insignifiant. La vitamine C n'est quasiment pas évoluée, et le carotène bêta non plus.
Alors ?
Le "c'était mieux avant" est une sorte de faute bizarre de l'esprit qu'une certaine presse exploite parfois. Et c'est ainsi que l'on voit, parfois, des documentaires dire -et donc vouloir faire croire, à moins que les auteurs de ces documentaires ne soient inconséquents- que "au cours des 50 dernières années, les aliments ont perdu jusqu'à 75 % de leur valeur nutritive".
Quoi, 75 % alors que le vivant met des millions d'années à évoluer un peu ? L'agriculture "intensive" (rien que le mot devient connoté, mais cherchons d'abord l'idée politique qui préside à la connotation) privilégierait la productivité aux dépens des teneurs en éléments minéraux, oligoéléments et vitamines.
Mon confrère Léon Guéguen de l'Académie d'agriculture de France a comparé les teneur de ces composés dans les récentes tables de composition des aliments et dans les anciennes tables, d'avant 1960, notamment pour blé, riz, pomme de terre, poireau, laitue, chou, brocoli, haricot vert, tomate, carotte, pomme, orange, raisin, abricot, lait, oeuf). Résultat : les différences sont faibles pour les constituants majeurs, et pas toutes dans le même sens. Le blé actuel est toujours plus riche en protéines. Il y a des différences en ions minéraux, mais pas toujours dans le même sens, et les teneurs en magnésium et potassium sont remarquablement constantes. Pour le fer et le zinc, l'effet est insignifiant. La vitamine C n'est quasiment pas évoluée, et le carotène bêta non plus.
Alors ?
dimanche 18 juin 2017
Trop d'acidité
Trop d'acidité dans un plat ? Ce n'est pas grave :
http://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/2017/06/jai-fait-un-gaspacho-trop-acide.html
http://gastronomie-moleculaire.blogspot.fr/2017/06/jai-fait-un-gaspacho-trop-acide.html
vendredi 16 juin 2017
Nous devons nous faire une vie d'étude douillette
En quête de "lumière", nous devons mettre toutes nos fibres en ordre de bataille, puis mobiliser toutes nos forces, afin de vaincre les préjugés, les opinions, les sentiments, les a priori... Il nous faut une pensée claire, posée sur des mots justes. Les mots justes doivent correspondre à des idées, justes, et nous devons mettre de côté notre mauvaise foi, ne pas céder à l'envie de petits arrangements un peu veules. Nous devons être intransigeants avec les concepts et leur environnement. Jamais nous ne devons accepter de l'à-peu-près, jamais nous ne devons mettre la poussière sous le tapis. Tout doit être clair, limpide...
Evidemment, pour parvenir à cet état, nous devons mettre de côté cette poussière du monde que nous ne cessons de créer. Comment nous y prendre ?
La question est difficile, mais cela vaut la peine de se raccrocher à une série de petits "trucs". En faisceaux, ces dispositions deviendront efficaces. Un "truc" ?
Dans notre groupe de recherche, nous avions des règles : des contraintes. Nous les avons nommées des "postulats", et, soudain, les contraintes sont devenues des aides, un support, un socle solide sur lequel nous pouvons marcher d'un pas ferme.
Généralisons !
Evidemment, pour parvenir à cet état, nous devons mettre de côté cette poussière du monde que nous ne cessons de créer. Comment nous y prendre ?
La question est difficile, mais cela vaut la peine de se raccrocher à une série de petits "trucs". En faisceaux, ces dispositions deviendront efficaces. Un "truc" ?
Dans notre groupe de recherche, nous avions des règles : des contraintes. Nous les avons nommées des "postulats", et, soudain, les contraintes sont devenues des aides, un support, un socle solide sur lequel nous pouvons marcher d'un pas ferme.
Généralisons !
La noblesse, c'est d'abord un ensemble de qualités personnelles... et ce n'est pas nécessairement héréditaire
Les individus de qualité ont des comportements... de qualité.
C'est là un double pléonasme : d'abord un pléonasme, puisqu'il y a cette répétition évidente, mais aussi un pléonasme, car nous sommes ce que nous faisons.
