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samedi 13 août 2016

Comment faire d'un petit mal un grand bien ?


Dans les emails que chaque membre de notre Groupe de gastronomie moléculaire envoie à  tous les autres, chaque soir, pour faire état des travaux effectués pendant la journée, il y a un tableau qui comporte des lignes. Par exemple,  nous décrivons  nos travaux, scientifiques ou de communication, nous décrivons ce que nous avons fait d'un point de vue administratif, nous disons ce que nous avons appris (connaissances) et appris à faire (compétences) ; nous disons ce que nous avons donné aux autres : un coup de main, un calcul, la correction d'un texte.

Mais la ligne la plus essentielle de ce tableau est intitulée "symptôme"  : nous décrivons ce qui a coincé. Cette ligne est essentielle, parce que l'analyse de ce qui a coincé est la possibilité de progresser. C'est parce que nous nous heurtons à un obstacle, si nous apprenons à le contourner, à l'escalader, que nous aurons des chances de progresser. Si nous identifions qu'une connaissance nous manquait, nous l'obtenons.  S'il nous manque une compétence, nous pouvons avoir l'objectif de l'acquérir.
Chaque fois, il y a ce mouvement très positif d'arriver à un état meilleur que l'état précédent. Il y avait un un petit mal, et nous en avons fait un bien. Tant qu'à faire, pourquoi pas un grand bien ?

Un bon exemple d'un tel mouvement eut lieu un jour, avant un banquet que je devais commenter, et où une sauce avait raté : la sauce était grumeleuse, impossible à servir...
Ce jour-là, j'ai eu l'idée d'analyser la question : la sauce était ratée ? Que cela signifiait-il ? Qu'il y avait un sédiment et un liquide clair. Clair ? Après tout,  les cuisiniers cherchent toujours à clarifier les bouillons, de sorte que cette clarification était un avantage. Nous pouvions donc produire un liquide clair à partir de cette sauce grumelée.
Effectivement la décantation de la  la sauce ratée conduisit à une sorte de purée, qui avait beaucoup de goût, et qui fut servie, et à un liquide parfaitement clair, qui avait le goût de la sauce visée.
Finalement ce petit mal de la sauce ratée a conduit non seulement à une sauce d'une limpidité absolue, qui fut servie dans un verre de cognac, mais aussi à me faire comprendre que nous aurions sans doute intérêt à toujours faire d'un petit mal un grand bien. A nous d'analyser le ratage, pour parvenir à ce grand bien. Ce n'est pas un grand bien obtenu par déduction, mais par induction, de sorte que si nous y avons pensé beaucoup, nous saurons faire preuve de créativité.
Là, j'entends nombres d'amis qui avouent leur insuffisance dans ce domaine : créativité, innovation... Toutefois j'ai fait un livre entier (Cours de gastronomie moléculaire N°1) pour expliquer comment la créativité n'est pas un don du ciel, mais plutôt la mise en œuvre active d'une méthode systématique que j'ai  détaillée dans ce livre. La méthode est systématique, donc infaillible. Elle ne demande qu'une chose : du travail... ce qui est donc merveilleux, au moins pour les individus  que j'estime le plus : ceux qui n'hésitent jamais à se retrousser les manches. Je ne doute pas que le travail leur donnera  la créativité, après un peu d'exercice, de sorte que, presque à coup sûr, ils sauront faire d'un petit mal un grand bien.

dimanche 24 juillet 2016

On répond toujours à un courrier


Electronique ou papier, les messages qui nous sont adressés méritent une réponse. C'est une vieille règle de politesse. Pourquoi s'impose-t-elle ?

Jadis, et d'ailleurs encore naguère, la politesse (le mot est français, de sorte que c'est la politesse française que je considère) voulait que nos actes soient en conformité avec la religion catholique (ou éventuellement protestante, après la Renaissance) : c'est au regard de Dieu qu'il fallait agir. Or "la personne est de par sa constitution un être social, car ainsi l'a voulue Dieu qui l'a créée" (Concile oecuménique Vatican II). Dans cette vision, la vie communautaire aurait été une caractéristique naturelle qui aurait distingué l'être humain du reste des créatures terrestres. Et comme les êtres humains sont frères (et soeurs), il était évident que l'on ne pouvait pas refuser de répondre.
Les siècles ont passé, et la religion n'est plus la base universelle de la politesse française. Sur quoi fonder alors cette dernière ? Sur les us et coutumes ? Sur la nature humaine ? La question d'une "morale naturelle" été largement débattue, et la biologie du comportement animal a récemment donné de nombreuses clé pour mieux comprendre que la morale a une double fondation naturelle et culturelle, mais il demeure que la socialité est une caractéristique de notre espèce.
Revenons à nos courriers : de même que ne pas répondre à quelqu'un qui s'adresse à nous est une façon de le rejeter, ne pas répondre à un courrier est une façon manifeste de refuser une relation, qu'il s'agisse de courrier papier ou d'email. Naguère, et encore aujourd'hui, certaines "personnalités" avaient des secrétaires pour faire cette séance de courrier que l'on remplace aujourd'hui par des séances d'email.
Mais la  règle demeure : on répond toujours à un courrier, au minimum par un "J'ai bien reçu  votre courrier, et j'y répondrai plus en détail dès que je pourrai".
Du coup, comme je réponds parfois tardivement, je viens d'ajouter une réponse automatique qui accuse réception des messages, en attendant qu'ils  soient traités plus en détail. Est-ce me préoccuper suffisamment de mes correspondants ?