Ce blog contient: - des réflexions scientifiques - des mécanismes, des phénomènes, à partir de la cuisine - des idées sur les "études" (ce qui est fautivement nommé "enseignement" - des idées "politiques" : pour une vie en collectivité plus rationnelle et plus harmonieuse ; des relents des Lumières ! Pour me joindre par email : herve.this@inrae.fr
vendredi 1 décembre 2017
En matière de style (scientifique, littéraire, musical...), c'est très grand honneur de posséder un chant
C’est un très grand honneur de posséder un champ,
Soit riche, soit stérile, en plaine ou bien penchant,
Une part en tout cas de l’immense nature,
Le visible sommet de cette architecture
Qui descend par degrés dans la compacte nuit
De la masse terrestre où le songe la suit.
Le bord étroit d’un champ enferme un lac de sève,
Que le maître orgueilleux entend frémir en rêve,
Et dont les flots domptés, sans jamais sourdre ailleurs,
Lancent pour lui leurs jets de verdure et de fleurs.
Un champ, avec ses plis, sa pente, est une forme,
Long ouvrage sans fin de la durée énorme,
Où des forces sans nombre en d’innombrables jours
Lentement ébauchaient et changeaient les contours
Qui se sont fixés la dans leurs métamorphoses :
Oh ! comme tout est vaste, antique et plein de choses !
Un champ résume en lui la terre avec les cieux ;
C’est la nature libre aux sucs mystérieux,
Par ses seules vertus en ses oeuvres guidée,
Et cependant par nous surprise et possédée
Dans un lien où l’homme, être éphémère et vain,
S’unit quelques instans à l’infini divin.
Charles de Pomairols
jeudi 30 novembre 2017
Le travail du mois avec mon ami Pierre Gagnaire
Chers Amis
Vous
savez que, chaque mois, je fais une proposition "technologique" à mon
ami Pierre Gagnaire, qui introduit cette nouvelle technique dans sa
cuisine : il met au point entre une et quatre recettes qui utilisent la
technique, met la recette en ligne... et l'utilise évidemment dans l'un
ou l'autre de ses restaurants.
Cela
se poursuit depuis 17 ans : n'est-ce pas la preuve que les sciences de
la nature -en l'occurrence la gastronomie moléculaire- irriguent merveilleusement la technologie, la technique et
l'art ?
Et n'est-ce pas, aussi la démonstration que la France est LE pays de l'innovation alimentaire ?
Pour ce mois, vous trouverez nos travaux sur http://www.pierre-gagnaire.com/pierre_gagnaire/travaux_detail/118
Vive la Gourmandise éclairée !
La question du souffle, en musique
Qui suis-je pour parler de musique ? Seulement un "enfant" qui entend ce qui se dit. Et j'ai entendu que la phrase, c'est tout... mais j'ai aussi entendu qu'il faut danser. La phrase, avec sa respiration, c'est... la phrase. Mais la danse a un rythme que la phrase n'a pas... et je comprends que l'un n'est pas l'autre.
De même, j'entends parfois que la musique est "communication", avec une rhétorique, de la grammaire (Couperin), mais j'entends aussi qu'il y a d'abord le mouvement "allant" : c'est ce que dit notamment Pedro de Alcantavar, qui propage la "méthode Alexander", à l'aide, d'ailleurs, de termes dont je récuse l'aspect métaphorique qui ratisse trop large.
Mais... Et s'il y avait des musiciens qui chantent, et d'autres qui dansent ? Et d'autres qui, évidemment, font tout autre chose. Vouloir dire au compositeur ce qu'il fait, c'est d'une "critique" assez minable, qui oublie que l'artiste échappe aux règles, en musique comme en cuisine !
De même, j'entends parfois que la musique est "communication", avec une rhétorique, de la grammaire (Couperin), mais j'entends aussi qu'il y a d'abord le mouvement "allant" : c'est ce que dit notamment Pedro de Alcantavar, qui propage la "méthode Alexander", à l'aide, d'ailleurs, de termes dont je récuse l'aspect métaphorique qui ratisse trop large.