Les comportements de qualité ? Ils sont bien difficiles à définir, mais on les voit mieux en creux : ils sont à l'opposé des vices, des défauts, des tares.
Dans le Merlin de Robert de Boron, on trouve ainsi la description des premiers pas officiels de l'adolescent qui a retiré l'épée de l'enclume :
"Arthur, dit alors l'archevêque qui avait pris l'enfant sous sa protection, c'est vous désormais qui êtes le roi et le maître de ce peuple. Veillez donc à vous montrer digne de cette fonction. Songez dès maintenant à choisir ceux qui seront vos conseillers intimes et vous aideront à gouverner. Répartissez les charges et les offices de la couronne comme si vous étiez déjà roi, car vous le serez si Dieu le veut.
- Seigneur, répliqua Arthur, tout le pouvoir que Dieu veut bien me conférer, je le remets en la garde de notre sainte Eglise et le soumets à vos conseils. Choisissez donc vous-même ceux qui peuvent le mieux m'aider à observer la volonté de Notre Seigneur et à défendre la chrétienté."
Puis, plus loin :
Les barons l'emmenèrent donc dans la cathédrale pour lui parler et le mettre à l'épreuve :
"Seigneur, lui dirent-ils, nous voyons bien que Dieu veut que vous deveniez notre roi et notre maître. Nous nous conformerons donc à sa volonté et nous vous ferons hommage pour nos terres. Nous vous demandons cependant de repousser votre sacre jusqu'à la Pentecôte, mais sans pour autant renoncer à votre pouvoir sur ce royaume et sur nous-mêmes. Nous voulons enfin que vous nous répondiez sur ce point sans demander avis à qui que ce soit.
- Seigneurs, répondit Arthur, vous me demandez de recevoir vos hommages et de vous reconduire dans la possession de vos fiefs. Or je ne peux ni ne dois le faire, car je ne veux disposer de vos terres ou de celles d'autrui ni gouverner avant d'être moi-même en possession de la mienne. Et je ne peux être le maître de ce royaume, comme vous me le proposez, avant d'avoir été sacré, couronné et investi de la dignité royale. Mais j'accepte bien volontiers de repousser mon sacre jusqu'à la date que vous me proposez, car je ne peux être sacré que par Dieu et par vous".
En l'entendant ainsi parler, les barons se dirent que si cet enfant vivait, il serait d'une grande sagesse, car il leur avait fort bien répondu.
[...]
Jusqu'à cette date, ils obéirent toutefois à Arthur, sur la recommandation de l'archevêque. Cependant ils firent apporter de riches trésors et de somptueux cadeaux pour voir s'il serait sensible à ces présents. Mais lui demandait à ses familiers quelle était la valeur de chacun de ceux qui l'entouraient et agissait en conséquence : après avoir reçu toutes les richesses, il les répartissait en fonction des mérites respectifs et donnait à chacun ce qui lui faisait le plus défaut.
Il distribuait ainsi les dons qu'on lui faisait pour l'éprouver, sans rien garder pour lui, et s'attirait par sa conduite l'estime de tous les barons.
Que voit-on dans ces passages ? L'obéissance à la religion est une règle de ce genre, surtout que Robert de Boron voulait faire du Graal le Saint-Graal : le livre tout entier est une geste chrétienne.
Mais ce n'est pas cela que nous cherchions et il faut le dépasser : on voit alors la conformité d'une conduite à de sains principes, l'attention à la morale, la modestie, la capacité d'écoute, la réflexion, la prudence, la générosité, l'équité.
Ce qui est merveilleux, avec les gens de qualité, c'est qu'ils ont des réactions et des paroles de qualité. Il me les faut pour amis !
C'est là un double pléonasme : d'abord un pléonasme, puisqu'il y a cette répétition évidente, mais aussi un pléonasme, car nous sommes ce que nous faisons.
Les comportements de qualité ? Ils sont bien difficiles à définir, mais on les voit mieux en creux : ils sont à l'opposé des vices, des défauts, des tares.
