Alors que je relis des textes que je consacre à la
terminologie culinaire, je retrouve deux idées essentielles.
Premièrement, il est extraordinairement étonnant qu'aucune référence ne soit
jamais donnée dans les livres de cuisine : chacun y va de son
affirmation, de sa recette, qui fait table rase de tout ce qui s'est publié par le
passé.
Et c'est ainsi que naissent les plus grandes incohérences, les plus grandes confusions, les plus grandes ignorances, avec, ce qui est pire, la transmission d'informations fausses aux suivants.
Et c'est ainsi que naissent les plus grandes incohérences, les plus grandes confusions, les plus grandes ignorances, avec, ce qui est pire, la transmission d'informations fausses aux suivants.
On aurait pu
penser que les bons praticiens fassent l'effort d'un peu de rigueur
de ce point de vue, même si je leur reconnais évidemment
le droit de créer des variations pour les recettes classiques,
d'ajouter ou non une pincée de noix muscade dans une purée, d'ajouter ou
non une pincée de cannelle dans un appareil à boudin, de changer les
proportions des ingrédients pour obtenir plus de fermeté ou au contraire
plus de moelleux.... Mais rien !
Deuxièmement, en relation avec cette absence de références, il y a
la question des justes dénominations, auxquelles le monde culinaire tord le bras de façon éhontée.
En science, la règle est que le découvreur soit celui qui
nomme (un astre, un élément chimique, un composé, etc.); en technologie, la règle est que l'inventeur soit celui qui nomme. Et
c'est ainsi je me vois répéter que nous devons
nommer les préparations conformément à la première occurrence des
dénominations.
Cela signifie, en pratique, aller chercher dans les livres de cuisine du passé la véritable signification des
termes que l'on trouve aujourd'hui : à la Sainte-Ménehould, rémoulade, ravigote, gribiche, et aussi toutes ces dominations qui apparaissent plus tardivement : à
la reine, à l'espagnole, à l'allemande, à la jacobine, au perdouillet...
On ne peut pas comprendre correctement et
pratiquer correctement la cuisine sinon l'on confond la moutarde et la
rémoulade, si l'on confond la pâte à savarin et la pâte à baba.
Il ne
peut pas y avoir de décision d'autorité par un praticien moderne, fut-il 3
étoiles au guide Michelin, et au contraire, c'est sur ces
personnalités que pèse la plus grande responsabilité concernant
l'utilisation des dénominations culinaires : nos amis devraient faire
l'effort soit de faire les recherches eux-même, soit d'utiliser les
résultats des recherches qui sont effectuées par ailleurs.
Et c'est ainsi que je les engage
évidemment à se reporter constamment au Glossaire des métiers du goût
publié par le Centre international de gastronomie moléculaire et
physique Inrae-Agroparistech : là, les dénominations sont données avec
des références, et même si certains ouvrages ne sont pas cités, ils ont
été lus, consultés, et que l'on a pesé les informations qui s'y trouvaient par rapport à des informations qui
se trouvaient dans d'autres livres plus anciens.
Ne suivons pas des
ouvrages comme le Guide culinaire, qui est plein d'erreurs de ce point de
vue là, qui confond les farces et les mousselines, les mayonnaises et
les rémoulades... alors que même un des auteurs de ce livre a
expliqué la différence dans un autre livre, qu'il écrivait seul !
Bref, utilisons les bons mots, car il s'agit de
la bonne pensée, et de la bonne pratique.