jeudi 22 mai 2014

Le public n'a pas peur de la chimie : il ne la comprend pas.




En ces temps politiquement corrects, commençons par une précaution : j'ai bien du mal à reprocher aux autres leurs ignorances (observez le pluriel, svp), puis je suis moi-même très ignorant.

Cela étant, on nous dit que le public a peur de la chimie, et c'est un fait que les marchands de peur utilisent cette peur, ou prétendue peur, à leur avantage. Toutefois, le public a peur de la chimie ? Deux événements récents conduisent à nous interroger.

Premier épisode, lors du Salon de l'agriculture : à la fin de ma présentation de la cuisine note à note, où j'ai fait goûter divers produits (observez le mot, svp), un petit boucher nivernais vient me voir et me demande si les produits que j'ai présentés sont « chimiques ». Je lui explique que le terme est ambigu (en général, pas en réalité), et qu'il y a des composés extraits de produits « naturels » (pour faire simple!), tel le saccharose extrait des betteraves, et des produits synthétisés. Synthétisés, demande-t-il ? Cherchant un exemple simple, je lui raconte qu'à l'âge de six ans, j'avait mis deux fils reliés une pile dans un verre d'eau afin de produire deux gaz, et de décomposer l'eau. Décomposer l'eau ? Oui décomposer l'eau : un après un certain temps, le verre est vide, l'eau a disparu, et l'on a rempli des bonbonnes de gaz que l'on nomme hydrogène et oxygène. Décomposer de l'eau : notre homme n'en revient pas.

Profitant de son étonnement, je lui dit qu'il est également extrêmement facile de synthétiser de l'eau. Synthétiser de l'eau ? Oui, synthétiser de long, c'est-à-dire la fabriquer. Non pas par une simple condensation de vapeur, mais bien plutôt par la réorganisation de réactifs pour obtenir un produit, littéralement chimique, qui est l'eau. De l'eau en tous points indiscernables de l'eau d'eau du ciel.

Et notre homme de s'éclairer, et de répéter, émerveillé : « Vous synthétisez de l'eau ! Vous synthétisez de l'eau ! Oui, vraiment, vous avez un beau métier ! ». Autrement dit, cet homme n'avait pas peur de la chimie, mais il ignorait tout de cette activité pourtant ancienne.

Second épisode, plus récent encore. Ayant observé qu'en faculté de droit, nos amis juristes n'avaient pas des idées bien claires sur la différence entre un composé et une molécule (par pitié, rappelez vous ma remarque introductive), sachant que le milieu culinaire a le plus grand mal avec la notion de composé, j'enregistrais un podcast pour donner des explications. Des explications simples, à l'aide de balles diversement colorées. J'avais presque honte de délivrer des notions aussi simples (pour un physico-chimiste), mais un vague sentiment que cela devait être fait.

Le résultat a été au delà de tous les espoirs... avec des emails de félicitations, de remerciements. Comprenons bien que je ne suis pas en train de me taper sur la poitrine, mais simplement d'observer que le public... ne comprend rien à la chimie, ne la connait pas, et ne refuse pas de la connaître, est reconnaissant quand on lui explique.


La conclusion générale de tout cela, c'est que nous nous trompons si nous acceptons l'idée que le public a peur de la chimie. Il n'a pas peur, mais il ignore tout d'un des transformations que certains savent faire. Généralisons un peu : puisque le public ignore la chimie, comment voulez-vous qu'il sache ce qu'est un OGM ? L'ADN ? La radioactivité ? De ce fait, il est facile, trop facile, d'utiliser cette ignorance pour manipuler des opinions. D'ailleurs, il est probable que cette manipulation se fasse par des personnes qui ignorent également la chimie, et qui sont seulement plus craintifs que les autres... mais c'est là une interprétation charitable, et l'on peut aussi imaginer que les marchands de peur, donc agissant à des fins commerciales, ou des gens de pouvoir, ayant volonté d'orienter les réactions du public à leur guise, se livrent à des manipulations à leur profit.


Il y a donc urgence. Urgence à ne plus croire fautivement que le fait de vivre au XXIe siècle puisse éviter la présentation de notions élaborées au cours des siècles. Il y a une nécessité urgente d'un d'expliquer la chimie, la biologie, la physique, les sciences de la nature en général.

Militons, expliquons !

mercredi 21 mai 2014

Une bonne nouvelle si les obscurantistes ne s'en mêlent pas !

Un nouveau prunier résistant au virus de la Sharka.

La maladie de la Sharka est présente un peu partout dans le monde, notamment en Europe. Le développement de cette maladie est la cause d'une réduction dramatique de notre verger, dans les Pyrénées Orientales et dans la vallée du Rhône, le virus de la Sharka  infectant la plupart des arbres fruitiers à noyau : cerisier, pêcher, abricotier, amandier et prunier. La maladie se traduit par une chute des fruits avant maturité, ce qui affecte la production et rend les fruits impropres à la commercialisation.

HoneySweet est le nom donné au nouveau prunier transgénique très résistant au virus de la Sharka. La mise au point de ce prunier  est le fruit de 15 ans de recherche et d'essais par la recherche publique européenne et américaine. HoneySweet a été obtenu par un système semblable à  la vaccination chez l'espèce humaine. La sécurité alimentaire et environnementale a été évaluée et montrée pour toutes les autorités compétentes aux Etats-Unis... mais il n'est pas certain que l'Europe ait la possibilité d'utiliser les fruits de ses travaux.