Dans le Merlin de Robert de Boron, on trouve ainsi la description des premiers pas officiels de l'adolescent qui a retiré l'épée de l'enclume :
"Arthur, dit alors l'archevêque qui avait pris l'enfant sous sa protection, c'est vous désormais qui êtes le roi et le maître de ce peuple. Veillez donc à vous montrer digne de cette fonction. Songez dès maintenant à choisir ceux qui seront vos conseillers intimes et vous aideront à gouverner. Répartissez les charges et les offices de la couronne comme si vous étiez déjà roi, car vous le serez si Dieu le veut.
- Seigneur, répliqua Arthur, tout le pouvoir que Dieu veut bien me conférer, je le remets en la garde de notre sainte Eglise et le soumets à vos conseils. Choisissez donc vous-même ceux qui peuvent le mieux m'aider à observer la volonté de Notre Seigneur et à défendre la chrétienté."
Puis, plus loin :
Les barons l'emmenèrent donc dans la cathédrale pour lui parler et le mettre à l'épreuve :
"Seigneur, lui dirent-ils, nous voyons bien que Dieu veut que vous deveniez notre roi et notre maître. Nous nous conformerons donc à sa volonté et nous vous ferons hommage pour nos terres. Nous vous demandons cependant de repousser votre sacre jusqu'à la Pentecôte, mais sans pour autant renoncer à votre pouvoir sur ce royaume et sur nous-mêmes. Nous voulons enfin que vous nous répondiez sur ce point sans demander avis à qui que ce soit.
- Seigneurs, répondit Arthur, vous me demandez de recevoir vos hommages et de vous reconduire dans la possession de vos fiefs. Or je ne peux ni ne dois le faire, car je ne veux disposer de vos terres ou de celles d'autrui ni gouverner avant d'être moi-même en possession de la mienne. Et je ne peux être le maître de ce royaume, comme vous me le proposez, avant d'avoir été sacré, couronné et investi de la dignité royale. Mais j'accepte bien volontiers de repousser mon sacre jusqu'à la date que vous me proposez, car je ne peux être sacré que par Dieu et par vous".
En l'entendant ainsi parler, les barons se dirent que si cet enfant vivait, il serait d'une grande sagesse, car il leur avait fort bien répondu.
[...]
Jusqu'à cette date, ils obéirent toutefois à Arthur, sur la recommandation de l'archevêque. Cependant ils firent apporter de riches trésors et de somptueux cadeaux pour voir s'il serait sensible à ces présents. Mais lui demandait à ses familiers quelle était la valeur de chacun de ceux qui l'entouraient et agissait en conséquence : après avoir reçu toutes les richesses, il les répartissait en fonction des mérites respectifs et donnait à chacun ce qui lui faisait le plus défaut.
Il distribuait ainsi les dons qu'on lui faisait pour l'éprouver, sans rien garder pour lui, et s'attirait par sa conduite l'estime de tous les barons.
Que voit-on dans ces passages ? L'obéissance à la religion est une règle de ce genre, surtout que Robert de Boron voulait faire du Graal le Saint-Graal : le livre tout entier est une geste chrétienne.
Mais ce n'est pas cela que nous cherchions et il faut le dépasser : on voit alors la conformité d'une conduite à de sains principes, l'attention à la morale, la modestie, la capacité d'écoute, la réflexion, la prudence, la générosité, l'équité.
Ce qui est merveilleux, avec les gens de qualité, c'est qu'ils ont des réactions et des paroles de qualité. Il me les faut pour amis !
samedi 10 juin 2017
Bonnes pratiques en recherche scientifique
J'aurais dû le dire mieux : depuis quelques semaines, les billets de blogs sur sur le site d'AgroParisTech, où je me préoccupe de bonnes pratiques en recherche scientifique.
Aujourd'hu, c'est donc là http://www.agroparistech.fr/Tracabilite-et-qualite-de-nos-travaux-les-CAS.html que l'on trouvera une réflexion.
Surtout, la lire avec un peu de grandeur.
Aujourd'hu, c'est donc là http://www.agroparistech.fr/Tracabilite-et-qualite-de-nos-travaux-les-CAS.html que l'on trouvera une réflexion.
Surtout, la lire avec un peu de grandeur.
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