Mais... Et s'il y avait des musiciens qui chantent, et d'autres qui dansent ? Et d'autres qui, évidemment, font tout autre chose. Vouloir dire au compositeur ce qu'il fait, c'est d'une "critique" assez minable, qui oublie que l'artiste échappe aux règles, en musique comme en cuisine !
mercredi 29 novembre 2017
Dire des qualités pour les faire exister davantage
Nous sommes bien d'accord : nous ne sommes pas autre chose que ce que nous faisons. Assez des prétentions, et vive les réalisations !
De ce fait, dire à enfant "Tu n'es pas musicien", ou dire de soi "Je ne suis pas bon en mathématiques", c'est imbécile, dans le premier cas, et paresseux dans le second. Nous sommes ce que nous faisons, et nous devenons musicien si nous travaillons la musique, nous devenons bon en mathématiques si nous apprenons les mathématiques.
Mais nous sommes du côté sombre de la vie, et il nous faut vite aller du côté lumineux, celui qui reconnaît justement que quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a appris. De ce côté-là, j'ai des tendresses, et, alors que c'est criticable en vertu du principe exposé en introduction de ce billet, j'aime assez que l'on souligne des qualités. "Tu es merveilleux", "Tu es sensible", "Tu es rigoureux", "Tu es travailleur"... Oui, j'aime assez ces observations, parce qu'il y a alors la possibilité de les faire exister. Autant je n'aime pas enfoncer mes amis dans la boue, autant j'aime contribuer à les tirer vers la lumière.
De ce fait, dire à enfant "Tu n'es pas musicien", ou dire de soi "Je ne suis pas bon en mathématiques", c'est imbécile, dans le premier cas, et paresseux dans le second. Nous sommes ce que nous faisons, et nous devenons musicien si nous travaillons la musique, nous devenons bon en mathématiques si nous apprenons les mathématiques.
Mais nous sommes du côté sombre de la vie, et il nous faut vite aller du côté lumineux, celui qui reconnaît justement que quelqu'un qui sait, c'est quelqu'un qui a appris. De ce côté-là, j'ai des tendresses, et, alors que c'est criticable en vertu du principe exposé en introduction de ce billet, j'aime assez que l'on souligne des qualités. "Tu es merveilleux", "Tu es sensible", "Tu es rigoureux", "Tu es travailleur"... Oui, j'aime assez ces observations, parce qu'il y a alors la possibilité de les faire exister. Autant je n'aime pas enfoncer mes amis dans la boue, autant j'aime contribuer à les tirer vers la lumière.
mardi 28 novembre 2017
Des traces ? N'ayons pas peur !
"Des traces"... Par ces temps de peur alimentaire entretenue par des individus à la moralité déplorable, on ne cesse d'entre parler de "traces", voire de "traces de composés potentiellement toxiques". De quoi s'agit-il ?
Il faut d'abord dire et redire que, avec les instruments d'analyse moderne, on peut trouver "des traces" de n'importe quoi quasiment n'importe où sur la Terre.
Soyons clairs : l'eau est faite de molécules d'eau, et, dans un verre d'eau, il y a dix millions de milliards de milliards de molécules. C'est évidemment un nombre qui défie l'entendement, mais il faut nous y faire. L'eau s'évapore ? Oui, à toute température (la preuve, les flaques d'eau qui disparaissent, même sur un sol étanche). A quelle vitesse ? J'ai fait le calcul (simple) : environ un milliard de milliard de molécules par seconde. Ce qui signifie que les molécules d'eau se répartissent partout, et il n'est donc pas étonnant que l'on en trouve partout sur la Terre.
Cela n'est qu'un exemple, mais ce qui est dit des molécules d'eau vaut pour à peu près n'importe quel composé. Par exemple, les hydrocarbures que nous utilisons pour faire rouler nos voitures. Ou les pesticides naturels produits par les fruits (et qui font 99,99 pour cent de tous les pesticides que nous absorbons quand nous mangeons), ou encore les atomes de fer qui font de nombreux métaux, et ainsi de suite.
Bref, il y a des traces de tout partout... et voilà pourquoi il est risible, ou critiquable, d'entendre des personnes s'exprimer en public et dire qu'il y a des "traces" de quelque chose quelque part : dans un shampooing, dans un baume à lèvres, dans les aliments...
