Haro sur les médicaments ! LE CERCLE. LES ECHOS
Les médicaments sont des
biens précieux qui ont contribué et contribuent encore au progrès
de l'humanité. Grâce à eux, l’homme vit de plus en plus
longtemps dans de meilleures conditions, l’espérance de vie a
progressé de 8 ans pour les hommes et de 6,5 ans pour les femmes en
France depuis 1981, notamment grâce à la recherche médicale. Des
pathologies ont été complètement éradiquées et des malades sont
guéris tous les jours. Autrefois, on considérait comme folles des
personnes atteintes de problèmes de santé mentale comme la
dépression ou la bipolarité. Aujourd’hui, on peut les traiter
efficacement avec des médicaments comme les antidépresseurs et
ainsi améliorer leur
qualité de vie
Les médicaments ont aussi un impact bénéfique peu connu sur notre
économie. Ils permettent souvent aux patients d'éviter la chirurgie
et l'hospitalisation, de rester auprès de leur famille et de
continuer d'être actifs. Selon une étude menée par le professeur
Frank Lichtenberg (Columbia University), chaque dollar dépensé sur
les médicaments permet de réduire en moyenne les autres dépenses
en santé de sept dollars.
Même la confiance des Français dans le médicament continue de
progresser (77 % des Français jugent que les médicaments se sont
améliorés depuis 20 ans et qu’ils continueront de s’améliorer
dans 20 ans), depuis quelque temps, il semble que certains aient
tendance à oublier la raison même de l’existence des médicaments
: leur visée thérapeutique… Responsables de tous les maux on ne
perd pas une occasion pour les diaboliser. Chaque trimestre qui passe
possède son nouveau scandale qui s’annonce encore plus terrible
que le précédent. Nous sommes en pleine escalade. Un peu comme lors
des émeutes de 1995, où chaque clan attendait les résultats de la
veille égrenés par des communicants en mal de reconnaissance pour
incendier de plus belle le soir même. Quel que soit le scandale, à
chaque fois nous avons la même mécanique opératoire bien huilée,
une partie de billard qui se joue en 4 bandes.
1 – Les médias : autrefois source fiable d’information,
relookés en lanceurs d’alertes, ils sont aujourd’hui en grande
majorité à l'affut de la moindre rumeur capable de susciter le
maximum de buzz. Et une fois le Graal débusqué, ils s'y vautrent
jusqu'au délire et à la nausée. Analyses, synthèses,
recommandations et bon sens qui faisaient le sérieux et la renommée
de certains titres sont devenus des notions ringardes que l’on met
de côté au seul nom du dieu audimat ! Il faut du sensationnel pour
intéresser le chaland et il faut le saupoudrer d’une forte dose de
terreur, car après le voyeurisme la peur est un booster exceptionnel
des ventes. Et on y va sans retenue au nom du "Dieu Audience"
: traitements hormonaux de la ménopause, Mediator, prothèses PIP,
pilules contraceptives… Plus cela fait peur, plus on attire le
lecteur, plus l'audimat grimpe, plus la publicité afflue et au final
plus l’argent rentre. Avec la pilule nos amis des médias n’y
sont pas allés de main morte ! Ils ont juste mis de côté que cela
concernait 6 millions de femmes… Et on jette le bébé avec l’eau
du bain en mélangeant les genres et en clouant au pilori ce qui est
sans doute l'une des inventions les plus déterminantes pour le genre
humain : la contraception moderne, pilule en tête.
2 – Les laboratoires : montrés du doigt, détestés de
tous, ils sont le diable personnifié. Leur seule raison d’être
dans la vie est d’imaginer et commercialiser des substances
dangereuses dans le but de faire un maximum de profits sur le dos de
ces pauvres patients (remarquez que dans ce cas, il conviendrait
mieux de parler de clients). Pas besoin de leur faire un procès,
condamnons-les d’avance ce sera plus rapide. Coupons-leur la tête
sans hésiter à ces "chiens" ! Les BIG Pharma, comme on
les nomme aujourd’hui, ne peuvent être QUE coupables. Et dans un
élan de justice, jetons tous leurs produits diaboliques à la
poubelle pour glorifier Rika Zaraï, cette avant-gardiste méconnue,
cette grande dame venue prêcher dans nos contrées incultes
3 – Les médecins experts : suppôt de Satan par excellence,
puisqu’ils travaillent en étroite coopération avec le diable, il
est inconcevable qu’ils soient compétents ! Du fait de leur
affiliation avec les laboratoires, ils ne peuvent être que des
ripoux à la solde des BIG Pharma. Tranchons-leur la tête aussi !