Devrons-nous supporter que des groupuscules nous empêchent de cultiver cet arbre ? Supporterons-nous sans broncher de voir nos pruniers disparaître ? Maintenant qu'une variété a été produite, ne devons-nous pas, sans tarder, en produire d'autres ?

lundi 19 mai 2014

Le meilleur moyen de mincir ? Moins manger, faire de l'exercice ! Les panacées n'existent pas !


Alerte sur des compléments alimentaires amincissants
L' Anses a publié des recommandations concernant ceux à base de
para-synéphrine ou p-synéphrine, vendus dans le but de favoriser la réduction de la masse graisseuse. La p-synéphrine se trouve dans de nombreux agrumes et notamment dans l'écorce d'orange amère et d'autres espèces de Citrus (orange, citron, mandarine).
Elle n'est donc pas néfaste en soi pour la santé. Les risques liés aux compléments alimentaires viennent du fait que l'on en absorbe d'un seul coup bien plus que ce que n'importe quel régime alimentaire. “Le problème  c'est la dose”, a déclaré le Pr Irène Margaritis, chef de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition au
sein de l'Anses. Les compléments alimentaires à base d'extraits de citrus spp ayant fait l'objet de déclarations d'effets cardiovasculaires en nutrivigilance apportaient entre 1 et 72 mg de p-synéphrine par jour, aux doses que préconise le fabricant, et contiennent tous de la caféine. “La p-synéphrine et la caféine ont un effet cumulatif voire multiplicateur” L'Anses a reçu 18 signalements d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la p-synéphrine, depuis la création de son dispositif de nutrivigilance en 2009. Parmi les 13 cas d'imputabilité très vraisemblables ou possibles, figurent des effets cardiovasculaires, des atteintes hépatiques, une hyperphosphorémie et une atteinte neurologique.
L'Anses recommande donc de ne pas excéder la dose de 20 mg par jour, et donc de ne pas consommer les compléments alimentaires qui conduisent à un apport quotidien supérieur à cette valeur-repère. L'agence déconseille par ailleurs fortement la consommation de p-
synéphrine pour les populations à risque accru d'effets indésirables, telles que les personnes sous traitement particulier pour l'hypertension, la cardiopathie ou la dépression. Les femmes enceintes ou allaitantes, les enfants ou les adolescents sont également concernés par cette mise en garde.

Remise des prix

Chers Amis
C'est donc vendredi prochain que nous remettrons les prix du Deuxième Concours international de Cuisine note à note.
Rendez vous à 14 h, à AgroParisTech, 16 rue Claude Bernard, 75005 Paris. Amphithéâtre Tisserand.

vendredi 16 mai 2014

Rencontres AgroParisTech de l'Alimentation

Je suis très heureux de vous annoncer que l'AgroParisTech vient de créer des

"Rencontres AgroParisTech de l'Alimentation".

Chaque année, une série de trois événements sera organisée, sur un des thèmes de compétence de l'AgroParisTech.

Cette année, la série de rencontres est la suivante :

1. 23 mai 2014 : Finale du Deuxième Concours international de cuisine note à note

2. 2 et 3 juin 2014 : Cours 2014 de gastronomie moléculaire (http://www.agroparistech.fr/podcast/Annonce-cours-de-Gastronomie-Moleculaire-2014.html), et annonce du Centre International de Gastronomie moléculaire AgroParisTech/INRA

3. Courant juin : Conférence Débat "Qu'est ce que le "fait maison" ? Apports des sciences à la définition de cette notion qui agite le monde culinaire français" (la date sera communiquée bientôt)

Les entrées à ces événements sont libres.





Hervé This
Groupe  de gastronomie moléculaire
Directeur scientifique de la Fondation Science & Culture Alimentaire (Académie des sciences)
Membre de l'Académie d'agriculture de France (Secrétaire de la Section VIII : Alimentation Humaine)
Membre de l'Académie Royale des Sciences, des Arts et des Lettres de Belgique
Professeur consultant AgroParisTech
Président du Comité Pédagogique de l'Institut des Hautes Etudes du Gout
Conseiller scientifique de la revue Pour la Science
______________________________________________________________
Groupe de Gastronomie moléculaire
Laboratoire de chimie analytique
UMR 1145 Ingénierie Procédés Aliment GENIAL
Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement
(AgroParisTech)
16 rue Claude Bernard
75005 Paris
tel : +33 1 44 08 72 90
Courriel : herve.this@agroparistech.fr
Un site avec d'innombrables informations sur la gastronomie moléculaire et ses applications :  http://www.hervethis.fr
Tweeter : @Herve_This
Skype : hervethis

jeudi 8 mai 2014

Signature à Bruxelle

A l’occasion de la parution du livre de
Sylvie Le Bihan
L’autre
Monique Toussaint a le plaisir de vous inviter au Chapitre XII
à une rencontre avec l’auteur
Le jeudi 15 mai à 18 h 30
L’autre est un premier roman à l’écriture passionnée qui met en parallèle deux destins de femmes liés à l’attentat du 11 septembre et dénonce les violences qui leur sont faites tant
physiques que psychologiques.
Sylvie Le Bihan traite d’un sujet rarement abordé, même si bien des femmes ne le connaissent que trop bien car elles en sont les victimes . Elles ne sont certainement pas consentantes, mais
la peur ou la honte les empêchent de se défendre et de parler .
L’auteur a donné à son livre une force supplémentaire en mêlant ses personnages à l’attentat
du 11 septembre . Elle va jusqu’à oser suggérer qu’il y eut aussi des deuils bienvenus.
L’entretien commence à l’heure, dure plus ou moins 50 minutes et est suivi d’une signature .
 
Merci de réserver
12 Ave des Klauwaerts
1050 Bruxelle
-
T:026405109
Ouvert du mardi au samedi de 13h30 à 18h
chapitre.douze@skynet