Est-ce de la naïveté ? Certains, qui ne savent rien de chimie, sont seulement des "passagers" de leur temps, qui avancent au gré des autres : leur attitude est seulement paresseuse, et assez peu civique : au lieu de mêler leur voix au concert des effrayés, comme des volailles effrayées par le renard. Puis il y a les couards, ceux qui ont peur de tout, et leur attitude est déplorable. Mais il y a aussi les malhonnêtes, qui vendent de la peur pour récupérer du pouvoir ou de l'argent. Signalons que certains journaux ont cela dans leur fond de commerce, et c'est ignoble. Mais il y a aussi certains hommes et femmes politiques qui utilisent la peur pour récupérer du pouvoir, et c'est tout aussi minable, honteux.
Mais ne déplorons pas que le monde soit le monde, car cela ne sert à rien. Combattons vigoureusement, par la connaissance que nous chercherons sans cesse à avoir. Ecrivons aux institutions qui vendent de la peur pour dénoncer leurs agissements, mais, surtout, enseignons dès l'école que parler de "traces" ne rime à rien. Expliquons aux enfants, avec un militantisme forcené, que le monde est fait de molécules.
Aidons-les à grandir en connaissance et en sagesse, afin de construire un monde où l'on n'aura plus peur de "traces" !
Il faut d'abord dire et redire que, avec les instruments d'analyse moderne, on peut trouver "des traces" de n'importe quoi quasiment n'importe où sur la Terre.
Soyons clairs : l'eau est faite de molécules d'eau, et, dans un verre d'eau, il y a dix millions de milliards de milliards de molécules. C'est évidemment un nombre qui défie l'entendement, mais il faut nous y faire. L'eau s'évapore ? Oui, à toute température (la preuve, les flaques d'eau qui disparaissent, même sur un sol étanche). A quelle vitesse ? J'ai fait le calcul (simple) : environ un milliard de milliard de molécules par seconde. Ce qui signifie que les molécules d'eau se répartissent partout, et il n'est donc pas étonnant que l'on en trouve partout sur la Terre.
Cela n'est qu'un exemple, mais ce qui est dit des molécules d'eau vaut pour à peu près n'importe quel composé. Par exemple, les hydrocarbures que nous utilisons pour faire rouler nos voitures. Ou les pesticides naturels produits par les fruits (et qui font 99,99 pour cent de tous les pesticides que nous absorbons quand nous mangeons), ou encore les atomes de fer qui font de nombreux métaux, et ainsi de suite.
Bref, il y a des traces de tout partout... et voilà pourquoi il est risible, ou critiquable, d'entendre des personnes s'exprimer en public et dire qu'il y a des "traces" de quelque chose quelque part : dans un shampooing, dans un baume à lèvres, dans les aliments...
Est-ce de la naïveté ? Certains, qui ne savent rien de chimie, sont seulement des "passagers" de leur temps, qui avancent au gré des autres : leur attitude est seulement paresseuse, et assez peu civique : au lieu de mêler leur voix au concert des effrayés, comme des volailles effrayées par le renard. Puis il y a les couards, ceux qui ont peur de tout, et leur attitude est déplorable. Mais il y a aussi les malhonnêtes, qui vendent de la peur pour récupérer du pouvoir ou de l'argent. Signalons que certains journaux ont cela dans leur fond de commerce, et c'est ignoble. Mais il y a aussi certains hommes et femmes politiques qui utilisent la peur pour récupérer du pouvoir, et c'est tout aussi minable, honteux.
Mais ne déplorons pas que le monde soit le monde, car cela ne sert à rien. Combattons vigoureusement, par la connaissance que nous chercherons sans cesse à avoir. Ecrivons aux institutions qui vendent de la peur pour dénoncer leurs agissements, mais, surtout, enseignons dès l'école que parler de "traces" ne rime à rien. Expliquons aux enfants, avec un militantisme forcené, que le monde est fait de molécules.
Aidons-les à grandir en connaissance et en sagesse, afin de construire un monde où l'on n'aura plus peur de "traces" !
lundi 27 novembre 2017
Je déteste le "côté citron"... Non, j'adore la Lumière !
Soyons bien clair : j'aime beaucoup le citron, son élégante et fraîche acidité, qui relève les plats. J'en mets partout... parce qu'il ne se résume pas à l'acide citrique ou à l'acide malique, que j'utilise également beaucoup dans ma cuisine, mais ces derniers n'apportent pas le citral, le limonène et d'autres composés très frais qui donnent ce goût d'agrume.