Et si d’aventure il y en avait certains honnêtes, crédibles et
consciencieux… tant pis pour eux, comme la dit La Fontaine, si ce
n’est toi c’est donc ton frère ! Pas de détails, pas de
chichis, livrons-les à la vindicte populaire seule capable de
différencier l’ivraie et le bon grain !
De toute façon, ce sont comme les politiques : un de pourri = tous
pourris ! Le travail des experts requiert du temps et de la réflexion
? Foutaise, ils font exprès de ralentir les dossiers !
Remplaçons-les par des gens intègres ! Question, où pouvons-nous
trouver un expert pur et vierge de toute
pollution/subordination/conflits d’intérêts. Mais que je suis
bête, c’est tellement évident passons-nous des experts et
choisissons parmi ceux qui ne le sont pas. Pour les décisions, on
leur associe du Twitter, du Facebook et du Google + et hop c’est
fait, voilà des experts 2.0 qui vont nous résoudre tous les
problèmes.
4 – Les Autorités de Santé : spécialistes de la
transmutation des parapluies en parachutes, ils arrivent après la
bataille pour éteindre l’incendie. Les responsables (mais pas
coupables) de la Santé publique regroupent un agglomérat de gens
aux divers pouvoirs, qui par la magie des couches administratives
successives et des copinages électoraux s'approuvent ou se
contredisent selon les situations et la majorité au pouvoir du
moment : ANSM, HAS, ministère de la Santé, etc. Tels Roselyne
Bachelot et Xavier Bertand qui se battent becs et ongles en 2009 pour
faire rembourser les pilules de 3e et 4e génération et sont fiers
d'y parvenir au nom de l'équité sociale. Pour qu’en 2012, une
Marisol Touraine décide en fanfare de les dérembourser, puis de
retirer du marché la Diane 35 au nom du sacro-saint Principe de
Précaution inscrit dans notre constitution. Certes Diane 35 est
obsolète (et surtout, ne présente plus guère de bénéfices en
2013), mais elle est encore utilisée par 315 000 femmes au moment de
l'annonce ! Vent de panique dans la population féminine, surtout que
dans le même laps de temps on décide de rembourser à 100 % les
IVG. Message un peu bizarre !
Et les patients dans tout cela ? Certains ont aussi leur part
de responsabilité dans la diabolisation du médicament. La France
est le pays européen qui consomme le plus de médicaments, sans
justification objective : les Français ne sont pas en moins bonne
santé que leurs voisins. Des habitudes culturelles, chez les
médecins comme chez les patients, expliquent largement ce phénomène
: 9 consultations sur 10 donnent lieu à une ordonnance. Beaucoup de
patients ont pris l’habitude d’avoir systématiquement une
prescription de médicaments, et parfois les médecins ont du mal à
ne pas répondre à leur demande…
Les médicaments ne sont pas de vulgaires bonbons, ils contiennent
des principes actifs. Aucun médicament existant sur le marché n’est
dépourvu de risque et tous ont des effets secondaires, pouvant être
parfois mortels. Selon l’OMS, il est possible d’éviter au moins
60 % des effets indésirables dont les causes peuvent être les
suivantes :
• Automédication tous azimuts avec des médicaments sur ordonnance
que l’on a retrouvés dans son armoire à pharmacie, ou qu’un ami
vous donne ;
• Non-respect des règles d’utilisation et/ou augmentation de la
posologie pour réduire la durée du traitement ;
• Utilisation d’un médicament ayant d’autres fonctions que
celle pour laquelle il est prescrit (par exemple Diane 35 est à la
base un traitement contre l’acné) ;
• Trouble médical, génétique ou allergique qui n’a pas été
détecté ou qui n’est pas indiqué par le patient ;
• Interactions avec d’autres substances (médicaments et/ou
aliments)
• Médicaments contrefaits (selon l’OMS, 50 % des médicaments
vendus sur le Net seraient des contrefaçons).
Les deux premiers sont du registre du bon sens, mais régulièrement
oubliés…
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