Mais ce n'est pas de cela dont je veux parler : c'est plutôt cette façon de voir les choses qui a volé son nom à l'agrume pour attaquer, dénoncer, détester... En réalité, la mort de mon père m'avait durablement assombri, et j'avais été emporté par ce sombres pensées, je voyais la face noire du monde, la poussière du monde, les "méchants", les "malhonnêtes"... Je nageais dans la fange, mon esprit était atteint...
Il y a eu un sursaut, toutefois, et j'ai pris la bonne résolution de ne plus être que positif, ce qui était en réalité le meilleur hommage que je puisse faire à mon défunt père, qui, sur son lit d'hôpital, chantait encore "Quoi qu'il arrive, j'ai toujours le sourire...". Chansons naïves, mais profonde : c'est une politesse que l'on fait à ses amis de ne pas les entraîner avec eux du côté sombre du monde, mais, au contraire, de les tirer du côté clair.
Oui, décidément, je veux de l'enthousiasme et de la gentillesse, sans craindre d'être taxé de ce "bisounours" avec lesquels les gens mauvais critiquent (encore !) les gens gentils. Je veux de l'enthousiasme, de la fraîcheur. Mehr Licht !
Mais ce n'est pas de cela dont je veux parler : c'est plutôt cette façon de voir les choses qui a volé son nom à l'agrume pour attaquer, dénoncer, détester... En réalité, la mort de mon père m'avait durablement assombri, et j'avais été emporté par ce sombres pensées, je voyais la face noire du monde, la poussière du monde, les "méchants", les "malhonnêtes"... Je nageais dans la fange, mon esprit était atteint...
Il y a eu un sursaut, toutefois, et j'ai pris la bonne résolution de ne plus être que positif, ce qui était en réalité le meilleur hommage que je puisse faire à mon défunt père, qui, sur son lit d'hôpital, chantait encore "Quoi qu'il arrive, j'ai toujours le sourire...". Chansons naïves, mais profonde : c'est une politesse que l'on fait à ses amis de ne pas les entraîner avec eux du côté sombre du monde, mais, au contraire, de les tirer du côté clair.
Oui, décidément, je veux de l'enthousiasme et de la gentillesse, sans craindre d'être taxé de ce "bisounours" avec lesquels les gens mauvais critiquent (encore !) les gens gentils. Je veux de l'enthousiasme, de la fraîcheur. Mehr Licht !
samedi 25 novembre 2017
La sensibilité
La sensibilité :
« Faculté de ressentir profondément des impressions,
d'éprouver des sentiments, de vivre une vie affective intense ».
On a dit de l'un de
mes amis qu'il avait beaucoup de sensibilité. Dont acte… mais de
quoi s'agit-il ?
J'ai un peu peur que
ceux qui évoquaient cette sensibilité ne l'aient confondu avec la
sensiblerie. Ce sentiment un peu vague, confus, idiot : « elle
a du sentiment ma vache, elle a du sentiment ».
Au fond, quelles
sont les qualités que l'on pourrait observer chez mon ami ? Il
y a certainement cette délicatesse de sentiments qui correspond à
de l'attention aux autres. Oui, mon ami est prévenant, attentif :
à l'affût de nos moindres faits, gestes et dires, il cherche à
nous donner du bonheur. C'est sa façon de dire « je t'aime »,
mais plus délicatement que par ces mots explicites, et un peu
brutaux.
A ce propos, on lira
ou on relira ce passage de Marcel Proust, où les tantes du narrateur
remercient Swann pour l'envoi d'une caisse de vin, mais en des termes
si allusifs que l'on est bien certain que le remerciement ne peut
être entendu. La sensibilité navigue entre les gros sabots et les
touches de couleur les plus légères, et le choix du curseur est une
question de… sensibilité.
Mais le Trésor
de la langue française informatisé dit aussi : « Propriété
des êtres vivants supérieurs d'éprouver des sensations, d'être
informés, par l'intermédiaire d'un système nerveux et de
récepteurs différenciés et spécialisés, des modifications du
milieu extérieur ou de leur milieu intérieur et d'y réagir de
façon spécifique et opportune. »
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